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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Machine Head

Unto The Locust

LabelRoadrunner Records
stylePower Thrash
formatAlbum
paysÉtats-Unis
sortieseptembre 2011
La note de
U-Zine
9/10


U-Zine

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Difficile de débuter cette chronique sans vous dévoiler mon amour pour le groupe originaire d’Oakland. On pourrait même parler de fan-boy attitude. Donc promis, je vais essayer de me contenir sur ces prochaines lignes et éviter d’être insupportable.
Il y a quelques jours de cela, Robb Flynn fêtait les 20 ans de Machine Head. On ne peut que le féliciter pour le travail accomplit et cette dévotion que l’homme porte pour la scène Metal. Si Machine Head n’a pas la stature d’un Metallica, il n’en mérite pas moins. Après un « Burn My Eyes » culte de bout en bout et qui a influencé une bonne partie de la scène actuelle, Robb Flynn a prouvé au fil des années qu’il est et restera un compositeur talentueux. Bien qu’il soit souvent influencé par ses seconds guitaristes, ce leader charismatique a su renouveler l’identité de son groupe. Malgré les deux beaux ratés que sont « The Burning Red » et « Supercharger », il faut croire que l’intégration de son ancien compère dans Vio-lence, Phil Demmel, fut l’une des meilleures choses qu’il soit arrivé au groupe. En 2007 sortait « The Blackening », acclamé unanimement (ou presque) par les fans mais aussi par la presse (on se souvient que Metal Hammer avait taxé « The Blackening » comme album de la décennie), qui permit à Machine Head de franchir un palier et de faire parti des grands, qu’on le veuille ou non.

4 ans plus tard, après de nombreuses tournées en compagnie de Slipknot, Metallica ou encore en tête d’affiche, Machine Head revient sur le devant de la scène avec son septième album studio, qui a la lourde tâche, vous l’aurez compris, de succéder au Blackening. Sur le papier, « Unto The Locust » semblait être parti pour être de la redite, une simple suite du précédent opus. 7 titres, seulement, oscillant entre 5 et 8 minutes, il est clair que l’on avait encore en tête les « Clenching The Fists Of Dissent » ou autre « Halo ». Et pourtant au risque d’en surprendre plus d’un, s’il existe bien des similitudes entre ces deux disques, ils restent tout de même bien différents.

Musicalement, il y a un lien facilement perceptible entre ces deux albums. Flynn a reprit les choses la où il les avait laissées, à savoir un power thrash enragé et mélodique à la fois. Sauf que sur « Unto The Locust », les choses sont bien plus poussées. Il est indéniable que le groupe a mangé du Metallica et du Maiden à toutes les sauces et on sent une énorme volonté de rendre hommage à cette période, tout en gardant l’identité, propre au groupe de ces dernières années. Jamais un album de Machine Head n’aura sonné aussi heavy/thrash qu’ « Unto The Locust », il est clair. Mais sachez aussi que le penchant mélodique est lui aussi plus fort que jamais.

« Unto The Locust » est ce genre d’album qui mérite énormément d’écoutes pour être apprécié. Alors que l’on se souvient tous de l’énorme baffe du « Blackening » après seulement une écoute, ce septième chapitre risque, aux premiers abords, d’en dérouter plus d’un, moi y compris.

Pourtant, on peut dire que « I Am Hell (Sonata In C#) » m’a foutu le cul par terre. Ce titre est tout simplement le plus extrême de Machine Head et atteint facilement le niveau de violence d’un « Blood For Blood » ou d’un « Struck A Nerve ». Oui vous avez bien lu, j’ai osé employer le terme extrême et l’associer à Machine Head. Robb Flynn se disait « effrayé d’avoir composé ce titre » et qu’il ne pensait pas qu’il pouvait composer quelque chose d’aussi « sombre » pour reprendre ses termes. Et bien mon cher, saches que tu devrais en bouffer plus souvent de l’extrême, un rythme thrash casse-nuque tout au long du morceau, un refrain mélodique puissant (et pas niais) supporté par un riff aux sonorités black (oui BLACK ! Fuck, on parle de MH là !), des leads qui montrent que le niveau technique a été tiré vers le haut et une fin épique font de ce titre un vrai régal. Jouissif, tout simplement. (Merde… J’avais promis de ne pas m’emballer, désolé…).

Cependant, c’est bien le seul titre qui m’a fait cet effet, lors de la première écoute. Ce n’est pourtant pas une impression de déception qui m’ait venu à l’esprit, juste le sentiment d’un album compliqué et de n’avoir retenu pas grand-chose. Et c’est à force d’écoutes que ce disque a, à mes yeux, révélé tout son charme, sa richesse et ses qualités.

Machine Head semble ne s’être fixé aucune limite, ils se sont fait plaisir tout en proposant quelque chose de cohérent et des titres de qualités, et c’est ce qui fait la force de ce disque.
La prise de risque est ici plus importante que sur « Blackening », premièrement le chant clair et les mélodies sont omniprésents (au risque de faire grincer des dents), mais sont bien mieux gérés. Il est indéniable que Robb Flynn a fait d’énormes progrès de ce côté-là. Ses refrains ne sont pas chiants et plutôt très bien trouvés comme sur, le très maidenien, « Be Still And Know », ou encore le refrain de « This Is The End ».
Secundo, le riffing s’est encore plus enrichit. La complémentarité entre la paire Flynn/Demmel est excellente, les deux guitaristes ont travaillé d’arrache-pied et cela se ressent à travers un niveau technique plus élevé, des leads et des solos à en faire pâlir plus d’un, ou encore des riffs extrêmes qu’on aurait jamais pensé entendre sur un album de Machine Head I Am Hell » ou encore « This Is The End » qui est sûrement un des titres les plus techniques, si ce n’est le plus technique du groupe).

Machine Head aurait pu se casser fortement la gueule sur une seconde partie de l’album, moins efficace que la première où « I Am Hell » et « This Is The End » foutent la barre très haute. Et pourtant, les trois titres que sont « Darkness Within », « Pearls Before The Swine » ou encore « Who We Are » méritent vraiment de l’attention et se bonifient d’écoute en écoute.
Le premier fait office de power balade obligatoire depuis « The Burning Red » et se classe parmi les meilleures avec « Descend The Shades Of Night » et « A Farewell To Arms », Robb se lâche et nous parle de son rapport proche avec la musique, aux travers de mélodies envoûtantes et un refrain qui reste en tête.
Le second titre est assurément le moins efficace de l’album (sans compter « Darkness Within »), et pourtant il monte en régime tout au long des 7 minutes avec un excellent break à partir de 4 minutes 30 qui débouche une nouvelle fois sur un lead de haute volée avant de venir s’étouffer sur un riff final pachydermique.
Puis vient « Who We Are » qui est un peu l’ovni de cet opus. L’intro débute avec les enfants de Robb et de Phil qui chantent. Ce qui va être le refrain de ce titre, un refrain fédérateur qui reste en tête toute la journée (petit clin d’œil, assumé, aux Pink Floyd). Première surprise. Sous ses allures de simplicité, « Who We Are » ce révèle excellent, avec des couplets agressifs, tranchants avec ce refrain qu’on pourrait presque qualifier de « niais » mais qui fera assurément mouche en live. Mais c’est surtout qu’à partir des 3 minutes, c’est un vrai régal, Robb et Phil se donnent la réponse aux travers de solos d’enfer, avant d’arriver sur un break martial qui introduira la fin du titre, une fin mélodique où Robb se permet une envolée mélodique étonnement juste et super belle. Le titre se conclu sur un quatuor de cordes (violons, violoncelles) tout aussi mélancolique que surprenant.

« Unto The Locust » est un album ambitieux, complexe, mais qui mérite son lot d’écoutes. Des titres comme « I Am Hell », « This Is The End » ou encore « Who We Are » sont taillés pour le live (comme les trois quarts de la discographie du groupe vous me direz) et risquent de promettre des ravages s’ils sont aussi bien exécutés que sur album. J’irais même jusqu’à dire que je préfère « Unto The Locust » au « Blackening » pour sa richesse.
Machine Head s’en est donné à cœur joie, ça se ressent, le genre d’album dont on ne se lasse pas facilement.
Il est clair que ceux qui n’ont pas apprécié l’évolution du groupe n’y trouveront sûrement pas leur compte, mais ils ne pourront pas nier le gros travail accompli derrière ce disque.
Finalement, je dirais tout simplement qu’avec ce septième album Machine Head devrait enfin avoir accès à la cours des grands et pour reprendre les mots d’un maître en la matière, James Hetfield, « They derserve it ».

1. I Am Hell (Sonata In C#)
2. Be Still And Know
3. Locust
4. This Is The End
5. Darkness Within
6. Pearls Before The Swine
7. Who We Are

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