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Album

16 octobre 2025 - Malice

Paradise Lost

Ascension

LabelNuclear Blast
styleDoom-Death/Gothic Metal
formatAlbum
paysGrande-Bretagne
sortieseptembre 2025
La note de
Malice
8.5/10


Malice

L'autre belge de la rédac'. Passé par Spirit of Metal et Shoot Me Again.

Quel mot vous vient à l'esprit quand on vous parle de Paradise Lost ? Personnellement, c'est le mot « classe ». Il n'y a pas dix groupes sur Terre dégageant autant de majesté et de classe flegmatique « à l'anglaise » que Paradise Lost, dernier des Mohicans du « Peaceville Three » maintenant qu'Anathema a splitté et que My Dying Bride, dans un geste au final très adapté à leur musique, s'est virtuellement suicidé en se séparant d'Aaron Stainthorpe.

Peu de groupes, aussi, sont restés d'une telle régularité dans la qualité de leurs sorties. Même les albums les plus « controversés » du groupe de Greg Mackintosh ont entre-temps été réévalués (on pense à Host et Symbol of Life, ça reste bien plus compliqué pour Believe in Nothing), et après des années 2000 un peu moins flamboyantes, Paradise Lost a entamé une résurrection au tournant de 2010 : combien de groupes cultes ont sorti un album considéré comme classique 30 ans après leur premier ? Eux l'ont fait deux fois de suite avec Tragic Idol (2012) et The Plague Within (2015), peut-être bien deux de leurs cinq meilleurs opus.

Si Medusa et Obsidian n'ont pas atteint les mêmes sommets, ils restaient particulièrement corrects pour un groupe ayant une carrière de cette envergure. Mais voir Paradise Lost sortir un album du niveau de ce nouveau bébé, Ascension, est une preuve de plus que Greg Mackintosh et Nick Holmes ont une réserve d'inspiration inépuisable – surtout si on prend en plus en compte l'excellent album sorti par Host en 2023. Et ceux qui en doutaient seront rassurés dès l'immense « Serpent on the Cross » : la mélodie lancinante, tout droit sortie de Gothic, qui traverse le morceau et ressurgit entre des couplets rapides et riffus est l'une des plus marquantes de la carrière du groupe, rien que ça. Nick Holmes, bien sûr, est impérial, que ce soit en growl sur l'intégralité de ce titre ou dans cette voix « semi-claire » (que certains comparent à celle de James Hetfield : j'ai un peu de mal à comprendre) qui revient dès le classique mais efficace « Tyrants Serenade ».

Difficile d'éviter un track-by-track jusqu'ici car « Salvation » est à mes oreilles, sans conteste, le morceau le plus marquant d'Ascension. Mackintosh ne cache pas sa volonté de donner un aspect quasi « religieux » à la musique de Paradise Lost, et l'ambiance de « Salvation » est quasi-funéraire : des cloches sonnent, une guitare nous joue presque note pour note la marche funèbre et un véritable monstre doom-death s'abat. Holmes est monstrueux, l'ambiance est poisseuse – avant que la lumière perce, avec ce chant cette fois totalement clair portant le plus beau refrain d'Ascension. Le rythme s'accélère ensuite un peu et un invité de marque surgit : Alan Averill (Primordial) n'a besoin que de deux phrases pour frapper en plein coeur et rappeler toute sa classe. Quel titre !

Bien sûr, tout l'album n'est pas au niveau de cette entame hallucinante, où il en viendrait presque à dépasser le déjà culte Tragic Idol. Nous n'en sommes pas là. Passé le plus atmosphérique « Lay our Wreath Upon the World », tout en chant clair, Ascension peut avoir ses longueurs et les moments vraiment forts se font un peu plus rares. La belle ballade « Savage Days » arrive un peu trop tôt après « Lay Our Wreath Upon the World » et brise à nouveau l''écoute, mais le plus rythmé « Sirens » renvoie un peu à l'ère Faith Divides Us – Death Unites Us. La fantastique conclusion « The Precipice » et son piano d'une splendide tristesse (et toujours ces mélodies trois étoiles d'un Mackintosh décidément au sommet de son art) remet l'église au milieu du village... et pas seulement (« I ascend as apostles who died, with the hurt as a spear in my side, but this world offers nothing for free »). La boucle est bouclée et on a envie de repasser de l'ascension à la crucifixion, de se remettre « Serpent on the Cross » et de replonger dans cet album d'une qualité franchement bluffante. Paradise Lost est encore et toujours le pape de la musique sombre.

 

Tracklist :
1. Serpent on the Cross
2. Tyrants Serenade
3. Salvation
4. Silence Like the Grave 
5. Lay Our Wreath Upon the World
6. Diluvium
7. Savage Days
8. Sirens
9. Deceivers
10. The Precipice
 

 

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