
Motocultor 2025 J2
Site de Kerampuilh - Carhaix

Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.
On attaque ce deuxième jour, avec les tympans en chou fleur. Le Macumba, qui a attendu son heure de gloire pendant un an, a littéralement rendu sourd le camping la veille. Claude François à 150 décibels. Mais OK on est là, plus motivés que jamais et on commence dès 13h30 avec Houle, sous un soleil breton brûlant !
Vendredi 15 août - Jour 2
Groupes évoqués : Houle | Tanork | Vestige | Benighted | Five the Hierophant | Wayfarer | Darkenhöld | The Gorge | Fleshgod Apocalypse | Klone | Kerry King | Dimmu Borgir | Forbidden | Carpenter Brut
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Houle
Dave Mustage
Simon : Houle attire les foules, dès les premières heures du vendredi. Programmer le groupe si tôt était peut-être un manque de jugement, ou au contraire une bonne stratégie pour inviter le public à s’emparer du site dès le début. Comme Versatile la veille, Houle convient davantage à un cadre obscur où le lightshow n’est pas dominé par les rayons d’une étoile. Naufragé.es loin des vagues qui les animent, après une date sur les quais nantais en compagnie de Wayfarer, les musicien.nes se retrouvent échoué.es en Centre-Bretagne, mais s’avèrent tout autant redoutables en plein jour et sous le soleil. Malgré un son parfois instable à l’air libre sous quelques coups de vent, les guitares restent bien mises en avant et nous permettent de profiter de leur black mélo rafraîchissant comme des embruns. Totalement dans la peau de son personnage, la chanteuse Cafard affirme sa présence scénique titubante, théâtrale, sans faux pas vocal, avec des cris hantés à donner la chair de poule.
Parmi les titres du dernier album Ciel cendre et misère noire qui sonnent déjà comme des classiques, le groupe en marinière déterre (ou fait émerger) le titre « Le Continent » issu de leur EP, qui provoque des remous dans la fosse. Après ce concert confirmant sans surprise la qualité de Houle, il y a fort à parier qu’on reverra le groupe sur des créneaux plus favorables et de plus grandes scènes à l’avenir. L’affluence et la popularité visible du groupe sur le festival ne disent pas autre chose.
Tanork
Supositor Stage
Simon : Après la musique de marins, retournons dans le terroir breton avec Tanork, jeune groupe rennais aux références de vieux. Le death metal old school teinté de hardcore et de groove du power trio n’a pas instinctivement remué le pit dense que je voulais voir, mais le public a toutefois été réactif aux appels du groupe au fil du concert. Après la piñata licorne jetée dans le circle pit, le wall of death géant a signé un pic de violence soudain. Sans compter un mosheur près de moi qui s’est mis à saigner du nez après un coup accidentel. Le mouchoir que je lui ai filé ne suffisait pas, il a rejoint la sécurité devant la scène. On le sait déjà et j’aurais l’occasion de le redire, mais dans le pogo, on prend soin les un.es des autres, et c’était particulièrement le cas sur ce festival.
L’album Destined to Die… commence à dater à ce jour sachant l’évolution du groupe avec le batteur Morgann Lavaux, mais l’équipe joue de nouvelles chansons parmi les habituels « Frog’s Genocide » et « Ar Bed Edan ar Mor », en plus de la reprise de Sepultura « Slave New World ». Alternant les hurlements au micro, Eflam Castrec et Melaine Gautier occupent bien la scène, crachant des sons de guitares massacrées et des lignes de basse martelées, aux effets psychédéliques furieux. Sans être le concert le plus spectaculaire du jour, Tanork a affirmé sa présence sans temps mort et conduit le public en montrant leurs couleurs, drapeaux interceltique et palestinien arborés par engagement et solidarité.
Setlist :
Intro
Frog's Genocide
Ar Bed Edan ar Mor
Diskar
Sklaved an Doueed
Dsitrujour ar Bed
Enebourion ar Peoc'h
An Ankoù àr e Varc'h
Kerfank
Slave New World
Vestige
Massey Ferguscène
Aurélie Jungle : Après les avoir croisés au We Metal Fest et avoir été assez surprise de la qualité en live de ce groupe, l’heure est à nouveau au test pour Vestige qui, cette fois, se produit donc en plein air. Une attente supplémentaire de ma part : le groupe pourra potentiellement jouer « Envy », morceau extrait du prochain album qui sortira on ne sait quand. Vestige c'est un mix entre les Deftones et Alcest. À ça tu rajoutes un peu de growl et du cri. Ouais c'est une bonne mixture. Avec un premier album sorti l’année dernière et un autre en cours de production, le groupe enchaine et vise le haut du panier. Jackpot sur cette prestation de début d'après-midi. Me voilà, à nouveau, assez soufflée par leur maturité face à une tente surblindée. On apprécie les petits duos de grattes et les jeux de lumières qui tentent de te faire basculer dans les limbes malgré l'horaire... Bon ben rien de plus à dire, Vestige c’est carré et l’accueil fait à « Envy » a dû rassurer les 4 musiciens parisiens. Il est attendu cet album. À suivre !
Benighted
Dave Mustage
Storyteller : Un set de Benighted, on sait que ça va faire mal, mais sous le soleil brûlant de Carhaix, là ça a fait tourner les têtes encore plus. Sur une des mainstages, sous le regard des curieux, le groupe ne va pas chercher à faire un petit échauffement en douceur ou à tenter de ménager les fans prêts à soulever la poussière. Ils sont là pour tout casser, faire du circle pit à gogo et ils vont l'annoncer rapidement. Siebe Hermans du groupe Coffin Feeder tient la barre derrière les fûts et va impulser le tempo de la brutalité du quartet. Julien, pieds nus sur la scène, bouge beaucoup pour éviter de se cramer la plante des pieds et va haranguer la foule, bien volontaire pour faire n'importe quoi.
Venus défendre Ekbom, leur dernier album en date, ils ne vont pas oublier les classiques et vont faire un grand tour de tout ce que les fans apprécient chez Benighted. Ils savent que le public est conquis et vont en rajouter des tonnes. Ils remercieront le service d'ordre, toujours impeccable, mais ce n'est que pour préparer un bordel encore plus gros, et leur donner encore plus de travail. Le nombre de slammers devient complètement irréel. Exactement le genre de scènes que Benighted affectionne, et nous aussi par la même occasion. On finira par le morceau qui déclenchera une petite folie, « Let The Blood Spill Between My Broken Teeth », que tout le monde attendait. On n'a aucun mal à voir et ressentir à quel point le groupe est généreux dans ce qu'il donne sur scène et comment il n'y a pas un gramme de bullshit dans leur performance. Ça poutre, ça headbangue, et le public leur rend bien. On verra aussi en conférence de presse que les gens sont impressionnés par Benighted et même si on n'est pas fans de death brutal, il faut bien avouer qu'un début d'après-midi comme celui-là laisse des traces et un sacré mal au cou.
Crédit photo : Corentin Charbonnier
Five The Hierophant
Massey Ferguscène
Di Sab : Toute proportion gardée, cela ne fait que peu de temps que Five the Hierophant a réussi à s’extraire de son statut de pépite confidentielle. Doom instrumental a tendance orientalisante, les Anglais, vétus de tenues monacales épaississent le propos avec un saxophone en charge des lignes mélodiques.
Depuis le premier, je suis hyper client de la formule proposée. Le résultat ne s’apprécie pas exactement comme les classiques du genre et cela rend la proposition assez unique. Plutôt que de se focaliser sur les sentiments exprimés comme c’est souvent le cas dans le doom, la musique de Five the Hierophant a un côté très OST. Le quatuor embarque la Massey Ferguscène dans une espèce de bande originale de Prince of Persia où la distorsion accentue le côté tragique pendant que le saxophone fait dodeliner les têtes pas encore toujours très réveillées. Deuxième fois pour moi, deuxième vrai coup de cœur. A espérer que l’émergence des proposition singulières comme Wyatt E permettent aux Anglais d’occuper une place plus prépodérante dans un genre en perte de vitesse. Ils le méritent.
Wayfarer
Bruce Dickinscène
Simon : « Are you ready for some cowboy shit? » Originellement prévu sous chapiteau, Wayfarer peut enfin jouer sous le soleil pour transformer le site de Kerampuilh en prairie du Midwest, tout en ajoutant leur dose de noirceur, ramenant même un ciel ombragé pendant leur set. Coïncidence, je ne pense pas. En remplacement d’Isaak Faulk (Blood Incantation) sur cette chevauchée européenne, Jeff Malpezzi (Vexing) prend en charge les fûts avec brio. Les quatre cavaliers du Colorado s’imposent avec classe sur des titres de leur dernier album American Gothic. Les slides sont de sortie par-dessus un black metal sublime, la basse offre un son brillant et fluide, juste exquis. Le final planant de « The Cattle Thief » est particulièrement savoureux, tandis que « To Enter My House Justified » met le public dans sa poche avec ses rythmiques efficaces et sa vibe des hautes plaines fédératrice.
Dans une dernière cavalcade fatale, Wayfarer dévoile une rythmique implacable sur le final au galop d’« Animal Crown », bouclant leur tournée sur cette date bretonne avant le retour au pays, encore plus à l’ouest.
Darkenhöld
Supositor Stage
Di Sab: Je confesse n'être resté que partiellement devant le set très honnête de Darkenhöld. La faute non pas à un mauvais concert mais à d'autres obligations. Cependant, il m'aparaissait comme nécessaire de glisser une brève bafouille pour souligner le fait que les Sudistes réussissent là où beaucoup échouent. Les mélodies sont pertinentes et réussient à s'extirper des écueils festifs ou pseudo pagan qu'on retrouve souvent dans le Black. Le set est construit avec une vraie narration entre les morceaux. L'éxécution est d'une grande propreté et le son, parfait, permet une réelle immersion. Ayant suivi de loin la carrière du fer de lance du Black Metal médiévalisant made in LADLO, le set de cet après midi m'a donné envie de me replonger dans les récits et les grimoires de ce fleuron du Black français. Chapeau !
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The Gorge
Massey Ferguscène
Simon : Une chose est sûre, c’est que les musiciens du groupe de prog mathcore The Gorge sont des musiciens accomplis, nerds sur les bords. Leur arrivée sobre en silence laisse place à une entrée en matière excellente sur « Remnants of Fire » de leur album Mechanical Fiction, interprété dans sa quasi-intégralité sur cette date. Le quatuor bénéficie d’un son puissant, malgré une voix hurlée pas toujours bien audible. La batterie du prodigieux Jerry Mazzuca, invisibilisé par la fumée, rencontre des soucis à régler dès la fin du premier titre. Les morceaux suivants multiplient les techniques, la tornade de picking, le tapping en folie, les mesures alambiquées prenant le public à revers, avec une petite touche de jazz rappelant les arrangements djent d’Animals as Leaders. Le chanteur guitariste Phil Ring m’ayant confié en interview que « Beneath the Crust » était le morceau qui pouvait leur poser le plus de difficulté, je reste particulièrement attentif à la partie instrumentale intense en question. Le musicien semble toutefois très à l’aise sur scène, loin de garder les yeux collés au manche, même sur les parties complexes.
Avec The Gorge, les longueurs débouchent sur du « pay-off ». C’est le cas sur « Earthly Decay » et son intro groovy à la basse et à la batterie qui termine sur un final bien brut, donnant même lieu à quelques pogos derrière moi sur certains riffs. De même, « Wraith » termine à la perfection une prestation carrée avec un puissant final montant en tension.
Setlist :
Remnants of Grief
Presence
A Decision Was Made
Beneath the Crust
Earthly Decay
Synapse Misfire
Wraith
Fleshgod Apocalypse
Supositor Stage
Simon : Les Italiens de Fleshgod Apocalypse savent y faire en théâtralité. La scène devient même depuis la sortie de leur dernier album un « opéra » metal sympho grandiloquent. Comme toujours, le groupe joue la carte à fond : drapeau nazionale fièrement élevé sur l’intro comme sur la pochette d’Opera, costumes, maquillages, piano sur scène, chant lyrique épique de l’impressionnante Veronica Bordacchini, festival de blast beat avec headbang hélicoptère synchronisé. Comment dit-on « over-the-top » en italien ?
Quand il n’est pas debout sur sa batterie, l’infatigable Eugene Ryabchenko vient même se faufiler sur le devant de la scène pour motiver la foule. Malgré le déluge de soli et sweeps flamboyants, c’est bien l’incruste de Julien Truchan de Benighted sur le survitaminé « The Fool » qui va donner un coup de fouet à un public toujours prêt à lui manger dans la main lorsqu’il commande un circle-pit tout chaud. La Commedia dell’Arte continuera jusqu’au final avec une reprise d’Eiffel 65 introduite par une petite saynète où Ryabchenko vient jouer la mélodie au piano. Francesco Paoli demande au public de courir toujours plus vite dans le circle-pit, avant même de commencer à jouer « Blue (Da Ba Dee) ». Ça, c’est Macumba. La blague est plus bête que jamais.
Setlist :
Ode to Art (de' Sepolcri)
I Can Never Die
Sugar
Minotaur (The Wrath of Poseidon)
The Fool
Pendulum
Bloodclock
The Violation
Epilogue
Blue (Da Ba Dee)
Crédit photo : Corentin Charbonnier
Klone
Massey Ferguscène
Storyteller : Klone, c'est une expérience toute particulière à vivre en live. Le groupe joue une musique qui explore un prog assez calme, rempli d'émotions. Et les personnes qui m'entouraient en ont vécu un paquet. Les yeux fermés, chantant toutes les paroles, dansant d'un pied sur l'autre, j'ai senti une communion intense entre le groupe et les personnes des premiers rangs. Venus pour défendre The Unseen, album composé de morceaux du grenier, venu clore leur collaboration avec Pelagic, label reconnu dans le monde du progressif, ils en profitent pour panacher leur set avec des morceaux des albums préférés du public.
La douceur, parfois teintée de grosses guitares du groupe est soutenue par les lights légères de la scène sous le tente. Il n'y a quasi jamais eu de backdrops, ou de lourdes décorations qui auraient accroché l'oeil et dévié notre attention toute dirigée vers le groupe. La musique live de Klone prend toute sa dimension et sa respiration, les guitares sont souvent planantes et parfois elles explosent, faisant battre les têtes des fans, et surtout le chant de Yann Ligner, comme aucun autre vient propulser l'expérience au plus haut avec des titres remplis d'émotions comme « Magnetic » ou bien des classiques comme « Yonder ». Un moment hors du temps et un cocon rempli de belles choses qui ont fait vibrer les fans et j'espère conquis de nouveaux auditeurs.
Kerry King
Dave Mustage
Simon : Quoi qu’on pense de l’album From Hell I Rise de Kerry King, le guitariste réunit du monde devant la Dave Mustage (quelle ironie de l’avoir programmé sur cette scène). Évidemment, nombreux.ses sont certainement venu.es pour entendre du Slayer joué par des musiciens all-star. Avec Paul Bostaph à la batterie, la moitié de Slayer est déjà représentée, et après tout, Mark Osegueda (Death Angel) chante mieux en live que Tom Araya, qu’il sait très bien imiter. Ajoutez à cela l’ex-Machine Head Phil Demmel et les dreads de Kyle Sanders (ex-Hellyeah et frère du bassiste de Mastodon) et on est à deux doigts d’un supergroupe. À mes yeux, l’album solo de KK est loin d’être mauvais et se défend très bien en live avec des titres comme « Residue » ou « Rage ». Le son est mou sur les premiers morceaux, hormis le chant, mais « Idle Hands » m’attire dans le pogo dantesque comme un aimant, dense et ardent comme on l’aime. Sans être un classique de Slayer, « Repentless » déchaîne davantage les hostilités et a toute sa place dans ce set, étant principalement écrit par King. On ne boude pas non plus son plaisir d’hurler « God Hates Us All » sur « Disciple ».
Le gros point noir de ce concert reste le blabla d’Osegueda entre les morceaux, notamment avant le punky « Two Fists » qui fait doublement retomber la tension. J’aurais préféré que le groupe enchaîne ses titres au lieu de supporter ses interventions pénibles ponctuées de « Do you understand me? ». Peut-être qu’il s’agissait de laisser respirer Bostaph qui a tapé les 61 ans et continue de tabasser ses fûts sur des tempos assassins. J’ai trouvé le batteur moins percutant qu’à d’autres occasions sur ce concert, mais il est important de relativiser et d’apprécier l’endurance du bonhomme. Je comprends moins comment un morceau comme « Angel of Death » ne figure pas sur ce set alors qu’Osegueda l’hurlerait probablement très bien. Après l’incontournable « Raining Blood » rageur, KK insère bien un « Black Magic » old-school, mais avec tout le plaisir que j’ai à écouter « From Hell I Rise », le final reste décevant avec ce titre.
Setlist :
Where I Reign
Trophies of the Tyrant
Residue
Two Fists
Idle Hands
Repentless
Toxic
Rage
Disciple
Shrapnel
Raining Blood
Black Magic
From Hell I Rise
Dimmu Borgir
Dave Mustage
Storyteller: Dimmu Borgir, c'est un spectacle à part entière, donc la main stage était lourdement décorée et transformée en château noir, dans lequel le groupe allait pouvoir donner un concert à la mesure de leur réputation. La prestation ne décevra pas, corpsepaint, tenues calibrées black metal et regards qui flinguent. Pendant une heure les Norvégiens vont faire descendre la température de la nuit bretonne de quelques degrés avec une musique qui a bien contrasté avec la sélection de la journée pour ma part. Ils ont tenu leur rang en haut de l'affiche. Le son est très bon, même s'il est un peu fort, et les parties de claviers qui font le sel d'un groupe comme Dimmu Borgir, sonnent parfaitement.
La setlist est impeccable avec des standards de toutes les époques, sûrement un avantage de ne pas avoir à défendre un album en particulier, on ne manque aucun hit avec « Progenies of the Great Apocalypse » ou « The Serpentine Offering ». Et quand un concert commence directement par écraser le public avec « Puritania », on sait que l'on va vivre un sacré bon moment. Le public d'ailleurs ne s'y trompe pas. La plupart est venu pour profiter du spectacle visuel de la bande à Shagrath plutôt que pour slammer dans tous les sens. On sent aussi qu'on change de dimension, ici on ne demande pas de circle pits à tout va ou de se rentrer dans le lard, non c'est avant tout un visuel, une ambiance et pour une bonne partie d'entre nous, pionniers de la musique des années 90, un souvenir mémorable de l'émergence d'un black metal qui va sortir de la cave avec notamment le dernier morceau « Mourning Palace ». Les mastodontes de cette deuxième journée ont frappé fort.
Forbidden
Supositor Stage
Simon : 17 ans. C’est le temps qu’il a fallu à Forbidden pour revenir en France après leur concert au Hellfest 2008. J’avais aussi 17 ans quand je voyais Craig Locicero cracher dans tous les coins de la scène clissonnaise aux côtés de Russ Anderson au chant. Aujourd’hui, le second groupe de thrash de la Bay Area du festival est accompagné d’une solide équipe, toujours autour de Locicero à la guitare et Matt Camacho à la basse. Chris Kontos (ex-Machine Head) trouve très bien sa place à la batterie. Assigné à la communication en français, notre « cousin » du Québec, le souriant Daniel Mongrain (Voïvod) apporte une présence très sympathique en plus d’un jeu virtuose extraterrestre qui sied très bien au style désarticulé des guitares de Forbidden, comme sur le titre « Infinite » en ouverture du concert. Les duels de solos entre les deux gratteux comme sur « Forbidden Evil » sont particulièrement soignés. Enfin, Norman Skinner est un chanteur en or, polyvalent entre le chant guttural et haut perché, réunissant l’influence Halfordienne de manière dynamique là où Anderson peinait sur ses propres lignes.
Forbidden met à l’honneur l’excellent Twisted Into Form, avec ses titres d’entrée presque prog, l’hymne « Step By Step » que je suis ravi de retrouver, ainsi que l’excellente chanson-titre. Locicero dédie « R.I.P. » à son guitar tech Greg Day qui a perdu son oncle et sa tante coup sur coup. Sans avoir encore de date de sortie pour un album, le groupe ne revient pas sur les routes les mains vides, Le nouveau titre « Divided by Zero » est moins enthousiasmant que les classiques de Forbidden Evil dont le foudroyant « Chalice of Blood », mais justifie la relance du groupe.
Contrairement à Kerry King, le public ne répond pas en nombre devant la scène et la fosse est plus clairsemée. Pour ainsi dire, il y a plus de monde à attendre Carpenter Brut qu’à assister au retour de Forbidden, qui termine ici sa tournée européenne. À quand le premier album depuis 15 ans ? En espérant que Forbidden puisse enfin rebondir et profiter d’une stabilité que l’on n’attendait plus, mais dont on peut rêver avec un tel line-up.
Setlist :
Infinite
Out of Body (Out of Mind)
March into Fire
Twisted into Form
Forbidden Evil
Divided by Zero
Step by Step
R.I.P.
Through Eyes of Glass
Chalice of Blood
Carpenter Brut
Dave Mustage
Simon : C’est le Macumba avant l’heure, avec le son des Backstreet Boys déjà lancé sur les enceintes. À l’arrivée des musiciens sur scène, l’ambiance prend une tournure plus dark avec l’entrée en furie de « Straight Outta Hell ». La setlist a beau être quasiment calquée sur celle du concert que j’ai vu il y a deux ans sur la tournée avec Perturbator, on ne se lasse pas d’un concert de Carpenter Brut. On y retrouve les ambiances glam de « Beware the Beast » et « Monday Hunt » avec la guitare flashy d’Adrien Grousset, les tubes « Roller Mobster », « Disco Zombi Italia » et « Turbo Killer » qui font sévèrement remuer les hanches et le popotin, ou les progressions impitoyables de Leather Terror comme la chanson-titre ou la bombe à retardement « Day Stalker/Night Prowler » imparable à chaque putain de fois.
Même sans être proche de la scène vu la foule devant le concert, on passe un bon moment en voyant au loin les vagues de slammeurs sur « Imaginary Fire » et en profitant d’un mur de son fantastique. Toujours mutique en concert (mais plus loquace en interview), le boss se contente d’inciter à faire des wall of death et du crowdsurfing par des petits signes depuis le bord de la scène lorsqu’il quitte ses claviers. Pour finir, la reprise de « Maniac » est toujours réclamée et termine de la plus belle des façons une soirée endiablée. Avec le concert de Klone sur cette journée, l’occasion aurait été trop belle d’avoir Yann Ligner sur scène plutôt que sa voix enregistrée, mais j’imagine que cette exclusivité est réservée à des dates exceptionnelles, comme lors du Hellfest 2023. Tous au Macumba !
Aurélie Jungle : Bon ben je vais être un peu moins élogieuse... Je n'ai absolument pas vécu la catharsis que j'espérais avec le dernier concert de cette journée ! Et pourtant l'attente était grande. Pas la première fois que je vois Carpenter Brut (et pas la dernière) mais de mon côté, en pleine fosse, j'ai juste fait face à un public totalement inerte qui a fini par s'animer sur « Maniac ». Ce qui m'ennuie légèrement puisque la discographie de Carpenter Brut va quand même un peu plus loin que cette reprise. J'y ai également vu un Franck Hueso complètement déconnecté, limite se reposant sur ses lauriers, venu pour « faire le taff ». Rien à voir avec la presta de 2023, sur ce même festival. Sans rancune, on se voit à l'Olympia en mars prochain.
Setlist :
Straight Outta Hell
The Widow Maker
Roller Mobster
Beware the Beast
Day Stalker
Night Prowler
Disco Zombi Italia
Imaginary Fire
Monday Hunt
Hairspray Hurricane
Leather Terror
Turbo Killer
5 118 574
Le Perv
Maniac
*
Live-report du jeudi.
Nos remerciements au Motocultor Festival et à NRV Promotions pour les accréditations et l'accueil.
Nos remerciements également à Gaël Mathieu, Seiko Cat's, Corentin Charbonnier et Romain Ballez pour l'utilisation de leurs photos.