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Raton et la bagarre #25

samedi 20 janvier 2024
Raton

Amateur de post-musique, de larsens et de gelée de groseilles.

Assez incroyable de voir que, comme l'année dernière, les deux derniers mois de l'année ont été particulièrement pauvres en sorties hardcore. Une raréfaction telle des sorties majeures que l'intégralité des sorties populaires ont été publiées la première semaine du mois de novembre : Silent Planet, Dying Wish, Spiritbox, Fuming Mouth ou encore Closet Witch.

Qu'à cela ne tienne, mon travail de sélection en a été simplifié et j'ai pu chiner un peu davantage pour vous déterrer quelques pépites de sous les radars. De plus, qu'importe cette désertification de fin d'année car 2023 a été un excellent cru pour le hardcore avec son nombre de disques majeurs. Vous pouvez en retrouver une majorité dans la playlist de la Bagarre ci-dessous.

On se retrouve bientôt pour le premier numéro avec des disques de 2024. D'ici là régalez-vous avec cette sélection, bonne lecture !

Paint It Black | Dying Wish | Closet Witch | La Dispute | Cauldron | Days Spent | Stress Positions | Riversleem | MouthBreather | Scarab | MugshotMentions bonus

 

Paint It Black – Famine
Hardcore / Hardcore mélodique – USA (Revelation)

C'est probablement mon petit coup de coeur imprévu de la sélection. Je n'avais jamais pris la peine d'écouter Paint It Black, qui fait avec cet album un comeback, 10 ans après son dernier EP et 15 ans après son dernier LP. Le groupe de Philadelphie a révélé début novembre Famine, un album court (17 minutes) mais généreux marqué par le hardcore mélodique des années 2000 ("Famine" ou le très Modern Life Is War « Safe ») et le hardcore frontal de The Rival Mob ou Ceremony époque Rohnert Park. Notez également que chaque membre du groupe a participé à son lot de projets hardcore dans les 25 dernières années et que le chanteur, Dan Yemin, est principalement connu pour avoir aussi été le guitariste de Lifetime et Good Riddance.

Famine est un disque incarné, lancinant, incisif. Il sent autant la passion nostalgique du hardcore flamboyant de 2005, qu'une contemporanéité féroce qui s'attaque à plusieurs sujets de société comme l'hyper-individualisme (« Exploitation Period »), la lutte pour les droits (« The Unreasonable Silence ») ou encore l'hypocrisie de la société étatsunienne (« Famine »). Chaque morceau tient cette ligne de crête entre simplicité et justesse, comme en témoigne avec netteté l'expéditif banger « Serf City, USA ». Et c'est aussi ça qu'on peut chercher dans le hardcore : une énergie franche, débordante de sincérité, délivrée par des personnes qui savent ce qu'elles font depuis des décennies.

 

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Dying Wish – Symptoms of Survival
Metalcore mélodique – USA (SharpTone)

Je pense pouvoir le dire sans détours, je suis un gros iencli de Dying Wish depuis 2020 et la sortie du single « Innate Thirst ». Le groupe a toujours représenté à mes yeux le retour en grâce du metalcore mélodique, autant par la force de ses compositions que par le charisme de sa frontwoman Emma Boster. Deuxième album en deux ans, Symptoms of Survival doit venir confirmer ce sentiment.

Plutôt que de faire durer le mystère, ce disque représente pour moi une forme d'épuisement de la recette Dying Wish. Comme si la formule trouvait avec cet album ses propres limites. Le style n'a pourtant pas changé, à part peut-être une part un peu plus importante laissée au chant clair. Bien que ce soit un élément constitutif du groupe (citons « Autumn's Final Sun » tiré du split avec Serration de 2018), il n'a jamais été aussi central. Emma Boster a une voix claire juste et maîtrisée mais je ne peux m'empêcher de trouver le rendu souvent kitsch comme sur le sirupeux « Paved In Sorrow » ou sur « Torn From Your Silhouette ».

Avec les réécoutes, Symptoms of Survival prolonge son prédécesseur mais de façon plus attendue et moins personnelle. Alourdi par les gimmicks, le disque s'empêtre souvent dans le côté mélo quitte à produire des morceaux bicéphales curieux, comme « Lost in the Fall » scindé en deux, avec une partie metalcore agressive et féroce et une partie en chant clair mielleuse et douçâtre. Ce n'est pas un mauvais morceau pour autant, mais en étant plus soigné, ce nouveau LP perd une grande partie de l'urgence et de la hargne qui constituent l'intérêt de Dying Wish.

Pour être franc, je pense même que si ce disque était sorti il y a 15 ans, il aurait été dans la deuxième division du metalcore mélodique. Et j'ai aussi du mal à comprendre comment autant viennent à défendre ce disque et son parti-pris ultra mélo dans le chant alors que tout le monde refusait unanimement les propositions musicales de In This Moment ou gatekeepait ce que faisait Jinjer en début de carrière. Un autre mystère de la scène. Ceci étant dit, Symptoms of Survival a beau être une déception personnelle, il n'en est pas moins une proposition dense et riche dans son style, si tant est qu'on n'ait aucune réticence au très mélo. Sans rancune.

 

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Closet Witch – Chiaroscuro
Grindcore / Powerviolence – USA (Zegema Beach)

Closet Witch est un groupe fascinant. Quartet de l'Iowa, il s'était fait remarquer en sortant du pur underground en 2018 avec son album éponyme, une oeuvre hargneuse et dense qui se retrouvait quelque part aux confins des musiques hardcore extrêmes. On y trouvait un magma protéiforme avec une base grindcore, une hyperactivité mathcore, des groove powerviolence et ce quelque chose d'émotif assez insaisissable.

Cinq ans plus tard, Closet Witch revient avec Chiaroscuro, un album pétri de talent et beaucoup plus malin que ses étiquettes pourraient le laisser croire. C'est un disque avec une multitude de ramifications, d'influences nobles (avec le chant féminin, difficile de ne pas penser à Cloud Rat) et de subtilités dissimulées derrière le tumulte. Prenez le saisissant « You, Me & Venus in Decay », il déploie une toile quasi black metal sur une atmosphère plombée et hantée, avec une progression subtile et rare dans le genre. Le morceau voit d'ailleurs l'intervention de Dan Lee, qui officie notamment dans Obsolete ou Wanderer.

L'album enchaîne avec une paradoxale finesse dans la brutalité, les délices powerviolence (« We Met on the Park Boundary Trail »), les explosions grind (« My Words Are Sacred » avec Dylan Walker de Full of Hell) et les traditionnels morceaux longs à la fin de chaque face. Mais Chiaroscuro n'est pas le genre d'un album qu'on passe longtemps à décrire mais plutôt qui se ressent pendant 18 minutes d'une étrange et presque poétique insoumission sonore.

 

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La Dispute – Here, Hear. IV
Emo / Post-rock – USA (indépendant)

En provenance de Grand Rapids, Michigan, les absolus prodiges de La Dispute ont redonné signe de vie, quatre ans après le singulier Panorama. Les Américains ont rendu disponible, pour 24 heures seulement, le 25 décembre, le quatrième opus de leur saga d'EPs Here, Hear. Tous les revenus générés par les ventes ont été reversés à de l'aide humanitaire pour Gaza et le Congo.

Deux des morceaux avaient déjà été révélés (« Thirteen » et « Fifteen »), mais les deux autres sont tout à fait inédits. Comme sur les autres EPs, on y retrouve le La Dispute en spoken word poétique sur fond de post-rock émotif. C'est sans surprise excellent, mais c'est vraiment « Thirteen » qui vient voler la vedette et se confirmer parmi les meilleurs morceaux du groupe. Rien que ça.

 

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Cauldron – Suicide in the City
Metalcore émotif – Angleterre (The Coming Strife / Ephyra)

Peut-être vous rappelez vous de Last Words, l'EP précédent de Cauldron, qui avait placé le groupe sur la carte du hardcore. C'était en 2020 et les Anglais y déployaient un metalcore déchaîné, haineux et très copieusement influencé par le metal extrême. Si vous en avez encore un souvenir correct, oubliez tout ce que vous savez, car c'est un nouveau Cauldron qui s'offre à vous. Alors certes, il y a toujours le metalcore impétueux influencé par la scène toute fin 90s, début 2000 entre le edge metal et la lourdeur d'un On Broken Wings. Mais il y a surtout l'ajout en grande quantité de surprenantes notes emo-pop / post-hardcore, façon Thursday ou Taking Back Sunday.

Représentez-vous donc un mélange assez curieux entre les deux groupes que je viens de citer, Poison the Well, le edge metal anglais et A Day to Remember et le tout fait, de façon assez miraculeuse, avec goût et intelligence. D'autant plus que les incursions émotives et mélodiques ne viennent pas nuire à la sauvagerie caractérisée des morceaux metalcore, comme l'intro « Off Script » nous le rappelle avec beaucoup de puissance et un indécent break final.

Par rapport aux sorties précédentes, le chant de Frazer Cassling est plus râpé, quasi rompu. Je comprends que ça puisse surprendre car la technique vocale semble dommageable pour ses cordes vocales mais pour moi ça renforce l'instantanéité primitive du disque. C'est aussi lui qui assure le chant clair émotif et aussi incroyable que ça puisse paraître il assure l'enchaînement entre les différentes énergies avec fluidité et cohérence comme sur « Lonely Useless Orbit » ou le très-MySpace « I Forgot You Existed (Seattle 1) ». A ce titre, on pense forcément au dernier SeeYouSpaceCowboy ou aux compatriotes de Static Dress (mais en infiniment plus qualitatif). Pour couronner le tout, quelques featurings intéressants avec l'incroyable Jess Nyx (Mortality Rate, World of Pleasure) sur « Lonely Useless Orbit », River Elliott (Ballista et que vous avez entendue sur le dernier Move) et Scott Nicholson (Nothin But Enemies).

Le disque a beau être un peu trop long (45 minutes) et ne pas corriger miraculeusement mon désamour pour les refrains en chant clair dans le metalcore (j'ai encore grincé des dents sur quelques passages de « Kingdom », « The View From the Balcony » ou « Are We? »), il prouve tout de même comment il est encore possible de le faire avec goût et savoir-faire sans se départir de la rage hardcore originelle.

 

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Days Spent – Grieve/Thrive
Metalcore – USA (indépendant)

Si le nom de Days Spent ne vous dit rien, c'est que vous ne suivez pas cette rubrique assez assidument (mais c'est pas grave, vous êtes déjà des amours de lire ces lignes) car j'avais parlé de mon coup de coeur pour le précédent EP du groupe floridien dans le 13e épisode. De Iron Deficiency à Mortality Rate en passant par Power Alone, Days Spent fait partie pour moi des grands représentants du hardcore sauvage porté par une voix féminine formidable, sans pour autant recevoir l'attention des groupes sus-cités.

Ce troisième EP est une énième preuve que Days Spent fait partie des groupes les plus sous-estimés de la scène étatsunienne. Leur metalcore ultra rigoureux est animé d'une passion dégoulinante et porté par une rage et une militance frénétiques. Les riffs sont marquants, orageux et tout l'EP est porté par la voix incroyablement intense de Nancy Crozier, que je ne vois jamais recevoir le crédit qu'elle mériterait. Elle impressionne tant par son delivery que par la qualité de ses paroles, comme sur « Memorial » où elle évoque les ravages des addictions : « Light a candle frame a picture / Your enablers will be at your memorial ». Dans la même logique revendicatrice, « Remain », le premier morceau, est une leçon d'introduction avec des samples puissants d'activistes pour les droits sexuels et reproductifs aux Etats-Unis, qui montent en crescendo avant de se faire couvrir par un riff coriace. Attention la version Spotify ne comporte aucun sample, pour une raison que je n'explique pas.

 

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Stress Positions – Harsh Reality
Hardcore / Thrashcore – USA (Three One G)

Pour être tout à fait franc, la surenchère perpétuelle du hardcore et du metalcore moderne peut être fatigante. Ça aboie de partout, ça revendique la flamme du vrai hardcore si tant est qu'elle existe et ça aime généralement bien se regarder dans un miroir. Alors parfois, ça fait du bien de revenir à la source, à la composante punk du hardcore et d'y retrouver cette urgence brute souvent perdue de vue. Ça tombe bien, Stress Positions vient gratter cet endroit précis.

Originaire de Chicago, le quatuor propose un hardcore entre l'école chain punk (la tradition crue du hardcore, perfecto et tatouage d'arme médiévale sur le biceps) et le thrashcore (le hardcore originel en plus rapide, expéditif) de Limp Wrist. Sur Harsh Reality, les morceaux peinent à dépasser les deux minutes et l'interprétation est aussi impeccable que féroce, portée par les guitares hurlantes, la voix acerbe de Stephanie Brooks et ses paroles militantes et sans compromis : « Millions hate their lives / Wages flat while profits rise / Unions crushed by bullshit law / Unless they’re for police who sure seem to love them ». Cerise sur le gateau avec le morceau final, « Ode to Aphrodite », qui respecte la tradition de la longueur et offre un crescendo d'une très grande qualité.

 

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Riversleem – A Second Release by Riversleem
Metalcore – Canada (Zegema Beach)

Le projet canadien Riversleem ne fait pas encore parler de lui, mais j'ai du mal à voir comment ça peut ne pas prendre. Il avait sorti un premier EP en 2021, déjà très mature, bien référencé et extrêmement efficace. Il y a quelques mois, son successeur, le sobrement intitulé A Second Release by Riversleem, est publié. L'occasion pour les Canadiens de montrer qu'ils savent tenir la longueur. Dans la plus pure tradition metalcore chaotique (Converge ou Cult Leader ne sont jamais très loin), Riversleem conjugue à merveille la dissonance hallucinée et les riffs impétueux de groove, comme le témoigne avec aisance le titre introductif « Eating Teeth » et son explosion folle à 1:18.

Le groupe n'est ni le premier ni le dernier dans ce style, mais je suis stupéfait du soin qui a été apporté au riffing (chaque morceau peut se targuer de deux ou trois idées incroyables), au chant écorché et crispé de Kyle Zurevinski qui n'a rien à envier aux meilleures voix de la scène, et à la construction intelligente des morceaux qui évite habilement les écueils classiques de la dissonance par principe, des breaks scolaires ou des panic chords à outrance. En plus de toutes ces qualités, l'album est à prix libre sur Bandcamp et les revenus des ventes digitales seront reversées à une organisation locale indigène de jeunesse qui propose du mentorat artistique.

 

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MouthBreather – Self-Tape
Metalcore / Nu-metalcore – USA (Good Fight)

MouthBreather est sans aucune discussion possible un des groupes les plus prometteurs du metalcore dissonant, pas loin de Chamber ou même de Vein.fm, période premier album. Après deux EPs saisissants d'efficacité, le groupe du Massachussets avait publié la grande réussite I'm Sorry Mr. Salesman, que je vous décrivais dans l'épisode 12.

Deux ans plus tard et avec davantage de description, MouthBreather révèle Self-Tape, qui à mon sens avait la possibilité de les installer durablement dans la scène. Pourtant ce disque va prendre un contrepied par rapport à son prédécesseur en venant céder aux sirènes du revival nu metal. Alors que le premier morceau, « Ethical Hunting » est un petit bijou de metalcore strident, le deuxième, « Imaginary Skin » vient rappeler des imaginaires 2000s avec un riff syncopé et des rythmes plus déstructurés. On retrouve ces mêmes influences sur « Rot Out » ou « iDoctor », toujours amenées avec intelligence.

Néanmoins, le disque en devient nécessairement plus décousu car il enchaîne les bombes metal/mathcore (« I Know Best », « Shotgun Funeral ») avec les réminiscences nu metal, certes faites avec goût mais qui tranchent clairement avec le reste. Seule exception, «iDoctor » qui parvient bien à conjuguer les deux sensibilités de cette nouvelle direction. Mais dans l'ensemble, et même si le groupe sait s'y prendre, aucun doute là dessus, cette approche bicéphale fait perdre à MouthBreather une partie de la maturité de sa proposition musicale. Le disque en devient un peu plus attendu, malgré les grandes qualités qu'il déploie.

 

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Scarab – Seeking Chaos and Revenge After Betrayal
Metalcore – USA (Rebirth)

A new challenger approaches... et pas des moindres car Scarab est un nouveau projet metalcore all-star de la côte Est. Formé par Tyler Mullen au chant (ex-Year of the Knife et Gridiron), Scarab est complété par Lennon Livesay, totem de la scène floridienne (Blistered, Envision, Ecostrike, Seed of Pain), Andrew « Lumpy » Wojcik qui chapote le label DAZE (et joue dans All Due Respect, Sanction et Out for Justice), John Hayes, guitariste chez Devil Master et Tyler Breza, batteur de Simulakra.

Le groupe ne fait pas dans la porcelaine fine, et lui préfère le metalcore de sanglier comme en témoigne le break animal de « Squeeze ». Les quatre morceaux sont taillés dans l'unique but de foutre des gigantesques moulinets en slow motion dans des pits mal éclairés de la côte Est. Pourtant, et c'est à noter dans une scène qui participe souvent à une surenchère d'effets et de gimmicks, Scarab propose une approche relativement minimaliste de son metalcore à breaks. Ça ne s'éparpille jamais et ça se concentre sur de la violence sourde et méchante, comme la voix de Tyler (qui marche d'ailleurs mieux ici que lorsqu'il était dans YOTK) sait si bien souligner.

 

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Mugshot – Cold Will
Metalcore / Beatdown – USA (Pure Noise)

Celle-ci s'adresse à tous mes guignolos, attention le niveau intellectuel va baisser. Pas parmi les plus grands esprits de cette planète, Mugshot n'en est pas moins un fier représentant du metalcore voyou, sourd et confrontationnel actuel. Reprenant la suite du metalcore chuggy et syncopé, dans un héritage post-Emmure, la musique des Californiens plaira évidemment aux fans de Kublai Khan et Varials.

Ça a beau être de la musique pour manger du foin et qui refuse de ne pas être bourrine pendant plus de dix secondes, ça va chercher pas mal de choses différentes dans le jeu de guitare. J'irais pas jusqu'à dire que c'est technique, mais c'est parfois assez inventif et plaisant, comme sur « Blush Covered Bruise ». De façon générale, l'EP est assez habile pour apporter des variations et ne pas servir toujours la même soupe. Sur le morceau-titre, c'est un featuring bienvenu de Josh Mata de Skin Ticket qui vient créer de la variété.

Dans l'ensemble, c'est attendu pour le style, mais ça reste bien amené et tout à fait digeste. Donc si vous voulez varier des usual suspects, c'est une écoute intéressante pour sa durée et vous pourrez vous mettre à scander des phrases de haut potentiel comme « Always the first with the loudest opinion / Always the last motherfucker to spill your blood ».

 

 

Pas beaucoup de sorties, mais soyez rassuré·e·s, j'ai quand même fait le job de vous trouver deux-trois autres trucs à vous coincer sous les ratiches si jamais vous avez fini vos devoirs en avance : 

  • Je ne suis toujours pas client de la scène metalcore moderne (et ce n'est pas faute d'essayer), mais force est de constater que dans le genre, Silent Planet surnage très clairement. Leur nouveau disque, Superbloom, est une grande réussite, exigeant dans ses structures avec des instants de vraie brutalité (« :Signal: »). Malheureusement, il y a les refrains alternatifs en voix claire (« Superbloom ») et ça, ça ne passe toujours pas, notamment quand ils contrastent trop avec la partie metalcore, comme cette énervante voix murmurée sur « Nexus ».

  • Pour terminer l'année en beauté, le label Triple B a sorti le premier LP de Vantage Point. Du hardcore complètement mid-2000s à la Bane, très classique mais gavé de morceaux bien sentis avec du sing along et des riffs efficaces et lumineux. C'est surtout le cas pour « Slow to Fix a Feeling », beau tube qu'on image sans peine beugler en concert.

  • Rayon metalcore ascendant death metal, c'est Ballista qui mène le peloton. Le groupe texan, mené par la chanteuse River Elliott (que je mentionne dans le billet sur Cauldron) a sorti un EP bien bourrin porté notamment par les revendications trans, avec des gros breaks et des basses boostées. Nommé Trans Day of Violence, c'est un solide brûlot contre les réacs de tous bords. 

  • Les turbulents de Xibalba sont de retour avec un EP d'une grosse quinzaine de minutes. On y retrouve cette mixture de metalcore et de death metal poisseux et batailleur (le saint patronage Bolt Thrower), bien que la partie hardcore soit bien plus développée que sur leur dernier disque en date, Años en infierno. Le dernier morceau, éponyme, est particulièrement bon, avec son appel au break en espagnol. 

  • Pour celles et ceux qui aiment leur screamo quand il feule et crachote, Obroa-Skai vient de sortir son premier album. Le groupe a été fondé par des habitués-es de la scène canadienne, membres aussi de Mahria, Rayleigh mais surtout Kuroi Jukai dont on retrouve ici le goût pour le bruitisme. Les influences noise rendent le disque plus dense mais aussi fondamentalement plus intéressant, dans une scène qui tend parfois à la redite.  

  • Si vous aimez le New York hardcore mais que votre conscience écologique vous fait préférer les circuits courts, le groupe de hardcore / crossover straight edge allemand Spirit Crusher a sorti en novembre un deux-titres sur Triple B. C'est inventif, bourré de riffs et vraiment fun. Ils seront d'ailleurs de passage à Paris le 8 février en première partie de Magnitude, avec Seed of Pain et Temple Guard.  

  • NYHC toujours, les enfants chéris de Combust ont sorti eux aussi un deux-titres promo. Toujours bercé par la culture new-yorkaise et biberonné au thrash crossover, le hardcore de Combust fait mouche sans trop en faire (le riff de fin de « Dark Corners »). À noter une participation surprenante du rappeur Rome Streetz sur le premier morceau. 

  • Décidément, le NYHC se porte très bien car vous pouvez aussi vous pencher sur le premier long format de Cash Bribe. Grinçant et bruyant, l'album est porteur d'un hardcore assez métallique, aux riffs compacts (« Fossils ») et à la voix furieuse d'un dénommé Joe (« Life Is Devastating »). Malgré quelques petits apports mélodiques, ça ne vient pas révolutionner le style, mais c'est une agréable écoute pour lancer ou conclure votre journée.