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jeudi 3 novembre 2022

Volbeat @Paris

Zénith de Paris - Paris

Michael

Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.

En ce lundi 31 octobre 2022, le Zénith de Paris accueillait le Servant of the Mind World Tour de Volbeat, accompagné pour l'occasion par les Gallois de Skindred et les Américains de Bad Wolves. Revenons ensemble sur cette soirée haute en couleurs.

 

Skindred

La musique des natifs du Pays de Galles n’est assurément pas ma came. En dépit d’éléments musicaux intéressants et ce mix parfois bien maîtrisé de sonorités metal / electronique / reggae / punk, la musique du groupe me laisse souvent de marbre. C’est toutefois d’un œil toujours amusé et intéressé que l’on suit les prestations du groupe en live, elles qui sont souvent remarquées et remarquables. Et la prestation du soir n’aura pas dérogé à la règle : un Benji Webbe très charismatique qui sait occuper une scène et faire participer le public.

Preuve en est la pagaille - certes limitée contre tenu du public clairsemé - sur les titres « That’s my Jam », « Kill the Power » ou « Gimmee That Boom ». C’est frais, c’est dynamique, c'est remuant et c’est tout ce qu’on attend d’une première partie sur une soirée comme celle-ci.

Setlist :
Under Attack
Rat Race
That's My Jam
Jump / Jump Around
Smile Please
Kill the Power
Gimmee That Boom
Nobody
Warning

 

Volbeat

Après une trentaine de minutes de balance, la scène concoctée ce soir par Volbeat se dévoile. On retrouve tous les ingrédients habituels de la scénographie du groupe en festival, à savoir une batterie surélevée, une scène particulièrement épurée (aucun ampli ou autre équipement apparent) et un immense écran en fond de scène accompagné d’écrans plus petits sur les contreforts de la batterie. Une présentation simple mais rudement efficace, a fortiori dans la mesure où ces écrans serviront tout au long de la soirée à diffuser des images du public et des membres du groupe captées en live. Ajout de taille pour cette tournée : une avancée de scène massive en forme de T, ce qui a certainement justifié le choix du Zénith pour cette date.

Autant le dire tout de suite, la prestation de Volbeat a été excellente ce soir, en dépit de certaines réserves récurrentes. Excellente car les principaux ingrédients « matériels » du concert ont été parfaitement maitrisés. Un jeu de lights précis et incisif, le recours à de la fumée et autres cotillons sans en abuser, mais également un son globalement très bien défini. Même s’il est évidemment toujours recommandé d’utiliser des protections auditives lors de ce type de concert, les ingés-sons ont encore montré que même pour des concerts de metal, le Zénith pouvait offrir un son décent sans finir chez l’ORL. Et c’est quand même un plaisir pour une telle musique qui se veut mélodique à souhait. Remarquable ensuite, car le groupe fait toujours autant plaisir à voir en live. Michael Poulsen est un frontman simple, qui n’en fait pas trop, et qui sait mener un public là où il le souhaite. Il y a du reste eu beaucoup de mouvements des musiciens sur scène, y compris sur l'avancée de scène (pas toujours bien utilisée par les groupes) ; de quoi créer du mouvement et emporter la foule.

Tournée de promotion oblige, il fallait être un fan de Servant of the Mind, dernier album du groupe sorti en 2021, avec pas moins de six titres au compteur. Si « Shotgun Blues » est toujours aussi excellente, de même que « Wait a Minute My Girl » et « Temple of Ekur », je suis plus réservé sur « The Devil Rages On » et « The Sacred Stones ». Ces deux titres, un peu poussifs, ont clairement fait retomber la pression, surtout compte tenu de leur placement dans la setlist, au beau milieu de titres très dynamiques. L’enchaînement « Shotgun Blues », « Seal the Deal » et « The Devil Rages on », notamment, n’a pas été du plus bel effet.

Pour le reste, on ne peut être déçu que d’un point : le groupe nous a réservé, en substance et à l’exception peut-être de « Doc Holliday », une setlist de festival. Le groupe a fait la promotion de son dernier album et offert un best of de ses titres pour le reste. On a naturellement retrouvé les grands classiques « Lola Montez », « Sad Man’s Tongue », « Black Rose », « For Evigt » ou bien encore « Still Counting » et la pleine d’émotion « Fallen ». Mais l’on aurait aimé, sur une tournée en tête d’affiche, que le groupe nous offre quelques raretés ou des titres moins fréquents, comme par exemple la géniale « 7 Shots » ou « 16 Dollars ». Lorsqu’un groupe a autant d’albums à son compteur, cela fait naturellement des déçus. Mais compte tenu du fait que le groupe n’est pas rare dans notre contrée, il est dommage qu’il ne nous offre pas plus de variation.

Il y a toujours une impression étrange après un concert de Volbeat. Pour l’essentiel, c’est une immense satisfaction qui prédomine car la musique du groupe prend toute son ampleur en live, que les shows sont toujours hyper carrés et que l’énergie est toujours aussi prégnante. Et, de fait, j’ai passé un excellent moment tout comme le public parisien ce soir, à n’en pas douter. Mais il y a toujours ce sentiment, latent, que le groupe pourrait nous offrir encore plus. Il n’y a au final que très peu de communication avec le public. Le groupe fait souvent du copier/coller de ce qu’il a dit la veille et voir Volbeat tient souvent de la redite. De l’excellente redite, mais de la redite quand même. Cette « froideur » du show nous ôte un peu ce plaisir de sentir que la date est unique (le fameux ressenti dont je vous parle si souvent), surtout que si Michael Poulsen est très présent, Kaspar Boye Larsen (basse) est très discret et Rob Caggiano est parfois un peu en mode pilotage automatique. Ca ne gâche certainement pas la soirée, mais on en voudrait plus d’un groupe qui est au demeurant au-dessus du lot. Et ce d’autant plus compte tenu du fait qu’il s’agit d’une musique dansante censée rapprocher le groupe de son public.

Quoi qu’il en soit, le groupe a livré ce soir encore une fois une prestation XXL. Volbeat est d’un professionnalisme hallucinant et il fait toujours plus à chaque date pour prouver qu’ils ont envie d’investir et de fournir un show massif. On peut notamment mentionner le fait de transcrire sur les écrans des vidéos live ou bien encore l’utilisation de ballons à l’instar de ce que Metallica sur « Seek and Destroy » lors de la tournée Death Magnetic. Bref Volbeat est aujourd’hui un grand de la scène heavy metal mondiale et il n’y a plus matière à en douter.

Au fond, là où le bât blesse sur cette date, c’est que le Zénith était très loin d’avoir fait le plein, et ce malgré une configuration limitée à environ la moitié des places assises. De nombreuses places libres, une fosse loin d’être garnie en dépit de l’avancée de scène. Quelles en sont les raisons ? Difficile d’en identifier une en particulier ; cela tient certainement à une conjonction de plusieurs facteurs. Dans une période où les tournées sont nombreuses du fait du Covid, le public doit faire un choix. Et il doit d’autant plus le faire quand s’offrir ce soir une place pour Volbeat culmine à près de 70 euros. Ce montant est très certainement justifié par les coûts de production d’une telle tournée - scénographie ; salle ; notamment - mais elle reste malheureusement très (trop) élevée pour un groupe si fréquent chez nous et du reste accompagné par des premières parties « quelconques ». Rappelons que, récemment, le Zénith était davantage garni pour les combos Machine Head / Amon Amarth et Behemoth / Arch Enemy ; deux têtes d’affiche sur chaque date pour un prix moindre.

Alors certes, un Zénith loin d’être plein n’a pas empêché le public de prendre du plaisir - et le groupe aussi, certainement. Cela a toutefois nécessairement un impact, même pour ceux qui, comme moi, fuient un peu la foule. Il est en effet difficilement contestable qu’une foule compacte créée davantage de communion entre le groupe et son public.

Quoi qu'il en soit, force est de constater que Volbeat est devenu un très grand de la scène heavy et que ses prestations sont excellentes. Espérons simplement revoir le groupe dans un Zénith complet pour pouvoir profiter de cette belle scénographie et de la ferveur populaire qu’ils méritent, soit dans un contexte plus intimiste qui nous permettra encore de danser le twist comme jamais.

Setlist :
The Devil's Bleeding Crown
Pelvis on Fire
Temple of Ekur
Lola Montez
Last Day Under the Sun
Fallen
I Only Want to Be With You (Dusty Springfield cover)
Sad Man's Tongue
Wait a Minute My Girl
Black Rose
Shotgun Blues
Seal the Deal
The Devil Rages On
Say No More
Doc Holliday
The Sacred Stones
Die to Live
For Evigt
Still Counting

Un grand merci à Olivier Garnier de Replica Promotion, au Zénith de Paris et aux groupes présents ce soir.