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samedi 27 septembre 2025

Motocultor 2025 J4

Site de Kerampuilh - Carhaix

Team Horns Up

Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.

Dernier jour du Motocultor et on a chaud ! Le nom qui est sur toutes les lèvres barbouillées de poussière est celui de Machine Head qui clôture le festival. Toutefois, les temps forts ne manquent pas sur ce dimanche chargé avec une programmation axée sur le stoner/doom sur la Bruce Dickinscène qui semble se transformer en Valley carhaisienne. Nul doute que le duel Blind Guardian / Candlemass d'un bout à l'autre du site s'est présenté comme un dilemme à une partie des fans. Au sein de la rédaction, nous avons la chance de couvrir l'affrontement sans que le sacrifice ne soit un crève-cœur. Il faut savoir vivre par procuration, c'est la clé contre le FOMO. Bien plus de noms immanquables de l'affiche nous ont également offert du beau spectacle. Bon voyage dominical sur les terres enflammées de Carhaix.

 

 

Dimanche 17 août - Jour 4

 

Groupes évoqués : Vonsharon | Wyatt E | Party Cannon | Margarita Witch Cult | Fear Factory | Monolord | Landmvrks | Harakiri For The Sky | Suffocation | Blind Guardian | Candlemass | Kanonenfieber | Green Lung | Machine Head

***

 

Vonsharon
Bruce Dickinscène

Simon : Dans une configuration guitare/batterie évoquant Royal Blood, le duo vannetais Vonsharon verse dans un desert rock garage qui s'inscrit bien dans le créneau matinal caniculaire. On savoure le son de guitare brillant, particulièrement appréciable avec ses effets séduisants sur des ambiances lourdes et des riffs dynamiques en prémisse de la journée stoner doom qui s'annonce sur la Bruce Dickinscène. C'est ce travail sonore sur la six-cordes qu'on retiendra, tant les paroles reléguées au second plan tombent un peu à plat. Plus poignant, le chanteur rescapé du Bataclan nous partage la victoire personnelle que représente leur représentation au Motocultor. C'est aussi une histoire d'amitié, en compagnie de Paul, ancien candidat de la Star Ac' qui les rejoint sur scène sur un titre aux couplets plus pop. Ce n'est pas le coup de fouet nécessaire pour redonner de l'énergie sur ce début de journée, mais c'est appréciable, tout comme la lance à eau pour nous rafraîchir et humidifier le terrain contre le soulèvement de poussières.

 

Wyatt E
Bruce Dickinscène

Simon : Les conditions sont réunies pour se plonger dans les sonorités orientales inspirées de récits fantastiques d'inspirations mésopotamiennes. Sans le chapiteau initialement prévu (et on s'en félicite une fois de plus dans cette thématique), sous la chaleur et leurs costumes rituels, le trio sur scène joue un drone doomesque aux longs mouvements progressifs. Le son est ample et imposant sur l'entrée avec le dernier album zamāru ultu qereb ziqquratu Part 1 qui a la part belle sur ce set. Autour de moi, le public est charmé par l'atmosphère de transe cérémonielle qui se dégage. On voyage, parfois plus loin qu'à travers l'espace et le temps, en entendant des bribes de voix robotiques incantatoires, touchant presque à la science-fiction. La rencontre est belle sur ce set au Motocultor. Pari remporté pour Wyatt E.

 

Party Cannon
Supositor Stage

Storyteller Quand l'objectif du groupe est de faire baisser le QI ambiant, on comprend que, sous l'intense chaleur de ce début d'après midi, on va en prendre plein la tronche. Et il faudra un ou deux titres pour que le public comprenne que les Écossais sont un mélange parfait de grand n'importe quoi et de musique death solide. Et commence le crescendo du bazar. Il est à noter qu'ils ont un membre, gugusse déguisé avec un casque et une tête de mort, dont le seul rôle est d'accessoiriser le public et de mettre le bordel. Le chanteur le fait parfaitement bien, il sait se mettre la foule dans la poche et faire partir les circles pits.

Premier accessoire, des ballons gonflables, dont personne ne sait quoi faire, puis viennent les découpages en carton utilisés sur scène qui finissent dans le public à voler dans tous les sens ou comme objet de collection. Puis des objets plus élaborés comme des matelas gonflables arrivent, pour faciliter le crowdsurfing. Et à ce moment-là, en plus d'être chauffé par le death bien brutal avec ses touches de grind, le public comprend qu'il faut lâcher les neurones. Commence un circle pit d'une chanson en entier avec des accélérations, héroïque sous cette chaleur, puis une chenille et pour finir, une session de pompes rythmées par de bons vieux blasts. Et ce qui ravit tout le monde, c'est la solidité du death joué par le groupe ; ce ne sont pas des chansons de trente secondes avec trois gruik gruik, mais un bon gros metal qui colle à l'esprit du groupe. Après cinquante minutes d'intenses efforts, on sent qu'on a vécu ce pour quoi on est en festival : un pur moment de folie, de rigolade et de lâcher prise. Une vraie thérapie, ces Party Cannon !

 

 

Margarita Witch Cult
Bruce Dickinscène

Di Sab En juillet dernier, au sein du stream de Back to the Beginning, les pauses comportaient un documentaire intitulé Sound of Birmingham qui mettait à l'honneur Margarita Witch Cult. Beaucoup de mots-clés – une provenance noble. Signés chez Heavy Psych Sound, les Anglais sont, comme on pourrait s'y attendre, extrêmement scolaires. Groupe très honnête pour die hard du genre, le trio vit pour le riff et pour le Sabb et ne quittera pas cette attitude révérencieuse du concert. Plusieurs titres sont suffisamment efficaces pour que le public se prenne au jeu mais c'est un medley de Black Sabbath en l'honneur d'Ozzy qui fera forcément office de temps fort du set. Pour ma part, j'aime beaucoup « Diabolical Influence » avec son groove indolent qui rappelle Uncle Acid, ainsi que la plus directe « Death Lurks at Every Turn ». Concert hyper honnête d'un groupe émergent, mais dont le manque de témérité ne permet pas, pour l'instant, une exposition en dehors des cercles initiés.

 

Fear Factory
Dave Mustage

Aurélie Jungle Fear Factory fête cette année les trente ans de Demanufacture. Album charnière du groupe sorti en 95 et quelque peu à l'origine de ce qu'on appelle aujourd'hui le metal industriel. Eh oui ! Le groupe l'a annoncé quelques semaines avant son passage au Motocultor : la setlist sera 100 % Demanufacture. Mais mais ! Dino Cazares, que j'ai eu l'honneur d'interviewer (lien), m'a annoncé quelques heures avant que non : ce ne sera pas une setlist 100 % Demanufacture, il y aurait quelques surprises. Et j'en suis ravie, un peu la flemme de « Dog Day Sunrise » quand on connaît la discographie du groupe.

Me voilà donc dans la fosse, vêtue de mon tee-shirt homonyme, prête à gueuler « I am a criminaaaaaallll ». Alors oui, Fear Factory a un nouveau chanteur : Milo Silvestro (pas que, mais ce qui est retenu en général). Les plus taquins d'entre nous ont évidemment l'audace de désigner aujourd'hui Fear Factory comme un groupe de reprises, Dino Cazares étant l'ultime survivant du groupe originel. 

Pete Webber est le premier à débarquer sur scène (batteur de Fear Factory depuis 2023 et également batteur d'Havok). Le show démarre évidemment sur la bande son de Terminator et le reste du groupe prend place : Milo, Dino et Ricky Bonazza en solide remplaçant de Tony Campos sur cette tournée. C'est évidemment l'arrivée de Dino Cazares qui provoquera le plus de cris et d'applaudissements dans la fosse.

 

Crédit photo : Corentin Charbonnier

 

« Demanufacture » se lance très vite, et en dix secondes, Milo crée un trou dans la fosse pour un premier circle pit. Et c'est à ce moment qu'on a tous su qu'on allait passer une heure démentielle. Fear Factory enchaîne les tubes : « Demanufacture » donc, « New Breed », « Zero Signal », « Replica » (qui a évidemment produit l'effet escompté : un beau bordel), « Body Hammer, H-K (Hunter Killer) » et puis paf : « Archetype », « Shock », « Edgecrusher » (pour mon plus grand plaisir) et, pour finir, le classique « Linchpin » histoire d'achever les derniers survivants. Donc oui ! Pas une setlist 100 % Demanu mais c'était franchement pour le meilleur. En sortie : plus de dos, plus de poumons, plus de jambes, mais un large sourire visible sur la tête de tous. 

J'avais déjà vu, à plusieurs reprises, Fear Factory en live avec Milo. Et même si ce dernier n'arrive évidemment pas à la cheville de Burton (il ne le prétend pas non plus), il fait très bien le taff, armé d'un pad pour l'aider sur les parties plus aériennes, chantées, si nécessaire. Il est par contre très efficace sur les parties saturées, gutturales, là où Burton, lui, finissait par pêcher sur la fin, en live. Quant à Dino Cazares, il porte l'ensemble, c'est flagrant, fier d'avoir relancé la machine qu'est Fear Factory et qui est, je pose ça là : intemporelle. L'accueil réservé au groupe était plus que sincère, la fosse était immense, déchaînée sur tout le set, sans parler du renouvellement du public : bonne nouvelle ! En espérant maintenant que le prochain album soit à la hauteur !  

 

Crédit photo : Corentin Charbonnier

 

Monolord
Bruce Dickinscène

Di Sab Certains joueurs de foot ont construit des carrières ou des réputations sur un match / un but. C'est le cas de Marco Materazzi et, dans une moindre mesure, de Benjamin Pavard. Monolord ont fait carrière sur un riff qu'ils jouaient par le passé quinze minutes lors de leurs set, et sur le fait que YouTube était programmé pour te faire écouter « Empress Rising », si tu écoutais n'importe quel morceau de doom entre 2011 et 2015. Parce qu'à part ça, les Suédois proposent vraiment peu. Passés en quatuor, le propos ne s'est pas alourdi même si une guitare rythmique peut jouer pendant les solis.  Les nouveaux morceaux sont éclatés et on se remémore juste le bon temps devant « Rust », « The Last Leaf » et « Audhumbla ». Là où Margarita Witch Cult, et plus tard dans la soirée Green Lung empruntent une trajectoire ascendante, Monolord se reposent depuis trop longtemps sur des acquis toujours plus maigres. Pas certain qu'ils puissent mieux faire, mais essayez quand même svp.

 

 

Landmvrks
Dave Mustage

Storyteller Les Marseillais sont clairement attendus sur la mainstage cet après-midi. Difficile de ne pas réaliser à quel point le groupe a gagné en popularité et peut être considéré aujourd'hui comme un des fleurons du metal moderne français. Le mélange des genres, mais aussi l'énergie, la non compromission dans une case qui pourrait être un carcan, les collaborations et le placement dans un style qui rassemble ; tout ceci remplit la fosse et fait monter l'attente. Et commencer par « Creature » va lancer le concert et les mouvements de foule directement. L'objectif est de mettre tout le monde d'accord. 

Le pit est compact, les gens ont envie de profiter et le groupe sait comment faire en sorte que l'expérience soit inoubliable, un bon souvenir de festival où l'on pourra se dire : « Je les ai vus. » Alors ils lancent un immense wall of death sur « Sulphur » avec des fans qui sont soit médusés pour les néophytes, soit extrêmement collaboratifs pour la frange énervée. L'aspect compact de la foule rend le visuel encore plus impressionnant et le pit se creuse du bas, proche de la scène, vers le haut, proche de la tente des techniciens. La setlist fait évidemment la part belle à The Darkest Place I've Ever Been, leur dernier album, et de loin le plus connu. Le style n'est peut-être pas celui que tout le monde mettra en haut de sa playlist ; les atomes crochus entre les fans de Blind Guardian, de Suffocation et de Landmvrks ne sont pas évidents à ressentir, mais on perçoit que ça fonctionne. Surtout que le lien entre le chanteur et le public sera fluide. Et le Motocultor ne faillit pas à sa réputation de fest accueillant et réactif. Voilà, sur un créneau idéal, pas de pression de tête d'affiche, pas trop de fatigue, Landmarks nous a fait passer un vrai bon moment.

 

Setlist :
Creature
Death
Blistering
A Line in the Dust
Visage
Sulfur
Sombre 16
Say No Word
Scars
Suffocate
Lost in a Wave
Rainfall
Blood Red
Self-Made Black Hole

 

Crédit photo : Corentin Charbonnier

 

Harakiri For The Sky
Massey Ferguscène

Simon : Pendant le set de Suffocation, ici aussi on suffoque devant Harakiri For The Sky avec des mélodies qui nous étranglent la gorge. Dès l'ouverture, avec « Heal Me » tiré du dernier album Scorched Earth, les notes tapent là où ça fait mal sur le tempo lent qui nous emporte dans nos larmes. Dans une scène baignée de lumière, toujours brumeuse sous chapiteau, le duo autrichien M.S. et J.J. est complété en live par Paul Färber à la batterie, Marrok (chanteur d'Anomalie) à la guitare, et Radek Karpienko à la basse. La setlist est courte, mais sur des titres de dix minutes, il ne reste plus beaucoup de temps et on obtient un condensé naviguant sur quatre disques.

La mélancolie de « Funeral Dreams » nous gagne, le déluge accrocheur de « Sings for the Damage We've Done » fait encore mouche, mais comme souvent avec le post-black d'HFTS, les blocs de mélodies finissent par devenir indigestes, notamment sur la fin du set avec « Keep Me Longing ». Le son n'est pas non plus très propre, avec une reverb évanescente sur la guitare de M.S. et un chant brouillon. J.J. est dans son monde, arpente la scène comme un animal en cage, se pend avec le câble de son micro ou hurle à genoux sur scène, allant au plus près de la foule, à la barrière sur le dernier morceau. Un autre grand moment d'émotion qui m'avait manqué lorsque leur venue avait été annulée à Zurich en fin d'année dernière. Tout est rattrapé, avec en prime des titres du dernier disque sorti depuis.

 

Setlist :
Heal Me
Fire, Walk with Me
Funeral Dreams
Sing for the Damage We've Done
Keep Me Longing

 

Crédit photo : Corentin Charbonnier

 

Suffocation
Supositor Stage

Aurélie Jungle : Suffocation : les papas du brutal death metal. C'est un peu inratable. Mais on semble peu nombreux devant ce set qui va pourtant s'annoncer démentiel. Alors oui, le chanteur originel, Franck Mullen, ne fait plus partie de l'aventure, ce qui a pu potentiellement en démotiver plus d'un, mais Ricky Meyers assure plus que décemment la relève. Bordel ce frontman est incroyable. Présence scénique folle, le gars time les blasts avec sa main, tape des petites chorés en fonction des riffs et semble imperturbable, à l'aise. Pourtant ce qui sort de ses cordes vocales est complètement fou : des growls maintenus sur des dizaines de secondes, sans efforts perceptibles. Je suis littéralement sur le cul.

Le reste du groupe n'est pas en reste. Shout-out à l'ingé son et à cet ajout d'infrabasse du démon. Ça nous arrive directement dans le ventre, c'est la cerise sur le gâteau. Suffocation a concentré sa setlist, beaucoup trop courte (neuf morceaux seulement) sur les tubes : « Liege of Inveracity », « Catatonia » ou encore « Infection the Crypts ». Un seul morceau sera issu de Hymns from the Apocrypha, dernier album sorti en 2023 : « Perpetual Deception ». Au-delà, et pour conclure, Suffocation en live, c'est la garantie d'une descente d'organes. Voilà.

 

Blind Guardian
Dave Mustage

Simon : Le dilemme entre Blind Guardian et Candlemass a de quoi briser le cœur des festivalier.ères cette année. Où voulez-vous entendre « Mirror Mirror » ? Côté Dave Mustage, c'est la première fois que les « Bardes » viennent au Motocultor et semblent très charmés par la « belle Bretagne occidentale ». Ont-ils déjà été si près de Brocéliande ? Les concerts de Blind Guardian, c'est souvent la garantie d'hymnes chantés par le public entier, en communion le poing levé. Malgré notre position avec Storyteller au cœur de la fosse, je n'ai pas entendu les fans comme je l'imaginais sur « Nightfall » ou « Time Stands Still ». C'est peut-être un prisme déformateur, car mon dernier concert des Allemands était dans une salle praguoise probablement bien occupée par leurs compatriotes à deux heures de la frontière, où la foule s'égosillait sur « Majesty ». Le Centre-Bretagne est connu pour être un lieu de destination des retraités anglais plutôt que des Allemands, donc on ne pouvait pas compter sur la même ferveur teutonne. J'ai donné plus que ce qu'il me restait de voix sur « Valhalla » (qui voit également un pogo sur l'intro guerrière), mais mes oreilles devaient être bouchées pour entendre les autres.

Nous n'étions pas les seuls à ne pas être au sommet de notre forme vocale. Les chœurs des instrumentistes sont inaudibles, et bien qu'impérial dans son registre, Hansi Kürsch semble aussi en sous-régime sur certains passages. Je comprends ; il faut se préserver sur la tournée. Mais c'est amusant de l'entendre nous prévenir que nous allons souffrir sur « Tanelorn ». Non, Hansi, c'est toi qui vas douiller. En plus de bien taper dans les aigües, Kürsch chante aussi le refrain de ce titre dans sa version démo, ce qui va bien me faire douter sur le moment. Les titres de The God Machine s'intègrent très bien aux classiques de Nightfall in Middle-Earth. La transition entre « The Bard's Song - In the Forest », « Lord of the Rings » puis « Mirror Mirror » (qui n'est pas joué en fin de concert, pour une fois) est parfaitement fluide. On en aurait réclamé davantage tellement le niveau était propre, avec « Imaginations from the Other Side » pour faire les gourmands, mais les sets de festival ont leur limite. Vous êtes les bienvenus dans notre belle région, messieurs, revenez quand vous voulez.

 

Setlist :
Into the Storm
Blood of the Elves
Nightfall
Tanelorn (Into the Void)
Time Stands Still (At the Iron Hill)
Violent Shadows
The Bard's Song - In the Forest
Lord of the Rings
Mirror Mirror
Valhalla

 

 

Candlemass
Bruce Dickinscène

Di Sab Je possède des sentiments mitigés à l'égard des Suédois. Malgré un statut culte et beaucoup de classiques, j'ai toujours eu une vraie retenue en live depuis le retour de Lonqvist. Bien que la voix suive, le manque de charisme couplé à l'austérité voulue par le style rendait les concerts plutôt logs et dans lesquels l'immersion était compliquée. En effet, il y avait je trouve un réel paradoxe entre un groupe très en place mais qui fait preuve de retenue et des titres extrêmement théâtraux qui méritent d'être vécus pour être transmis. Paradoxalement pour ce soir, en assistant de loin, j'ai eu droit au meilleur set de Candlemass qu'il m'a été donné de voir ces dernières années. Le quintet a bien compris que les sets qui mettent mille ans à démarrer sont les pires et décide de se mettre le public dans sa poche en exécutant d'emblée Bewitched. Le format de 50 minutes permet d'éviter des longueurs inutiles et mêmes si certains de mes titres préférés de l'époque Marcolin manquent à l'appel, le groupe a quand même un répertoire impressionnant lui permettant de captiver mêmes les plus réticents pendant pas loin d'une heure. Au terme d'un Solitude toujours aussi efficace, je me prends à penser au futur de Candlemass. J'avais peur que le one shot avec Messiah Marcolin qui eut lieu quelques jours plus tard à Athènes complique un peu l'avenir du groupe tant on pourrait être frustré de revoir sur la route la version habituelle de Candlemass. Cependant, force est de constater que celle-ci est crédible et affutée. Chapeau bas.

 

Kanonenfieber
Supositor Stage

Storyteller J'avoue avoir eu pas mal de vidéos de ce groupe grâce à l'algorithme de mes réseaux sociaux et m'être souvenu de mentions par des membres de cette honorable institution qu'est Horns Up. Alors, mû par une curiosité teintée de fatigue, me voilà devant Kanonenfieber. En effet, je minimise les déplacements après Blind Guardian et avant Machine Head, dont les fans venus nombreux commencent à grignoter l'espace à gauche de la scène pour trouver la meilleure place possible. Le groupe a un certain sens de la mise en scène : costumes militaires, masques qui cachent totalement leurs visages et une scène qui va évoluer au fur et à mesure du set pour coller aux morceaux. 

Ils en profitent d'ailleurs pour présenter un nouveau morceau « Z-Vor » et à ce moment on passe sur un décor qui est raccord avec le thème autour de la Marine. Le set est vraiment carré, on se sent presque sur une scène de théâtre sur laquelle le blackened death du groupe va appuyer sur la dramaturgie du thème de la guerre. On rappelle d'ailleurs que le groupe se positionne clairement comme anti-guerre et en simple témoin a posteriori de l'horreur qu'elle a créée, d'où les masques, acteurs anonymes et victimes de ce massacre inoubliable. Alors, je serai honnête en disant que j'ai vraiment apprécié le set, comme un tout racontant une histoire inquiétante, mais je n'ai pas retenu un titre ou un moment musical en particulier. Peut-être est-ce dû à ma méconnaissance du groupe, ou à une unité, uniformité musicale certaine. Mais leur placement, juste avant la fin du festival, au crépuscule, sur une très grande scène, avec des changements de décors très bien orchestrés ont été des atouts pour la réussite du show de Kanonenfieber qui m'ont donné envie d'en écouter un peu plus.

 

 

Green Lung
Bruce Dickinscène

Di Sab J'ai découvert Green Lung comme beaucoup dès Woodland Rites, mais je n'ai que trop récemment adhéré à ce que les Anglais proposaient. Un passage curieux sous la Valley au Hellfest qui s'est transformé en immense claque et me voilà bien embarqué dans le train de la hype. Alors qu'Orange Goblin tire actuellement sa révérence, Green Lung peut, dans mon cœur, prendre le flambeau du « groupe dont je ne consomme pas excessivement le contenu sur album mais d'une fiabilité absolue en live ». Beaucoup moins raw qu'Orange Goblin, plus démonstratif, avec une plus grande attention portée aux décors, aux postures, à la communication, Green Lung propose un contenu où la dimension calibrée n'affadit pas le propos.

Les voyant pour la troisième fois en un an, forcément le show m'éblouit moins que les fois précédentes, cependant, l'absence d'effet de surprise ne m'empêche pas d'être encore une fois impressionné par le professionnalisme des Anglais. Tout est intelligent. « Woodland Rites » et son côté très direct permet de rentrer directement dans le show pendant que les titres du dernier albums, parsemés, permettent d'avoir de vrais moment sing along. À propos de lignes vocales, à noter que « Tom Templar » a réellement progressé depuis le premier album et qu'il a énormément gagné en coffre ce qui donne une vraie amplitude à la restitution des titres.

Comme lors de la date de Paris, deux grands défauts : la scénographie est horrible. C'est scandaleux d'avoir du pognon pour faire un truc propre et de proposer ce vieux totem de chèvre qu'on dirait fait de papier mâché. Deuxième point : la balade « Song of the Stones » est ennuyeuse au possible. Insupportablement longue, elle casse toute dynamique pour absolument rien. Si j'étais un peu rigoriste, j'ajouterais que le pseudonyme Tom Templar est peut être le pire pseudo possible alors que dans le metal, sur ce point, la concurrence est rude. Mais à part cela, Green Lung continue tranquillement de grandir. Alors qu'ils s'apprêtent à headliner le Desertfest de Londres, on ne peut que saluer un travail qui commence à fortement payer. La méritocratie comme on l'aime.

 

Setlist :
Woodland Rites
Mountain Throne
Templar Dawn
The Ancient Ways
Song of the Stones
May Queen
The Forest Church
Hunters in the Sky
Maxine (Witch Queen)
Graveyard Sun
The Harrowing
Old Gods
Let the Devil In
One for Sorrow

 

 

Machine Head
Dave Mustage

Simon : Ils étaient attendus de toutes et tous. Même sur tout le set de Kanonenfieber, nous pouvions observer la transhumance vers la Dave Mustage dans l'attente de Machine Head. Cela ne m'empêche pas de m'immiscer dans le pit pendant que les enceintes envoient « Bohemian Rhapsody ». La clôture de cette édition avec Machine Head était l'événement majeur du Motocultor 2025, quoi qu'on ait pensé du dernier album UNATØNED (oui, la police va piquer les yeux sur ce report). Effectivement, j'ai détesté ce disque, mais sans être un fan aveugle, j'adore Machine Head et particulièrement en live et dans le pogo. Entendre Robb Flynn dire « Yec'hed mat, motherfuckers », probablement pour la première fois, me fait chaud au cœur. C'est assez drôle d'entendre la langue de mes grands-parents parlée par un Californien qui balance des gobelets de stout dans le public en gueulant « free beer ».

 

Crédit photo : Corentin Charbonnier

 

Comme prévu, ça démarre au quart de tour avec « Imperium » qui met le pogo dense à ébullition, suivi de « Ten Ton Hammer » qui martèle les riffs sur nos cervicales mises à contribution en oubliant que quatre jours de festival ont déjà fait leur effet. Composé pour nous faire courir, « CHØKE ØN THE ASHES ØF YØUR HATE » fait travailler le cardio dans le circle-pit infernal, propulsé par la batterie de Matt Alston. L'entrée en matière du groupe sur le champ de bataille de Kerampuilh ne fait aucun débat sur son efficacité. Ouvrant les premières envolées mélodiques du set avec un chanteur très en voix, « How We Die » poursuit les épreuves olympiques de crowdsurfing auxquelles je participe. Pour la petite anecdote, mon portable tombe de ma poche en slammant et ceux qui m'ont levé m'appellent et me le redonnent alors que je suis toujours en l'air un peu plus loin. Tout le monde sait que quand quelqu'un tombe dans le pit, on le relève, mais la règle d'aider quelqu'un qui a perdu ses affaires est moins évidente et se vérifie souvent. Un grand merci !

Chaque album ou presque est représenté, et c'est là que les choses se compliquent à ce moment du show, structuré comme le concert du Hellfest l'an dernier. C'est encore inconcevable que « Is There Anybody Out There » avec ses couplets goofy figure encore sur une setlist du groupe. Même un titre de Catharsis aurait été plus souhaitable. Enfin, Robb Flynn utilise tous les artifices pour nous faire connecter avec ses nouveaux titres. « Vous connaissez des gens toxiques ? Faites du bruit pour ‘ØUTSIDER' ! » Trop facile. Pour le coup, on est servis avec une débauche de pyrotechnies pendant ce titre. Le frontman nous fait nous accroupir pour tous se lever pendant le break. Mais si je me relève, je n'ai pas envie de bouger sur ce titre. C'était drôle de voir le pogo perdre en animosité sur ces morceaux qui, manifestement, ne passent pas le test du live, même avec la meilleure volonté. Et faire chanter la foule sur les « ooh wooo ooh » de « BØNESCRAPER » façon Freddie Mercury, même en toute fin de concert, frise la manipulation. Robb Flynn est un musicien entertainer dont le boulot est aussi, par définition, de nous divertir. Je le conçois. C'est pour ça que les artifices continuent avec des confettis et cubes gonflables sur « From This Day » (titre contesté en son temps), des marteaux gonflables sur « Bulldozer », et des flammes et pétards à foison sur l'impressionnant « Davidian ». Ces titres donnent à eux seuls envie de sauter partout et de headbanger en groupe, sans nécessiter d'injonctions, aussi grâce à la capacité du groupe à fédérer musicalement.

 

 

Malgré tous ses défauts, Machine Head reste une valeur sûre phénoménale en concert, qui a mis le feu sur Carhaix, pour un événement qui fera date dans l'historique du Motocultor. Le site a véritablement eu chaud toute la journée ET toute la soirée avec autant de flammes lors de ces deux derniers concerts sur les scènes principales. Après le départ du groupe sur un « Halo » triomphant pour seul représentant de The Blackening, un hommage est rendu aux équipes de sécurité qui viennent à leur tour se plonger dans la foule, portée par le public sous les « merci la sécu » du pit, reconnaissant d'avoir pu compter sur eux et elles pour nous récupérer aux barrières pendant tout le week-end. Merci à toute l'organisation pour cette édition fantastique !

 

Setlist :
Imperium
Ten Ton Hammer
CHØKE ØN THE ASHES ØF YØUR HATE
Now We Die
Is There Anybody Out There?
ØUTSIDER
Locust
BØNESCRAPER
Bulldozer
From This Day
Davidian
Halo

 

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Live-report du jeudi, du vendredi et du samedi.

Nos remerciements au Motocultor Festival et à NRV Promotions pour les accréditations et l'accueil.

Nos remerciements également à Corentin CharbonnierRomain BallezGaël Mathieu et Seiko Cat's pour l'utilisation de leurs photos.