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Album

30 septembre 2016 - Balin

Urfaust

Empty Space Meditation

LabelVán Records
styleBlack Metal
formatAlbum
paysPays-Bas
sortieoctobre 2016
La note de
Balin
7.5/10


Balin

Matthieu, 24 ans, basé à Nantes. Ancien membre d'U-Zine et de Spirit of Metal. Vous me retrouverez pour les chroniques et live reports de divers styles musicaux.

   A moins d’être resté cloîtré dans une cage depuis trois bonnes années maintenant, vous aurez sans doute remarqué que le nom d’Urfaust apparaît de plus en plus sur les affiches de festivals spécialisés, de vestes à patchs léchés ou de discographies honnêtes. Car si le duo hollandais au Black Metal minimaliste et ritualiste si caractéristique existe depuis 2003, il faut bien avouer que leur popularité a littéralement explosé depuis environ trois ans. Mon propos n’est pas ici de revenir sur le pourquoi du comment, je suis le premier heureux qu’un tel groupe récolte la rançon du succès. Ce qui me dérange davantage, c’est la qualité de leurs récentes sorties ! Car outre le bon split sorti avec King Dude, le split correct sorti avec Celestial Bloodshed, il n’y avait pas grand-chose à se mettre sous la dent depuis la sortie de Der Freiwillige Bettler, troisième album du groupe sorti en 2010. Alors oui il y a eu ce très bon live enregistré à Dublin, mais ça reste un live ! Et ne me parlez surtout pas d’Apparitions (The Healer à sauver, à la limite) ni de cette horreur de collaboration avec Lugubrum

   Bref, ce nouvel album d’Urfaust n’arrivait pas sous les meilleurs auspices pour ma part, mais comment bouder l’arrivée d’un nouveau full length des deux comparses ?! Empty Space Meditation, prévu pour le 28 octobre prochain est cette fois magnifiquement illustré par Thorny Thoughts Artwork. Et comme on ne change pas une équipe qui gagne (souvent), c’est le copain de toujours de Van Records qui s’occupe de tout le reste.  

   Ce quatrième album du duo hollandais s’ouvre pour la première fois de leur carrière par une longue introduction ambiante qui s’inscrit davantage dans la lignée des dernières sorties du groupe que dans le style désaxé et malsain des premières sorties. Premier point noir pour ma part… Mais que l’on se rassure très vite, il n’y en aura pas d’autres, ou presque. Car le titre qui suit, Meditatum II, est peut-être une des meilleures pièces qu’Urfaust ait composées depuis très longtemps. Ce morceau s’ouvre d’ailleurs sur un blast (et oui !). On retrouve ces cris si reconnaissables qui ont forgé l’identité du groupe. IX se veut plaintif, et chaque cri transperce littéralement l’auditeur. Puis on entre dans une deuxième phase où les deux acolytes ralentissent le tempo lors de laquelle IX nous offre certaines des plus belles lignes de chant de la discographie des Hollandais. J’en ai encore la chair de poule…

   Meditatum III est un mid tempo voyage spirituel (et alcoolique, certes) qui, sans être incroyable, est un morceau tout à fait correct. On retrouve le Urfaust plaintif, inquiétant, sournois et malsain, et c’est le principal. Le titre suivant est par contre bien plus mémorable. Tout en lenteur, ce titre enfumé est certainement le plus incantatoire de ce dernier opus. Une véritable ode aux ténèbres, à l’inquiétude et à la solitude. Les cris de IX se veulent déchirants, aucun soupçon de rédemption ni de lumière ne se laissera entrevoir pendant les neuf minutes de ce morceau. Cela faisait longtemps qu’Urfaust ne m’avait pas mis aussi mal à l’aise… (Vous vous souvenez de Verflucht das Blenden der Erscheinung ou de Der Einsiedler ?)

   On retrouve ensuite un morceau beaucoup plus direct au niveau du riffing (pensez à Ein Leeres Zauberspiel ou en quelque sorte à Drudenfuss). Ne vous attendez pas à des cris aigus ou des gémissements plaintifs ici, IX chante de façon bien plus grave qu’à l’accoutumée (pensez encore une fois à Ein Leeres Zauberspiel). Nous avons même de la double pédale dans ce titre mesdames et messieurs ! Le dernier titre est quant à lui un long interlude que l’on pourrait presque qualifier de folk, avec des sonorités très orientales (!), durant lequel IX nous emporte dans une transe méditative dans laquelle on se laisse très facilement emporter… pour finalement retomber sur nos pieds et retrouver nos esprits, difficilement…

   Le choix a été fait cette fois de nommer les titres de l’opus de la même façon (Meditatum), sobrement suivi d’un chiffre romain comme beaucoup trop de groupes le font désormais (on pense à Mgla certes, mais pas que). Pour ce qui est de la production, elle va en déstabiliser plus d’un. En effet, elle est beaucoup plus léchée qu’auparavant, on peinerait presque aux premiers abords à reconnaître le son de guitare pourtant si caractéristique de IX. Je dois avouer avoir été assez surpris lors des premières écoutes, et si je ne me ferais sans doute jamais complètement (le son des premières sorties ne sera jamais égalé pour un tel style), cela ne gêne en rien l’écoute de l’album.

   Je me dois enfin d’exprimer un dernier regret car tous les morceaux de ce nouvel opus contiennent des nappes de samples, ce qui destine, à moins que le groupe décide de les utiliser sur scène (du jamais vu jusqu’alors), ces nouveaux titres à rester au placard lors des futures prestations live, ce qui serait fort dommage. Seul l’avenir nous le dira !

   En définitif vous l’aurez compris, voilà un retour qui fait plaisir à votre serviteur malgré les craintes avouées et assumées que j’exprimais avant de jeter une oreille sur ce Empty Space Meditation. Si certains y trouveront quelques longueurs là où d'autres seront gênés par la production un peu trop propre, j'ai bon espoir quant au succès de ce quatrième album et à la réception du public. Il me tarde déjà de les voir défendre, si possible, ces nouveaux titres (en particulier Meditatum II) sur scène !

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