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mardi 21 novembre 2017

Tyrant Fest 2017 - Jour 2

Le Métaphone - Oignies

Team Horns Up

Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.

Florent : De retour sur le site du Métaphone après une première journée plutôt courte pour ma part, mais qui m'a au moins permis d'apprécier la qualité de la salle, c'est l'occasion au vu de l'horaire d'ouverture tardif de celle-ci (16h) de découvrir l'autre facette du Tyrant Fest : l'annexe, ouverte dès 14h. Avec projection dès 14h30 du fameux documentaire « Bleu Blanc Satan », réalisé par Noisey et qui s'intéresse aux origines de la si typique scène black metal française. Intéressant, a priori. Reste que le documentaire, aux allures de Strip-Tease du black, ne me convainc pas vraiment, le manque de remise en contexte ou de variété dans les intervenants amenant parfois un côté comique certainement non voulu mais qui ne déconstruira certainement aucun cliché lié au style.

Reste que l'idée de diffuser durant le festival l'un ou l'autre documentaire lié au metal (black metal en particulier) est particulièrement bonne et tellement simple qu'on se demande pourquoi ce n'est pas plus souvent fait ; la salle remplie confirme que le public adhère au principe de se poser devant un film entre deux concerts – ce qu'on avait déjà pu constater au Brutal Assault ...

THE ORDER OF APOLLYON

Florent Le premier concert du jour est celui d'Order of Apollyon, groupe emmené par B.S.T. qui est surtout connu pour son travail au sein d'Aosoth où il se charge de la majorité de la composition. Il officie ici dans un black/death plutôt classique mais particulièrement bien torché et étale à de multiples reprises toutes ses qualités de soliste tout en se chargeant également du chant. C'est assez clairement taillé pour le live, comme le montre bien le puissant Hatred over will, mais ça manque peut-être d'un petit quelque chose pour tenir l'audience en haleine jusqu'au bout. Pas grand chose à y redire toutefois !

 

Interlude culinaire habituel et attendu de tous : oui, au Tyrant Fest, il y a A MANGER. Mieux, il y a même à manger vegan, et comme souvent en festival, c'est nettement meilleur que tout le reste. A croire que ces salauds veulent tout faire pour que nous autres carnistes remettions nos idées en question... et vu la file systématiquement plus longue devant le stand de burgers veggie, on dirait que ça marche. Soulignons au passage le choix de bières plutôt intéressant dans la salle et les prix qu'on qualifiera de « dans la norme », ce qui est déjà bien – mais avec de l'eau à 1 euro, ce qui est appréciable.

DELUGE

Florent : En parlant d'eau, c'est donc l'heure de Déluge. Passons sur cette transition digne du JT de TF1 pour entrer dans le vif du sujet : l'album Aether de Déluge, au-delà de sa pochette folle, ne m'avait pas forcément tant interpellé à l'époque de sa sortie même si j'y reconnaissais une personnalité forte, ce qui manque parfois aux groupes du label LADLO. Et dès les premières notes du set, c'est tout bonnement la claque. Si les subtilités de la musique de Déluge ne sont pas forcément perceptibles à la première écoute sur album, paradoxalement, elles sont saisissantes en live (alors que l'inverse est nettement plus fréquent) : les lignes mélodiques d'Appâts et de Naufrage frappent en plein coeur de la tempête, qui est à la fois sonore et visuelle. Le jeu de lumières, particulièrement épileptique, suit le rythme fou de la batterie de Benjamin Marchal, infatigable à la double ; épuisant, mais jouissif. L'alternance entre plages plus atmosphériques, renforcées par ce fameux sample permanent de pluie tombant à verse (mieux vaut passer aux toilettes avant un concert de Déluge), et moments d'agression pure (le ravageur Avalanche, le passage central typé black de Mélas-Kholé) fait que sortir du concert est presque impossible, même en étant confortablement installé dans les gradins. Déluge était peut-être le projet LADLO sur lequel je m'étais le moins penché ; cours de rattrapage martelé à grands coups de poings dans la tronche au fond de ma caboche, je ne les lâcherai plus.

BLISS OF FLESH

Nostalmaniac : Venu défendre leur dernier album « Empyrean », Bliss of Flesh a pris du galon depuis la dernière fois que j'ai pu les voir (.. en 2010 à Lille !). Ce n'est pas le premier groupe qu'on citerait instinctivement en parlant de Black/Death français mais il faut bien avouer qu'ils n'ont jamais retourné leur veste. L'inamovible Necurat est imposant derrière son micro au pied étrange en fer forgé et il peut s'appuyer sur un lineup resté stable depuis les débuts. Néanmoins, un nouveau guitariste fait son baptême du feu : Victus Bliss qui remplace Pandemic. La machine Black/Death est bien huilée avec un riffing plus affuté que jamais et une double ravageuse. Bliss of Flesh tape là où ça fait mal. Un poil linéaire mais terriblement efficace. 

REGARDE LES HOMMES TOMBER

Florent Comme Déluge, Regarde les Hommes Tomber donne au Tyrant Fest le dernier concert d'une longue série entamée en 2015 en soutien à leur très costaud album Exile. Pour autant et malgré leur présence un peu partout depuis deux ans, c'est la première fois que je vois les Nantais, qui se sont taillé une solide réputation live. RLHT est probablement le représentant le plus éminent de ce « post-black à capuches » qui fleurit pour le moment et fait son beurre au vu du succès de cette édition du Tyrant Fest ; l'affluence devant cet avant-dernier concert en fait même avec du recul la tête d'affiche « officieuse » du week-end. 
Le moins qu'on puisse dire, c'est que c'est mérité : RLHT en live, c'est la branlée. Dès A Sheep Among the Wolves, on est happé. Plus foncièrement black qu'un Déluge au sein duquel les influences hardcore sont bien présentes (notamment dans l'attitude), la musique de RLHT a des allures de mur de son. Le final saccadé d'A sheep among the wolves  entame le travail de destruction, prolongé par les très puissants ... To take us  et Embrace the Flames, tous deux tirés d'un Exile qui a vraiment fait passer le groupe dans une autre dimension. Ne connaissant pas le premier opus éponyme, je me contente de prendre de plein fouet un concert que vit à fond le vocaliste, Thomas. L'attitude du groupe est d'ailleurs plus « ouverte » qu'habituellement pour cette mouvance post-black généralement plutôt distante. Il faut dire que l'accueil du public, à l'exception d'une poignée d'ahuris avinés qui parlent bien fort pendant les interludes, est à la hauteur du concert et de cette conclusion de tournée ! Peut-on espèrer un nouvel album pour 2018 ?

BATUSHKA

Florent : C'est la troisième fois que je vois Batushka et je ne m'attendais franchement pas à les retrouver à l'affiche de ce Tyrant Fest. Les Polonais sont la hype du moment, mais me paraissent un peu en décalage avec le reste de l'affiche ; reste qu'on ne peut pas en vouloir à l'organisation pour leur ajout de dernière minute. Déception toutefois de ne pas voir AmenRa ce week-end ... d'autant qu'il faut le reconnaître, même pour l'amateur du groupe que je suis : Batushka en live, c'est à voir ... une fois. Mon expérience du Eindhoven Metal Meeting avait été excellente, celle du Brutal Assault nettement moins frappante (sans être mauvaise) ; cette fois, le show n'ayant tout bonnement pas été remanié depuis les débuts du groupe, je me suis plutôt ennuyé. Le décorum et la mise en scène paraissent plus cheap au fil du temps, les pains sur des passages plutôt simples (et ce dès Yekteniya I!) font grincer des dents et si certains morceaux (Yekteniya III, Yekteniya V) font toujours mouche, on se dit qu'il va être grand temps pour Batushka de sortir un second opus et de varier le propos ... au risque de disparaître aussi vite qu'ils sont venus. Semi-déception donc, malgré un son cette fois au poil (une constante ce week-end pour les concerts auxquels j'ai assisté).

Nostalmaniac « Combien de temps la mascarade va t-elle durer encore ? », c’était la question qui concluait mon dernier report de Batushka au Brutal Assault. Je ne m’attendais pas à les revoir mais voilà : les Polonais deviennent le groupe que tu vas te farcir sans forcément le vouloir car les organisateurs savent que ça attire du monde. Je ne jetterai donc pas la pierre à l’organisation qui devait trouver vaille que vaille une nouvelle tête d’affiche qui puisse fédérer. Une mission délicate, donc. Alors non, je ne veux pas m’acharner sur Batushka et ne changerai pas une seule virgule à ce que j’ai déjà pu dire. Histoire de distribuer quelques bons points, il faut admettre que je ne les avais jamais vus en salle et niveau son c’est bien plus « puissant » qu’en festival. Exit la batterie Playskool du Brutal Assault mais sinon ... c’est toujours la même configuration scénique, le même decorum et toujours le même show. Pourquoi changer une formule qui marche ? Car oui, elle marche vu le public présent et leur stand merch rapidement dévalisé. Oui mais c’est toujours aussi s-o-p-o-r-i-f-i-q-u-e avec encore cette impression désagréable de fancy-fair Black Metal sans âme. Les premières fois j'avais au moins l'effet de surprise du côté visuel, ici plus rien. Batushka a la hype de son côté, mais certainement pas la carrure d’une tête d’affiche. Rideau.

 

 

Pour conclure, on ne peut que féliciter l'organisation - Nao Noïse - et le Métaphone pour cet événement réussi qui demeure assez rare dans la région (nous n'oublions pas bien sûr le In Theatrum Denonium à Denain) et dont on est curieux de suivre l'évolution. Deux jours de Black, de Death et de Sludge avec une annexe qui a beaucoup de potentiel car en dehors de l'espace merch - varié et bien agencé - et du Heretik Bar cosy, il sera intéressant de creuser l'idée de l'expo avec plusieurs artistes (nationaux et/ou internationaux) et de varier l'offre du cinéma sans toutefois oublier que ça reste des extras. Des extras qui rendent quand même l'expérience encore plus immersive autour d'une programmation cohérente. Et on espère évidemment retrouver ça l'an prochain dans les mêmes lieux ! Longue vie au Tyrant (Fest) !

Pour lire ou relire le report du premier jour, cliquez ici.

 

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Crédits :
Textes par l'équipe Horns Up.