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jeudi 24 avril 2014

Sonata Arctica + Trick or Treat

Bataclan - Paris

Michael

Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.

Ce mercredi 23 avril 2014, le Bataclan accueillait les finlandais de Sonata Arctica. En pleine promotion de leur album Pariah’s Child, qui nous a un peu déçu, le groupe aura offert ce soir au public parisien un show honnête, agréable, sans artifices et efficace. Accompagné de Trick or Treat, groupe italien de power metal avec Alessandro Conti au chant (également chanteur de Luca Tirilli’s Rhapsody), les finlandais sont parvenus à combler le public parisien (il est vrai déjà complètement acquis à leur cause). Retour sur cette soirée sous le signe du metal mélodique et du power.

Trick or Treat :

A peine arrivé dans la salle, les italiens de Trick or Treat commencent leur setlist d’une trentaine de minutes dans une ambiance déjà légère et bon enfant. Le Bataclan est déjà plutôt bien rempli, il le sera ce soir à environ 90% du rez-de-chaussée, l’étage étant fermé. La musique du groupe est assez simple, catchy, très heavy/power avec un Alessandro Conti très en forme qui multiplient les mimiques, les sourires et nous offre de merveilleux arpèges sur une guitare gonflable. Rien que ça.

Les musiciens sont souriants, assez mobiles et les titres s’enchainent dans la bonne humeur. Il faut dire aussi que le groupe a une approche assez légère de la musique avec des titres enjoués, pas forcément tous très bons, une reprise de Cyndi Lauper ( Girls Just Want to Have Fun) et un culte assez bizarre envers Donald Duck avec un joli titre final intitulé Like Donald Duck (du nom de leur premier EP) avec, en prime, des t-shirts Donald Duck pour certains et des samples de ce bon vieux anatidae.

Un show léger, frais, fondant comme du Chavroux, mais qui n’a certainement pas l’intensité d’un rocamadour. Je ne pouvais pas le dire mieux.

Setlist :
Dawn of Times
Prince With A Thousand Enemies
Premonition
Loser Song
Wrong Turn
Girls Just Want to Have Fun (Cyndi Lauper cover)
The Tale of Rowsby Woof
Like Donald Duck

Sonata Arctica :

Après une trentaine de minutes de balance, les finlandais de Sonata Arctica débarquent sur scène sous un tonnerre d’applaudissements. Arborant fièrement des t-shirt à l’effigie du groupe, le public est assez compact dans les premiers rangs et attend de pied ferme le groupe, venu faire la promotion de sa dernière galette Pariah’s Child. Et le public ne va pas être déçu ce soir, même si, de mon côté je vais l’être (et je m’en expliquerai). En tout cas, ce qu’on peut dire en guise de promos liminaire, c’est que le Bataclan a renoué avec certains de ses démons d’antan à savoir une chaleur impressionnante (on avait pas sué comme ça depuis Amon Amarth il y a bien longtemps) et un son plutôt médiocre. Dans les premiers rangs, la voix de Tony était souvent effacée par une caisse claire et autres éléments de batterie bien trop surmixé, et une guitare parfois trop en retrait. Seule la basse tirait clairement son épingle du jeu. Même si cela s’est amélioré au fil des titres, c’est à l’étage que le son était le mieux.

Bref, le groupe démarre son show avec The Wolves Die Young du dernier album suivi de Losing My Insanity. Ce premier titre m’a fait plutôt un bon effet, comme globalement tous les titres du dernier album ce soir sauf What Did You Do in the War, Dad?. Mais une fois que Tony annonce le titre My Land et que les premières notes résonnent dans le Bataclan, on comprend tout de suite ce qui a fait le succès de ce groupe. Une musique limpide, efficace, pleine d’émotions et mélodique à souhait. Ce titre est juste une merveille, probablement l’un des meilleurs du groupe. Son rendu live est tout aussi excellent, surtout que Tony s’est vraiment assagi et a largement travaillé sa voix. Fini les errements à trop vouloir en faire, il chante bien, juste et fait ressortir tout ce qu’on aime de la version cd du titre.

D’une manière générale, Tony nous aura offert une plutôt bonne prestation contrairement aux autres membres du groupes que je trouve toujours en deçà. Cependant, même si je continue de les trouver pas assez mobiles ou expressifs, le groupe est carré que ce soit sur l’organisation globale du concert et de la scène, mais également sur leurs prestations personnelles. A ce titre, Elias, à quelques exceptions près, aura été très bon ce soir (il ne me fera jamais pour autant oublier Jani Liimatainen).

Après une première partie de concert où le groupe a un peu communiqué avec le public (brièvement), la seconde partie du concert va être menée sur les chapeaux de roue avec un enchainement continu de titre jusqu’au rappel. Pour l’occasion, le groupe a décidé de retracer sa discographie en faisant tout de même la part belle aux premiers albums et au dernier. Ainsi le groupe nous aura offert notamment la molle et insipide What Did You Do in the War, Dad? et la déjantée X Marks The Spot qui rend pas trop mal en live, mais également la légendaire Full Moon (qui fait toujours autant d’effet sur le public, bien harangué par Tony, il est vrai) en passant par la rock n’roll I Have a Right qui est tout aussi insipide sur cd qu’en live. L’instant émotion sera le titre Tallulah, très bon, où Tony restera assis sur un tabouret en fond de scène, nous laissant apprécier ses qualités vocales. Une intensité en dents de scie donc, avec des enchainements de titres rapides mais pas toujours heureux.

Et c’est après les dernières envolées guitaristiques de Wolf and Raven que le groupe s’en va quelques minutes avant de revenir pour un final excellent. Le genre de final qui vous faire ressortir du concert avec le sentiment d’avoir vu un concert inoubliable. Et il faudra un peu plus de temps pour prendre du recul et vraiment commenter plus ou moins objectivement la prestation des finlandais. En effet, le groupe va revenir avec un triptyque : Blood / San Sebastian / Don't Say a Word, soit un condensé de ce que le groupe fait de mieux. D’une part, une musique mid tempo, intense et mélodique. D’autre part, un titre plus léger, guilleret teinté de nappes de clavier mais assez mélancolique. Et enfin, un titre rapide, entrainant et dansant. Une belle claque pour terminer ce concert.

Au final, j’ai surtout été déçu car je n’ai pas réussi à trouver l’équilibre de ce concert. J’ai souvenir d’un show au Metal Camp 2010 que j’avais trouvé d’une mièvrerie sans nom où Tony parlait pendant de longues minutes entre chaque titre pour nous parler d’amour ou de théâtre. Cette fois-ci je n’ai guère compris le positionnement du groupe. On sait que leur musique est assez théâtrale et Tony ne manquera pas d’abonder dans ce sens par ses gestes, sa voix ou tout simplement sa présence. S’agenouillant dans les passages plein d’émotions etc. Mais cette position plus théâtrale du groupe a un revers : il a enchainé 7/8 titres parfois même sans pause sans lâcher le moindre mot au public et se contentant parfois de le faire participer sur les refrains ou de l’haranguer pour que ces derniers tapent dans leurs mains. Le show a été froid, très froid, et j’aurais aimé que le groupe brise un peu cette distance avec le public sans pour autant basculer dans la purge qu’il était il y a quelques années (surtout qu’il n’y avait pas de pit photo !). Il s’agit surement d’un parti pris du groupe.

Seconde déception, et pas des moindres, la setlist n’a pas été à son avantage ou plutôt, à mon goût, je dois l’avouer. En tout cas par rapport aux dates précédentes. Venus faire la promotion de leur dernier album, on aurait aimé écouter un Cloud Factory, un Love ou même un Half a Marathon Man. Mais rien de tout ça. Et s’agissant des anciens albums, qui ont été largement joué lors de ce show, on regrettera de ne pas avoir eu le droit, comme certains autres lors de cette tournée, à un Black Sheep ou un Replica par exemple. Maintenant, il ne faut pas toujours faire la fine bouche, on comprend aisément que le groupe ait envie de faire varier sa setlist au fil des dates et on pourra toujours se réjouir (pour les fans des premiers albums comme moi) d’avoir pu écouter Wolf and RavenFullmoonSing in Silence ou bien encore la génialissime My Land.

Au final ce fut une bonne soirée car c’est toujours plaisant de voir le groupe et de pouvoir écouter quelques titres dont on ne se lassera probablement jamais. Mais j’ai trouvé le groupe assez distant et je regrette tout de même de ne pas avoir pu shaker mon booty sur la très enfantine et entrainante Cloud Factory. A en voir les sourires béats sur les visages au moment de quitter la salle et à entendre les commentaires de certains, le public parisien a très largement apprécié le show. Je suis probablement un vieux con aigri.

Setlist :

The Wolves Die Young
Losing My Insanity
My Land
Sing in Silence
Paid in Full
What Did You Do in the War, Dad?
FullMoon
X Marks The Spot
Tallulah
White Pearl, Black Oceans...
I Have a Right
Kingdom for a Heart / Wolf & Raven
Encore:
Blood
San Sebastian
Don't Say a Word

 

Je tiens à remercier le Bataclan et Gerald de Speakeasy.