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vendredi 24 mars 2023

Cannibal Corpse + Dark Funeral + Ingested @Paris

Elysée Montmartre - Paris

Michael

Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.

Ce mercredi 22 mars 2023, le programme était chargé pour les parisiens. Une date très attendue de Cult of Luna à l'Olympia - pour les gens intelligents et émotifs - et une date tout aussi attendue de Cannibal CorpseIngested, Stormruler et Dark Funeral à l'Elysée Montmartre, pour les gens bas du front comme moi. Retour sur cette soirée de qualité qui aura coûté plus cher en kiné qu'en ticket.

 

Ingested

Quel plaisir de revoir les Anglais sur les planches ! Bien qu'ayant jeté une oreille attentive à la discographie du groupe - un death metal moderne un peu groovy - par le passé, je n'ai poussé la curiosité de les voir sur scène que l'an dernier, au Hellfest. Et je n'étais manifestement pas le seul à les découvrir en live à cette occasion. Un regret, en somme, tant j'avais été saisi par le charisme de son frontman, Jason Evans, qui assure avec brio son rôle de maître d'orchestre. Et c'est de nouveau l'impression qui va ressortir de cette prestation.

Les Anglais ont offert au public parisien une prestation solide, jamais too much comme le death moderne tend parfois à nous offrir. Que l'on adhère ou non à leur musique, difficile de contester cette combinaison de talent, de modestie et d'efficacité. Le groupe joue la carte de l'honnêteté et de la proximité, Jason Evans n'étant pas avare de mots pour le public. Rien de théatral, donc, ce qui pourrait vite gonfler lorsqu'il s'agit de death un peu brutal. Porté par un son très correct et un jeu de lumière sobre mais idoine, le groupe a parcouru ces différents albums dans un set passé à toute vitesse. Mention spéciale pour le titre « Echoes of Hate », issu de leur excellent dernier album Ashes Lie Still sorti en 2022 chez Metal Blade Records, qui rend parfaitement en live ; on retrouve cette subtile combinaison « signature » de passages mid tempo et de passages plus rentre-dedans bourrés de blast. Une première partie comme on les aime, à savoir celle qui nous fait regretter de ne pas les voir plus longtemps, en attendant une date en tête d'affiche.

Setlist :
Rebirth
No Half Measures
Shadows In Time
I, Despoiler
Impending Dominance
Invidious
Echoes of Hate

 

Dark Funeral

Les affiches patchwork - comme je les appelle - qui mélangent des groupes avec des styles bien différents ont toujours eu lieu. Simplement, parfois, des styles bien différents peuvent en réalité toucher un seul et même public. Ce soir, difficile de trouver des points communs entre des groupes de death / brutal death et le black metal tout ce qu'il y a de plus traditionnel offert par Dark Funeral. Pas un frein en soi, mais il est amusant de voir qu'à la fin du show des Suédois une partie de la salle s'est vidée, le show étant nettement plus aéré pour la prestation de Cannibal Corpse. Comme quoi !

Quoi qu'il en soit, j'avais envie de voir le groupe dont je n'avais plus croisé la route depuis 2010, lors d'une prestation correcte du côté du Summer Breeze, date qui était alors la dernière avec Emperor Magus Caligula au chant (même si celui-ci est finalement revenu quelques années plus tard pour refaire une pige). L'envie de voir le groupe dans sa nouvelle mouture et après quelques sorties remarquées (surtout le dernier album, sorti en 2022) avait aiguisé ma curiosité.
 

Le premier constat que l'on peut faire est qu'avec un son excellent et des lights adaptées à leur musique, le groupe a toujours ce charisme naturel sans pour autant forcer son talent. Agréablement surpris par Heljarmadr, aussi, qui parvient à saisir l'auditoire en dépit du peu de discussions avec le public - le genre veut cela, aussi -, et de mouvements très limités sur scène - à l'instar des autres membres du groupe. C'est tempérant sur toute la ligne. Et je pense que c'est précisément la recette de la réussite pour nos amis suédois : éviter autant que faire se peut de tirer sur les clichés du genre ; les tenues en cuir, croix renversées et autres accessoires à clous venant déjà remplir la coupe à ras-bord. 

Pour autant, difficile d'écarter le second constat qui est celui que Dark Funeral représente aujourd'hui - entre autres - une vision un peu désuète du black metal, peinant à se renouveler tant sur le fond que sur la forme. Un tout qui sent un peu le réchauffé si vous n'êtes pas un nouveau venu dans la scène. Cela ne semble pas pour autant réduire leur cote de popularité : c'est devant une foule compacte et bien plus acquise à leur cause que je ne l'imaginais que le groupe va égréner sa setlist, en faisant clairement la part belle aux deux derniers opus que sont We are the Apocalypse et Where Shadows Forever Reign. Pas sûr que cela plaise aux fans old school du groupe ; mais le public parisien ne leur en a manifestement pas tenu rigueur, vu la ferveur du soir.

Un show plaisant bien qu'assez convenu et, surtout, en décalage avec les autres groupes présents sur l'affiche.

Setlist (approximative) :
We are the Apocalypse
My Funeral
The Secrets of the Black Arts
When I'm Gone
Nail Them to the Cross
Unchain My Soul
Let the Devil In
Where Shadows Forever Reign

 

Cannibal Corpse

Il y a deux types de fans de Cannibal Corpse. Les fans premier degré, qui sont hyper friands de cette musique rapide, brutale portée par un son de guitare qui s'apparente plus à celui d'une tronçonneuse Husqvarna qu'à une six cordes. Et il y a les fans second degré, dont je fais partie, qui apprécient les Floridiens pour ce qu'ils nous offrent : un show sans aucune finesse et, à la vérité, sans neurones actifs, mais cathartique à souhait. Je n'écoute quasiment jamais le groupe sur CD mais j'ai toujours un immense plaisir à les voir en live.

Côté show, rien n'a changé depuis les années 2000. Zéro effort de présentation (un back drop et basta), zéro effort quant à l'arrivée sur scène (ils débarquent alors qu'il y a encore des roadies qui installent du matos), zéro effort dans la communication (les mêmes blagues depuis 2005)... Là où d'autres piliers du genre comme Suffocation jouent sur un show massif porté par un frontman au look patibulaire et des lights dynamiques, Cannibal Corpse joue toujours la carte d'une certaine nonchalance. On va vous parler de meurtre, d'évisceration et d'autres joyeusetés mais comme si on était entre potes dans un garage. C'est difficile de retranscrire le sentiment que l'on a en les voyant sur scène, mais l'absence totale d'effort de présentation est frappante. Et pourtant, ça marche !

Dès les premières notes de « Scourge of Iron », les premiers slammeurs de la soirée arrivent - le public aura été relativement calme, d'ailleurs. La faute, peut-être, à une setlist en mode panachage puisque le groupe a globalement joué un titre de chacun de ses albums, à l'exception de Gallery of Suicide et de Gore Obsessed qui n'ont pas été représentés. Or, de toute évidence, le public était massivement présent pour écouter les titres des albums pré-2009 ; en témoigne l'accueil assez mitigé des titres comme « Kill or Become » ou ceux du dernier opus. Assez étonnant tant un titre comme « Inhumane Harvest » est excellent en live comme sur CD.

Qu'importe, tant la prestation des Américains fut solide. Je n'avais pas revu le groupe depuis le départ - forcé, et pour cause - de leur guitariste Pat O'Brien et je dois dire que le nouveau venu Erik Rutan (ex-Morbid Angel, Hate Eternal) vient apporter un peu plus de dynamisme sur scène. N'oublions pas, quand même, que les gonzes ont tous plus de 50 balais et que, forcément, ça se ressent un peu, même si le groupe n'a jamais été réputé pour ses mouvements. Un peu de sang neuf fait donc du bien.

Et c'est après un triptyque final tout en finesse (« A Skull Full of Maggots » / « Stripped, Raped and Strangled » / « Hammer Smashed Face ») que Cannibal Corpse quitte la scène comme il est arrivé, sans fioriture ni cérémonie. Une prestation solide, propre. Rien d'original, donc, mais on pouvait s'y attendre avec eux. Et même si l'on ressort d'une telle date avec encore moins de neurones qu'en arrivant, il y a toujours un petit goût de reviens-y.

Setlist :
Scourge of Iron
The Time to Kill is Now
Inhumane Harvest
Code of the Slashers
Fucked with a Knife

The Wretched Spawn
Gutted
Kill or Become
I Cum Blood
Evisceration Plague
Death Walking Terror
Condemnation Contagion
Unleashing the Bloodthirsty
Devoured by Vermin
A Skull Full of Maggots
Stripped, Raped and Strangled
Hammer Smashed Face

Tous nos remerciements à Garmonbozia, à l'Elysée Montmartre et aux groupes.

Photos