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Album

16 mars 2016 - DarkMorue

Devoid

...Of Humanity

LabelAutoproduit
styleDeath/Grind
formatEP
paysFrance
sortiefévrier 2016
La note de
DarkMorue
7/10


DarkMorue

Un mec qui écrit des trucs.

Y'a pas à dire, Nantes, c'est une bien belle ville pour notre musique. Attention, ça va faire de la pub, si vous approuvez pas ce genre de pratique je vous conseille de sauter un paragraphe. Voilà. On y est. Parce qu'en plus d'être une ville superbe, à taille humaine, débordant d'un trop plein de culture et d'énergie et aux habitants toujours plein de ressources (ne loupant jamais une occasion de s'adonner à leurs activités favorites telles qu'écraser des ragondins ou construire des aéroports), c'est quand même franchement bandant niveau Metal. Toute la France a déjà entendu parler du Ferrailleur vu le nombre de tournés s'y arrêtant, bon nombre d'assos marchent à pleine balle, et encore plus si on est branché Stoner/Doom et autres Metal à fumer. Cependant, pour ce qui est de la scène locale, les grands on les cherche un peu. Bon, d'accord, on a bien Regarde Les Hommes Tomber aka LE groupe qui fait couler du foutre dans toutes les barbes françaises en réussissant à attirer les hipsters de tous les horizons à la fois. Mais à côté, pas si évident. Non, je ne mentionnerai pas Ultra Vomit (mais je ferai une blague avec Tragédie). Citons donc pour la forme quelques machins underground mais ambitieux et méritants en vrac (War Inside, VCID, Hentgarm, Echo ov Desolation) et on peut terminer cette intro office du tourisme.

Et là du coup on a Devoid qui débarquent dans le Game. Parce que malgré tout, si y'a bien un truc qui manquait jusque là, c'était du Death Metal. Enfin, c'est globalement quelque chose qui manque à tout le Nord-Ouest de la France, mais voilà. Fallait bien que quelques gusses se dévouent pour apporter à la scène sa dose de blastouilles et de riffs gras, en faisant les choses bien. Les petites formations qui cassent des gueules dans les garages, on les a, mais là ça faisait un petit moment que la scène avait pas eu un combo qui se revendique un minimum pro et ambitieux dans le genre. Et donc, ce premier EP a finalement été accouché avec pas mal de retard et quelque peu dans la douleur, le groupe existant tout de même depuis un petit paquet d'années. 5 titres pour un gros quart d'heure ainsi qu'un morceau Bonus qui doit son statut au fait qu'il soit moins assumé (mais au moins il n'est pas présent sur la version en streaming, comme quoi les VRAIS titres "Bonus" existent encore en 2016). Concision, vitesse, et violence certaine sont au rendez-vous, décortiquons un peu tout ça si vous le voulez bien.

Si on doit choper les influences (et dieu sait ce que les lecteurs aiment lire des bons gros name-dropping dans les chroniques) le truc qui est sûr c'est que c'est pas de notre côté de l'Atlantique qu'on va se diriger. Le riffing sent fort les gros groupes New-Yorkais qu'on connaît tous, tout comme il n'est pas bien compliqué d'affirmer que derrière ça kiffe Cannibal Corpse et Broken Hope. Le tout rehaussé d'une touche Grind s'affirmant de temps à autres histoire de justifier les blasts qui partent dans tous les sens et avec un son assez clair et précis, manquant un peu de lourdeur mais pas handicapant (surtout quand on sait qu'il n'y a purement et simplement pas de basse dans le mix). Ensuite, qualité ou défaut c'est à vous de choisir, le titre d'ouverture encule absolument tout, y compris les autres morceaux. Le plus long, le plus abouti, avec les riffs qui cassent le plus la gueule (que ce soit le passage Hardcore au début ou ce ralentissement lourd en mode Slam part cachée), "Painful Lesson" ou le tube de Devoid. En plus de ça il ne contient que très peu d'inhales de merde, donc la pilule passe autrement mieux.

Oui, le chant, parlons-en. Notre Maxime a une sacré voix grasse, ses growls classiques rappellent vachement un certain John McEntee, hyper convaincant y compris dans ses intonations criardes malgré quelques placements parfois un peu hasardeux. Par contre le bougre s'est persuadé que c'était une bonne idée de faire dans le méga guttural quand ça prend en lipides. Sauf que les inhales, ben comment dire... Soit t'as 15ans et c'est ton premier groupe de Deathcore tribute à Eskimo Callboy, soit tu chantes dans Wormed, soit c'est interdit. Pas d'excuse valable ni mot des parents ni rien. Parce que c'est moche et impuissant, et autant des fois ici ça passe limite, autant un titre comme "Surgeon Blade" en est complètement massacré parce que ça fait peine à entendre. Alors que derrière on a une compo des plus solides et efficaces (le dernier tiers dévisse la nuque quand il blaste pas) donc c'est foutrement dommage. Surtout que globalement, malgré le bûcheronnage sévère on a quand même une musique pas du tout si primaire, assez élaborée dans son riffing et ses structures, sans oublier de miser sur le groove (le riff principal totalement crétin de "Condemned" reste bien en tête sa mère). Mine de rien réussir à livrer un truc aussi "complet" dans le sens où on joue sur beaucoup de tableaux à la fois (taper ta mère, groover ton chien, moshpit harkaure ta sœur, et structures aux riffs qui arrêtent pas de se briser et bifurquer) tout en restant aussi efficace, ben ça mérite un applaudissement.

Bref, on va sauter le titre Bonus qui a de bons riffs et de bonnes idées mais ressemble plus à un vieux morceau composé dans leur jeunesse et qu'ils ont absolument voulu sortir quelque part qu'autre chose. Et conclure que tout ça promet quand même pas mal, parce que même si ça reste hyper perfectible, cette espèce de mixture de Death US qui s'assume pas et veut absolument se la jouer chien fou en injectant du Grind méchant a de quoi plaire aux amateurs. Du coup on lève les pouces, et on attend de voir ce que ça pourrait rendre sur un format plus long et plus carré, mais venant d'un tout premier effort qui partait de manière pas optimale, c'est une surprise des plus agréables. Et pis la pochette est toute choupie avec ses zombies ocres là, fallait bien le dire à un moment alors c'est maintenant, valà.

Tracklist :

1 – Painful Lesson
2 – Human, Go Fuck Yourself !
3 – Surgeon Blade
4 – Pandemic Deviance
5 – Condemned
6 – Purgatory (Bonus)