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Album

20 décembre 2016 - S.A.D.E

Benighted

Necrobreed

LabelSeason Of Mist
styleBrutal Death Metal
formatAlbum
paysFrance
sortiefévrier 2017
La note de
S.A.D.E
8.5/10


S.A.D.E

Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse

Mine de rien, Benighted approche doucement de ses vingt ans de carrière, et durant toutes ces années, le combo stéphanois s'est échiné à briser menu des nuques un peu partout. En jetant un œil dans le rétro, en plus de constater la longévité du groupe, on peut également se rendre compte que la discographie du groupe est assez exemplaire : une belle enfilade de briques brutal death bien solides, sans maillon faible, ni déchets. Rien que pour ça, les mecs imposent le respect.

Qu'en est-il, donc, de l'album qui nous concerne aujourd'hui, le huitième du groupe, Necrobreed ? Avant d'entrer dans le vif du sujet, petit point sur le contexte. Comme ses aînés, ce nouveau venu a été enregistré au Kohlekeller Studio en Allemagne, on peut donc s'attendre à une production béton. Côté personnel, après avoir changé un guitariste et le bassiste en 2014, il y a eu de nouveaux mouvements de line-up pour ce nouvel album : Kevin Foley, batteur-pilier du groupe depuis ses débuts, s'en est allé vers d'autres eaux, et c'est Romain Goulon (ex-Necrophagist + un CV long comme pas permis) qui est venu prendre sa place. Alors autant, le départ de Foley m'avait bien foutu les boules, ce mec étant un véritable monstre de technique et de groove, autant l'annonce de son remplacement par Goulon m'a complètement convaincu : c'est sans doute, pour moi, LE choix le plus logique.

Le contexte c'est fait, voyons maintenant ce que nous réserve la bête. Avec une intro qui place une ambiance film d'horreur avec des bébés mutants baveux et affamés, Benighted reste dans son délire gore et horrifique, avant de mettre la traditionnelle première mandale de l'album avec Reptilian. C'est une vraie marque de fabrique du groupe, un premier titre qui (dé)bute de la manière la plus extrême possible et, comme d'hab', c'est fait avec une redoutable efficacité. Julien Truchan est toujours aussi impressionnant, toujours aussi versatile, aussi à l'aise dans le registre gargouillement de lavabo bouché que dans les hurlements de cochon torturé, passant par tout le spectre se situant entre les deux. Le riffing est toujours d'aussi bonne facture : précis, varié, toujours brutal, mais jamais de manière trop bêtement frontale, Benighted déroule son savoir-faire sans sourciller. Et concernant la batterie, Romain Goulon est droit dans ses bottes : aussi à l'aise que son prédécesseur au niveau technique (quelques blasts sont vraiment ultra-rapides, prenez le temps de vous pencher sur Leatherface juste après le pont plus calme, ça pique un peu), tout en apportant sa touche perso au niveau du jeu de cymbale (Der Doppelgaenger, Cum With Disgust). Seul petit regret, sans doute lié à son arrivée récente dans le groupe, il laisse moins de place à des incursions hors de la zone Brutal Death/Grindcore, chose que Kevin Foley n'hésitait pas à faire sur un titre comme Carnivore Sublime (avec ses patterns vaguement orientaux complètement surprenants). Mais, globalement et comme attendu, il est clairement à l'aise dans ce line-up et comble sans soucis le vide laissé par Foley.

Dans les titres vraiment impressionnants, on notera Forgive Me Father, pur bijou de brutalité sans concession, sur lequel le groupe insère, discrétement, mais de manière hyper efficace, de petits effets de textures sonores donnant une résonance ultra-moderne bien sentie. Et puis Trevor Strnad (The Black Dahlia Murder) vient pousser sa gueulante sur le titre, alors c'est encore plus cool. Autre gros pavé en travers de la mâchoire, Necrobreed, qui avec sa minute et ses vingt-neuf secondes, lacère vos tympans de la plus agréable des manières. Et puis il y a aussi Reptilian, mais on en a déjà parlé. Et puis... Et puis en fait, dans leur ensemble, tous les titres apportent leur dose de violence débridée. Pour être vraiment chiant, mais alors LE mec chiant, le vrai mec chiant jamais content qui trouve toujours un truc à redire, je pourrai pointer la fin d'un morceau qui fait un peu tache (voyez où Benighted place le niveau : j'en suis réduit à décortiquer chaque titre pour sortir, quand même, un petit défaut quelque part), une fin de morceau, donc, un peu ratée selon moi : celle de Monsters Make Monsters. Cet espèce de riff purement rythmique répété quelques mesures pour juste s'arrêter comme ça, je trouve ça un poil pauvre. Mais voilà, c'est juste la remarque du chiant et c'est loin, mais alors très loin, d'affecter en quoique ce soit la qualité générale de l'album.

Ce dernier est, bien sûr, porté par une production royale, constante depuis au moins Icon : que ce soient les passages vraiment bourrins ou les moments de légère accalmie, le son est toujours précis. Déjà mentionnés plus haut, des éléments de bidouillages électroniques se baladent sur l'album, impeccablement intégrés dans l'ensemble et offrant une belle touche de modernité sans en foutre trop ; encore une fois Benighted brille par son sens du détail.

Necrobleed complète parfaitement le tableau déjà assez idyllique que déroule Benighted depuis 1998 : pas de renversement ou d'innovations majeures, simplement un putain de bon album de Brutal Death fait par des types qui ont encore la flamme en eux et qui prennent, ça se sent, toujours autant de plaisir à mettre des roustes partout où ils passent.

Tracklist de Necrobreed :
01.Hush Little Baby
02.Reptilian
03.Psychosilencer
04.Forgive Me Father
05.Leatherface
06.Der Doppelgaenger
07.Necrobreed
08.Monsters Make Monsters
09.Cum With Disgust
10.Versipellis
11.Reek Of Darkened Zoopsia
12.Mass Grave

 

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