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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Machine Head

Supercharger

LabelRoadrunner Records
styleNéo thrash raté ?
formatAlbum
paysÉtats-Unis
sortieoctobre 2001
La note de
U-Zine
3/10


U-Zine

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De toute façon, il fallait bien que quelqu’un s’y colle.

A bien des égards, la fonction de chroniqueur est agréable. Qu’elle soit dans la pure descente de flamme du groupe médiocre ou dans la sanctification d’une formation ultime, la plume se laisse guider par les sentiments sans qu’ils négligent la construction et la qualité intrinsèque du CD disséqué, faisant le moins souvent possible fi de toute subjectivité, quand bien même cette dernière ne serait qu’animée par la volonté de son dirigeant.

La part d’objectivité chez le chroniqueur est toute relative mais réelle.
Et c’est ainsi que la chronique devient parfois presque douloureuse. Car tout fan boy que l’on soit d’un groupe, le chroniqueur ne doit pas se laisser aveugler, et reconnaître les mauvais choix que l’un de ses groupes fétiches a effectué par le passé.

En cela, cette chronique du Supercharger de Machine Head sera d’autant plus objective qu’elle est écrite par un guignol qui trouve en Burn My Eyes l’un des albums Thrash des 90’s, aux côtés de quelques autres que je me garderai bien de citer ici.
Car nous évoquons Machine Head ici. LE Machine Head de Burn My Eyes, celui de The More Things Change.

Mais aussi celui de The Burning Red, chroniqué dans ces pages, album auquel un regard désapprobateur s’était apposé en raison des ses choix malvenus et de son orientation opportuniste.
Passée cette déception, il était d’autant plus évident pour Robb Flynn, de plus en plus dictateur de line-up, de prendre les choses en main, de redresser son groupe, son bébé, vers des sphères autrement plus directes que ce metal inepte aux frontières du néo, aussi intéressant qu’une carotte râpée, qu’il avait imposé à son public avec son album précédent.

Et pourtant. Le sieur et ses comparses sont parvenus à enfoncer leur groupe plutôt que de le tirer vers le haut.

Là où The Burning Red pouvait décevoir par ses aspects néo-metal, aussi mal exploités qu’absurdes, Supercharger inflige le douloureux et imparable constat que lorsque Machine Head choisi de faire du Machine Head, l’alchimie ne fonctionne pas.

Une introduction chargée de prétention débouchant sur un (finalement) mollasson Bulldozer n’entretiendront pas la flamme dont on espérait voir Machine Head encore habité.
Les longues minutes se profilent déjà, et Machine Head, comme une véritable provocation involontaire, propose à pléthore d’aficionados du quartet une succession de compositions bâclées, bien construites certes, parfois efficaces mais trop souvent inutiles.
Sorte de pêle-mêle piochant tour à tour dans The More Things Change et The Burning Red, Supercharger s’avère être aussi ridicule que son libellé.

Ce bon Robb dont on évoquait le nom sur The Burning Red, à force de bouffer à tous les râteliers s’est profondément fourvoyé, et les maisons de disque, qui à elles seules manipulent les ficelles de la bourse, ne s’y seront pas trompées : Machine Head a creusé sa propre tombe en proposant un album aussi inégal qu’anti-métal, dans l’attitude, et essentiellement dans le son.

Le riff est fade, le feeling inexistant, la puissance mise à bas par de trop longs moments caractéristiques de montées en intensité, qui prennent trop souvent des allures de pétard mouillé. Vous retrouverez deux ou trois harmoniques qui ont caractérisées Machine Head fût un temps, mais vous serez incapables, vous, admirateurs de Burn My Eyes, d'apprécier cet opus qui ressemblait plus que jamais à l'épitaphe de la formation ricaine.

Blank Generation ou Trephination ne manquent pourtant pas de mordant, et pourraient être d’excellents morceaux, bien construits, et même, oui, formidablement bien écrits s’ils n’avaient pas été soumis au nom autrefois glorieux de Machine Head.
A la décharge (sans mauvais jeu de mot et pourtant, il me titille vous n’avez pas idée) de Supercharger pourrions nous tout juste invoquer l’efficacité de certains morceaux en concert.
Mais là n’est pas l’objet de la chronique. La chronique estime un album X à un instant T.
Machine Head s’est autant autant auto-congratulé qu’il s’est auto-flagellé.
Supercharger était l’album de trop, époque à laquelle Machine Head ne savait plus où trouver sa place.

Médiocre et douloureusement décevant.



1. Declaration
2. Bulldozer
3. White-Knuckle Blackout
4. Crashing Around You
5. Kick You When You're Down
6. Only the Names
7. All in Your Head
8. American High
9. Brown Acid
10. Nausea
11. Blank Generation
12. Trephination
13. Deafening Silence
14. Supercharger

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