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Album

25 décembre 2023 - Michael

Children of Bodom

A Chapter Called Children of Bodom

LabelSpinefarm
styleDeath metal mélodique
formatAlbum
paysFinlande
sortiedécembre 2023
La note de
Michael
5/10


Michael

Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.

La guitare Jackson Stars RR-J2SP qui trône fièrement dans le décor de notre émission mensuelle ne trompe personne ; elle est l’un des plus grands témoignages de l’amour que j’ai pu porter à Children of Bodom pendant de nombreuses années. Comme tout apprenti guitariste fan de mélodeath au début des années 2000, les partitions des titres de Follow The Reaper et de Hatebreeder étaient mes lectures de chevet ; le live Tokyo Warhearts mon écoute principale pour déceler les moindres détails et nuances de compositions maîtrisées sur le bout des doigts.

Naturellement, pour tous les amoureux des natifs d’Espoo, la mort d’Alexi Laiho a été un choc important, même si l’on pouvait s’y attendre. La raison ? Une addiction à l’alcool devenue manifeste. Je me rappelle encore avoir attendu le groupe avant son entrée à Bercy lors du Unholy Alliance de 2006. Il était 15h quand Laiho est sorti du tour bus. Alors que tous les autres membres arboraient un beau sourire et une certaine fraîcheur, lui sentait déjà bon l’alcool. De la veille ou du matin, qui sait.

Alors quand aujourd’hui, interview après interview des membres de feu-Children of Bodom, on apprend que Laiho était alcoolique et qu’il refusait, en toute connaissance de cause, de s’occuper de son addiction – à s’en détruire et à prendre plus ou moins à la légère son sort inéluctable – on comprend encore mieux le sort dramatique du leader charismatique et sa perte évidente de précision en live. Comparez son jeu live entre la période 2000-2010 et celle postérieure ; j’ai souvenir de m’être arraché plus d’une fois les cheveux en voyant le groupe sur scène. Les beaux passages de « Downfall », l’introduction de « Lake Bodom », les licks majestueux de « Silent Night Bodom Night » … ? Une harmonique artificielle et un coup de floyd en guise de cache misère, et terminé. La raison ? Certainement l’alcool, la perte d’envie et, manifestement, d’après les dires des autres membres du groupe, un Laiho qui avait plus ou moins cessé de s’échauffer et de tout simplement travailler son instrument depuis des années.

Avec le recul et ces révélations, on pourrait apprécier l’évolution de la musique du groupe d’un autre oeil, mais tel n’est pas l'objet de cet écrit. Cette longue introduction me semblait nécessaire car, au fond, on retrouve tout cela dans ce live intitulé « A Chapter Called Chidlren of Bodom » tiré de leur dernier concert à Helsinki en décembre 2019. Alors qu’une ultime tournée mondiale de fin du groupe avait été imaginée (qui aurait été saccagée par le Covid, de toute façon), c’est finalement cette unique date que le groupe laissera comme adieu.

Et ce live est malheureusement à l’image de ce que feu Laiho était sur scène avant son décès. Tout y est un peu brouillon, déjà. Le jeu de Laiho est loin d’être exempt de tout reproche ; il en va de même de la section rythmique par Daniel Freyberg qui, sans être la boucherie que pouvait être celle d’un Roope Latvala rarement sobre sur scène, est loin de la précision du regretté Alexander Kuoppala. Tout y est trop rapide, ensuite. Comme si la seule façon de mettre une mandale au public était d’accélérer les BPMs, le groupe met clairement à mal des titres comme « Bodom Beach Terror » ou « Angels Don’t Kill » avec un tempo beaucoup trop rapide qui en dénature la puissance.

En dépit d’une setlist assez équilibrée retraçant plus ou moins toute la carrière du groupe, on peut regretter la présence de titres franchement médiocres comme la purge « Shovel Knockout » ou bien encore « I Worship Chaos ». Pour un dernier concert, on aurait pu s‘attendre à une setlist plus élaborée, même si la présence de « Deadnight Warrior » fait plaisir. Là encore, le sentiment qui ressort de ces choix n’est pas très naturel. Il n’y a d’ailleurs pas tellement de cohérence dans les enchaînements. Comme si le groupe, conscient d’être arrivé au bout d’un processus et de ne plus être drivé par une quelconque envie, avait pondu un concert histoire de ne pas laisser les fans sans rien ; presque à contrecœur. Service minimum.

À la vérité, cet album live souffre de travers déjà constatés dans le précédent album live du groupe (Chaos Ridden Years), mais en accentués. Et cela me peine d’autant plus que c’est là la dernière trace d’un groupe majeur de la scène metal européenne, et celle d’un homme qui, malheureusement, n’aura jamais réussi à vaincre ses démons.

Cet album live n’est certainement pas le dernier souvenir que je souhaiterais garder de Laiho et de sa bande. Je me rappellerai plutôt de « Bed of Razors » jouée à l’Elysée Montmartre en 2009, de « Bodom After Midnight » qui m’avait séché dans cette même salle en 2006, du « Kissing the Shadows » au Zénith de Paris en 2013 ou bien encore de leur live incroyable au Summer Breeze 2010. Et si ma mémoire venait à faire défaut et la musique du groupe à me manquer, j’irai me plonger corps et âme dans le meilleur live du groupe : le Tokyo Warhearts.

Plutôt que de me donner envie de célébrer un groupe que j’ai toujours adoré, il me file plutôt le bourdon cet album live, en réalité. Allez, repose en paix, l’artiste.

Tracklist:
1. Under The Grass Clover
2. Platitudes And Barren Words
3. In Your Face 
4. Shovel Knockout
5. Bodom Beach Terror
6. Everytime I Die 
7. Halo Of Blood
8. Are You Dead Yet?
9. Blooddrunk
10. Worship Chaos
11. Angels Don't Kill
12. Follow The Reaper
13. Deadnight Warrior
14. Needled 24/7
15. Hate Me
16. Hate Crew Deathroll
17. Lake Bodom
18. Downfall

 

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