
12 groupes à ne pas louper au Motocultor 2025
dimanche 13 juillet 2025
Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.
L'été ne fait que commencer avec de beaux festivals à venir. Le Hellfest, vaillamment couvert par Michael et Di Sab, et Rock in Bourlon désormais derrière nous, en plus du Brutal Assault pour lequel nous avons déjà dévoilé nos chaudes recommandations, Horns Up sera également de retour au Motocultor à Carhaix cette année, dans un mois quasiment jour pour jour.
Toujours avec son esprit décalé et loufoque au cœur de l'arrière-pays breton, le "petit frère du Hellfest" offre depuis plusieurs années une programmation pointue rivalisant avec son frangin et une alternative alléchante à un géant devenu trop grand. On ne résiste pas à l'envie de vous partager une sélection variée des groupes qui nous hypent le plus.
Nailbomb | Ne Obliviscaris | Gutalax | DIIV | Wayfarer | Cult of Luna | Tanork | Rendez Vous | Extreme | Fear Factory | Wyatt E | Blind Guardian
Nailbomb
Supositor Stage - Jeudi
Simon : On n’imaginait pas voir le nom de Nailbomb sur les affiches de festival depuis le « suicide commercial » du groupe en 1995. Après une seule date au Dynamo cette année-là (et un concert d’échauffement en club surprise), Max Cavalera a opté pour la résurrection du groupe éphémère culte, ayant sorti son unique album Point Blank la même année que Chaos A.D. Habitué des déterrages, le frontman brésilien avait déjà exhumé ce disque de metal industriel en l’interprétant en intégralité avec Soulfly lors de tournées américaines en 2017 et 2018.
Malgré l’absence d’Alex Newport, Nailbomb a fait son retour lors d’une date événement à Tampa. Sur cette tournée estivale européenne, Cavalera sera accompagné de son fils Igor Amadeus à la guitare et au chant et de membres du groupe de grindcore Pig Destroyer.
Des temps sombres et chaotiques appellent de grandes mesures. L’acidité de Nailbomb garantit de créer plus de conflits (dans le pit) que d’en régler (dans le monde), mais ses paroles résonneront avec une actualité toujours aussi blasante. Une chose est sûre, chez Horns Up, ceux qui n’assisteront pas à la performance prog de Ne Obliviscaris seront curieux de voir à quoi ressemble Nailbomb 30 ans après sa séparation et d’être au cœur du joyeux bordel que promettent ses titres coup de poing cathartiques.
Ne Obliviscaris
Massey Ferguscène - Jeudi
Storyteller : Quand on vient de l'autre bout du monde pour jouer dans un festival à l'extrémité ouest de la France, le moins que le public puisse faire c'est d'aller jeter un coup d'œil. Ne Obliviscaris est un groupe australien de metal progressif avec de belles teintes d'extrême. Leur dernier album, Exul, date de 2023, et même s'ils sont déjà venus le défendre sur nos terres l'an prochain, on ne se lasse pas de les voir.
La musique du sextet est particulièrement délicate et si elle prend des atours extrêmes parfois avec blasts et growls, les violons, les guitares mélodiques et les chansons fleuve ne peuvent qu'attirer les fans de prog. Ça shred bien, la basse sonne comme dans les vrais bons groupes de death prog, c'est totalement compatible avec un festival pour éblouir les spectateurs. Impatience, quand tu nous tiens !
Gutalax
Supositor Stage - Jeudi
Aurélie Jungle : Compliqué de faire des choix pour cet article au milieu de tout ce beau monde mais pour ce jeudi, si il y a un immanquable c'est, pour moi, Gutalax. Et ouais. Du grind. Enfin du gore'n'groll d'après le groupe. Ouais ouais on est pas sur de la musique intelligente mais c'est une bonne entrée en matière, sans prise de tête. De quoi bien démarrer la première soirée de cette édition, en faisant la fête. La particularité de Gutalax ? Les textes engagés je dirais, et plus sérieusement la constance dans la connerie (cf les noms des albums).
Ce que pondent les Tchèques est d'une efficacité redoutable pour te faire oublier toutes tes valeurs et le champ lexical de la bienséance. Je suis également ravie de constater que, cette année encore, le Motocultor a laissé quelques groupes de ce style sous-coté dans sa programmation. Loin de moi l'idée de pondre, là tout de suite, une ode au grindcore mais si il y a une chose à retenir, c'est que t'es très loin de t'imaginer ce que ça donne en live quand t'en écoutes dans ton casque. Le grind ça se vit. Je n'ai encore jamais vu Gutalax et c'est franchement un plaisir coupable que j'ai hâte de savourer.
DIIV
Bruce Dickinscène - Jeudi
Mess : Avoir DIIV au Motocultor, c’est un petit doigt d’honneur aux hardos qui considèreraient que les rois du shoegaze new-yorkais ne seraient pas assez metal (et donc légitimes) pour venir nous racler les oreilles en terres bretonnes. Parce que finalement, DIIV, ce n’est pas juste un coup bien senti de la part des programmateurs pour toujours élargir son scope de styles musicaux, ça sera l’occasion, comme pour Mogwai jouant le même jour d’ailleurs, de s’offrir une pause cosmique dans le vacarme ambiant, une invitation à fixer ses chaussures en hochant lentement la tête pour se faire défoncer les oreilles par des mecs qui ont toujours la tentation de pousser les potards à fond.
Zachary Cole Smith et sa bande n’ont pas inventé la mélancolie amplifiée comme leurs parents spirituels que sont My Bloody Valentine et Slowdive, mais ils l’ont domptée comme peu savent le faire : bruyants, mélancoliques, élégants, en maîtrise totale. Vous tomberez sous le charme.
Wayfarer
Bruce Dickinscène - Vendredi
Mess : Nos cowboys de l’apocalypse préférés débarquent au Motocultor et on ne pouvait pas être plus heureux au sein de Horns Up. Coincés entre atmospheric black metal et folk metal, Wayfarer viendra nous délecter d’un son bien à eux qui explore depuis cinq albums maintenant tout l’attirail de ce qui ferait frémir de plaisir Sergio Leone. Plaines désertiques, villes fantômes et flingues rouillés accrochés au mur, Wayfarer est une cavalcade où la solitude du bandit se confond dans la violence d’une époque Western révolue, une époque qu’ils sculptent telle une mythologie noire, avec une élégance rugueuse et une classe de desperados en plein trip mystique.
Tanork
Supositor Stage - Vendredi
Simon : Le death metal, musique de vieux cyniques ? Le style peut avoir de beaux jours devant lui. Avec Tanork, la relève se prépare. Biberonnés aux riffs de Morbid Angel, Obituary, Suffocation et Sepultura, les jeunes bretons arrachent le flambeau avec allure et engagement. Leur son crasseux old school aux influences death et hardcore et leur exécution implacable m’ont mis un sacré sourire de satisfaction à ma première rencontre en live. Ne vous fiez pas à leur seul répertoire : leur album Destined To Die… est sorti il y a presque deux ans avec une batterie programmée. Depuis, Morgann Lavaux déroule une véritable machine derrière les fûts et donne une tout autre dimension à leur jeu en concert. Tous sortis d’écoles Diwan, les musiciens militent activement pour le breton avec des paroles dans la langue de la région.
Le feu de Tanork a le temps de grandir et mérite notre attention pour les soutenir dans leur croissance. Si vous ne les avez pas vus sur la Hellstage de Clisson ou à l’Uzine à Rennes, il vous reste à découvrir l’énergie d’un power trio qui vient de passer son brevet de pilote de rouleau compresseur. Quel meilleur endroit que le Motocultor pour utiliser un de ces engins ?
Cult of Luna
Massey Ferguscène - Samedi
Aurélie Jungle : Cult of Luna. La combustion spontanée, l’attaque viscérale. Si il y a bien un groupe capable de faire suffoquer en live, c’est celui-ci. Cette lourdeur qui vient littéralement aspirer ton âme, ça en devient limite douloureux mais aussi salvateur, révélateur. Il n’y aucun mot pour décrire ce que fait Cult of Luna. Ouais bon pour te donner une idée c’est du sludge / post avec deux batteurs. Vu en live deux fois, je ne raterai pas cette troisième occasion, date exclusive du groupe dans l’Hexagone. Pas de nouvel album en vue, Cult of Luna se concentre sur la scène depuis la sortie de The Long Road North, en 2022.
Enfin, pour les adeptes qui flippent quant à la qualité du groupe en festival, même si je ne peux rien assurer pour cette édition, les Suédois se sont déjà produits au Motocultor en 2022. Et on en est tous ressortis giflés.
Rendez Vous
Massey Ferguscène - Samedi
Mess : Nos frenchies ont du talent et les habitués du Motocultor le savent. Rendez Vous s’offrira une deuxième prestation au Motocultor après un premier passage en terres bretonnes en 2018. On se demandait à l’époque si le groupe serait accueilli à bras ouverts avec son post punk martial, incisif. Ce fût le cas et avec ce retour au Motocultor en compagnie de leur nouvel album Downcast, encore plus sombre et plus nerveux, nul doute que nous verrons la poussière autant soulevée par les pas des danseurs que les pas des mosheurs.
Extreme
Dave Mustage - Samedi
Storyteller : Alors là, c'est un rêve de fan de hard rock, de jeunesse (il y a bien longtemps) de pouvoir assister à un concert d'Extreme. Leur album Pornograffitti est un de mes albums de chevet depuis bien longtemps et si je ne m'attends pas à ce qu'ils le rejouent en entier en live comme ils l'ont déjà fait, je sais que le groupe est toujours branché mélodies qui donnent envie de se bouger. Il suffit d'écouter les premiers titres de Six, leur album sorti en 2023. C'est sûr que leur dernier single, "Beautiful Girls" a de quoi surprendre, mais on est en vacances, ça fait tube de l'été ! Et puis on ne se concentrera pas dessus mais on attendra plutôt une petite "Decadence Dance" qui colle bien plus à un festival où l'on attend de l'énergie concentrée sur une petite durée.
Fear Factory
Dave Mustage - Dimanche
Aurélie Jungle : Ma madeleine de Proust. Un grand classique qui se tape littéralement un revival avec l’arrivée de Milo Silvestro en 2023. Mon immanquable de cette quatrième journée, c'est Fear Factory. Je vais bien évidemment sortir mon t-shirt de Demanufacture et aller me prendre quelques claques dans le pit parce que oui, oui, Milo c’était le pari du siècle pour ce groupe qui commençait à sombrer dans des histoires de turnover interminables (Raymond reviiieeennnss) ponctuées de procès en tout genre et de rumeurs germaniques qui avaient tendance à faire grincer des dents.
J’attendais rien de Milo, puis je l’ai vu en 2023 à Paris, avec une setlist faite pour les nostalgiques. Puis au Graspop 2024. Le taff est là, rien à envier à Burton, on le range même dans un tiroir qu'on ouvrira plus. À côté de ça, on a un Dino Cazares qui porte la troupe, au devant de la scène et qui a complètement changé son approche. Tournée des festivals, Fear Factory se veut ultra présent depuis 2023, tentant de reconquérir les cœurs brisés et d’amadouer de nouveaux amateurs de metal industriel. Je ne sais pas si le public se renouvellera, mais heureuse de les recroiser et qui plus est, avec une setlist 100 % Demanufacture. Un album qui fête ses 30 ans cette année. Je m’attends aussi potentiellement à une surprise issue du prochain album ! Premier album avec Milo au chant, et dont l’enregistrement aurait démarré en avril de cette année.
Wyatt E
Bruce Dickinscène - Dimanche
Simon : Si la canicule s’installe comme au Hellfest pendant le Motocultor, l’immersion sera totale sous la tente de la Bruce Dickinscène. Les Belges de Wyatt E vous transporteront en Mésopotamie pour invoquer les fantômes exilés sous le règne de Nabuchodonosor, via le canal mystique de leur doom drone oriental. Si leur nom en référence à Wyatt Earp évoque les westerns, leur univers est définitivement tourné vers l’est, toujours avec la fascination des grands espaces. Dans leur dernier album zamāru ultu qereb ziqquratu Part 1 sorti en début d’année, les nappes aussi envoûtantes que déroutantes recréent des ambiances rituelles, puisant également leur inspiration dans l’imaginaire magistral des péplums du XXe siècle. Le chant incantatoire de l’invitée Nina Saeidi (Lowen) y vient enrichir une composition jusqu’ici quasiment instrumentale.
Si Hans Zimmer n’avait pas fait la bande originale de Dune, il n’y a aucun doute que Denis Villeneuve aurait convié les Liégeois à la composition (info purement fictive et lamentablement réductrice de leur richesse sonore et esthétique). La cérémonie de cet OVNI annonce une expérience dépaysante pour transformer Carhaix en cité babylonienne, plus ou moins décadente (on compte sur vous).
Blind Guardian
Dave Mustage - Dimanche
Storyteller : Comment louper la prestation des Bardes ? Ce groupe de heavy iconique (oui, jugez moi pour l'emploi de cet adjectif), porté par un chanteur dont le talent n'a d'égal que son apparente bonhomie, déroule ses allures parfois empreintes de speed et parfois d'un folk dont les Elfes raffolent. Longtemps centré sur la Terre du Milieu, puis sur les légendes forgées par l'imagination populaire ou littéraire (écoutez "Imaginations From The Other Side" et retrouvez tous les clins d'œil), le groupe n'épuise jamais sa fougue.
D'ailleurs les Allemands revisitent en ce moment leur album Somewhere Far Beyond, un grand classique de leur discographie qui a façonné une partie de leur identité actuelle. Les setlists des festivals nous montrent un bel équilibre entre les albums et nous laissent présager un show avec un maximum de tubes et d'énergie. De quoi s'user la voix, qui sera déjà bien fatiguée en cette fin de festival, mais un set immanquable, surtout sur une terre de légendes comme la Bretagne.