Chronique Retour

Album

21 septembre 2021 - Matthias

Necromantia

To the Depths We Descend...

LabelThe Circle Music
styleBlack Metal
formatAlbum
paysGrèce
sortieseptembre 2021
La note de
Matthias
7.5/10


Matthias

Punkach' renégat hellénophile.

La scène grecque semble être entrée dans une phase d'ébullition depuis une paire d'années, avec toute une série de nouveaux albums de ce black metal aux sonorités si particulières. Mais si j'ai volontiers chroniqué une bonne part de ces sorties, il m'a été plus difficile d'aborder To the depths we descend..., le nouvel opus de Necromantia, et d'ailleurs le premier véritable album depuis 2007 et un The Sound of Lucifer Storming Heaven qui n'avait pas que des qualités. Une chronique difficile donc, car ce nouvel album se veut un hommage à Baron Blood, bassiste et claviériste du groupe décédé d'une crise cardiaque en 2019, mais aussi un adieu au public : après To the depths we descend...Necromantia s'éteindra, volontairement et sereinement, du moins l'espère-t-on. En terme de charge émotionnelle, voila qui pèse sur les épaules, y compris d'ailleurs celles du chroniqueur.

Ce dernier album prend du temps à se lancer, mais une certaine tension commence à monter au même rythme que la basse sur "As the Shadows Wept" tandis que les guitares s'assument enfin et prennent des accents heavy voire doomesques. Un orgue néo-romantique prend le relais, tandis qu'une voix claire délivre enfin l'essentiel : « Farewell my brother, farewell my friend, now ride the dragon... » L'émotion est tangible, et à aucun moment elle ne sonne artificielle.

To the depths we descend... se permet quelques interludes instrumentaux pour essayer d'autres ambiances, à la basse sur "Give the Devil his Due" et, plus osé peut-être, au saxophone sur le morceau-titre. Étrange parenthèse sur un disque de black metal, qui tout d'un coup introduit une urbaine saveur de série noire et donne une envie pleine de spleen de contempler la grisaille un verre de whisky à la main. Mais le Necromantia de la grande époque (Scarlet Evil Witching Black en 1995 quoi) ne rechignait pas à ce genre de passage à rebrousse-poils.

Si l'entrée en matière m'a paru laborieuse, Necromantia nous offre là une belle performance dans un registre early black metal mâtiné de sonorités gothiques comme la Grèce en a le secret. La voix de The Magus est par moments un peu éraillée, mais on s'y fait, et le vétéran hellénique (Rotting Christ, Thou Art Lord, Principality of Hell et j'en passe, et pas qu'un peu) trouve le ton juste sur un superbe "Inferno" qui démontre au passage que The Magus reste un as du clavier qui aurait aisément pu mettre ses talents au service d'un certain cinéma de genre, celui avec supplément hémoglobine. L'ensemble de l'album n’échappe toutefois pas à une parenté par instants trop évidente avec le premier album de Yoth Iria, mais c'était difficilement évitable tant cet autre projet de The Magus se veut un hommage à des groupes pionniers du metal grec comme Necromantia.

Avec To the depths we descend... les Hellènes offrent en tout cas une belle note finale à la carrière de Necromantia, un groupe qui n'a pas bénéficié de la même notoriété que d'autres formations de sa génération, mais qui mérite un succès d'estime certain. Un nom de plus sur l'échine du dragon, et une page qui se tourne pour laisser la place au sang neuf dans les cercles occultes du Péloponnèse.

Setlist:

Daemonocentric

As the Shadows Wept

Give the Devil his Due

Inferno

Eldritch

To the Depths We Descend...

Lord of the Abyss MMXXI

The Warlock MMXXI

 

Les autres chroniques