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dimanche 21 octobre 2012

Forteresse

Athros

U-Zine

U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !

Le Québec est depuis quelques années un terreau fertile pour les groupes de ce que l'on nomme désormais Metal Noir Québecois. Il était donc important de rencontrer l'un de principaux acteur de cette scène vivante : Athros, membre de Forteresse et Brume d'Automne, deux formations ayant sorti un album récemment.

Bonjour Athros, merci de nous accorder cette interview. Tu as eu une activité très chargée depuis un an avec la Forteresse et Brume d'Automne. Peux-tu nous faire l'historique de tout ce qui s'est passé pour toi musicalement sur un an ?

2011 s’est conclu par notre présence contestée à l’infâme Messe des Morts (le premier Festival international, Québécois de black metal), ces emmerdeurs de rouges extrémistes et la salle de concert ont encore essayé d’annuler notre concert (comme cela arrive régulièrement à différents groupes en se basant sur de faux jugements et des accusations infondées). Mais, lors du spectacle, le public a exprimé son mécontentement, ils ont donc échoué puis, après cette victoire sur la diffamation, la rage aux tripes, nous avons donc planifié notre première tournée européenne avec Forteresse qui fut, un succès ! (participation au Black Sun Festival en Allemagne et Black Metal Is Rising à Paris dans les têtes d’affiche. Et le festival à Arnheim en Hollande aussi dans les têtes d’affiche) Il y eut ensuite la finalisation de l’enregistrement puis la signature de Brume d’Automne chez Sepulchral Productions. J’ai récemment joint Monarque et Sortilèges au sein de « Déliquescence » en tant que batteur.

Le dernier album de Forteresse, Crépuscule d'Octobre, est donc sorti il y a presque un an. Avec du recul, comment le juges-tu au regard de la discographie du groupe ?

Cet album plaira autant aux amateurs de « Métal Noir Québécois » que de « Par Hauts Bois et Vastes Plaine ». « Crépuscule d’Octobre » avec son son cru et puissant est un album agressif, accrocheur et atmosphérique. Il est sans doute notre meilleur album à ce jour, vu qu’il possède la simplicité efficace de nos premiers travaux, et que hormis les guitares qui ont été enregistrées il y a 6 ans, pour le reste et les arrangements sonores, cet album jouit des niveaux d’expérience acquit à ce jour.

Les morceaux de l'album précédent (Par Hauts Bois et Vastes Plaines) étaient plus lents et ambiants alors que ceux de Crépuscule d'Octobre apparaissent plus rapides, plus bruts et plus agressifs. Était-ce un choix délibéré et pourquoi cette orientation musicale ?

Tout à fait, on a toujours voulu faire un album mêlant la technique et les atmosphères de « Par Hauts Bois et Vastes Plaines » avec la virulence de « Métal Noir Québécois ». Nous sommes fiers du résultat, mais cet album n’était pas un changement dans l’orientation musicale du groupe. Il est donc normal de retrouver la véhémence des albums précédents avec « Crépuscule d’Octobre ».

Depuis votre premier album, vous avez opté pour un certain minimalisme dans les structures des morceaux en privilégiant clairement les ambiances. Pourquoi ?

Forteresse possède un style qui lui est propre, il s’impose par lui-même.

Un autre point commun avec votre premier album, ce sont ces musiques traditionnelles et échantillons sonores que l'on peut entendre sur l'intro de la « La Lame Du Passé » et des « Spectres du Solstice ». Peux-tu me dire ce que c'est exactement comme musique, d'où ça vient et pourquoi les utiliser ?

Ces artistes oubliés ont créé de vieilles musiques traditionnelles qui contrastent parfaitement avec le métal noir Québécois. On peut effectivement les réentendre sur Crépuscule d’Octobre. Mais il est à noter que cet album a été composé immédiatement après Métal Noir Québécois, il fut enfoui en certain temps au profit des « Hivers de Notre Époque ». Ces chansons sont typiquement folkloriques québécoises.

Le choix de la pochette m'a laissé assez perplexe. On y voit un champ de blé, éclairé de lumière chaude, représentatif de l'été. Quel lien avec le titre de l'album, Crépuscule d'Octobre ?

C’est simplement un champ de roseaux jaunissants à l’automne représentant les dernières lueurs avant les ténèbres et la froideur hivernale. Le lien, avec « Crépuscule d’Octobre » c’est que d’une part c’est le genre de paysage commun que l’on voit au Québec à cette période de l’année. D’autre part, le mois d’octobre est un mois important au Québec, qui pour plein de raisons historiques, sociales, comme de rythme de vie, représente des moments cruciaux. C’est ensuite à l’auditeur d’avoir sa propre interprétation.

On trouve beaucoup de rapports à la nature dans les textes. Même si c'est Moribond qui compose la musique, quelle place a pour vous la nature ?

Malgré que nous vivions dans une époque industrielle avec tous les abus qu’elle comporte, la nature est l’unique loi devant laquelle les hommes devraient se soumettre, il serait bon qu’on s’en souvienne.

En ce qui concerne Brume d'Automne, vous avez sorti en juin un album éponyme. Peux-tu nous le présenter musicalement et au niveau des textes ?

Cette œuvre est la quintessence même de Brume d’Automne et sa représentation dans son état le plus brut, d’où un nom éponyme. C’est l’incarnation même du « Métal Noir » dans toute sa splendeur. Enregistré à l’ancienne, sans artifices, pur et authentique. Les textes également font partie intégrante de ce tout et traitent de faits historiques comme divers du Québec. Nous sommes la gueule qui s’ouvre pour cracher cette haine et cette colère trop longtemps silencieuses et terrées au fond de l’âme de notre peuple !!!

Il s'agit du deuxième album en presque dix ans d'existence. Est-ce uniquement vos projets musicaux parallèles qui expliquent une telle latence ?

Dans un sens oui, mais dans la généralité de la période non. Ce qui fait un grand cru, c’est des éléments climatiques propices pour permettre le parfait dosage naturel des tanins, peaufiné ensuite par sa maturation en fût. Ce sont des facteurs et des conditions peu communes qui, lorsque mis ensemble, en font sa qualité et sa rareté et c’est pour cela qu’il n’y en a pas chaque année…

Donc, pour la création d’un album de ce genre de trempe, il faut que tu aies un état d’esprit spécifique, il faut que tu sois capable d’attraper la manne du moment présent et opportun quand elle se présente, et non faire des albums juste pour en faire, comme si c’était programmé. Nous attrapons cette manne quand elle se présente et c’est à ce moment précis que la création s’exécute et permet à nos œuvres de voir le jour.

Brume d'Automne ne s'est pour l'heure jamais produit en live. Est-ce quelque chose qui sera éventuellement concrétisé à moyen terme ?

Pour le moment ce n’est pas à l’ordre du jour, mais nous sommes en méditation. Chaque chanson, comme je le disais, est une expérience en elle-même, on ne les répète pas sans cesse. Comme je l’explique, il faut que ce soit quelque chose qui nous prends dans le « Momentum » pour être au paroxysme de sa magie. Il en sera de même si nous devons nous produire à un moment donné sur une scène.

Vous défendez la souveraineté du Québec et les respects des traditions ancestrales. Peux-tu me dresser la situation du Québec sur ce point à l'heure actuelle ? La question est d’autant plus d’actualité avec les évènements récents sur le Printemps des Érables et l’élection de Pauline Marois …

La politique moderne ne nous intéresse absolument pas, elle est trop versée dans la corruption et les mensonges. Brume d’Automne c’est plus un idéal qui se base sur des faits passés, une nostalgie de l’époque où les gens osaient s’affirmer et se battre pour défendre leurs points ou leurs droits sans se faire cataloguer de droite, de gauche ou de n’importe quelle mouvance politique pervertie des temps présents.

Depuis quelques années, il y a une véritable effervescence sur ce que l'on appelle désormais le Metal Noir Québécois. Les groupes sont pour la plupart d'une grande qualité et, comme Forteresse, sont signés sur le label Sepulchral Productions. Comment expliques-tu ce phénomène ?

C’est comme n’importe quoi, il y a toujours un effet de mode et de tendances, probablement que nous sommes plus prolifique que d’autre en ce moment au Québec, et Sepulchral Productions signe initialement et en partie des groupes locaux. Il est vrai qu’à l’heure actuelle, la scène black metal québécoise a su se créer une identité et un style qui lui est propres et qui n’a rien à envier aux scènes des autres continents ayant et ayant eus leurs heures de gloire.

Tu étais en tournée en France en juin avec Forteresse. Comment as-tu vécu ces concerts aussi dans cette terre francophone originelle ?

Au-delà de nos attentes, le public français a su démontrer son engouement et son soutien. Ces concerts ont été d’exception et cela prouve encore une fois que les Français sont autant des connaisseurs de bon vin que de black metal.

Quel est le futur proche pour Forteresse ?

Un album est en préparation et nous travaillons également sur nos autres projets. Plusieurs choses devraient sortir prochainement, surveillez nos sites web pour en savoir plus.

Merci à Athros pour sa disponibilité. Merci à Cynthia pour la logistique et la relecture.