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mardi 17 octobre 2023

Soen + Molybaron @Paris

Elysée Montmartre - Paris

Michael

Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.

Le programme de ce dimanche 15 octobre 2023 était chargé à Paris. Un quart de finale de coupe du Monde entre la France et l’Afrique du Sud sur tous les écrans, un concert de Pain et Ensiferum à quelques encablures de l’Elysée Montmartre ou bien encore Larkin Poe à l’Olympia. Alors forcément, en dépit d’un dernier album qui a mis tout le monde d’accord, le concert de Soen était loin d’afficher complet.

Pour autant, accompagnés des Franco-Irlandais de Molybaron et des Italiens de Terra, le groupe suédois aura donné un concert quasi-irréprochable aux irréductibles gaulois présents dans cette salle que l’on ne présente plus, mais dont on aime toujours rappeler à quel point elle est exceptionnelle.

 

Molybaron

Après une mise en bouche très rythmée avec Terra et des balances d’une extrême rapidité, Molybaron débarque sur scène sans trop de fioritures. Pas fondamentalement friand de la musique du groupe sur album, difficile de faire la fine bouche en live. Déjà, parce que comme souvent sur scène, la musique prend une dimension résolument plus agressive. Ensuite parce que l’on apprécie toujours les artistes qui maîtrisent leurs instruments dans un tel plateau ; à ce titre, Florian Soum, nouveau dans la formation et guitariste de son état, et surtout Sébastien de Saint-Angel, à la basse, sont particulièrement plaisants à entendre et à voir jouer. Ce son de basse est un petit délice.

Alors forcément, il vous faut aimer ce timbre de voix si original – si Irlandais, en réalité – de Gary Kelly. Mais si tel est le cas, vous êtes vite pris par une énergie communicative, par ce zeste de technicité sans en faire trop que l’on apprécie souvent dans les groupes aux relents prog’. Avec un dernier album (Something Ominous sorti le 15 septembre dernier chez Inside Out Music) très bien représenté dans la setlist du soir, le public parisien a eu le droit à un show résolument intense et mélodique.

De toute évidence, les locaux de l’étape ont été très bons ce soir. Les mouvements de têtes du public sur « Breakdown » et « Incognito » ont dû conforter le groupe sur le fait qu’ils sont plus que sur le bon chemin, tant sur leurs prestations sur scène que leur travail en studio.

Setlist :
Something Ominous
Set Alight
Twenty Four Hours
Animals
Something for the Pain
Breakdown
Lucifer
Vampires
Incognito

 

Soen

Réussir à me faire rater une partie d’un quart de finale de coupe de Monde de rugby joué par la France, ce n’est pas commun. Il faut dire que Soen a enchaîné les albums de très haut vol, avec notamment ce Memorial sorti il y a quelques semaines et qui regorge de pépites. Aguiché par une prestation très juste au Motocultor cet été, pour rien au monde je n'aurais raté la bande à Joel Ekelöf. Et grand bien m’en a fait.

Je ne vais pas vous livrer le récit de chaque titre joué ce soir, ce serait bien trop long et pénible. Mes impressions, de toute façon, sont limpides : le groupe a encore franchi un nouveau cap avec ce dernier album. Musicalement, évidemment, mais aussi sur scène. Pour un groupe aussi mélodique, ils ne sombrent pas dans les écueils souvent constatés ; pas de mouvements trop clichés, rien n’est too much. La scène est d’ailleurs réduite à son plus simple appareil : un fond de scène divisé en deux avec la batterie de Martin Lopez d’un côté, le clavier du second guitariste, Lars Åhlund, de l’autre.

A noter tout de même, un Joel qui semble s’aider d’un prompteur pour les paroles. Les regards insistants vers une sorte de console à côté du retour micro m’ayant mis la puce à l’oreille. Rien de blâmable, si cela était avéré, les raisons pouvant être multiples. Mais il est évident que cela a eu parfois tendance à limiter ses mouvements sur scène.

Là où le groupe a fait mal ce soir, c’est surtout la setlist. Le groupe nous avait fait part dans l’interview réalisée au Motocultor qu’ils étaient toujours dans une recherche d’équilibre ; recherche portée par une volonté de mettre en avant une sorte de panorama de ce que le groupe sait faire sans basculer dans un set trop doux et mélodique ou trop énervé. Et autant dire que le groupe a pleinement réussi son pari ce soir, même si le choix opéré fera grincer des dents les fans de Likaya et Tellurian. 5 titres de Imperial, 5 titres de Memorial, 4 titres de Lotus et 2 de Cognitive.

Le groupe a ainsi balayé une grande partie de sa discographie récente, en laissant de côté deux albums complets. Un choix en réalité judicieux, tant l'équilibre de la setlist a été bon, mais aussi un choix manifestement adoubé par le public. Soen a en effet poussé le plaisir en organisant un petit vote façon canton suisse entre « Jinn » (de Likaya) et « Lunacy » (de Lotus) pour l’avant-dernier titre, et c'est ce dernier titre qui a remporté haut la main le suffrage.

Avec un son excellent (même si l’on aurait aimé un peu plus de puissance pour les guitares, parfois un peu écrasées par la voix de Joel), une setlist des grands jours, Soen ne nous a pas menti en nous invitant à venir les voir sur scène dès que possible.

En dépit d’un Elysée Montmartre loin d’être plein, on aura pleinement apprécié un des groupes de prog ayant le plus le vent en poupe. Un groupe qui a tout compris, en somme, à savoir le fait de proposer une musique pleine d’émotions sans être pompeux (ce break sur « Memorial » qui humidifie un peu les yeux), dotée de la juste quantité de riffs et de soli pour nous emmener ailleurs le temps d’une écoute, d'un concert. On peut d'ailleurs féliciter le groupe d'avoir mis la main sur Cody Ford (guitare) et Oleksii “Zlatoyar” Kobel (basse), lesquels apportent beaucoup.

En plus d’être le meilleur groupe de bedroom metal du Monde, Soen est incroyablement sympathique et communicatif sur scène. C’est donc un grand oui, à tous égards. Et c'est à la suite d'un « Violence » d'une intensité folle que le groupe s'en est allé sous un tonnerre d'applaudissements, dont ceux de votre bien dévoué.

Setlist :
Sincere
Martyrs
Savia
Memorial
Lascivious
Unbreakable
Deceiver
Ideate
Monarch
Fortress
Illusion
Modesty
Lotus
Antagonist
Lunacy
Violence

Un grand merci à Roger de Base Productions, à Olivier Garnier et à l'Elysée Montmatre.

Photos