Live reports Retour
dimanche 26 février 2023

Katatonia + Sólstafir + Som @Paris

Le Trianon - Paris

Varulven

"The sound of falling, when the pictures are moving"

L’hiver est là, ça y est.  Et c’est sous son aura glacée et imposante que cette soirée va se dérouler. Un concert sous le signe de l’hiver, certes, mais aussi du Covid, car il s’agit de l’une des nombreuses dates reportées il y a maintenant trois ans, à cause de cette maudite pandémie.

C’est donc en ce mois de février 2023 que Katatonia pose enfin ses valises dans la capitale, accompagné de Sólstafir et de Som, valeur sûre et jeune espoir des scènes post-rock et post-metal de cette dernière décennie. Pour un groupe qui s’était retiré de la scène par peur de la page blanche, les Suédois ont visiblement de la ressource. Deux nouveaux albums studios en quatre ans, dont le petit dernier paru il y a tout juste un mois, et un prestigieux théâtre comme salle d’accueil pour la date parisienne de cette tournée. Après les heures sombres d’une pause choisie, puis subie, tout semble repartir sous les meilleures auspices. En sera-t-il de même pour cette soirée ? 

    Sólstafir  

Ayant malheureusement manqué Som, le groupe d’ouverture, pour des raisons d’emploi du temps, c’est vers 19h30 que j’arrive dans la salle afin de me placer pour la co-tête d’affiche. C’est la quatrième fois que je vois les Islandais de Sólstafir, groupe ayant connu un fort succès dans les années 2010 avec ses albums Svartir Sandar et surtout Ótta. Confirmant leur importance sur la scène post avec les deux albums suivants, c’est pourtant à ce moment-là que mon attachement au groupe à commencer à disparaître. De groupe unique, poignant et évocateur, Sólstafir est devenu trop prévisible, en s’enfermant dans le carcan qu’il avait lui-même créé, au point d’être à la limite de l'auto parodie et du groupe à tics qui agace, malgré des qualités initialement reconnues toujours présentes en filigrane. 

J’appréhendais de revoir nos cowboys islandais pour toutes ces raisons, et les 20 premières minutes confirment mon scepticisme quant à l'attractivité du groupe sur ma personne. Ou plutôt sur sa capacité à m’emporter. Car sur le papier, tout est vraiment parfait ce soir : le son puissant et clair retranscrit parfaitement la lourdeur des passages les plus rock, les mélodies distantes et les crescendos fonctionnent à merveille et Addi Tryggvason livre toujours une performance vocale entre le déchirant et l'intimiste. J’apprécie l’instant, mais je ne suis pas transcendé, malgré les morceaux de Ótta et la dureté éraillée typiquement BM qui ressurgit le temps des extraits de Masterpiece of Bitterness. Puis vient la doublette “Fjara/Ótta" et là, c'est le déclic. La transe, l’envol, l'immersion béate dans les terres de glace et de feu. Le groupe conclut son set par le traditionnel « Goddess of The Ages », toujours en hommage à Marianne “LSK” Séjourné, ancienne bassiste de Secrets of The Moon et figure de la scène parisienne. Un moment empli de grâce et de longues interactions répétées avec l’audience. Parti avec beaucoup d’a priori, Sólstafir à réussi le tour de force de me faire passer de l’indifférence à la satisfaction, et m’a prouvé que si ses travaux studios n’étaient plus fait pour moi, leurs apparitions scéniques ont toujours de quoi me contenter. 
 

Setlist :
Náttmál 
Köld
Melrakklabús
Bloodsoaked Velvet 
Rökkur
Fjara
Ótta
Goddess of The Ages 

 

Katatonia

Nouveau battement de 30 minutes avant que la principale raison de ma présence n’investisse les planches. Voilà bien sept ans et la tournée The Fall of Hearts que je j’ai vu Katatonia pour la première et unique fois en concert. Mon affect particulier pour le groupe, ainsi que le souvenir du son de guitare horrible du Trabendo en 2016, ne faisait que décupler mon impatience. Pourtant, comme Sólstafir, Katatonia souffre lui aussi du syndrome de répétition depuis la sortie de Dead End Kings en 2012. Mais contrairement aux Islandais, le groupe aux corbeaux à beau s’enfermer dans sa formule dark rock gothique aux touches prog, que j’en ressors encore et  toujours conquis. C’est donc sous de magnifiques lumières de couleur vert émeraude, pour être en accord avec le dernier album Sky Void of Stars, que les cinq silhouettes noires se présentent. Seul bémol : le guitariste historique Anders Nyström est retenu par des problèmes familiaux, et remplacé par Nico Elgstrand, guitariste d’Entombed A.D.

Dès les premières minutes du concert, les défauts du Trabendo ne sont plus qu’un lointain souvenir. Le son est rond, clair et puissant. Peut-être même trop tant l’effet mur de guitares des titres en studio, ainsi que l’aspect plus écrasant de la batterie, sont ici décuplés. Mais cette légère gêne ne perturbera pas tant que ça mon appréciation du concert. La prestation globale délivrée par Katatonia ce soir est de bonne facture, et s’appuie sur la force collective qui se dégage de l’ensemble, portée par la voix monotone mais pourtant si addictive et atypique de Jonas Renkse. Les lumières contribuent d'ailleurs à renforcer ce charisme sombre, en laissant le chanteur dans la pénombre pendant toute la durée du set. Et bien que cela sonne moins riche et sophistiqué que sur album, les différentes facettes du groupe sont toutefois bien mises à l’honneur. Les cinq extraits joués du dernier album le montrent bien : les leads sauce Paradise Lost de « Birds », les refrains pop de « Austerity » et « Atrium ». Tout fonctionne autant que les classiques « My Twin », « Forsaken », « Deliberation » ou « Lethean », dont je me plais à fredonner les paroles en étant bercé par une douce et introspective mélancolie. Certes, le fanboy que je suis râlera sur l'abscence de nombreux autres titres imparables, tels que « For My Demons », « The Racing Heart », « Teargas » ou « Ghosts of The Sun ». Le cadre intimiste et fragile qu'instaure le groupe sur album est ici moins palpable,  dûe à une retranscription live beaucoup plus pêchue. Mais Katatonia m'aura tout de même fait oublier la soirée pétard mouillée du Trabendo, en se produisant enfin dans une salle à la hauteur de la finesse et de la profondeur émotionnelle de l'ensemble de son oeuvre. 

 

Setlist :
Austerity
Colossal Shade
Lethean
Deliberation
Birds
Behind The Blood 
Forsker
Opaline 
​Buildings
My Twin 
Atrium 
Old Hearts Fall 
Untrodden
July
Evidence

 

Un grand merci à tous les groupes pour leurs prestations et à Garmonbozia pour l'organiation de ce concert et pour l'accrédiation.