
Alcest + Bruit @Rennes
Antipode - Rennes

Non.
Après avoir découvert l'Antipode avec Amenra quelques mois plus tôt, j'étais très heureuse d'enfin pouvoir revoir Alcest dans des conditions aussi exceptionnelles. Cela fait maintenant plus d'un an que Les Chants de l'Aurore est sorti mais le groupe continue de le présenter au public lors d'une tournée européenne, s'attardant dans beaucoup plus de villes françaises cette fois et en la merveilleuse compagnie de Bruit. Ce mardi soir est d'ailleurs la première date de leur tournée ensemble.
Bruit
Les Toulousains enchaînent bien puisque, seulement quelques jours avant le début de la tournée commune avec Alcest, ils jouaient quelques dates en tête d'affiche de salles un peu plus modestes. À Nantes, j'ai eu la chance de les voir au Ferrailleur. Si les deux expériences étaient incroyables, il me semble avoir préféré l'expérience à Nantes : dans une salle plus petite avec l'impression de se prendre le crachat des amplis en pleine face, un set évidemment plus long et, bien sûr, l'effet de découverte de ce qu'est Bruit en live, c'est à dire une sacrée expérience.
Cela ne m'empêche pas de continuer de marteler mon avis très tranché : Bruit n'a de cesse de me surprendre, depuis le premier album, et le passage au live est grandiose. Il est presque difficile de trouver les adjectifs adaptés tant je me retrouve sans voix devant leurs concerts. Il y a un bonheur fou à regarder les musiciens évoluer sur scène, changer d'instrument, s'éclater sur leurs cordes, dans une chorégraphie millimétrée qui laisse pourtant la place à beaucoup de spontanéité. On voit que les membres ne sortent pas de nulle part et ont pris part à bien d'autres projets artistiques, issus de scènes bien différentes, mais aussi qu'ils ont clairement bossé en amont pour proposer quelque chose d'aussi précis et majestueux.
Alors qu'il y a très peu de regards échangés entre eux sur scène, on ressent quand même une immense complicité chargée d'émotion. À cela s'ajoutent les projections en arrière-plan, nouvelles pour l'occasion et encore plus marquantes que celles vues quelques jours auparavant au Ferrailleur. Le groupe muet profite du pouvoir des images pour délivrer un regard sur le monde, un propos aussi poétique que critique. En tout cas, le groupe a de beaux jours devant lui si j'en crois tous les retours unanimement positifs qui succèdent à leurs prestations live récentes.
Setlist :
Ephemeral
Progress/Regress
Industry
Data
Technoslavery/Vandalism
The Machine is Burning
Alcest
Avec le recul, il m'a vraiment semblé grandir en parallèle de la discographie d'Alcest, écoutant Souvenirs d'un Autre Monde dans ma bulle, au début de mon collège, avec une impression étrange de me sentir hors du temps et de n'être comprise de personne. Pourtant, Alcest remplit aujourd'hui l'Antipode, preuve que les compositions du groupe ont touché bien des gens qui ont dû ressentir les mêmes émotions que moi.
Une immense lune, des panneaux de tissus qui renvoient la lumière d'une manière onirique et des silhouettes d'oiseaux mi-grue mi-héron : il est indéniable que la scénographie adoptée pour Les Chants de l'Aurore est sublime. Les quatre musiciens évoluent dans cet espace, sans que Neige ne soit disposé comme frontman. Cela donne une place toute particulière au guitariste et chanteur qui l'accompagne et le complète, tant dans la disposition scénique que dans la répartition des lignes mélodiques.
Toutefois, comme la plupart du temps lorsque j'ai trop d'attentes, j'ai quand même ressenti une pointe de déception. Les partis pris concernant le son (notamment la batterie très en avant) et la présence des samples au fil du set ne m'ont pas convaincue. Ces derniers, très présents dans le mix, ont vraiment pu me sortir de l'expérience live quelques fois, notamment lorsque certaines parties samplées sont très en avant dans l'ensemble sonore et doublées par les musiciens eux-mêmes dans les lignes de guitare ou de chant. Il est également difficile, dans une certaine mesure, de passer après Bruit et son énergie coup de poing (bien que la poésie ne soit pas non plus ce qui manque chez eux).
Malgré ça, le show est agréable car les musiciens semblent à l'aise sur scène, que le moment respire une poésie crue qui me touche toujours beaucoup et que la setlist, bien que très imprégnée du dernier album, me parle. Agréable surprise également que la présence d'un titre d'Ecailles de Lune et du sublime « Le Miroir », que je n'attendais pas du tout et qui sont pour moi deux des points forts du concert.
Simon : Ayant vu Alcest l'année dernière à Zurich sur le même cycle de tournée pour Les Chants de l'Aurore, ce concert est toutefois une excellente extension. Je retrouve les mêmes émotions sur les titres communs aux deux dates plongeant des plus solaires aux plus moroses, la même poésie délivrée avec précision à l'instar du final en lévitation d'« Ecailles de lune Pt 2 ». Celui-ci révèle un moment de communion entre Neige et Zero, son alter ego sur scène, avec regards et hochements approbateurs complices. Je me réjouis également d'entendre « Flamme Jumelle », qui arrive à donner le sourire après un enchaînement de morceaux si mélancoliques, ainsi que de l'ajout des lumineux « Kodama » et « Eclosion », de beaux cadeaux au public français tirés de l'album qui a changé la donne pour le groupe sur son propre territoire.
Un soir de pleine lune, « L'Enfant de Lune » n'aurait pas déplu, ni même un deuxième rappel devant un public conquis mais frustré de voir les musiciens s'échapper sans salut groupé. La tournée traversant les quatre coins de l'Hexagone ne fait que commencer pour Alcest et Bruit, et elle a magnifiquement démarré à Rennes.
Setlist :
Komorebi
L’Envol
Améthyste
Protection
Sapphire
Ecailles de lune Pt 2
Le Miroir
Flamme jumelle
Kodama
Eclosion
Autre temps
* * *
*
Un grand merci à Garmonbozia pour l'invitation,
aux groupes & aux équipes qui ont permis le bon déroulement de la soirée,
ainsi qu'à Aurélie Parramon pour les photos.