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mardi 1 mai 2018

Ne Obliviscaris + Allegaeon + Virvum @ Nantes

Le Ferrailleur - Nantes

Dolorès

Non.

Je n’ai cessé de suivre les aventures des Australiens de Ne Obliviscaris depuis leur premier album, qui m’avait plus que marquée en 2012. Pourtant d’habitude pas spécialement conquise par ce type de metal mélodique/progressif à chant clair, le groupe a de quoi séduire les plus réticents : une approche tout à fait contrastée, et une composition de qualité qui mène à la satisfaction, pour l’auditeur, que chaque chose est bien à sa place. Ayant adoré leur concert, malgré la pluie et le son critiquable, au Motocultor 2015, c’est avec joie que je les revois en ce dimanche soir pluvieux mais en salle cette fois, au Ferrailleur à Nantes.

 

Virvum

Je croyais avoir affaire à une tournée de Ne Obliviscaris accompagnée de groupes de Death locaux, mais il n’en est rien. On a en réalité une tournée de groupes tous plus ou moins expérimentés, et dont chaque date débute par les Suisses de Virvum. Qu’il est agréable de voir un groupe ouvrir sur ce genre de date sans y aller à tâtons. On les sent à la fois heureux et reconnaissants de prendre part à la tournée, mais également loin de ne pas être à leur place. Les musiciens occupent la scène avec aisance, et savent garder l’attention du public, tant musicalement que scéniquement. Mention spéciale au chanteur qui a l’air tout à fait dans son élément. En tout cas, on ne dirait absolument pas que les shows se sont enchaînés presque tous les soirs depuis un mois, et qu’on arrive en fin de tournée, une impression qui vaut pour chacun des groupes ce soir !

Virvum, c’est donc du Death parfois plus technique, parfois plus progressif (et souvent les deux). Mes connaissances en Death Technique étant limitées, je suis étonnée du chant qui me rappelle parfois plus du Deathcore. En tout cas, le groupe n’hésite pas à mêler les influences pour donner un résultat à la fois extrême, technique, mais efficace dans la composition et finalement assez accessible pour l’auditeur qui ne les connaît pas. Un bon point pour la reporter imposteur que je suis, sur ce genre de date, où je découvre toujours un peu le style car ce n’est pas ce que j’ai l’habitude d’écouter.

Détail qui n’est finalement pas qu’un détail : pendant le show on retrouvera en lights les couleurs de l’artwork du dernier album, et un jeu spécial de lumière sur le backdrop de fond. De quoi compléter l’expérience et garder un souvenir précis du concert, qui participe à construire l’identité scénique du groupe.

L’aspect « prestation bien réfléchie et mise en scène proprement » est complété par le choix de la setlist, et notamment la clôture du concert sur « II: A Final Warming Shine: Ascension And Trespassing ». En effet, son final qui, malgré quelques hésitations de la part du guitariste en charge des arpèges, est clairement efficace et laisse une mélodie entêtante dans la tête du public jusqu’au prochain concert. Bien que ce ne soit pas le genre d’album que je réécouterais souvent, j’en garde une impression vraiment positive et des mélodies me restent en tête après un concert d’un « groupe découverte », ce qui est rare !

Setlist :

Illuminance
Ad Rigorem
Tentacles of the Sun
I: A New Journey Awaits
II: A Final Warming Shine : Ascension and Trespassing

 

Allegaeon

Je découvre également sur scène, ce jour-là, Allegaeon. Les Américains sont, eux aussi, survoltés. C’est assez impressionnant de voir à quel point, en ce dimanche soir pluvieux, l’ambiance est globalement électrique, le public autant que les groupes qui font démonstration de toute la détermination qu’ils ont.

Allegaeon officie toutefois dans un genre un peu plus énervé que le groupe précédent, et le public est également plus réceptif. Après tout, le groupe a déjà conquis à travers quatre albums. Moins technique et prog, plus Death mélodique rentre-dedans, finalement tous les groupes de la soirée semblent représenter des facettes différentes d’une même intention et d’un beau mélange d’influences comparables.

Je mets plus de temps à rentrer dans l’ambiance du concert, mais il faut avouer qu’au fil des titres joués avec presque de plus en plus de conviction, Allegaeon n’a aucun gros défaut. Tout est propre, la batterie mise en avant ce soir-là sur la scène donne un côté plus agressif, même si cela limite les déplacements du chanteur qui semble avoir la bougeotte. Le show est, j’oserais dire, « à l’américaine », à coups de poings levés en rythme, de public qui tape dans ses mains (« Gray Matter Mechanics » s’y prêtant plutôt bien avouons-le) et de remerciements à tout-va de la part du chanteur. En tout cas, on remarque beaucoup de communication entre la scène et le public, ce qui semble créer une petite bulle de proximité agréable pour les deux camps.

J’apprécie particulièrement le dernier titre joué, « Accelerated Evolution » du premier album. Bon, de petites réminiscences de mes écoutes adolescentes me rappellent bien évidemment In Flames, mais le groupe sait être efficace sans être une pâle imitation. En bref, un bon moment passé devant leur prestation.

Setlist :

Proponent for Sentience III - The Extermination
Gray Matter Mechanics
Extremophiles
From Nothing
1.618
Accelerated Evolution

 

Ne Obliviscaris

Les Australiens sont attendus, dans la salle. Je ne pensais pas que le groupe s’était forgé une solide réputation, ayant l’impression qu’ils ne touchaient pas encore complètement le public français. Certes, le Ferrailleur n’est pas complètement blindé, mais tout de même vraiment bien rempli, et notamment d’un nombre assez étonnant de personnes qui attendent devant la scène au lieu de sortir ou de boire un coup avant le dernier concert. C’est un bon indicateur, finalement.

Des Australiens, mais pas que ! Le groupe compte désormais Martino, à la basse, originaire d’Italie et, depuis les débuts, un petit Français à la guitare lead. Ce dernier, Benjamin, ne manquera pas de faire un petit speech en français au cours de la prestation, bien qu’on puisse applaudir l’effort de Tim Charles (chant clair/violon) de sortir quelques phrases en français entre les morceaux. Comme les groupes précédents, Ne Obliviscaris ne va pas s’empêcher de communiquer avec le public, notamment l’immense joie de jouer ici.

Le groupe est bien là pour présenter son dernier album, Urn. Et tout l’album sera joué, titres auquel le public répondra positivement, preuve que le dernier opus a bien touché sa cible. Cependant, « Embers Dance in Our Eyes », dernier titre de l’album que je n’avais pas spécialement apprécié, viendra également clôturer le set (avant le rappel), seul instant où la tension est retombée pour ma part.

Le reste du show (une bonne heure et demie de prestation) sera en effet d’une puissance énorme. Les trois titres supplémentaires à la présentation d’Urn, issus des albums précédents, ont été parfaitement choisis puisqu’il s’agit de « Triptych Lux » et « Blackholes » de l’album Citadel, et du très apprécié des fans « And Plague Flowers The Kaleidoscope » du tout premier album. Autant dire qu’on est presque sur un sans-faute, bien qu’on puisse reprocher d’autant délaisser le premier album, fan des premières heures oblige.

L’impression qui ressort le plus, à l’issue d’un concert comme celui-ci, c’est d’avoir eu face à soi un groupe d’excellents musiciens mais surtout beaucoup de complicité sur scène. Bien que Xenoyr (chant) n’esquisse que très rarement un sourire, et sorte fréquemment de scène lorsqu’il n’a pas de rôle à jouer, on sent une réelle cohésion de groupe malgré tout. Un groupe dont Tim Charles reste cependant le pilier principal, assurant les parties les plus hallucinantes des titres, avec une justesse incroyable au chant et une virtuosité au violon. Frontman hors pair, il n’efface pas pour autant le talent des autres, puisqu’on aura le loisir d’apprécier les soli et parties plus techniques de guitare et de basse sans souci (sur « Blackholes » ou encore ce final crescendo de « Triptych Lux » qui me donne toujours des frissons).

La complexité des compositions, et le côté « accumulation des pistes au fur et à mesure dans un ensemble toujours plus puissant » est même assez bien rendu. En bref, malgré un son pas exceptionnel, et malgré la date en fin de tournée, il n’y a rien à reprocher à Ne Obliviscaris, qui ne me laisse qu’un qualificatif en tête : hallucinant.

Setlist :

Libera (Part I): Saturnine Spheres
And Plague Flowers the Kaleidoscope
Intra Venus
Painters of the Tempest (Part II): Triptych Lux
Eyrie
Urn (Part II): As Embers Dance in our Eyes
Devour Me, Colossus (Part I): Blackholes

 

Un grand merci à Garmonbozia pour avoir fait passer la tournée par chez nous et pour l’accréditation.

Photos