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lundi 5 février 2018

Sale Freux + Anus Mundi + Edremerion - Lille

Le Midland - Lille

Schifeul

Dans l'équipe car il était là avant.

Sale Freux Lille

 

Toujours aussi productif et à l'affût pour nous proposer des affiches metal extrême bien achalandées, Ondes Noires Lille commence son année 2018 avec une affiche pas piquée des vers. Voyez plutôt : le black metal malsain d’Anus Mundi, accompagné des Lillois d’Edremerion avec en tête d’affiche l’encore trop rare Sale Freux ! Les p'tits mecs ne se foutent pas de la gueule du monde.

Edremerion

La soirée commence donc avec les locaux d’Edremerion, que je connais depuis pas mal de temps, le groupe existant depuis 2009. Mais ils semblent réellement décoller avec leur dernière monture de line up et la sortie de leur EP Trou Noir Metal (Verschlimmbessern) en 2015 . Depuis, le groupe a engrangé pas mal d’expérience via quelques dates stratégiques en première partie (Zeal & Ardor, Nightbringer, DØDHEIMSGARD) ou encore une tournée française/Benelux avec Hats Barns.

Maquillage noir recouvrant leurs parties du corps visibles, hormis pour une grosse bande mauve verticale leur barrant le visage, Edremerion entame son set sur le Mort de Froid justement issu de leur dernière sortie. Mené au chant par Peb, qui officie aussi dans SunStare, Edremerion va ensuite enchaîner les titres plus récents devant une salle déjà quasiment comble (on frôlera ce soir le sold out, sans jamais l’atteindre). Dans les moments forts qui auront commencé à faire se bouger quelques culs, on relèvera les très dansant Deûle et Déchets Nés, puis surtout Ambre Gris et son riff complètement fou.

Après plus de 50 minutes de set, la formation de black metal lilloise laisse la place à la suite avec le sentiment du travail bien fait

Mort de Froid
Deûle 
Lèpre 
Ambre Gris
Déchets Nés
...mais les étoiles ne sont pas pour l'homme

Anus Mundi

On passe à une atmosphère bien plus viciée avec Anus Mundi. J’avais déjà eu l’occasion de voir le groupe dans un squat à Bagnolet en première partie de Diaspsiquir en 2011, ou un truc du genre. Par contre, hormis le souvenir un peu flou qu’à un moment le chanteur a balancé des organes de lapin ou chépakoi, je ne me rappelle plus de grand chose.

C’est donc le moment de se rattraper avec ce concert qui débute sur À Nœud Coulant de Louis-Ferdinand Céline pour déboucher sur Traité de Bave et d'Eternité. Cette première partie du set sera d’ailleurs totalement dédiée à leur dernière cassette, Sic Reflorescent, et se termine donc par une reprise toute personnelle du Je suis un Soir d’été de Jacques Brel. Si les musicos font le taff, c’est bien Vestal, complètement possédé, qui attire tous les regards. Le chanteur vit ses paroles et se déchaîne tellement sur scène qu’il en fait vite tomber sa veste, laissant ainsi découvrir son corps parsemé de cicatrices.

On revient ensuite sur My Sister is Tasty avec le titre hommage à Naomi Tani ainsi que Betail Humain avant qu’Anus Mundis ne close son set sur Le feu reviendra. Ce final tout en puissance verra même Vestal se jeter dans le public afin d’en remuer quelques uns tout en vomissant ses dernières paroles. Il ne reste plus qu’à Anus Mundi à quitter la scène, laissant soin aux larsens de nous vriller une dernière fois les oreilles

Traité de bave et d'éternité
Les offrandes molles
Arme soeur 
Je suis un soir d'été (Brel cover)
谷直美への経緯の印             
 Bétail Humain 
Le feu reviendra

Sale Freux

Février 2015, Sale Freux donnait son tout premier concert avec une date au Klub à Paris. Petit événement dans le milieu comme le prouvait la salle, pleine comme un œuf, dont certains participants venaient de très loin (genre, New-York). Faut dire, beaucoup de monde présent ce soir-là pensait que ce serait sûrement la seule occasion de voir Dunkel mettre sa musique en live. Ce qui, d’ailleurs, a bien failli être le cas, car les dates prévues par la suite furent annulées d’un coup, le Sale Freux refusant désormais d’agiter ses plumes sur scène (le Goncourt ou rien). Mais voilà, tout a changé, Dunkel s’est entouré d’un nouveau line up et donne à nouveau des concerts. Nous voilà donc 3 ans plus tard et après une première tentative avortée, Sale Freux passe enfin par la capitale des Flandres.

Les lumières s’éteignent et un bruit de pluie s'élève dans la salle, rapidement rejoint par des croassements de corbeaux. Puis d’un coup, les hostilités sont lancées par le cri déchirant qui entame Edelweiss et une heure de black metal rural et rance. Aidés par un son très bon (même si peut être un peu trop de basse au départ), les différents morceaux de Sale Freux vont s’étaler sur le public, leurs ambiances prenant au nez comme des vapeurs de vinasse âcre. Mais celui qui porte le concert, c’est bien Dunkel, toujours impressionnant de par ses vocalises, qui désormais a chaque doigt de sa main droite orné d'une plumes de corbeau. Si de loin l’effet est plutôt plaisant, de près, on voit clairement le scotch qui sert au maintien. Ce qui fait clairement cheap si vous voulez mon avis. Faudrait qu’il récolte des tips auprès d’une cosplayeuse pour harmoniser le truc. Non, allez, on va arrêter d'être médisant, couplé à son corpspaint et ses croassements, l’idée est plutôt intéressante visuellement.
 
Le public, lui, est complètement dedans, s’abandonnant totalement aux titres joués ici. Si la part belle est faite à L’Exil (rien de Crèvecoeur, dommage !), c’est bien Vogue la Galère et son sample des Noces Rebelles qui retourna le plus les tripes ce soir. Malheureusement, malgré tout le bien que je peux dire du concert de ce soir, et Dieu sait qu’il fut excellent, je ne retrouve pas la magie du premier concert parisien ( faut dire qu'avec son sold out et son public survolté, la comparaison aurait eu du mal à tenir), mais il n’est pas pour autant en reste avec quelques fans qui haussent le niveau de jeu lillois en se scarifiant par exemple. Quand je dis que le spleen de la musique de Sale Freux rend particulièrement bien en live…

Juste après un formidable pétage de plombs de Dunkel à base de “je vais vous en donner du black metal de merde” et de claquage de micro sur le sol, Sale Freux lance ses derniers croassements dans le long Rat des Champs qui clôt le concert.

On pourrait être un peu chagrin de l'absence de Santé Nom de Freux, car ce titre aurait foutu un beau bordel dans le Midland. Mais justement, la présence de ce titre aurait aussi justement installé, même si ce n’est que pour un court instant, un esprit de fête. Cela n’aurait pas forcement été de bon aloi au milieu de toute cette mélancolie et haine déversée dans nos oreilles. Alors qu’au contraire, nous avons là un concert homogène et cohérent sur le plan émotionnel. Puis, d’un autre côté, Dunkel serait bien du genre à virer ce titre de la set list juste pour envoyer chier ceux qui ne connaissent que celui-là.

Edelweiss
Freux follet
Averse de plumes 
Vogue la galère 
Un saule 
Funèbre ente 
Rat des champs

Un public qui a fait le déplacement, trois excellentes prestations dont un concert de Sale Freux qui prouve tout de même le potentiel live du groupe. Encore une soirée réussie pour Ondes Noires ! En ce qui me concerne, je suis désormais plus qu’impatient de revoir le sale corbac lors du Venom Fest !