
Volbeat + Bush + Witch Fever @Paris
Zénith - Paris

Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.
Ce dimanche 2 novembre, le Zénith de Paris accueillait la tournée de Volbeat, venus faire la promotion de leur petit dernier, God of Angel's Trust.
Pour l'occasion, les Danois ont emmené dans leurs valises deux groupes qui n'ont, sur le papier, pas grand chose à voir avec leur heavy rockabilly, à savoir les vétérans de la scène rock Bush et les jeunes Witch Fever.

Witch Fever
Il est fréquent que l'on s'interroge sur la composition de certaines affiches. Si, parfois, les différences musicales flagrantes entre deux groupes d'un même plateau sont compensées par des accointances au niveau du public de ces derniers, rien de tout ça ce soir. Le public de Volbeat est, pour l'essentiel, composé de fans de heavy et de casual pas forcément amateurs de metal, qui viennent essentiellement pour entendre les quelques tubes mainstream du groupe et danser. Alors forcément, lorsque Witch Fever débarque sur la scène d'un Zénith à moitié rempli pour y produire son punk / grunge / metal engagé, cela sonne un peu creux.

En dépit d'un son plutôt bon (ce son de basse !), le quatuor de Manchester a eu toutes les peines du monde à convaincre. Le public parisien est globalement resté de marbre face à leur prestation, bien que la mayonnaise ait fini par prendre lors du run final, sur des titres ultra efficaces comme « I See It ». Il faut dire que pour un groupe à la musique aussi viscérale, jouer dans un Zénith avec une avancée de scène est complexe. Amy Walpole, visiblement à fleur de peau lorsqu'elle évoque le décès très récent de sa mère avec laquelle elle souhaitait effectuer un voyage à Paris, n'est pas parvenue à emmener le public parisien avec elle, malgré de louables efforts. Et je doute qu'elle aurait pu le faire, vu les circonstances. Un fossé s'est creusé entre le groupe et le public, tout juste réduit par une tirade antifasciste de la chanteuse qui a attiré son lot d'applaudissements.
De toute évidence, Witch Fever mérite de se découvrir ou redécouvrir sur une petite scène. On peut toutefois espérer que, même dans un tel contexte, la musique du groupe ait pu toucher ici ou là quelques personnes présentes, ce qui serait déjà une victoire pour n'importe quel groupe de première - première partie. A suivre !
 Setlist :
Drank the sap
The Garden
Burn to hit
Dead to Me!
Blessed Be Thy
Fevereaten
I See It

Bush
L'ami Rodolphe a déjà écrit il y a quelques jours dans nos pages ses impressions sur cette même tournée passée par Fornebu, en Norvège. Davantage spécialiste de la carrière de Bush que moi, je ne peux mieux faire que de vous renvoyer à celle-ci pour une analyse détaillée. Les constats opérés sont, pour l'essentiel, les mêmes. Bush a réussi, en tout juste quelques notes d'un « Everything Zen » connu de tous, à réchauffer un Zénith qui n'en demandait pas tant. Quand un groupe avec une telle aura - et un frontman particulièrement charismatique - débarque sur scène, vous le sentez ; il se passe très rapidement quelque chose et une connexion se fait, même si le genre musical n'est pas le vôtre. Ayant opté pour offir au public les titres les plus agressifs de sa discographie (« Bullet Holes » en tête), Bush a pris un pari réussi ; les premiers mouvements du public s'esquissent.

Malgré une soixantaine acquise il y a tout juste quelques jours, Gavin Rossdale a livré une prestation XXL quasiment sans défaut. A la guitare comme au chant, et surtout au chant, l'Anglais a fait très fort. Les années passent mais la flamme reste intacte ; celle qui l'emmenera sur « Flowers on a Grave » à se balader dans les travées du Zénith à la rencontre de son public, ou bien encore à sauter dans tous les sens sur l'avancée de scène. Difficile de rester indifférent à une telle prestation même pour ceux qui, comme moi, ne sont guère touchés par la musique du combo. Bien que contraint par une durée de set limitée, Bush a fait le job ; et il l'a bien fait. Mention spéciale à « Identity » et à une reprise des Beatles plutôt réussie, dont je n'attendais pas tant. Bravo messieurs.
Setlist :
Everything Zen
Bullet Holes
The Land of Milk and Honey
More Than Machines
Identity
I Am Here to Save Your Life
Come Together (Cover des Beatles)
Swallowed
I Beat Loneliness
Flowers on a Grave

Volbeat
Lorsqu'un rideau géant sur lequel apparait l'ombre des Danois s’abaisse sur le devant de la scène du Zénith, la pression monte d'un coup. Le public parisien avait manifestement envie d'en découdre, après deux premières parties qui n'ont que partiellement convaincu. Les chiens sont alors lachés quand la superbe « The Devil's Bleeding Crown » résonne dans le zénith. Cela faisait quelques temps, trop longtemps, que le groupe n'avait pas remis ce tube en introduction, alors qu'il n'y a pas mieux dans leur répertoire pour lancer les hostilités. On fait assez vite le constat que Michael Poulsen est en forme vocalement, ce qui n'avait pas forcément été le cas lors de leur précédent passage. Une puissance parfaitement alliée à un jeu de scène huilé, bien que peu spontané. L'enchainement avec « Lola Montez », repris à tue-tête par la foule parisienne, est du plus bel effet ; ce dernier est toutefois un peu tempéré par le choix du groupe de jouer « Sad Man's Tongue » qui, bien que marquante dans l'histoire du groupe et témoignant d'un amour profond pour Johnny Cash, vient un peu ralentir un début de set qui se voulait davantage rouleau compresseur.

Ce sera d'ailleurs là le seul « faux-pas » des Danois. Certes, l'on pourrait regretter que le groupe laisse de côté des titres comme « Doc Holliday », « 7 Shots » ou autres « Goodbye Forever » qui sont du plus bel effet en live. Difficile en effet, quand on a vu le groupe un certain nombre de fois sur scène, de ne pas se lasser en entendant encore et toujours les « Black Rose » et autres « For Evigt ». On peut appeler cela le « syndrôme Enter Sandman », phénomène connu de tous les groupes du monde, qui veut que quand une partie du public vient vous voir pour vos tubes, vous pouvez difficilement ne pas les jouer. Reste qu'avec une première moitié de set ultra variée et dynamique, la tension retombe un peu après une « Die to Live » toujours aussi énergique, même sans guests. Pour le reste, la bagarre était bien présente : « Shotgun Blues », « The Devil Rages On », « Demonic Depression » ou bien encore la future indéboulonnable « By a Monster's Hand ».

Ne faisons pas trop la fine bouche. Volbeat est particulièrement en forme, ce soir, et nous rappelle à quel point ils savent tenir un public en haleine. Kaspar Boye Larsen arpente la scène vêtu de son bob un tantinet ridicule - que l'on a aimé, cependant, Michael Poulsen alterne entre tous les pieds de micro disponibles, et Jon Larsen continue son sans faute derrière les futs, tout en veillant soigneusement à ne jamais lâcher le moindre sourire. La réelle découverte du soir était évidemment de savoir comment Flemming C. Lund se comporterait en live. Difficile en effet de remplacer le charismatique Rob Caggiano sur scène, lui et ses mimiques inimitables. Et pourtant, Flemming s'en sort avec les honneurs, occupant presque mieux la scène que son prédécesseur, en dépit d'un swag nettement plus limité. En tous cas, l'alchimie avec Poulsen est évidente, eux qui ont déjà collaboré ensemble déjà dans le cadre du projet Asinhell.

Usuellement, quand la fin du set arrive, les groupes qui ont une approche assez oldschool feignent de quitter la scène avant de revenir pour un rappel dont personne n'avait douté un instant qu'il n'existerait pas. Rien de tout ça ici, à notre plus grand bonheur, puisque les Danois enchaînent sans sourciller la classique « Still Counting » où le pit se sera bien mis sur le blair et un medley bienvenu « A Warrior's Call / Pool of Booze, Booze, Booza », particulièrement réussi. Et ce sont sur ces grands classiques du groupe que Volbeat quitte la scène du Zénith.
On en vient en réalité à simplement regretter que le groupe ne rejoue pas plutôt à l'Olympia (comme en 2019) ou dans une autre salle mieux adaptée à sa popularité en France. Le groupe danois remplit de très grosses salles en Europe ; le public français demeure cependant un peu plus frileux. Pour une deuxième fois consécutive, le Zénith ne fait pas salle comble pour eux, même en capacité réduite, et cela est bien dommage. Gageons qu'en continuant à produire des prestations comme celle-ci, ou en tête d'affiche de festivals français, le groupe continuera sa lancée dans l'hexagone afin d'enfin remplir les salles qu'il mérite de remplir.
Setlist :
The Devil's Bleeding Crown
Lola Montez
Sad Man's Tongue
Demonic Depression
Fallen
Shotgun Blues
In the Barn of the Goat Giving Birth to Satan's Spawn in a Dying World of Doom
By a Monster's Hand
Heaven nor Hell
The Devil Rages On
Die to Live
Time Will Heal
Black Rose
Seal the Deal
For Evigt
Still Counting
A Warrior's Call / Pool of Booze, Booze, Booza

Un grand merci à Gérard Drouot Productions et Replica Promotion pour l'accréditation et le pass photo.














