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lundi 1 décembre 2025

Gojira @ Paris

Accor Arena - Paris

Team Horns Up

Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.

Aurélie Jungle : J'ai mal partout. J'ai absolument mal partout. Et putain, je savoure ces douleurs comme j'ai savouré cette soirée en compagnie de Gojira à Bercy. C’était un peu mon inratable de 2025.
Je le rappelle ici rapidement : on a appris, quelques jours avant le démarrage de cette tournée, que ce cher Joe Duplantier s’est blessé et ne pourra pas assurer la guitare sur l’ensemble des dates. La charge est confiée à Greg Kubacki de Car Bomb, groupe de mathcore américain.

Nous sommes donc le 30 novembre 2025. Je débarque dans un Bercy plein à craquer avec Comeback Kid en fond, seconde première partie qui succède à Neckbreakker, que j’ai loupé. Le punk hardcore de Comeback Kid, c’est techniquement un très bon choix pour s’échauffer. Fin du set : quelques classiques des années 80 pour patienter sur la dernière ligne droite, puis la salle devient noire pour finir par être uniquement éclairée par un rideau de lumière avec, en fond, des étoiles et une animation qui nous a tous un peu subjugué et fait réaliser que la scéno allait être complètement folle. Bien au-dessus de 2023 (et on était déjà sur un sacré niveau). 

Le quintet s’installe au rythme des tambours de Mario et puis pouf, c’est le coup de massue. Le set démarre avec « Only Pain ». Une idée de génie. C’est absolument démentiel. La fosse se transforme instantanément en un champ de bataille et vraiment la joie se lit sur les visages alors qu’on gueule tous en chœur le presque déchirant refrain de ce morceau. 

Le groupe est survolté. Joe sans guitare s’occupe sur scène en allant headbanger à côté de Mario, en sautant, il fait les cent pas, il improvise… On est donc sur un autre exercice scénique pour ce dernier, et finalement ça s’entend même : on le retrouve parfois sans souffle puisqu’il bouge énormément, et ça vient impacter le chant clair. Par contre, cette nouvelle mobilité vient renforcer le chant plus grave. Il semble profiter de la possibilité de se plier en deux, voire de s’agenouiller pour trouver plus de forces pour son chant guttural, et c’est complètement dinguissime. Il donne absolument tout ce qu’il a. Vraiment. Espèce d’envie compensatoire vis-à-vis du public peut-être. 

S’ensuit « The Axe » un enchaînement qui passe crème pour finalement prendre ensuite le pouls du public. « Bonsoir Paris ! ». La ligne de départ du marathon, c'est maintenant. Et ça démarre avec « Backbone ». Grand classique. La scénographie est folle. Entre les jeux de lumières, les écrans au fond, les deux arceaux, la pyrotechnie… La scène se pare de rouge, la fosse est absolument déchaînée et ne ploiera pas sur le morceau qui suivra : « Stranded ». Celui qui permettra de récupérer un semblant d’oxygène avant de poursuivre sur « The Cell » puis « Wisdom Comes » où on frôlera la crise d'épilepsie doublée d’un AVC puisque comme ça n’était pas assez, la lumière s’est calée sur les blasts de la batterie. De toute façon, si un morceau sort de The Link ou de Terra Incognita, c'est une mort annoncée. Pour traduire, si jamais Gojira passe par là : on en veut plus. On veut des sets entiers de ces deux albums. 

Et là, sans crier gare, les premiers chants de baleines se font entendre. C’est donc l’heure du cathartique « Flying Whales ». La fosse se desserre et ce que personne n’avait anticipé, voire aurait pu imaginer, c’est l’arrivée de deux baleines dans le ciel de l'Accor Arena. Gros moment de flottement, limite digne de la rêverie. La fosse s’est arrêtée et on a mis un peu de temps à se lancer dans l’organisation du wall of death rituel. Tous bouches bées, comme des gosses, à suivre des yeux les deux mammifères, perdus entre la féérie du moment et le déferlement de violence qui nous attend, vraiment le temps s’est trouvé suspendu. 
Bon et évidemment, ça n’a pas duré indéfiniment, et le wall of death promis a eu lieu (bien que précoce !!).

 

 

La pause s’impose et c’est le moment que choisit Mario pour faire le show. Le batteur se retrouve au centre de la scène, Joconde sous le bras, une alternance de lumières rouge et bleue qui l’accompagnent, avec la sirène de la police en fond. On se marre puis on continue de se marrer sur l'enchaînement avec ses, désormais classiques, pancartes. « Vous voulez plus de double pédale ? », « Cinq minutes non-stop » ? Bon ben « From the Sky ». Si, sur l’écran, le focus est mis sur les pédales de Mario, dans la fosse, on a droit à un circle pit démoniaque de cinq bonnes minutes. Mes chevilles s’en souviennent.  

La deuxième partie du concert démarre ici, et notamment avec les classiques « Another World » puis « Silvera » pour enfin arriver à la dernière production du groupe, hymne des JO pour tous les chevelus : « Mea Culpa (Ah ! Ça ira !) ». Je n’en attendais pas grand-chose de ce morceau et s'il n’avait pas été au programme, franchement ça ne m’aurait fait ni chaud ni froid. Trop entendu, et puis il n’a rien de trop exceptionnel, si ce n’est le contexte de sa sortie. Mais force est de constater qu’il est très efficace, taillé pour le live et que la voix de Marina Viotti est superbe. Parce que oui, Marina Viotti était de la partie. Exclusivité parisienne ? L’avenir nous le dira, mais en attendant : oui.

Et puisqu’on est sur une première en live pour mes tympans, le morceau qui suit ne déroge pas à la règle : « Born in Winter ». Titre qui est dans mon top trois sur L’Enfant sauvage, me voici donc ravie et son accueil est presque messianique.
Si Fortitude n’avait jusqu’ici fait qu’une brève apparition avec « Another World », il revient en force avec « Born for One Thing », morceau inévitable de cette galette. On a chaud, très chaud et vu les cris que pousse Joe pour accompagner les riffs assassins de ce morceau, je ne sais pas si ce dernier a encore de la voix aujourd’hui. 

Énième surprise : un medley. « Where Dragons Dwell / To Sirius / Ocean Planet / In the Wilderness ». Je ne vais pas revenir sur les avantages du medley (caler un max de morceaux sur un temps court) mais même si celui-ci est parfaitement exécuté, le peu de place offert à « Where Dragons Dwell » m’a vraiment laissée sur ma faim. Tu ne rentres pas dans le morceau, tu t’arrêtes avant qu’il commence. Mais OK. Admettons, on ne va pas faire les enfants pourris gâtés, prenons. 
Sauf que le vrai problème, c'est que derrière débarquent « The Chant » et « Amazonia ». Ça fait quand même beaucoup de morceaux de Fortitude là non ? La tournée de l’album est passée, l’accueil sur ce dernier opus n’a pas été incroyable, on fête les vingt ans de From Mars to Sirius… Bref, il y a quelques arguments pour que cet album n’apparaisse pas trop souvent dans la setlist. 

Pire, la fosse s’éteint sur « The Chant ». Le retour de Marina Viotti pour accompagner Joe sur ce morceau n’y changera rien. On s’est retrouvés désabusés avec les voisins, à attendre que ça passe. Et si tu pensais en plus pouvoir profiter d’un Bercy qui chante : perdu. Le micro ne sera jamais laissé au public seul. Pas d'a capela pour nous et c’est presque le seul intérêt de ce morceau. Sur la tournée de 2023, je n’appréciais pas plus « The Chant » mais le live restait impressionnant pour ces raisons.  
Je n’ai pas les mêmes reproches à faire à « Amazonia », mais à choisir, j’aurais préféré écouter l’un des morceaux du medley dans son intégralité plutôt qu’« Amazonia ». 

« Ça vous a plu ? Super ! Eh ben salut Paris ! ». Le groupe file dans les coulisses pour revenir (évidemment) sous nos cris et terminer cette soirée avec l'incontournable, celui qui ne disparaîtra jamais des setlists de Gojira : « L’Enfant sauvage ». Tout aussi cathartique que « Flying Whales ». Ça commence sérieusement à devenir difficile pour Joe qui finit par parler sur les couplets, pendant que nous, en fosse, on est littéralement en train de crever devant les flammes tout en essayant de créer un wall of death digne de ce nom pour accueillir le break stratosphérique de ce morceau. Et si on avait su qu’on allait se faire achever par « Global Warming »… Cette gifle. Encore un morceau inédit en live pour mes tympans et ça ne loupe pas cette fois : la larme est décrochée. Vous avez gagné. 

On retient quoi de cette soirée ? Déjà, on dit « merci ». Et vraiment merci. Je ne compte plus le nombre de fois où j'ai vu Gojira en live, depuis la claque qu'ils m'avaient foutu en 2009 à l'Élysée Montmartre. Ouais la tournée du siècle, celle de The Way of All Flesh. Et franchement, je ne pensais pas qu’après tant d’années, Gojira était encore capable de me surprendre, même sur des classiques. Mais y’a un moment les gars, le plafond de verre n’est plus très loin tant vous êtes au sommet. Côté Joe sans guitare : je pense avoir fait le tour et la présence scénique de Greg Kubacki est au final très discrète. Positionné tout près de Mario, on voit qu'il est là, mais il ne cherche pas à attirer l'attention.
Enfin, trop de Fortitude et je pleure l’absence d'un seul, tout petit morceau, de The Way of All Flesh de la setlist. À deux doigts de mendier trente secondes de « Esoteric Surgery ». 

 

Setlist : 

Only Pain
The Axe
Backbone
Stranded
The Cell
Wisdom Comes
Flying Whales
From the Sky
Another World
Silvera
Mea culpa (Ah! Ça ira!)
([traditional] cover) (with Marina Viotti)
Born in Winter
Born for One Thing
Where Dragons Dwell / To Sirius / Ocean Planet / In the Wilderness
The Chant
Amazonia
L'Enfant sauvage
Global Warming