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lundi 30 octobre 2017

King Dude + The Ruins Of Beverast + (DOLCH)

L'Ubu - Rennes

Dolorès

Non.

Alors que les Nantais espéraient voir la date arriver en leurs contrées, c’est bien l’Ubu, à Rennes, qui est choisi pour accueillir la tournée. C’est une première en France pour (DOLCH), accompagnés des désormais bien reconnus The Ruins Of Beverast. Le tout en ouverture de King Dude, si ça ce n’est pas une soirée sans logique aucune… Si on exclue le fait que tous ces projets musicaux font parler d’eux en ce moment et rassemblent un public finalement assez similaire, il faut avouer qu’on s’attend tous à changer d’ambiance après TROB, et scinder la soirée en deux univers (voire trois).
 

(DOLCH)

C’est à 20h30 que retentissent les premières notes des Allemands, qui foulent pour la première fois les scènes françaises lors de cette tournée. Certains les auront découverts sur leur split avec King Dude (qui explique en partie la diversité de la soirée), au Metal Méan en 2015 en Belgique, au Roadburn cette année ou encore tout simplement car Van Records a pas mal fait la promotion de leur compilation d’EP I & II il y a deux ans.

Toujours est-il qu’il y a un petit public présent pour eux, alors que « Das Auge » débute. La discographie de (DOLCH) se divise en deux grandes tendances, avec d’une part les titres au chant féminin très présent, et les autres. Beaucoup sonnent bien plus ambiant / indus sans mettre le chant au premier plan, c’est pour cela que les live du groupe ne sont pas tout à fait représentatifs du projet. Sur scène, ne sont bien évidemment joués que les titres qui passent plutôt bien l’épreuve du live, dont le trio gagnant des premiers EPs « Das Auge », « Bahrelied » et « Licht ».

Avec le nouvel EP (qui dure 37 minutes tout de même), de nouveaux noms s’ajoutent à la liste des titres qui peuvent être joués en live. « The River », nouveau tube entre élans Black/Doom et détails presque électroniques ou Post-Punk, viendra clôturer le set d’une bien belle manière. Néanmoins, la setlist est assez étonnante, puisque d’autres titres comme « An Den Mond » de l’EP du même nom, ainsi qu’un titre que je crois être « Dagger Moon » (reprise de Dead Moon ? en duo acoustique féminin et masculin ici) mais je n’ai jamais eu l’occasion d’écouter cette piste de l’EP paru en mai dernier. S’ajoutent également des titres totalement nouveaux : alors que III vient tout juste de sortir, le groupe joue déjà d’autres titres que personne n’a jamais entendus (dont un intitulé « Burn » selon la setlist parisienne).

Toujours est-il que les différents univers abordés par (DOLCH) seront présents dans la setlist et que l’ensemble aura un rendu assez inégal. Inégal tant dans les intentions que dans la qualité globale de la composition (n’étant pas fan d’absolument tout ce qu’ils ont fait), mais surtout du son, qui ne rend pas hommage aux guitares et à la production très spéciale du groupe en studio.

La chanteuse réussit tout de même à nous envoûter totalement de sa voix simple mais maîtrisée, et de ses gestes ondulants et incantatoires. Difficile de rentrer dans le bain, car l’atmosphère si spéciale du groupe n’est pas au rendez-vous, mais pas une déception pour autant, bien que la plupart de mes amis présents ce soir-là aient été fortement déçus.


The Ruins Of Beverast

Désolée pour les fans qui aimeraient un avis précis sur le passage de TROB à l’Ubu, car je ne suis absolument pas connaisseuse du groupe. Je sais que je les ai vus au Hellfest 2014, sans bien me souvenir de ce que cela donnait. J’ai également écouté le dernier album paru, notamment car l’appel de l’étrange pochette a eu raison de moi, sans retenir forcément de titre particulier, mais plutôt une impression globale du style « c’est chouette ça ».

Autant dire que je me retrouve parmi pas mal de fans ce soir-là, et que j’ai bien fait de persister à rester devant la scène malgré le son assez médiocre en début de set. Après un premier tiers peu fascinant, le son s’améliore et permet à des titres assez exceptionnels de prendre forme. Entre le chant caverneux plus que prenant, les structures assez peu conventionnelles des morceaux, et surtout le jeu du batteur qui m’aura fait halluciner tout au long du set, je suis ravie.

Finalement, il semblerait que la setlist ne s’axe pas spécialement sur le dernier de la lignée, puisque plusieurs albums sont abordés dont, je crois, un titre du premier album. C’est réellement dommage que l’ingé son n’ait pas tout à fait saisi, tout au long de la soirée, quel était le souci avec le son des guitares, car l’atmosphère aurait pu être encore plus mystique et massive.


King Dude

Le roi entre en scène, et l’ambiance se transforme déjà. Après un concentré de noirceur et de sérieux, voilà que la tête d’affiche annonce une autre couleur. Il semblerait que King Dude ait bien envie de s’amuser ce soir, il répétera d’ailleurs plusieurs fois qu’on est tous là pour passer un bon moment, sans doute en écho aux premiers groupes et au décalage créé. On le verra donc se saisir tantôt de sa guitare, tantôt d’un verre d’alcool, pour égayer la salle, entre deux vannes racontées trop vites pour que le public français ait le temps de rire et quelques jeux de jambes défiant la gravité et l’alcoolémie.

Cela tranche totalement avec le live que j’ai vu de King Dude l’été dernier, à Nantes. Etait-ce la température (environ 40 degrés dans la salle) ou une question de feeling sur le moment, on ne saura jamais, mais toujours est-il qu’il a décidé de la jouer beaucoup plus cool ce soir et de mettre son personnage sombre et solennel au placard. Et ce n’est pas pour déplaire au public !

Niveau setlist, pas grand-chose de neuf à l’horizon. Il axe toujours, en format « King Dude and his Demon Brothers », sa setlist sur les morceaux Rock’n’roll ou en tout cas, qui nécessitent la présence de son guitariste-pianiste, percussionniste, et de sa bassiste. On aura donc droit à tous les classiques et tubes des derniers albums, (« Death Won’t Take Me », « Black Butterfly », « I Wanna Die At 69 », « Sex Dungeon USA », « Swedish Boys Drum » et bien sûr « Fear Is All You Know »). Parmi les morceaux disons plus… émotionnels, le dernier hymne « Deal With The Devil » ne manquera pas de nous donner des frissons, et à ma grande joie, « Silver Crucifix » sera également joué. Il s’agit du dernier titre de l’avant dernier album, une pièce acoustique absolument merveilleuse qui fait écho à la part solo de King Dude, qui reste ma favorite malgré tout.

Le guitariste alternant également avec un clavier, j’espérais encore qu’ils jouent « Shine Your Light », mais malheureusement cela aurait sans doute trop plombé l’ambiance, le groupe ayant vraiment réduit la part acoustique / émotionnelle de la setlist. Reste « Jesus in the Courtyard » qui n’est sans doute pas prête de laisser sa place dans la setlist permanente tant elle est devenue une piste incontournable du projet.

Malgré l’alcool et les yeux pétillants de folie du King ce soir, il n’y aura pas tant d’erreurs dans l’interprétation des titres. Au contraire, et malgré quelques détails qu’on passe assez vite, il semble déchaîné. Cela se ressent bien au niveau du chant où on voit que malgré le caractère assez aléatoire de certains choix d’adaptation en live, cela passe toujours extrêmement bien, et que monsieur a une voix aussi modulable qu’agréable.

Cette fois, peu de soucis de son (malgré toujours une faiblesse dans les guitares), mais bien un public désolant avec la présence de quelques personnes qui n’ont visiblement jamais entendu parler des groupes ce soir, chantent n’importe quoi et insultent King Dude (qui le prend avec beaucoup d’humour et de nonchalance d’ailleurs).


Malgré quelques détails de son et de public, rien à signaler, il s’agit d’une soirée bien agréable à l’Ubu. Ayant l’habitude d’un Ubu bondé lors de grosses dates, je dois avouer que la densité du public n’était pas un problème cette fois. Malgré l’étroitesse de la salle (en tout cas la partie ayant un œil sur la scène), la disposition style amphithéâtre avec des marches permet quand même un confort bien agréable pour voir et entendre ce qui se passe. Il semblerait que la soirée ait eu un son bien meilleur à Paris le lendemain, alors que l’Ubu est généralement réputée pour avoir un son correct et que les salles parisiennes sont plutôt l’objet de rumeurs inverses… Dommage pour nous cette fois !

Merci à Garmonbozia pour avoir ramené la tournée dans l’Ouest, et merci pour l’accréditation.