
Sierra Veins + Ghost Dance @ Paris
La Cigale - Paris

Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse
Forte d'un nouvel album inspiré et implacable, Sierra Veins s'engage dans une tournée européenne pour offrir à son public une nouvelle dose de sa darkwave de plus en plus protéiforme. Après quelques date en province, la productrice et musicienne s'installe pour une soirée à la Cigale de Paris, à domicile, accompagnée en première partie de Ghost Dance, invité sur In the Name of Blood.
Ghost Dance
A part sa collaboration avec Sierra Veins, je ne connais rien de l'art de Ghost Dance, la découverte est donc quasi totale ce soir. Et le bilan est plutôt positif : un peu coincé sur le devant de la scène par le rideau rouge de la Cigale, le DJ nous régale d'une techno aux accointances indus. Le kick est à la fois sec et lourd, le genre de combinaison qui impose soit le déhanché, soit le secouage de cervicales (option n°2 en ce qui me concerne), et qui, enrobé de sonorités teigneuses et brutes, constitue une mise en jambe parfaite pour la suite. Ghost Dance ne fait pas dans le délicat et le raffiné, son set repose sur un enchaînement de séquences conçues pour faire remuer la foule face à lui et l'objectif est atteint. L'acceuil du public est chaleureux, les exclamations et approbations retentissent chaque fois qu'une plage d'accalmie prend forme, et les danseurs et danseuses dans la fosse repartent de plus belle lorsque l'énergie est remise au max. Mes connaissances dans le domaine des musiques électroniques sont très parcellaires, il y a quelque chose de très berlinois dans le son de Ghost Dance, une approche nerveuse et péchue qui n'exclut pas la bonne humeur et le sens de la fête. Bref, Ghost Dance remplit à merveille sa mission de malaxer le public afin qu'il soit à point pour la tête d'affiche.

Sierra Veins
Avant d'entrer dans le vif du sujet, un petit mot sur le public présent ce soir. Globalement, la darkwave de Sierra Veins attire tous les publics de noir vêtus : metalleux et metalleux, goths, fans d'indus et de post-punk, la variété des styles et des groupes affichés sur les t-shirts illustre parfaitement le spectre large travaillé par les sonorités de la maîtresse de cérémonie. Ne manquent que les emos à l'appel, sans doute que ça ne chiale pas assez (oups, balle perdue).
Lors de son passage dans notre émission, Sierra Veins nous disait qu'elle avait atteint un point où elle était sûre d'elle-même en live, malgré le fait qu'elle soit seule en scène, une configuration bien différente des groupes évoqués dans ces pages la plupart du temps. Lorsque le rideau s'ouvre, elle apparaît entre ses machines (claviers d'un côté, pads de l'autre), sous une sorte de méduses de LED, aux couleurs vertes bien entendu. En effet, le set débute par « In the Name of Blood », son atmosphère rampante et sa montée en intensité mettant le public sur une rampe de lancement. Le décollage total se produit sur « Memory Cells » et son tempo plus marqué et plus intense. Sierra Veins s'approche du bord de la scène, micro en main, et arpente la largeur du plateau en irradiant une forme de rage et de combativité. Après cette entrée en matière autour de son nouvel album, Sierra Veins propose un regard dans le rétro et balaie ses sorties précédentes en en gardant le meilleur et le plus efficace. « Power », qu'elle chante poing levé et regard vengeur continue d'embarquer toute la Cigale avec elle. Si le kick de Ghost Dance était déjà percutant, les coups de basses sur le set de Sierra Veins imposent de courber l'échine devant la puissance (le genre de kick dont je pense qu'il est taillé pour soumettre un public que ne demande pas mieux).
J'évoquais brièvement la scénographie un peu plus haut, il convient de s'y arrêter davantage. La méduse évoquée est une sorte d'anneau lumineux qui surplombe et entoure Sierra Veins et ses machines, pour se ramifier en quelques tentacules qui coulent jusque sur la scène, le tout étant couvert de LED. Les couleurs varient au cours du set, donnant une identité et une atmosphère à chaque titre. Quelques stroboscopes complètent le tout mais sans outrance à ce niveau là, le show garde une certaine sobriété. Les titres plus posés, moins portés par la puissance et la lourdeur, à l'image de « The One », s'intègrent sans souci au milieu des morceaux plus frontaux. La tension baisse d'un cran, mais pas l'intensité, un résultat jamais simple à obtenir. Je constate que Sierra Veins a soigneusement gardé de côté le tube (ultime ?) d'In the Name of Blood, « Who I Used to Be », et je me dis qu'il trouvera sa place dans le rappel. Mais non, Sierra Veins a décidé de faire sa première sortie de scène avec ce titre, et sa fin résolument techno transforme le parquet de la Cigale en trampoline géant, ondulant sous les mouvements de la foule en transe. Et après un rapide passage en coulisses, Sierra Veins revient pour un « My Poison » qui manquait également à l'appel dans la catégorie tube. Avec final en ternaire, le public exulte une dernière fois. Petit ajout pour ce dernier titre : Sierra Veins rvient vêtue d'un blouson de cuir bricolé pour dégagé du fumigène, façon body-machine en surchauffe, pour un effet parfaitement en adéquation avec l'ambiance de cette fin de concert.
Visiblement très émue, avec un sourire qui montre toute la fierté, la joie et la reconnaissance d'une artiste touchée par l'engouement que suscite son art, Sierra Veins salue une dernière fois la Cigale et disparaît.
Setlist de Sierra Veins :
In The Name of Blood
Memory Cells
By Fire
Power
Trust
Arrival
Unpredictable
Trapped
Gone
In My Veins
Never Right
The One
Ain't No Woman
Unbroken
Last Breath
Your Shadow
Desire
Who I Used to Be
Rappel
My Poison

Avec un back catalogue déjà fourni en matériaux de qualité et un nouvel album en tout point réussi, Sierra Veins avait presque l'embarras du choix pour concocter une setlist efficace. Sublimé par une mise en scène intelligente et bien exploitée, le set proposé pour cette tournée est une réussite d'un bout à l'autre. En vadrouille en Europe jusqu'en fin d'année, Sierra Veins fera une deuxième partie de tournée en 2026, sillonant la France. Il y a de bonne chance qu'une date ait lieu près de chez : ce sera un immanquable, vous voilà prévenu.e.s.
Mille mercis à Périscope pour l'invitation !
Crédits photos @ Verdammnis





