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ZSK - Bilan 2018

lundi 7 janvier 2019
ZSK

"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."

Une nouvelle année pleine de Meutal s'achève. Le genre ne faiblit pas pour qui sait chercher, et les bonnes sorties sont toujours là, même si elles se trouvent plus dans des domaines pointus que chez les 'gros' groupes, qui pour moi ont de moins en moins d'intérêt et n'arrivent plus à trouver leur place dans les bilans de fin d'année. Au-delà de toutes les polémiques et de tous les concepts parfois incongrus inhérents au genre Metal, la Musique subsiste, et reste seule juge de qualité. 2018 en particulier, est une année diesel, qui a pas mal ronronné pendant un moment. Heureusement, les bonnes sorties se sont finalement multipliées dès l'approche de l'automne. Il en résulte une année malgré tout largement satisfaisante, avec peut-être moins d''excellents' et seulement des 'très bons' albums par rapport à d'autres, mais d'une année à l'autre, le regard et les exigences évoluent. De toute manière, le Metal demeure tellement riche qu'on y trouvera toujours son compte. Alors allons-y pour voir en détail ce que 2018 a pondu de bien :

Top Albums (International)

1. Entropia - Vacuum (Arachnophobia Records)
Après un Ufonaut qui avait déjà posé le groupe polonais comme un bel espoir en termes de Post-Black psychédélique, Vacuum enfonce le clou et nous emmène dans un trip plus épuré mais véritablement irrésistible. Du grand art dans le registre du Metal psyché mais tout de même extrême.

2. Void Of Silence - The Sky Over (Avantgarde Music)
Après huit ans de doutes, Void Of Silence a enfin signé son retour et livré un grand successeur à The Grave Of Civilization. Un sompteux album de Funeral Doom "lumineux", qui nous propose également un voyage, dans le froid des étendues les plus glaciales du globe.

3. Slugdge - Esoteric Malacology (Willowtip Records)
Je n'étais pas client de l'étrange duo britannique jusque là, mais Esoteric Malacolgy m'a carrément convaincu. Le groupe possède vraiment son propre style, un Death Metal presque avant-gardiste, qui détonne grâce à des compos incroyables et uniques en leur genre.

4. Harakiri For The Sky - Arson (AOP Records)
Bien évidemment, cet album a la lourde charge de succèder au déjà culte III: Trauma. Mais le duo autrichien s'en sort toujours aussi bien, et si Arson n'est pas à la hauteur de son illustre prédécesseur, il continue à délivrer un Black atmosphérique très accrocheur et émotionnel.

5. Agrypnie - Grenzgænger (Supreme Chaos Records)
Un album qui était aussi très attendu après les excellents 16[485] et Ætas Cineris. Passé un temps d'adaptation, Grenzgænger ne déçoit finalement pas, et pose à nouveau Agrypnie sur le trône du Black Atmo allemand.

6. Cypecore - The Alliance (Vaultroom Records / Cargo Records)
Le groupe allemand signe avec son 4ème album sa meilleure œuvre, couronnant une formidable progression. Du Metal moderne connoté Cyber et Mélodeath très personnel et réussi, pour un groupe qui je l'espère va exploser en dehors de ses frontières.

7. Binah - Phobiate (Osmose Productions)
Il y a toujours beaucoup de sorties en Death old-school d'obédience suédoise, mais Binah se sort aisément de la masse grâce à son savoir-faire et sa musique équilibrée et pertinente de bout en bout. Un nom qui devrait compter dans la scène.

8. Chapter V:F10 - Pathogenesis (Ashen Dominion)
Quand des musiciens ukrainiens plus ou moins reconnus pour leur BM se mettent à faire quelque chose de plus original, cela donne Chapter V:F10. Un excellent album de Black-Metal apocalyptique qui retient facilement l'attention et se dote de moments de grâce.

9. The Browning - Geist (Spinefarm Records)
Le miracle de l'année avec un groupe englué dans un Metalcore électro basique jusque-là, qui passe carrément à un autre niveau. Une parfaite usine à tubes mais pas que, grâce à une atmosphère futuriste bien amenée qui fait mouche. L'album de Metal dancefloor de l'année!

10. Thy Catafalque - Geometria (Season of Mist)
S'il commençait à ronronner avec Meta, Thy Catafalque retrouve ici beaucoup de jus, en modernisant sa musique et en élargissant un peu les influences et les sonorités. Le projet de Kátai Tamás revient au top même si les chefs-d'œuvre sont derrière lui.

Mais aussi...Ov Shadows, Blood Of Serpents, Sear Bliss, Borgne, Bloodbath, Ocean Of Grief, Drawn And Quartered, Bald Anders, Møl, Ayahuasca, Hands Of Despair, Depravity...

 

Top Albums (Français)

1. Fractal Gates - The Light That Shines (Rain Without End Records)
Il était attendu, ce troisième album des Parisiens. Et une nouvelle fois de plus nous avons affaire à une magnifique œuvre de Mélodeath à la fois traditionnel et futuriste. Un groupe vraiment exceptionnel qui a forgé sa propre identité, et avec grande classe.

2. The Algorithm - Compiler Optimization Techniques (Autoproduction)
Synthèse de tout ce que l'Algorithme a proposé jusque-là, mais aussi un grand album d'Electro-Metal sans limites, qui dès les premières écoutes fait montre de son efficacité et de son ambiance unique. Génial!

3. Monolithe - Nebula Septem (Les Acteurs de l'Ombre)
Faisant continuellement évoluer son format d'expression, Monolithe ne faiblit pas et convainc toujours. Du Monolithe plus immédiat donc, qui fonctionne sans problèmes, et continue à proposer son style de Doom si singulier.

4. EverRise - After The Eclipse (Autoproduction)
En France, il y a vraiment un savoir-faire en termes de Mélodeath d'obédience nineties. Voici donc EverRise, qui signe un second album bien fait et très mordant, se permettant même quelques petites originalités comme ce chant en français très touchant.

5. Sylff - Inner Devastation | Outer Serenity (Autoproduction)
Une belle découverte que ce groupe du Nord, passé un peu inaperçu. Au programme, du Black-Metal progressif conceptuel très bien fignolé, pour un premier album vraiment prometteur. Un nom à suivre.

Mais aussi...Embryonic Cells, Pavillon Rouge, The Dali Thundering Concept, Allegiance, Except One, Hardcore Anal Hydrogen...

 

Top EPs

1. A.H.P. - Forakt, Hat Og Død (Avantgarde Music)
La grosse claque de l'année, avec ce groupe parti d'un Black-Metal très inhumain lorgnant sur le Dark Ambient, qui se tourne maintenant vers un Black-Ambiant très ambitieux et jubilatoire. Un seul morceau pour le moment (accompagné d'une reprise de Burzum), mais pour 18 fantastiques minutes!

2. Night Crowned - Humanity Will Echo Out (Black Lion Records)
Un nouveau "supergroupe" suédois, encore un, mais qui donne dans un Black/Death mélodique de tout premier ordre. Les amateurs de Metal extrême suédois 90's ont toutes les chances d'avoir rapidement un nouveau groupe de chevet...

3. Stealing Axion - Eternities (Autoproduction)
Après un Aeons plutôt décevant et des changements de line-up, Stealing Axion reprend du poil de la bête. Toujours plus progressif et encore moins Djent, mais l'inspiration est au rendez-vous et remet le groupe sur de bons rails.

4. Your Pride - Your Pride (Autoproduction)
Le groupe lorrain/alpin signe un EP maousse costaud dans un registre Metalcore/Deathcore protéiforme, qui dégomme et se montre même assez ambitieux, confirmant ses bonnes prestations sur scène voire plus. Un full-length, vite!

5. Nachtmystium - Resilient (Lupus Lounge / Prophecy Productions)
Un retour qu'on ne voulait pas, ou qu'on voulait bien, le cas est délicat mais avec cet EP, Blake Judd ne fait pas honte à Silencing Machine et The World We Left Behind et montre qu'il a encore des choses à dire. Ma foi, on prend.

Mais aussi... Cryptopsy, Progenie Terrestre Pura (bonus plus belle pochette), SphæraNòtt, Watch You Burn...

 

Découverte(s)

9q
Oui, il y a du Metal au Groenland. Relativement mystérieux, 9q est un groupe vraiment intéressant et inclassable, pratiquant une sorte de Metal progressif chanté dans la langue locale. Une découverte assez improbable, qui n'en est que d'autant plus satisfaisante.

Crow Black Sky
Après le Metal du Groenland, voici, à l'autre bout de la planète... le Black-Metal cosmico-atmosphérique d'Afrique du Sud. Dans un registre moins cru que la moyenne UG, Crow Black Sky excelle et se révèle très prometteur.

AWS
Le représentant hongrois au dernier concours Eurovision, oui oui. Qui en fait pratique un Metalcore mélodique plutôt sympatoche, avec même quelques touches musicales très "hongroises". Toutefois, on préfèrera son précédent album Kint A Vízből (2016), plus varié et remuant que Fekete Részem sorti à l'automne.


Déception(s)

Behemoth - I Loved You At Your Darkest (Nuclear Blast Records)
Je peux comprendre les volontés d'évolution du groupe qui font finalement logiquement suite à The Satanist. Seulement, le résultat est franchement poussif et ne provoque que des baillements. Pour quelque chose qui reste Death/Black, ça manque quand même de punch...

Crescent - The Order Ov Amenti (Listenable Records)
Un groupe égyptien prometteur qui avait signé pour son premier album, disons, une version vraiment "égyptienne" de Nile... Ici, le groupe prend un virage plus moderne et un peu symphonique, qui ne prend pas, souffrant de linéarité rédhibitoire et d'un côté très pompeux.

Soreption - Monument Of The End (Sumerian Records)
Celui qui était jusque-là le meilleur disciple de Decapitated et Anata prend un sacré coup dans la tronche. C'est toujours techniquement irréprochable, mais cet album est malheureusement très creux, et surtout complètement stérile.

Sulphur Aeon - The Scythe Of Cosmic Chaos (Ván Records)
La hype de Swallowed By The Ocean's Tide a pour moi pris fin avec ce troisième album. Triste à dire mais le groupe semble être devenu une sorte de caricature de Metal Lovecraftien, le Death-Metal si impressionnant d'antan s'est envolé. Diantre...

Deicide - Overtures Of Blasphemy (Century Media Records)
Si To Hell With God et In The Minds Of Evil étaient très efficaces, ici c'est tout le contraire. Ce Deicide est d'une mollesse confondante et frôle même l'auto-repompe. Vraiment tout nul!

Mais aussi, hélas... Rise Of The Northstar, Shining (le Norvégien), Radium Valley, TotalSelfHatred, Dimmu Borgir, Anaal Nathrakh...


Top concert

Adamantyn @ Longeville-les-Saint-Avold
Vu en première partie de Deficiency, une belle découverte que ce groupe de Metal progressif lorrain, déjà rôdé sur scène avec des musiciens qui touchent, et avec un chanteur Heavy/clair charismatique.

 

Réédition de l'année

Bestia Arcana - To Anabainon Ek Tes Abyssu (Debemur Morti Productions)
Alors que Nightbringer se fourvoye un peu à mon sens depuis quelques albums, le projet parallèle Bestia Arcana méritait un peu d'être remis en valeur, malgré un Holókauston lui aussi un peu mitigé. C'est chose faite avec la réédition de To Anabainon Ek Tes Abyssu (2011) qui représente l'âge d'or des projets de Naas Alcameth.

 

'Vieillerie' découverte en 2018

Binah - Hallucinating In Resurrecture (2012, Dark Descent Records)
Découvert, forcément, en marge de la sortie de Phobiate, cet album avait été noyé dans les sorties de Dark Descent. Grossière erreur que de l'avoir loupé à l'époque, c'est une tuerie monumentale, et pour moi un des meilleurs albums apparentés au revival Swedeath... si ce n'est le meilleur.

 

Sélection hors-Metal

Funker Vogt - Wastelands (Repo Records)
Un an seulement après l'excellent Code Of Conduct, le vétéran souvent décrié de l'Electro-Indus/EBM allemande confirme son incroyable regain de forme. Passé le fait qu'il succède à un album déjà formidable, on y trouve facilement de nouveaux tubes.

Rhys Fulber - Your Dystopia, My Utopia (Sonic Groove Records)
Pendant que le reste de Front Line Assembly se confond dans ses influs Dubstep horripilantes, Rhys Fulber lui choisit un retour vers le passé, bien loin de Conjure One, et un style plus traditionnel, pure Electro-Indus teintée de Techno comme les vieux projets des Canadiens qui remontent aux années 80/90.

Iszoloscope - All Is Immensity And Chaos (Ant-Zen)
Le projet canadien confirme avec cet album qu'il est facilement un des fleurons de la Powernoise teintée de Dark-Ambient si chère au label Ant-Zen. Une référence, et à nouveau un très bon album de pur Iszoloscope.

Juno Reactor - The Mutant Theatre (Metropolis Records)
Connu du grand public pour sa participation à la BO des deux derniers Matrix, Juno Reactor continue sa route avec sa Goa/Psytrance ethnique. Ici encore plus purement Goa que The Golden Sun Of The Great East, Juno Reactor se montre aussi dansant, en mettant logiquement en musique sa collaboration scénique avec les artistes visuels du Mutant Theatre.

Laibach - The Sound Of Music (Mute Records)
Que dire, toujours aussi provocateur, Laibach réussit cette fois le coup du vrai-faux album en reprenant à sa sauce, un brin psychédélique et envoûtante, la BO de La Mélodie du Bonheur. De l'Electro-Pop intriguante sur fond de paysages Nord-Coréens...


Espoir(s) pour 2019

Le premier full-length de Vessel Of Iniquity qui pour moi pourrait bien donner un grand coup de pied à tout le BM chaos qui ne me fait plus vraiment peur (coucou Ævangelist). Mgła qui s'est annoncé et va devoir rattraper la relative décéption de KriegsmaschineBodyfarm pour le Death old-school le plus efficace du marché. Du côté français, j'attends beaucoup des CROWN, Fallen Joy et surtout Smohalla à venir (et Malmonde ?). On espère aussi que AtomA arrivera enfin à accoucher d'un nouvel album, et que Absu se sorte les doigts du fion. Et pourquoi pas... un nouveau Darkspace ? Mon petit doigt me dit que...
Mais comme d'habitude, ça sera une surprise ou un groupe (re)venu de nulle part qui gagnera.


Récap en playlist(s)

Comme les sons font plus de bruit que les mots, retrouvez l'intégralité des satisfactions de l'année citées dans ce bilan via la playlist ci-dessous :

Et pour ceux qui en veulent toujours plus, une playlist plus complète et élargie est disponible sur Spotify.

Et bonne année, hein!