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Nos essentiels des années 2010 - Death Metal & dérivés

vendredi 31 juillet 2020
Team Horns Up

Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.

À l’instar de bien d’autres genres musicaux, le Death Metal a connu une tumultueuse histoire depuis sa naissance dans les années 80. Après la « golden era » fin 80s / début 90s, le style s’essouffle très rapidement au milieu de la décennie suivante face, notamment, à la montée en puissance du Black seconde vague. Mais à cette période de creux succède ce que l’on appellera également plus tard la « seconde vague Death Metal ». En effet, des groupes comme Nile, Hate Eternal, AngelCorpse, Necrophagist, Krisiun ou Cryptopsy viennent petit à petit relancer la machine à la fin des années 90, pavant ainsi la route au Brutal Death et au Death technique. Ces deux derniers registres vont incontestablement marquer au fer rouge les années 2000, qui se transformeront en véritable course à la brutalité et à la vitesse d’exécution.

Au sein de ce paysage saturé de groupes Tech Death et Brutal Death génériques, une pointe de nostalgie se fait petit à petit ressentir à la fin de la décennie. On voit ainsi apparaitre en Europe des formations comme Dead Congregation, Repugnant ou encore Excoriate qui vont progressivement raviver une flamme « traditionnelle » du Death Metal jusqu’alors quasi-éteinte. C’est ainsi qu’à l’orée des années 2010, tous les projecteurs sont à nouveau braqués sur « l’époque bénie » du genre. Nous n’y couperons pas, comme pour le Heavy ou le Thrash Metal voisin, le Revival semble être devenu le mot d’ordre. Doom Death à capuche ou Black Death à Ray-Bans, les côtés crade et sombre des origines du genre sont à l’honneur – en témoignent les innombrables clones d’Incantation apparus depuis la bombe Disma de 2011.

Mais au sein de cette tourbière DarkDescentesque que sont les années 2010, la team Horns Up vous propose aujourd’hui une sélection des plus variées. Retours en force de certains cadors du genre, révélations éblouissantes de jeunes pousses prometteuses, le Incantation-worship côtoie ici le groove old school mais aussi la branlette de manche et les propositions plus insolites. Voyez plutôt…

 

Blood Incantation - Starspawn (2016)

Hugo : Un énorme cratère fumant est dominé par l’œil de la providence. Au loin, un horizon assombri, ou plutôt le néant ; est-ce une porte vers un ailleurs, une autre dimension, ou simplement une descente dans les lieux du Chaos ? L’artwork de Starspawn est menaçant et le propos de Blood Incantation cryptique, à l’image d’une musique presque effrayante vers laquelle on ne cesse pourtant de revenir. Les compositions du combo nous aspirent tel un trou noir, et ce dès la première piste qui, du haut de ses 13 minutes, s’impose comme une brillante démonstration de force, de sonorités techniques et progressives.

Dans ce magma de couleurs et de détonations, on s’accroche à quelques repères comme au milieu d’une tempête dans les rues de la ville. Cette ville c’est Denver, désormais haut-lieu du Death Metal américain, où les formations passionnantes se multiplient ces dernières années (Black Curse, Spectral Voice, ou dans un autre style Wayfarer, sont tant de noms qui partagent d’ailleurs des membres avec Blood Incantation). Le point commun entre celles-ci ? Une certaine passion pour les thématiques cosmiques, l’éther, quelques longsleeves délavés, et (on l’imagine) de nombreuses substances psychédéliques.

Ainsi, Blood Incantation nous raconte sa version du Death Metal technique, obsédé par quelques classiques (on peut citer Morbid Angel, Demilich…), mais désireux d’ouvrir de nouvelles portes. On comprend alors l’obsession du groupe pour les mythologies, et toutes les alternatives qu’elles proposent à l’histoire officielle. À l’écoute de ce premier opus, que le second sorti en 2019 ne doit pas obscurcir, on observe de mystérieuses créatures près des pyramides en Egypte antique, des signes mystiques apparaissent près de la méditerranée au XVIIe siècle, et la vision d’Ezéchiel semble annoncer la venue de cosmonautes d’une autre planète. Est-ce donc une descente vers les enfers galactiques ou une ascension pour rejoindre la hiérarchie céleste ? Dans tous les cas, c’est à un voyage passionnant que l’on assiste, constituant une preuve supplémentaire que nostalgie et inventivité riment parfois merveilleusement.

 

Ulcerate - The Destroyers of All (2011)

Raton : Ulcerate représente pour moi la quintessence d'un death qui a su trouver ses frontières, les questionner et les franchir avec autant de subtilité que d'efficacité. 
Créant la passerelle entre Gorguts, Neurosis et une musique extrême plus moderne (j'ai toujours vu chez eux une influence de Gojira), les Néo-Zélandais ont pavé la voie pour un post-death metal singulier et, malgré tout, terriblement hermétique. Dense et foisonnante, la musique d'Ulcerate met du temps avant d'être appréhendée et a mis un certain temps avant de créer un worship dans la scène (citons notamment Ad NauseamSetentia, Ulsect ou encore Zhrine).
On peut questionner le choix de The Destroyers of All, mais parmi les trois albums qu'Ulcerate a publié durant les 201x, c'est celui qui m'est le plus naturel et qui condense le mieux l'art du groupe (il s'agit également du plus court, ce qui peut faire une nette différence avec une musique aussi étouffante que la leur). Du tonitruant "Burning Skies" au flamboyant morceau éponyme, l'album sait déployer une grandeur sourde, aussi effrayante qu'admirable, où les crescendos viennent alimenter une rivière à la noirceur collante et entêtante.

 

Dead Congregation Promulgation of the Fall (2014)

Traleuh : Promulgation of the Fall, avec le Towards the Megalith de Disma, c'est un petit peu l'apothéose, l'alpha et l'omega de ce retour en crasse que le Death Metal aura connu lors de la décennie passée. Un regard en arrière vers cette tourbe névrotique qu'aura engendré l'infâme Incantation, palude fertile qui se serait comme inverti vers l'Abîme, celui que l'on devine dans Serpentskin,Schisma ; tant de scories fumantes, obombrant l'Azur d'une noirceur d'ébène, qui était encore impensable quelques années en arrière.

Mais Promulgation of the Fall, c'est aussi le temple enseveli de cette convergence, de ce point de couture entre les deux avatars des musiques extrêmes, dont la musique de Dead Congregation recouvre la nudité première ; bourbe incandescente coulant sur cette plaque tellurique, cette dialectique charnelle qu'a toujours entretenue le Death Metal et qui semble, ces dernières années, acquérir un degré de conscience particulière, en atteste la rugosité minérale de l'incompréhensible Howls of Ebb. En bref, Promulgation of the Fall est bien ce monolithe de discipline à la hype méritée, ce disque d'un genre acquérant une grâce juvénile nouvelle, bien que sa mare de soufre a quelque chose de définitif. Chapeau les costauds.

 

Beyond Creation - The Aura (2011)

Gazag : Ecouter The Aura en 2020, c’est malheureusement constater que le chant n'a pas très bien vieilli. Tout le reste, en revanche, s’est sacrément bonifié. Au point de faire passer l’album pour une relique sacrée. En 2011, Beyond Creation fauche l’intégralité de la scène Tech Death de l’époque. Les gratteux sont de féroces pieuvres, piochant à la fois dans la rythmique et la mélodie, pour servir un mix goûtu et bourré de surprises. Mais ce qui fait de cet album un millésime concerne tous les instruments. La batterie est un feu d’artifice. Du plus vilain blast au plus féérique scintillement de cymbales, elle se place idéalement à chaque fois. Ensuite vient la basse, qui sur cet album gagne en responsabilité, puisqu’elle exécute des riffs complets, audibles, et | je marque une pause | indépendants. Les Canadiens passent de la brutalité au groove avec une facilité à faire pleurer. Le tout, en passant à travers des cascades de notes. L'absurdité est que personne ne se marche dessus ou ne monopolise la parole, alors que le tempo est effréné. 

Enfin on bascule dans le mystique car le nombre de bonnes idées que cet album propose est incroyable. Que ce soit des morceaux de 1:30 ou 10 minutes, chacun à sa propre identité et apparaît quand il le faut pour former un édifice cohérent. Ensuite viendra le second album, Earthborn Evolution, son éclat fatalement obscurci par l’ombre de son aîné, puis Algorythm, où le groupe décide de larguer définitivement les voiles vers des contrées plus atmosphériques. A terre, reste cet obélisque à l'épreuve du temps qu’est The Aura. Beyond Creation a réussi à bousculer les lignes, et engendrer plein de petits enfants, dans une scène qui manquait cruellement d'air.

 

Chapel of Disease - ...And as We Have Seen the Storm, We Have Embraced the Eye (2018)

Dolorès : Ils ont réussi l'impensable : faire aimer le Death Metal à celles et ceux dont ce n'est clairement pas la tasse de thé. Pour beaucoup, c'est une musique à vivre en live notamment, mais écouter un album en boucle chez soi (ou en voiture, meilleur endroit pour écouter celui-ci) semble impensable. L'exploit est atteint haut la main avec …And As We Have Seen The Storm, We Have Embraced The Eye.

Aussi mélodieux que rentre-dedans, autant gras et massif qu'aérien, l'album à la superbe pochette a plus que marqué les esprits en 2018 par son originalité tout en s'imprégnant d'un Death complètement old school. Parmi les inspirations fortement probables du groupe, on trouve bien sûr les plus grands groupes du genre (de type Death, paraît-il), des pointes de Heavy mais également des échos à d'autres styles des années 70 et 80, des parties de guitare de Dire Straits aux rythmiques post-punk. Un projet qui aura clairement évolué depuis les opus précédents du groupe, cette fois fixé entre raffinement et crasse, dans un équilibre parfait. Tout cela dans un album homogène qui, impression confirmée par la version live, transmet la définition même de la fraîcheur et une image de maîtrise de la part du quatuor.

 

Disma - Towards the Megalith (2011)

Lien Rag :Death metal gras et bien épais +  line-up qui a touché chez Incantation, Funebrarum et Immolation dont surtout un certain Craig Pillard + écurie Profound Lore. Je pourrais être vraiment fainéant (et j’en ai sacrément envie) et m’arrêter ici pour justifier la présence de ce Towards The Megalith dans ce top. Car il ne s’agit pas seulement d’un excellent album mais d’un nouveau mètre-étalon en la matière jusqu’à l’artwork génial d’Ola Larsson. Tout est caviar.

Je rejoins l’aréopage de chroniqueurs tous canards confondus : Oui, cela ressemble très fort à Incantation, au-delà du line-up incestueux. Oui, on est, du coup, justement souvent en train de lorgner dans du doom/death aux cordes graves et grasses comme de l’huile périmée. Et donc oui, on est loin d’un album avant-gardiste. Mais pour autant, aussi classique qu’il soit, l’album contient tous les ingrédients qui en font une nouvelle référence absolue. Ambiance de caveau infini descendant dans les boyaux de la Terre ? Check. Groove imparable sur des structures doomisantes ? Check. Production quatre étoiles avec cette saturation par moments quasi-dronante ? Check. Succession de riffs, chacun encore plus tueur que le précédent ? Check, check et re-check !

Towards The Megalith est tout simplement génial. Le Death Metal. Avec un grand D.

 

Septic Flesh - Titan (2014)

Storyteller : Un géant dévastateur, voilà ce que les Grecs de Septic Flesh sont devenus au fil du temps. Et quand on nomme un album Titan, même les plus obtus ont compris qu’ils se sont élevés au rang de groupe incontournable de la scène Death Metal. Le jeu de scène, le graphisme des pochettes d’album, leur look, tout a évolué et ils ont trouvé une touche qui n’appartient qu’à eux et devient parfois un gimmick. Et même s’il n’introduit pas le côté symphonique dans les compositions du groupe, Titan est clairement l’album le plus abouti sur cet aspect.

Du début à la fin, de War in Heaven jusqu’à The First Immortal, on sent le côté essentiel de l’orchestre et des voix symphoniques. Le mélange est harmonieux et plein de sens ; on se retrouve avec un vrai storytelling, les cordes de Order of Dracul nous mettent dans une ambiance angoissante, celles de Prototype appuient la violence des blasts en donnant une dimension qui élèvent la musique.  

L’album présente une homogénéité et une vraie cohérence, les titres sont liés par une identité forte et on reconnait ce fil rouge rapidement. Le groupe a voulu déployer tout son savoir-faire, avec des blasts, des passages plus posés comme sur Dogma, du chant clair, du chant lyrique omniprésent sur Titan… Ce qui fait penser que Titan est l'album qui représente le cheminement du groupe et le place à son apogée.

 

Gorguts - Colored Sands (2013)

Gazag : Une décennie de plus et Gorguts reste le maître de sa propre discipline avec ce Colored Sands. Luc Lemay garde cette capacité à créer des riffs marquants en jouant avec les codes de la mélodie, du tempo et des mesures. Parfois ces trois aspects se combinent en même temps, comme sur la magnifique Forgotten Arrows. Les guitares étranglées témoignent de la rudesse des montagnes Tibétaines, avec l’ajout de percussions traditionnelles pour se lancer dans une ascension qui joue avec nos nerfs.

Dissonance partout, overdose nul part. Car si le trouble et l’inconfort prédominent, plusieurs éléments délivrent assez d’air pour garder l’auditeur en apnée. Passons rapidement sur les guitares, car il n’y a rien à signaler, à part que l’album déborde de riffs de UFO. Que la richesse des motifs n’a d’égal que l’exploitation parfaite de ces derniers, ce qui nous amène à la batterie. Monsieur John Longstreth d’Origin s’accapare parfaitement cet univers biscornu et délivre un travail titanesque pour soutenir les circonvolutions omniprésentes. Plus encore, il trouve régulièrement moyen de prendre son indépendance et oblige à faire des choix crève-coeur. Ajoutée au malaise des guitares, la promesse est intégralement remplie.

On trouvera également de nombreux plans moins denses, limite ambiant, permettant d’ouvrir les yeux avant de remettre la tête dans la boue, comme sur The Battle Of Chambo. Une ascension vers le sommet semée d’embuches. Des chemins invisibles de premier abord, mais que Gorguts connaît parfaitement. Le groupe prouve une nouvelle fois qu’il est possible de délivrer de la dissonance aux multiples facettes et qui déborde de couleurs.

 

Necros Christos - Doom of the Occult (2011)

S.A.D.E. :Alors que la course à la vitesse et à la technicité bat son plein dans le Death Metal des années 2000, une formation allemande se laisse tenter par une autre voie : celle de la lourdeur et de la simplicité, du mid-tempo implacable et dévastateur. Necros Christos, déjà auréolé d'un beau succès avec Trivne Impvrity Rites (qui pose d'emblée les jalons de leur musique), entame les années 2010 avec Doom of the Occult qui marquera durablement les esprits. Alternance de morceau death aux relents doom et d'interludes aux ambiances occultes et orientales, ce pavé d'une heure et quart s'imprègne en vous avec une facilité étonnante. Façon panzer, comme le dit lui-même Mors Dalos Ra, Necros Christos fait la part belle aux riffs groovy et balourds, sans ne jamais tomber dans le basique non plus : les morceaux restent savamment construits et la dimension théologique qui sous-tend l'ensemble donne une profondeur et une sincérité palpables. Et si le son du combo allemand est immédiatement reconnaissable, il en va de même de la voix : dégueulante, rocailleuse et profonde, ajustée avec juste ce qu'il faut de réverb', tout est calculé pour une efficacité maximale. Et, chose suffisamment rare dans le death metal pour être signalée, la plupart des paroles sont discernables sans avoir le livret sous les yeux.

Doom of the Occult se vit comme un voyage en terres ténébreuses, quelque part dans un ailleurs un peu trouble et vaseux. Un voyage plutôt lent et d'une certaine manière répétitif, mais captivant à chaque instant et pourvu d'une intensité authentique.

 

Spawn of Possession - Incurso (2012)

Sleap : Bien que le début des années 2010 soit synonyme de déclin du Death technique, il subsiste encore quelques albums du genre qui résonnent toujours sur nos platines des années après. Et un certain Incurso en fait incontestablement partie. Malgré une renommée inférieure à celle d’un Necrophagist ou même d’un Obscura, les Suédois de Spawn of Possession avaient marqué les années 2000 avec leur flamboyant Noctambulant, aujourd’hui érigé au panthéon du style. Et après six années d’attente, cette suite – et malheureusement fin – s’avèrera tout aussi mémorable.

Comportant certains des titres les plus impressionnants du genre, comme Evangelist ou Apparition, ce dernier full-length est d’un jusqu’au-boutisme à toute épreuve. Mais là où leurs contemporains de Brain Drill ou de Rings of Saturn s’éparpillent et finissent par se perdre dans leur volonté de démonstration, Spawn of Possession mêlent cette extrême technicité à une qualité de composition indéniable. Mis en boîte par la même équipe de production que Noctambulant, ce nouvel album est néanmoins le fruit d’une collaboration différente côté musiciens. En effet, le groupe Suédois comporte alors en ses rangs deux des mercenaires les plus importants de la scène TechDeath 2000s : le gratteux allemand Christian Münzner (Necrophagist, Obscura, Defeated Sanity…) et le bassiste norvégien Erlend Caspersen (Blood Red Throne, Deeds of Flesh, Decrepit Birth…). Et cela s’entend, croyez-moi ! Une nouvelle fois mis en image par l’excellent Pär Olofsson – qui semble aujourd’hui mort et enterré dans la même tombe que le TechDeath, Incurso est un immense pavé de plus de 50 minutes à ne pas mettre entre toutes les oreilles. Véritable testament de Spawn of Possession, il restera à jamais parmi les plus grands albums Death technique de cette décennie mais aussi du sous-genre tout entier !

 

Hail of Bullets - On Divine Winds (2010)

Malice : Que serait une sélection death sans Bolt Thrower ? De l'avis quasi-unanime au sein de la rédaction de Horns Up (les voix contraires ayant été réduites au silence avec une violence digne des plus grandes purges soviétiques), le combo britannique est LE Death, avec un grand D, et n'a jamais sorti d'album ne serait-ce que moyen. Problème : il paraît que comme Bolt Thrower n'a pas sorti d'opus dans les années 2010, il serait impossible de les caler dans cet article. À tout problème, une solution : parlons donc de Hail Of Bullets, qui aura accueilli en ses rangs, le temps de trois albums irréprochables, deux anciens vocalistes de BT - Martin Van Drunen et, en live ensuite, Dave Ingram en 2016-2017. Nous aurions également pu mentionner Memoriam, mais malheureusement, le projet de Karl Willetts, chanteur "historique" de Bolt Thrower, n'aura jamais constitué qu'une friandise live intéressante sans jamais confirmer sur album.

Les amoureux du style rampant des Britanniques mais aussi (et en fait, surtout) du Death à la néerlandaise d'Asphyx - Paul Baayens y occupant la gratte depuis 2007 avec tellement de succès qu'il apparaît ailleurs dans cette sélection, peuvent cependant se réjouir : avec Hail Of Bullets, on est loin d'un hommage live. Dès l'incroyable ...Of Frost & War, probablement le meilleur du "supergroupe" batave, mais aussi sur ce On Divine Winds, le feeling est bien présent. Globalement plus véloce que BT (l'entrée en matière ravageuse Operation Z), HoB y ralentit le rythme avec à-propos par moments (Full Scale War), installe ses ambiances, de riffs en breaks ravageurs - Unsung Heroes, peut-être le meilleur morceau de l'album - jusqu'à l'épique et mélodique final To Bear the Unbearable. L'osé III : The Rommel Chronicles (2013) n'atteindra pas le niveau de ses deux prédécesseurs, mais clora une triplette d'albums hautement recommandables. 

 

Cattle Decapitation - The Anthropocene Extinction (2015)

ZSK : Rien que pour ses performances inimitables, Travis Ryan méritait d’être cité pour tirer le bilan du Death Metal (sens large) des années 2010. Le vocaliste volubile a montré depuis un certain temps ses capacités en termes de chants extrêmes, au pluriel vu que sa palette est large, entre gruikeries, grunts plus classiques et chants « Black », mais aussi ses chants « clairs » si particuliers qui ont fini de faire de lui un vocaliste unique en son genre et un des meilleurs - si ce n’est le meilleur ? - de sa génération. Et bien sûr, c’est au sein de Cattle Decapitation qu’on peut entendre tout ceci, accompagné de musiciens tout aussi féroces qui ont propulsé sur le devant de la scène cet énorme groupe de Deathgrind vegan éco-terroriste. Avec trois albums sortis dans les années 2010, en commençant par Monolith Of Inhumanity (2012) qui lui avait permis d’affiner et de moderniser le style qu’il pratique depuis le début des années 2000, ainsi que de poser ses particularités. Pour en arriver au splendide Death Atlas (2019) où le groupe a vraiment atteint son plein potentiel au sein d’un album très travaillé. Mais s’il fallait en retenir un, et sachant que Death Atlas est encore frais et que seul l’avenir fera grimper sa cote du culte, choisissons The Anthropocene Extinction (2015), album charnière de la période actuelle de Cattle Decapitation et qui avait permis, en son temps, d’affirmer la maturité du groupe, de réaliser son premier sans-faute et de déjà confirmer ses dispositions. Brutal, sans concessions, extrêmement extrême, d’une énergie débordante, d’une sauvagerie sans égal dans la relative modernité de son style, et d’une efficacité à toute épreuve, The Anthropocene Extinction est le manifeste de Cattle Decapitation, une tuerie en bonne et due forme, homogène en diable et avec quelques pépites à croquer ("The Prophets of Loss", "Clandestine Ways", "Pacific Grim"…). Vous avez eu le cœur bien accroché, c’était une véritable boucherie à l’intérieur… une boucherie vegan bien entendu. Et tant que la planète brûle, Cattle Decapitation sera toujours aussi méchant, soyez-en sûrs…

 

Immolation - Majesty & Decay (2010)

Sleap : Écrire sur l’un de ses groupes favoris est toujours délicat. Et cela l’est d’autant plus lorsque ce dernier ne souffre d’aucun « faux pas » de carrière. Immolation est effectivement l’un des rares monstres sacrés du Death Metal à être autant respecté aujourd’hui qu’au premier jour. Tant sur le plan musical qu’extra-musical, les deux fondateurs Ross Dolan (toujours chauffeur de bus à mi-temps) et Robert Vigna ont su préserver une totale intégrité. Alors pourquoi avoir choisi en particulier Majesty & Decay, me direz-vous. Eh bien parce qu’en plus de son excellente qualité, cet album est assez iconique dans la discographie d’Immolation. En effet, il s’agit là du premier effort du groupe à paraitre sous la houlette de Nuclear Blast, label souvent décrié pour son roster de plus en plus mainstream et ses sorties à la qualité plus qu’aléatoire. Mais en 2010, les New-yorkais viennent clouer le bec de tout le monde, y compris des plus récalcitrants avec un huitième album tout simplement impérial. Comme on va le voir, le Death Metal d’Immolation n’a rien perdu de son aura grandiose et solennelle. Je dirais même que ce côté « majestueux », à l’image de la pochette et du titre, se ressent même un peu plus qu’auparavant.

Les paroles sur l’humanité, la décrépitude du monde, le pouvoir ou encore la mort sont toujours aussi inspirées. Jamais bas du front et toujours assez abstraits, ces textes sont déclamés par un Ross Dolan au growl plus profond (et aux cheveux plus longs) que jamais. Le son se fait épais et le riffing monolithique, tel celui du fameux titre éponyme. Les couches de guitares « made in Bob Vigna » sont à la fois très denses et claires. On y retrouve tous les gimmicks du compositeur susnommé : légères dissonances (comme sur le « tube » Glorious Epoch) et harmoniques sifflées (Token of Malice ; Comfort of Cowards) si typiques du groupe. La production est tout aussi moderne que celle du Immolation années 2000, mais sans pour autant être rendue aseptisée ou inorganique par une soi-disant « influence Nuclear Blast ». Bref, tant pour le son que pour les thématiques ou la composition, nous avons affaire à du pur Immolation. Album-porte d’entrée pour un tas de nouveaux fans, Majesty & Decay dissipe également les craintes que les aficionados de la première heure pouvaient avoir. Il figure aujourd’hui parmi les (nombreux) classiques du groupe et, selon moi, parmi les meilleurs albums de ces 10 dernières années !

 

Sarpanitum - Blessed be my Brothers... (2015)

Gazag : Un des albums Death procurant les émotions les plus contrastées. Ecouter ce Sarpanitum, c'est marcher sur un champ de cadavres en Terre Sainte. Le Brutal Death y est dément et furieux, notamment du à la vitesse prodigieuse de la batterie. La prod est hyper-sensible. On entend les doigts qui glissent sur les cordes, ce qui apporte de l'hystérie aux riffs déjà super énervés. Le chant provient du fin fond des dépouilles, la bouche remue des glaires pleines de sang. La réalité de la croisade.

Au dessus de ce torrent de bestialité et de noirceur, les yeux pointent les nuages, regardent Dieu. Les guitares s’envolent pour jouer des riffs en majeur, assurément facteur d'espérance, résolument gothique et biblique, nécessaire à l'avancée des pèlerins. Régulièrement, les plus petites cordes percent le ciel et montent jusqu'au Créateur pour forger un timide lien, et délivrent sa Volonté par des mélodies cristallines et prophétiques. Ainsi quand Dieu lui même vient à nous parler, alors nous sommes en présence d'une musique si transcendante qu'elle en devient héroïque dans sa forme la plus aveugle.

Les deux couches, celle de lumière et celle d'ombre, cohabitent parfaitement bien que dans l'intention sont diamétralement opposées. Elles témoignent du décalage entre la propagande et la fatalité du conflit. C'est le genre d'albums vicieux à forte identité du type Worlds Beyond the Veil de Mithras (hé oui), ou Elvenefris de Lykathea Aflame. Un voyage unique, qui oscille entre les ouvertures et les écrasements, pour finir concassé mais pleinement heureux, le destin accompli.

 

Asphyx - Deathhammer (2012)

Varulven : Nous sommes au début de l’an 2000. Le Death Metal, comme l’a fait remarquer notre cher Sleap, connaît une refonte assez importante à cette période, puisque de nombreux groupes misant tout sur la brutalité ou la technique (ou les deux en même temps) apparaissent à ce moment-là, se livrant un vrai concours de « qui a la plus grosse » à coups de sorties d’albums pour savoir qui sera le plus lourd, brutal, rapide, technique et j’en passe. La sortie de On The Wings of Inferno, des Bataves d’Asphyx, passe donc totalement inaperçue, leur Death Metal simpliste et rustique se retrouvant noyé dans ce fatras du « toujours plus fort », entraînant ainsi la séparation du groupe cette année-là.

Mais à l’aube des 2010’s, la tendance finit par s’inverser. Probablement poussé par les premiers balbutiements du revival, Asphyx se reforme en 2007, avec autour du taulier Bob Bagchus, Paul Baayens, guitariste de Thanatos, Wannes Gubbles de Pentacle - et dernier bassiste du groupe avant sa séparation, et surtout Martin Van Drunen, vocaliste emblématique du combo sur ses deux premiers albums, devenus cultes pour tous les maniacs du genre. Après Death… The Brutal Way (2009), album comeback reprenant là où s’était arrêté le groupe début 90’s, Asphyx inaugurait la nouvelle décennie avec Deathhammer (2012), nouveau brûlot dans la parfaite continuité de son prédécesseur, tout en allant encore plus loin dans l’intensité et la force d’impact.

« This is true Death Metal, you bastards ! » on aurait pu s’arrêter là pour parler de Deathhammer, tant l’essence de ce disque parle d’elle-même. Mieux, cette dernière fracasse la gueule de l’auditeur à grands coups de maillets, sans aucune forme de répit possible. Résolument old school et sans fioritures, les titres s’enchaînent tous sans interruption d’un Death Metal bas du front et efficace, porté par la violence massive des riffs, de la batterie et par les vociférations enrouées et glaireuses de Van Drunen. Ce magma incandescent nous agresse tantôt par des salves éclairs et guerrières à la "Into The Timewastes", "The Flood" et surtout "Deathhammer" (dont le seul refrain est synonyme d’annihilation totale), soit par de longues plages suffocantes et doomy telles que "Minefield" ou "We Doom You To Death", prenant soin d’écraser dans un bain de cendres les quelques rares survivants des hostilités. Loin des ersatz Swedeath old school qui commencaient à pulluler à cette époque, Deathhammer est une véritable leçon de Death Metal traditionnel à l'européenne, désignant Asphyx comme nouveau roi du Death groovy et guerrier, derrière le très regretté Bolt Thrower. Cet opus est LE Death Metal. Le vrai. Dans toute sa splendeur. 

 

1914 - Eschatology of War (2015)

Matthias :Peut-on concevoir meilleure inspiration pour du Death Metal qu'un conflit global mené avec un arsenal industrialisé capable de retourner tout champ de bataille jusqu'à le réduire en un désert de boue, de ruines et de restes humains, le tout saturé de gaz asphyxiants ? Rien de vraiment novateur derrière le concept, c'est vrai ; les groupes qui se sont inspirés de la Grande Guerre sont légion, et je ne citerai que Bolt Thrower. D'ailleurs nous citons tous Bolt Thrower chez Horns Up, tant le fer de baïonnette du Death britannique peut s'enorgueillir d'une carrière dont le seul bémol fut de se terminer. Il n'empêche que les Ukrainiens de 1914 sortent du lot et arrivent à restituer pleinement l'horreur et la folie de ce qui fut le « grand suicide européen » pour reprendre les mot d'Eric Hobsbawm.

Le groupe a fortement gagné en notoriété avec son second album, The Blind Leading the Blind, sorti très opportunément le 11 novembre 2018 et qui leur a offert une signature chez Napalm Records, ainsi que l'opportunité de traverser toute l'Europe à la conquête d'un nouveau public. Mais avant de rejoindre la division du Black Metal, nos tirailleurs servaient sous la bannière du Death, avec certes déjà des penchants doomesques. En témoigne leur premier fait d'armes, Eschatology of War, forcément confidentiel à sa sortie, mais qui mérite amplement d'être cité à l'ordre du jour. Originaires d'une région tellement tiraillée au gré des invasions que leur ville natale a changé trois fois de nom sur le dernier siècle, les biffins de 1914 sont, nul doute, tous des passionnés d'Histoire qui savent installer l'ambiance oppressante d'une guerre de siège à l'échelle d'un continent et marteler l'absence totale d’échappatoire pour les combattants coincés de part et d'autre du no man's land. Quand se répètent les premiers ordres de "Verdun", on comprend bien que l'assaut se finira dans une fosse commune. Les introductions issues d'enregistrements d'époque préparent efficacement l'auditeur aux sonorités très distinctes de chacun des dix morceaux, qui se permettent d'ailleurs d'explorer des fronts très différents. Un "Ottoman Rise" implacable nous plonge dans les derniers barouds d'honneur d'un empire à l'agonie, mais bien décidé à ne pas céder un pouce de la terre gorgée de sang des Dardanelles. "Arditi" nous renvoie à l'assaut avec les troupes d'élite italiennes, au couteau et à la grenade, durant douze batailles consécutives (!) pour conquérir quelques arpents de pics alpins convoités par des traîneurs de sabre et ébranlés par un millier de bouches à feu. Si le Black Metal prétend être la guerre, cela reste le Death qui restitue au mieux le goût des barbelés, et 1914 nous en offrait un très bel échantillon dès un Eschatology of War fidèle aux précurseurs tout en annonçant un avenir très intéressant.

 

Portal - Ion (2018)

Traleuh : Portal s'est longtemps terré dans la fange, à errer dans la chair boueuse ; capter ses sursauts spasmodiques, amplifiant la Geste Larvaire en une cacophonie bruyante, incompréhensible théâtre des racines humiliantes de la Vie. Dans cette scène Death grondante par essence, Portal était Celui qui chuchotait dans les ténèbres, et qui s'appréciait dans le noir. Mais avec Ion, Portal s'élève, s'illumine : il se fait même grand spectateur de l'épilepsie humaine, de sa conscience autosphyxiée, de son idôlatrie instinctive, des complots stériles duquel il s'abreuve. Les projecteurs sont braqués sur l'Horreur ; elle se conçoit, acquiert, peut-être, une nouvelle dimension sensitive, mais demeure pourtant parfaitement inintelligible.

Ion, c'est ce miroir immonde tendu à l'auditeur ; un miroir duquel le reflet livide hurlerait enfin sa lèpre, sa condition ignomineuse passée au scalpel par les guitares-sonars d'un Phreqs. Un reflet, un spectre en négatif révélé par la réaction chimique des formules cryptiques d'un Crone ; des formules abstraites, fatales à la chair. Des formules toujours prononcées, incantées par le Curator, le prodigue panégyriste du purpura, ce pamphlétaire révolté révoltant les volts, dont la verve violente vante toujours les vers. Avec Ion, Portal se fait l'éclat sidérant, l'obus miasmique tirée de l'hypogée pour essaimer le ciel. Et ne plus jamais rejoindre le sol. Chapeau les mutants.

 

Gojira - Magma (2016)

Michaël : A l’évidence, ce choix éditorial va prêter à débat. Si les Landais ont de toute évidence marqué la décennie précédente avec The Way of All Flesh et surtout From Mars to Sirius, les points de vue sont plus divergents sur Magma, sorti en 2016 chez Roadrunner. Il faut dire que cet album a marqué un certain virage en offrant un album quasi-expérimental avec des titres plus courts, plus accessibles, plus intenses, portés par une production irréprochable. Un death metal plus progressif loin des morceaux épiques que le groupe a pu offrir par le passé, sans toutefois renier l’héritage de ses illustres prédécesseurs. De quoi en décontenancer plus d’un, y compris les plus fervents admirateurs du groupe.

Ce caractère progressif réside dans des compositions audacieuses, ainsi que dans des influences riches et variées qui parsèment les titres ; de la Black Sabbath-ienne “Yellow stone" en passant par "The Shooting Star" dont les harmonies ne sont pas sans rappeler l’univers de Pink Floyd, Gojira enrichit une musique qui l’était déjà avec des vibes venues d'ailleurs - et du passé. L’apport musical de cet opus est colossal ; l’on a pu se rendre compte de la versatilisé des Français, et de leur capacité à se réinventer sans pour autant perdre leur ADN. Des titres plus violents tels que “The Cell” ou “Pray” jusqu’à la plus cosmique “Low Lands”, Gojira a ici confirmé tout le bien que l’on pense d’eux, même lorsqu’ils sortent un peu des sentiers battus.

En offrant ainsi un visage renouvelé et une musique peut-être moins technique mais plus contemplative, Gojira a frappé fort, très fort. Et on ne peut que les remercier d'avoir mis au monde ce Magma.

 

Autopsy - Macabre Eternal (2011)

Sleap : Là où 2011 avait été l’année du comeback le plus raté de toute l’histoire du Death Metal (*tousse tousse* Morbid Angel *tousse tousse*), c’était aussi paradoxalement l’année du meilleur. Et dans ce second cas je parle évidemment du retour historique d’Autopsy. D’abord revenu avec deux nouveaux titres en 2009 et un excellent EP en 2010, le groupe met une claque live à tout le monde sur les scènes du Maryland Deathfest, du Party San ou encore du Neurotic avant d’asseoir son incontestable suprématie l’année suivante avec Macabre Eternal ! L’infatigable Chris Reifert n’a rien perdu de ses capacités, tant rythmiques que vocales. Après son intermède DeathMetalPunk (de 16 ans !) au sein d’Abscess, le culte batteur-chanteur renoue avec ses racines Death putrides et nécrotiques de la plus belle des manières. Une frappe du tonnerre (comme sur Born Undead) et un grognement identique à celui des 80s. Celui-ci parait même encore plus tordu et psychotique lors de certains passages vocaux (Dirty Gore Whore entre autres). Le tout est accompagné par une production puissante et organique, avec juste ce qu’il faut de reverb’, signée Adam Munoz – fidèle producteur d’Abscess depuis plus de 10 ans. Les deux éternels compères Eric Cutler et Danny Coralles pondent toujours autant de riffs et de soli cinglés (Always about to Die ; Spill my Blood…) et même quelques passages acoustiques du plus bel effet (Bridge of Bones). Mais le véritable tour de force de l’album est évidemment le fameux Sadistic Gratification et ses 11 minutes qui résument toute la musique d’Autopsy. Vociférations féroces et aliénées, roulements et groove imparables, accélérations véloces, et surtout, lourdeur omniprésente. C’est bien simple, ce Macabre Eternal est la meilleure sortie d’Autopsy depuis Mental Funeral et, à mon sens, l’un des meilleurs comeback-albums de toute l’histoire du Death Metal !

 

Archspire - Relentless Mutation (2017)

ZSK : Toujours plus vite, plus fort, plus fou, plus bien d’autres choses, cela a été la devise de bon nombre de groupes œuvrant dans le Death technique/brutal depuis bien des années. Et qui mieux que Archspire pour en faire la démonstration ? Depuis son premier album All Shall Align (2011), le groupe canadien n’a cessé de diviser, entre ceux qui le considèrent comme un des groupes les plus impressionnants et inspirés de la scène, et les autres qui trouvent que c’est tout ce qui ne faut pas faire en termes de musique stérile, foutraque et synthétique. Qu’il soit particulièrement clivant ou totalement convaincant, Archspire a donc marqué les années 2010 grâce à ses trois albums. Mais s’il est vrai que All Shall Align et The Lucid Collective (2014) posaient des problèmes d’équilibrage, Relentless Mutation (2017) a enfin permis au groupe d’atteindre sa maturité. Sonore, mais aussi musicale, car les Canadiens sont désormais en totale maîtrise de leur style et ont livré ici un album ultra efficace et accrocheur. Entre l’énorme "Human Murmuration", le très apprécié "Remote Tumour Seeker" ou les cossus "Involuntary Doppelgänger" et "Calamus Will Animate", Archspire a su enfin pondre des morceaux absolument irrésistibles. Et bien sûr, l’ensemble est toujours porté par cette vitesse supersonique, réussissant définitivement là où des Brain Drill ou Rings Of Saturn ont échoué et/ou encore plus divisé. Et puis, il y a bien évidemment les vocaux énormissimes de Oliver Rae Aleron pour assurer le spectacle. Cela fait toujours de ce groupe un « phénomène de foire » pour certains, mais en termes de Death technique/brutal qui franchit des sommets, Archspire a marqué, en bien ou en mal, au fer rouge la scène Metal moderne la plus extrême et furibonde.

 

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