
Vígljós + Midsummer Blaze @ Paris
Les Caves Saint-Sabin - Paris

Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse
En à peine deux années et deux albums, Vígljós s'est taillé une belle réputation dans la scène black metal underground. Avec son esthétique originale contruite autour de l'apiculture médiévale et leur black metal raw et punkinsant, le trio suisse a été signé par les Acteurs de l'Ombre et se retrouve à l'affiche du Hellfest 2026. Une montée en puissance qui se complète par une tournée en Europe, dont deux dates françaises (les premières), à Paris et à Nantes. Pour la date parisienne, ce sont les Caves Saint-Sabin qui accueillent le groupe, une salle intimiste mais à double tranchant.
Midsummer Blaze
Arrivé à la fin de premier titre de Midsummer Blaze, je découvre malgré moi qu'au fond de la cave voûtée, le son est un peu flottant, cotonneux. Certes, la musique du groupe (que je découvre ce soir), à ranger dans le grand coffre plein de bazar du post-metal (avec supplément shoegaze), possède intrinséquement cet aspect contonneux et un peu distant sur les passages calmes, mais depuis le fond de la salle, le résultat est trop peu lisible. La soirée étant sold-out, le public est bien compact et je ne pourrai pas profiter pleinement de la prestation du groupe. La voix claire de Saline, la chanteuse, évoque un peu celle de Julie Christmas (même si moins sur le fil), tandis que son chant crié est moins directement référencé mais ne manque pas de coffre et de puissance. Clairement, la musique proposée par ce combo venu (en partie) de la Réunion ne manque pas de qualité, à revoir dans de meilleures conditions.
Setlist de Midsummer Blaze :
Gaslighting
Acrimony
Ataraxia
Rumination

Vígljós
Je me place bien devant pour le set de Vígljós et éviter une nouvelle déconvenue. Et dès le début de « A Seed of Aberation », qui ouvre le concert, tout le charme des Caves s'exprime. Cachés sous leurs masques d'osiers et leurs robes blanches, à quelques centimètres du public, la présence hantée du trio est immédiatement prenante. Le son bien rugueux et tranchant de la guitare déchire l'air et plonge le public dans l'ambiance si particulière de Vígljós. Le chant fou de J, appuyé par une gestuelle et une attitude, est aussi maîtrisé que fascinant. Plus encore que le maquillage ou les capuches, les masques d'osier occultent toutes les expressions du visage et donnent l'impression de faire face à une folie brute et authentique. L'impression est d'autant plus prenante lorsque J produit ces espèces de hurlements aigus et possédés. L'esprit résolument punk qui se dégage de certains riffs (le centre de « Claviceps » et l'incroyable premier riff de « Delusions of Grandeur », notamment) font mouche à chaque occurence, le public se plie volontiers à cette énergie viscérale et sans artifices. Mais il y a aussi dans Vígljós un sens du groove, avec comme exemple parfait « Dance of the Bumblebee » et sa batterie en contre temps et le jeu sur la cowbell qui entraîne avec elle le public.
Entre les titres, des samples de bourdonnements remplissent le silence et, associés avec un éclairage jaune, nous plongent dans l'univers agricole et apicole qu'évoquent les albums de Vígljós. L'idée est simple, le résultat efficace et pertinent, pas besoin de plus de mise en scène. En guise de conclusion, le trio nous propose le titre « Vígljós » (où le chant est plus fou que jamais) et ses presque neuf minutes pour un dernier aperçu de leur univers si unique et personnel. Un concert un peu court, à peine une quarantaine de minutes et qui laisse une partie du public sur sa faim : la salle est encore presque pleine et en attente d'un rappel lorsque les musiciens ressortent des coulisses à visages découverts. J'imagine que la durée du concert est limitée par le confort des tenues : difficile de s'en rendre compte, mais leurs costumes doivent vite devenir irrespirables.
Setlist de Vígljós :
Sowing
A Seed of Aberation
Claviceps
Harvest
Dance of The Bumblebee
Swarning
Delusions of Grandeur
Vígljós
Fallow - A new cycle begins

Malgré la briéveté du set, l'intensité était au rendez-vous. Vígljós faisait montre de grandes qualités en studio, et cette première date parisienne donne à voir un groupe solide en live. Un morceau supplémentaire sur la setlist (et les candidats ne manquent pas !) et c'est le carton plein !
Un grand merci à Sanit Mils pour l'invitation !






