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mardi 24 septembre 2019

Tomb Mold + Ritual Necromancy + Of Feather and Bone @ Bruxelles

Magasin 4 - Bruxelles

Matthias

Punkach' renégat hellénophile.

Depuis son émergence, le Death Metal fait preuve d’un élan créatif rare dans l'univers musical : même s’il y aura toujours des groupes qui préfèreront rester dans la droite ligne du style, d’autres explorent tous les sentiers possibles de l’expérimentation. Et pourtant, je ne me suis jamais vraiment senti à ma place dans cet univers. J’en écoute, de l’old school comme des compositions plus modernes, mais je n’ai jamais su exprimer ce qui faisait qu’un groupe de Death me plaisait ou non et, de manière générale, je suis plus à l’aise dans les recoins les plus sombres du Black Metal. Le passage de Tomb Mold au Magasin 4 pour la tournée Bestial Hymns of Infinite Forms, en compagnie de Ritual Necromancy et de Of Feather and Bone, c’était donc pour moi un quitte ou double musical, malgré le côté exceptionnel de cette tournée qui réunit trois grands noms du Death d'outre-Atlantique. Et bien finalement, je n'avais pas à m'en faire: ce fut une magnifique triplette de claques assénée par une main gantée de mailles !


Of Feather and Bone

Le trio venu de Denver ouvre la soirée pour un set court, car nous sommes en semaine et l’horaire se doit d’être carré, mais très intense. Le chanteur et bassiste AS double sa voix grave et puissante d’une réelle présence sur scène, tandis que le guitariste DG lui répond sur certains morceaux avec un growl plus aigu, plus Black oserais-je dire. Après une entrée en matière toute en brutalité, le tempo se ralentit quelque peu dès le riff lancinant et profondément malsain qui marque la moitié de Lust for Torment. La setlist fait la part belle au dernier album du groupe, Bestial Hymns of Perversion, c'est donc fort logiquement que le trio tribal du Colorado nous assomme ensuite avec le premier riff de Mockery of the Ascension, sorte de charge furieuse au goût de peyotl qui se transforme en un bad trip douloureux comme une descente d'organes, magnifiquement soutenue par la voix de DG, décidément lui aussi très en forme. Throne of the Serpent, implacable, termine d'acquérir à la cause du groupe un public déjà nombreux, preuve s'il en est que Of Feather and Bone n'est pas du genre à faire de la figuration pour la tête d'affiche. C'est un sans faute pour ce premier groupe, un peu court peut-être, mais le message a été largement assez martelé !

 

Setlist :

Repulsive Obscurity

Lust for torment

mockery of the ascension

throne of the serpent

sulphuric sodomy

pious abnormality

Resounding from the depths 8 hymn of Perversion


Ritual Necromancy

Pas le temps de se remettre les vertèbres en place que Ritual Necromancy ouvre un second front sur le champ de bataille. Le groupe de Portland commencera son set sur un son hélas un peu brouillon, mais qui sera heureusement vite corrigé. Encore une fois, on n'est pas là pour contempler la nature qui se fane avec l'arrivée de l'automne : le concert commence comme un cours d'anatomie en pleine guerre de tranchées. C'est brutal, un peu trop pour moi, mais Ritual Necromancy choisit aussi assez vite de nous faire déguster chaque shrapnel de son dernier album, qui laisse à mon sens plus de place aux deux guitares alignées sur scène que sur les compositions plus anciennes. L'enchaînement Command the Sigil et Dicarnate Machinations, deux morceaux de sept minutes chacun quand même, me fait totalement succomber, la tête la première dans les barbelés, avec son enchaînement de soli torturés qui planent sur une base rythmique solide. Le chant de JF (décidément, les initiales sont à la mode dans le Death étatsunien), peut-être moins varié que celui du vocaliste/bassiste précédent, du moins en live, se révèle quand même aussi solide et aussi implacable qu'un char d'assaut dont on aurait mal serré le frein à main. Le souffle du chanteur me laisse, moi, sans voix, tant il est capable de maintenir durant de très longues secondes la même note de growl. Un show indéniablement physique, bien que dans la fosse, ça ne suit qu'avec parcimonie les incitations à en découdre. Je n'en étais pas certain durant les premiers morceaux, mais au final, me voici conquis une seconde fois.

 

Setlist :

To Raise the Writhing Shadows

Fruting Bodies

Rites of Grave

Command the Sigil

Dicarnate Machinations

Consumating Crypts


Tomb Mold

Voici déjà la tête d'affiche de cette soirée courte mais intense. Avec un chanteur/batteur, la formation canadienne perd en présence sur scène, les trois manches alignés ne compensant pas le charisme manquant d'un vrai frontman. Il n'empêche que Max Klebanoff assure dans son double rôle en retrait, et sa voix résonne comme une prophétie venue d'au delà du système solaire, menaçante et oubliée depuis des éons. Tomb Mold paraît par contre un cran plus contemplatif, si l'on peut dire, que les deux groupes précédents. Si le public suit totalement, il lui manque peut-être un leader pour l'haranguer, mais la dernière offensive de la soirée reste celle d'une énième victoire. Aucune défense, pas même celle de ma méconnaissance du Death, ne peut résister longtemps à un tel déluge d'obus accoustiques !

 

Setlist :

Infinite Resurrection

Planetary Clairvoyance

Abysswalker

Blood Mirror

Cerulean Salvation

Accelerative Phenomenae

Vehement Indulgences

Final Struggle Of Selves


Au final, la tournée Bestial Hymns of Infinite Forms remplit tous ses objectifs, et les trois groupes parviennent à rallier tant les vétérans du Death que les bleus tels que moi avec leurs nouvelles cartouches désaprouvées par la Convention de Genève. Un sans faute brutal et sans pitié, pour lequel le Magasin 4, avec son équipe rodée et son infrastructure inégalable sur Bruxelles, fait office de champ de bataille idéal. Voici trois groupes pour qui je me déplacerai à nouveau avec plaisir, malgré mes tergiversations premières.

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