
hell god baby damn no!
Nous étions cet été une petite partie de l'équipe à l'Alcatraz, festival qui nous a donné l'occasion de vous parler longuement de Wytch Hazel, valeur sûre du revival hard rock/heavy metal britannique, dans sa variante la plus douce et lumineuse. Et si nous avions hâte de voir le groupe en live, c'était en partie grâce à leur nouvel album sorti plus tôt cette année : on fait donc cette fois-ci les choses à l'envers en vous parlant de l'album bien après. Mais mieux vaut tard que jamais ! Avec cinq albums à son actif sortis sur neuf années, Wytch Hazel s'est établi un joli rythme de sortie, tout aussi consistant que la qualité desdits méfaits.
Lamentations peut paraître aux premières écoutes comme un album inégal. Mais lorsqu’il brille, il surpasse facilement son prédécesseur dont l’écoute était agréable, tout en peinant à réellement marquer les esprits. Ce cinquième album suit la même direction musicale, s’enfonçant toujours plus loin sur la route du hard rock, quitte à laisser sur le carreau ses influences plus metal. Non, on n’attendra donc pas les sommets d’épique que pouvait offrir un album comme Pentacost.
La plupart des morceaux suivent la même recette, commençant par un élan mélodique porteur qui se calme dès que le chant arrive, et revient par intermittence avec le même motif entre les couplets/refrains, avant un bridge ou un solo. Le souci est que souvent, le momentum ne revient jamais, et le morceau semble tomber à plat. Et si les titres plus rapides comme « Run the Race » fonctionnent très bien (Collin y monte même en chant de tête pour un petit cri bien placé – une note de heavy qu’on ne s’attendait plus à trouver là), les morceaux plus calmes comme « The Demon Within » paraissent ne jamais vraiment redémarrer, alors qu’ils pourraient facilement monter en intensité sur le refrain. La section rythmique assez simple et peu variée sur une grande partie des titres contribue également à un léger sentiment de stagnation sur une fraction de l'album.
Pourtant, Lamentations reste un très bon album, bien composé, et surtout regorgeant de bonnes idées. Les détails psyché et folk donnent toutes leurs couleurs aux morceaux ; la guitare acoustique, très souvent, présente en interlude ou en fond, comme un fil rouge. On regrette que ces aspects ne soient pas plus développés, tellement cela irait bien à Wytch Hazel. Une piste à explorer pour commencer à faire évoluer la recette originale ?
Mais c’est réellement sur la fin de l’album que la musique semble enfin prendre son plein envol, et que tout le talent du groupe brille de mille feux. Le solennel « Heavy Load » et le majestueux « Healing Power » démontrent qu’ils possèdent encore toutes les qualités qui les ont vus percer aussi rapidement – des compositions ultra-mélodiques, progressives, mêlant une certaine mélancolie à l’épique tout en laissant à la voix si versatile et reconnaissable du frontman toute la place qu'elle mérite.
On se retrouve donc avec un album plus subtil, qui ne marque peut-être pas les esprits dès la première écoute, mais dont les douces mélodies s’instillent en vous au fil des écoutes pour ne plus vous quitter. Ressort de Lamentations un sentiment d’apaisement et de lumière qui contraste avec l’exaltation (pour le coup, au sens religieux du terme) qu’on pouvait retrouver par le passé chez Wytch Hazel. On retrouve d'ailleurs cette impression dans les paroles qui semblent, bien que toujours très liées à la foi chrétienne et sa mythologie, plus personnelles.
Plus sensible, plus posé et, en somme, moins démonstratif que certains de ses prédécesseurs, il n'en reste pas moins une nouvelle belle addition à la discographie des Britanniques.
Tracklist :
- I Lament
- Run the Race
- The Citadel
- Elements
- The Demon Within
- Racing Forwards
- Elixir
- Woven
- Heavy Load
- Healing Power