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vendredi 16 septembre 2016

Fall of Summer 2016 - Jour 2

Base de plein air et de loisirs de Vaires-Torcy - Torcy

Team Horns Up

Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.

Suite et fin de nos récits du Fall of Summer 2016 avec ce deuxième jour au programme encore bien chargé. Du Black, du Death, du Funeral Doom, du Thrash, du Heavy et ... Goblin !

Jour 2

Hell Militia

Schifeul : On attaque le dimanche avec Hell Militia qui joue sur la Blackwater, que je peux enfin voir de jour. La scène se trouve sur une plage et boudiou, je plains les gens qui sont venus passer un week-end reposant en famille avant la reprise du travail, ils ont dû être bien servis ! Revenons à Hell Militia donc, qui va délivrer un set correct, mais dur de rentrer complètement dans le concert sous un soleil pareil. Pourtant sur scène les Français se démènent bien, avec une setlist équilibrée qui pioche dans leurs trois albums, mais si le concert reste agréable à suivre, je n’arrive pas à retrouver l’intensité des albums. Il faudrait tout de même qu’un jour, j’arrive à les voir ailleurs qu’en fest pour espérer ressentir cela… Par contre, je ne sais pas si c’est la chaleur ou le côté vacances, mais j’ai trouvé leur reprise de GG Allin, censée être le point culminant du set, super molle. Dommage.

 

  

The Monolith Deathcult

GazaG : C’est ma première fois avec The Monolith "Troll" Deathcult, et ça n’a pas vraiment été un succès. Certes, leur virage vers le Death Metal Electro Guimauve m’a un peu refroidi, mais ce n’est pas pour autant que je leur ai tourné le dos. J’étais même enthousiaste en voyant les Hollandais arriver, arborant des noms de Decepticons sur leur guitare. Cependant, dès le départ dans le photo-pit, on reçoit un son hyper massif qui fait vibrer le palpitant. Quand on s’éloigne de la scène, on constate que c’est très brouillon et trop fort, en plus d'être mal balancé. 

La batterie est trop mise en avant, ce qui masque les samples, que l'on entendra furtivement en fond de temps en temps. Le jeu a beau être hyper carré, il semble que dès que l’on s’éloigne de la production studio millimétrée, la musique hétérogène des Hollandais perd de sa superbe. Les parties progressives sont inefficaces et jurent avec les parties Death qui elles fonctionnent, ce qui donne un set en dents de scie. La principale conséquence est que l’on n'arrive jamais vraiment à rentrer dans le concert. Human Have Attacks en est un bon exemple : les parties Electro se cassent la gueule, mais la fin avec les guitares coup de marteau clôt parfaitement le concert. Je garde la faith et demande à les revoir en salle.

  

Sleap : J'attaque cette seconde journée avec beaucoup d'incertitude. En effet, The Monolith Deathcult m'a habitué à du très bon comme à du très mauvais en studio. Et lors de la seule fois où j'avais pu voir les Néerlandais en live, ils n'avaient interprété que des morceaux du dernier (et très mauvais) album.

Cette fois-ci, fort d'un EP de la même trempe et d'un album à venir, le groupe va malheureusement remettre ça. Les morceaux joués aujourd'hui sont quasiment tous extraits des dernières sorties. On a donc droit à un pseudo Death Metal atmosphérique à riffs saccadés et à samples d'ambiance qui ravira les quelques fans de Septicflesh et consorts, mais rien de plus. Les parties ''brutales'' sont bien trop conventionnelles, bien moins travaillées que sur les premiers albums. Et à voir l'attitude plutôt blagueuse des membres sur scène, le groupe a l'air d'avoir complètement changé d'optique autant en studio qu'en live. Le seul titre de l'excellent Triumvirate interprété aujourd'hui est I Spew Thee Out of My Mouth, l'un des plus dispensables de l'album (mais qui colle avec la setlist générale, c'est le moins que l'on puisse dire)... Les morceaux ''Electro'' semblaient pourtant bien plus osés et fun à jouer sur scène que cette soupe Death moderne à nappes de synthé, mais bon...

Le seul élément qui reste toujours impressionnant en live est le timbre de voix du bassiste Robin Kok. Mais en dehors de ça, ce seront 45 minutes bien pénibles que je passerai sous le soleil devant la Sanctuary Stage. Et hormis quelques festivaliers en forme dans la fosse, le public, encore mal réveillé, ne semble pas non plus très réceptif à cette nouvelle orientation musicale. Deuxième déception live pour The Monolith Deathcult me concernant. Try again later...

 


Lactance :The Monolith Deathcult, c'est un peu le groupe dont j'ai entendu parler x fois, mais que j'ai jamais trop pris le soin de fouiller jusqu'à très récemment. Quelques jours avant le FOS, je me suis donc enfin décidé à rectifier le tir et, dommage pour ma pomme, plusieurs titres piochés au hasard m'ont franchement assez bottés. Obligé de traîner ma carcasse jusqu'à la Sanctuary du coup, afin de suivre, d'un oeil plus curieux qu'avisé, la performance des Néerlandais.

Le soleil a beau taper bien comme il faut en ce tout début d'après-midi, tout aussi caniculaire que celui de la première journée, je n'ai bizarrement pas plus de mal que ça à m'imprégner de la musique du combo, contrairement à mes collègues. Assez polyvalents dans leur style, les Néerlandais arrivent plutôt bien à tirer leur épingle du jeu, pendant les 55 minutes qui leur sont imparties.

En effet, leur Death Metal moderne reste des plus efficaces lorsque l'on embraye sur des passages plus bourrins, où viennent tantôt se greffer des nappes électronisantes qui se fondent parfaitement à l'ensemble. Ce qui confère à la musique des Néerlandais un léger côté Indus, ma foi plutôt sympathique et prenant en live. Le groupe peut enfin compter sur la présence très utile de Robin Kok, au micro et à la basse, qui accapare presque toute l'attention, avec son jeu de scène très démonstratif et sa taille imposante (le t-shirt Transformers y est peut-être pour quelque chose aussi).

Un premier rendez-vous qui me laisse une impression plutôt bonne dans l'ensemble donc. Je me permettrai juste d'ajouter que la musique du groupe me paraît plus accessible en live qu'en studio par contre. On reste bizarrement dans deux expériences très différentes à mon sens. Plus qu'à me farcir du coup toute la disco' du groupe à présent, et à confirmer tout ça de mon côté.

Skepticism

Di Sab : 2 ans après Ahab, une autre pointure du Funeral Doom est conviée au Fall Of Summer, à un horaire cependant moins avantageux. Comme pour Oranssi Pazuzu, on m’avait mis en garde à propos de la difficulté d’entrer dans le show de Skepticism alors qu’il faisait facile 30° et que le soleil écrasait la foule (alors qu’Ahab n’aurait pu rêver d’un meilleur cadre spatio-temporel que le crépuscule du Fall of Summer pour leur prestation). Le quatuor entre en scène, sans un mot ni un regard pour le public, vêtu d’habits funéraires, avec un bouquet de roses blanches. Ces éléments, en plus du miroir sur le piano droit et des rayons du soleil découpés par la toile de la Blackwater Stage, sont du plus bel effet. Le problème, c’est qu’après l’entrée supra solenelle des Finlandais, tout le monde semblait vraiment s’ennuyer. Excusez les euphémismes et les lieux communs, mais ça ne joue franchement pas vite, et le commun des mortels peut avoir envie d’autre chose qu’une heure de Funeral Doom un peu pompeux à 14h. De plus, Matti Tilaeus (chant) vit réellement ses paroles, et n’interagit pas le moins du monde avec le public (lorsqu’il ne growle pas, il reste planté près de la batterie, le regard au loin ou offre une rose à son clavériste) ce qui ne facilite pas la tâche aux nombreux curieux. Bien que peu familier avec la discographie de Skepticism, j’ai énormément apprécié le set. Le groupe, tout comme Bongripper (dans un registre bien différent) arrive à nous faire perdre complètement la notion du temps et au terme du concert, on se prend à se demander si c’était excessivement long ou court. Ce qui est sûr c’est que c’était fondamentalement bon, bien que difficile d’accès.

Balin : Troisième fois que je me retrouve face à un des titans du Funeral Doom, et troisième fois où les Finlandais me mettent à genoux. Ce n'était pourtant pas gagné à 14h en plein soleil, mais avec un tel son, une telle aura et une excellente setlist (pas parfaite malheureusement), ils auraient pu jouer à n'importe quelle heure... Je ne reviendrai pas sur l'aspect visuel qu'a très bien décrit mon collègue Di Sab, le groupe instaurant toujours une ambiance à la fois funéraire et romantique. Totalement propice au style d'outre-tombe du quatuor (il n'y a qu'une seule guitare cette fois). Concernant la setlist, le groupe se penche en toute logique sur son dernier opus, Ordeal (2015) avec deux extraits, à savoir les très bons March Incomplete, mastodonte de douze minutes, et Closing Music en fin de set. Ajoutons à cela le classique The March and the Stream, le plus rare Pendulum et The Arrival, tous deux tirés d'Alloy (2008). Bien entendu, c'est devant une fosse très réduite que se déroule cette démonstration de classe et de tristesse. Certes, les conditions et la setlist ne furent pas celles du Roadburn, mais ce fut une très bonne prestation d'un groupe qui n'a clairement pas démérité son statut de leader de la scène Funeral Doom. 

  

Sleap : Histoire de continuer dans l'incertitude, abordons le cas Skepticism. L'un des pionniers du Funeral Doom, vénéré par tous les fans du genre (moi y compris) qui joue en festival open air d'été à 13h40... Cela a de quoi inquiéter. Mis à part le concert d'Ahab lors de la première édition du Fall of Summer – dont le créneau horaire et le lieu étaient fort adaptés – tous mes shows de Funeral Doom en open air se sont la plupart du temps soldés par un échec cuisant (dans tous les sens du terme). Alors qu'en est-il de celui-ci...

Eh bien contre toute attente, je vais complètement rentrer dedans. Comme d'habitude, les membres arrivent tous sur scène un par un en costume queue-de-pie. Chacun prend sa place très lentement sur scène alors que résonnent les premières notes de Alloy. Le claviériste est assis sur la gauche avec son double synthé' déguisé en orgue et surmonté d'un miroir brisé. Matti Tilaeus rejoint enfin ses confrères et dispose des roses blanches de part et d'autres de la scène avant d'entamer sa longue complainte d'un growl profond et puissant. Comme prévu, il y a très peu de monde devant la Blackwater Stage en ce début d'après-midi, et cela permet aux rares friands de Funeral Doom de se placer dans les tout premiers rangs à l'ombre, les pieds dans le sable. Le son est excellent et le show très prenant, autant les yeux ouverts que fermés.

Les conditions sont évidemment loin d'être les mêmes que mon précédent concert du groupe l'an passé en Finlande, mais je suis tout de même agréablement surpris. Les Finlandais savent captiver l'audience en toutes circonstances. Je suis légèrement déçu de ne pas entendre de morceau de l'immense Stormcrowfleet, mais le final sur Closing Music termine tout de même magnifiquement bien le show. « There is only silence. »

Schifeul : Skepticism investit à son tour la Blackwater et bon, déjà que le Funeral Doom, à la base, je n'en suis pas très friand, mais là en plein cagnard, c’est très dur de rentrer dedans et du coup, on se fait pas mal chier. Tant pis, on en profite pour s’allonger à l’ombre et se faire bercer par la ténébreuse voix de leur frontman. Mais le truc drôle tient encore une fois à la configuration de la scène, car là ou tu pensais profiter des joies de la plage, draguer, prendre le soleil, bref profiter de la vie, tu te retrouves avec du Funeral Doom droit dans tes oreilles. A mon avis certains ont dû un peu trop se prendre à la musique et se mettre à genoux une fois dans l’eau pour espérer mettre fin à leur existence, vêtus d’un short de bain nul.

Phazm

  

 

Grim Reaper

Di Sab : Alors qu’il devient de plus en plus difficile de faire des découvertes au Hellfest, on ne remerciera jamais assez Jessica Rozanes (la directrice artistique du Fall of Summer) de continuer à nous faire découvrir des pépites via sa programmation. La première annonce du  Fall of Summer m’a donc permis de découvrir Grim Reaper, ce groupe qui a splitté des années avant ma naissance. Et quelle claque ! NWOBHM absolument imparable avec son panel de refrains catchy et de soli hyper pétés. Même si le temps n’a pas épargné Steve Grimmett, sa voix, elle, n’a perdu ni en justesse ni en puissance. Le type va même jusqu’à payer son petit tribute à Dio en reprenant Don’t Talk to Strangers de manière hyper décomplexée et s’en tire de manière carrément honorable alors que Dieu sait à quel point c’est un exercice périlleux. En plus de cette reprise la setlist avait une allure de best of. De Rock You to Hell jusqu’à See you in Hell (et son refrain qui retentira aux alentours de la Blackwater Stage bien après la fin de la prestation) en passant par Fear no Evil et Waysted Love  il n’y avait pas le moindre temps mort. En plus, si tu ne connais pas la chanson, le refrain ne peut être mémorisé que du premier coup et tu peux lever ton poing comme un trve metal warrior avant la fin de celle-ci et faire genre que tu es fan de Grim Reaper depuis les eighties alors que tu es né dans les années 2000, du coup, grosse ambiance dans le public. La « découverte » du festival, incontestablement. 

  

Balin : Voilà une des principales raretés de cette édition 2016 ! Grim Reaper, Groupe mythique de la NWOBHM au succès pourtant resté fort mesuré, les anglais ont pourtant sorti trois albums de qualité, avec surtout le classique See You in Hell sorti en 1983. Mené d'une main de fer par Steve Grimmett, chanteur de la formation depuis les origines, le quatuor anglais est très en forme et semble vraiment heureux d'être là. Nous aurons droit aujourd'hui à une setlist Best Of avec des titres tirés de Rock You to Hell (1987) : l'éponyme, Waysted Love ou encore Rock Me 'till I Die ; Fear No Evil (1985) et son éponyme terrible, mais surtout de See You in Hell avec le classique ultime en final ou encore l'énorme Liar. On retiendra également la très bonne reprise de Don't Talk to Strangers en hommage à Ronnie James Dio. Pour le reste, l'ambiance est chaleureuse, les musiciens ont le sourire, le son est plus que correct et Steve Grimmet est très en voix. Excellente prestation donc ! 

Sleap : Troisième groupe de la journée me concernant et troisième incertitude. Ma principale crainte par rapport à ce concert de Grim Reaper concerne la voix du leader Steve Grimmett. En effet, sur les récentes vidéos live que j'ai pu visionner, le frontman ne tenait plus du tout le chant (et sonnait même atrocement faux durant certains passages). Après les concerts de The Monolith Deathcult et de Skepticism (le premier s'étant soldé par un échec, le second par un succès), quel est donc le verdict pour l'unique représentant de la NWOBHM de cette troisième édition... ?

Bluffant. Tout simplement bluffant. Voici mesdames et messieurs l'une des meilleures surprises du festival. Les vocaux de Steve Grimmett sont tout simplement parfaits et la setlist est à tomber par terre. Presque uniquement des titres de See you in Hell et Rock you to Hell (avec l'éponyme en ouverture qui fédère absolument toute l'assemblée dès les premières secondes) ! Étonnamment, c'est d'ailleurs l'un des groupes qui aura le plus fait chanter le public durant le week-end. La plupart des gens hurlent les paroles, ou au moins le refrain, en levant le poing durant une bonne partie du concert (et pas que dans les premiers rangs) ! Il faut dire que le frontman sait tenir la foule dans sa poche. Hormis le batteur (qui nous offre son plus beau sourire Freedent et plusieurs tricks de baguettes du début à la fin), les autres musiciens sont un peu moins présents. De plus, Dead on Arrival ne figure malheureusement pas dans la setlist, mais les Rock me 'till I Die, Wrath of the Ripper et bien sur le final sur See you in Hell font vite oublier ces légers détails dans l'euphorie générale. Et comme si le show n'était pas déjà assez épatant, les Anglais nous proposent une magnifique reprise de Don't Talk to Strangers du dieu Dio (pléonasme). Tous mes doutes sont à présent dissipés, ce show de Grim Reaper est un véritable succès !

Memoriam

GazaG : Sous un soleil de plomb, la bande amenée par le père Karl Willetts monte sur les planches, avec seulement trois titres enregistrés au compteur. Il va sans dire que l’aura du front-man de Bolt Thrower pèse dans la formation. Si bien que l’on exhume carrément deux titres de son ancien groupe : Spearhead et Powder Burns qui, il faut l’avouer, cognent toujours autant. Au menu de ce soir nous aurons également en plus des trois titres studio de Memoriam, deux nouveaux morceaux, efficaces comme du Bolt Thrower, mais sans grande surprise, du coup (Flatline / Drone Strike).

Les zikos sont visiblement contents d’être là, même si à part Karl, ils restent assez statiques. La foule s’enflamme sur les anciens morceaux, et encourage le groupe sur les nouveaux. Memoriam assure sacrément le taff cet après-midi, car même avec un son plus qu’approximatif (notamment sur la batterie, transformée en tambour en plastique Playschool) leur Death Metal poussiéreux ravit les escouades. Opération séduction réussie, on les attend maintenant sur une durée plus longue, avec une setlist plus fournie en titres originaux.

  

Nifelheim

 

Sleap : Deux semaines à peine après leur passage au Party San, il est temps de retourner voir les bêtes sauvages de Nifelheim. Et ce concert sera quasi-identique à la fois précédente (dans le bon sens du terme). J'invite donc ceux qui ne l'ont pas déjà fait à aller jeter un œil à ce live report histoire de se faire une idée.

Les personnes présentes sont tout aussi énervées qu'en Allemagne, et les Suédois sur scène le sont encore plus. Quelle énergie ! Le seul élément décisif qui rendra ce show meilleur que le précédent est le final sur Storm of Satan's Fire (que le groupe n'avait pas pu jouer la fois dernière à cause d'un temps de jeu légèrement inférieur). Tuerie !

 

Schifeul : Gros morceau de la journée, voici les trop rares Nifelheim et leur calvitie qui vont ruiner l’île de loisirs de Torcy ! Durant une heure, les Suédois vont faire remuer le cul du Fall Of, et même au-delà, à en voir le très drôle spectacle des badauds en slip de bain aux couleurs improbables se presser contre les barrières pour filmer le concert avec leur portable, ou encore ce petit Noir en slip jaune fluo qui saute sur son banc, porté par les blasphèmes musicaux de Nifelheim. Ils ont pas dû tous kiffer (à voir le petit mec se boucher les oreilles sur son banc) et aucun d’eux n’a dû vraiment comprendre ce qu'il se passait, mais les avertis ont pu profiter de la gourmandise de cet instant bestial où la puissance du set n’avait d’égal que le nombre de clous présents sur scène. Le genre de concert qui te donne envie d’acheter des vinyles de Stryper uniquement pour pisser dessus, du grand art.

Dead Congregation

 

Balin : Que dire de plus sur ce fabuleux groupe que je n'aie déjà dit dans ces pages ? Rien de neuf, assurément, mais c'est toujours un plaisir de compter les performances du char d'assaut grec. Alors oui, certains vous diront qu'ils ont rarement un son correct (d'où je me trouvais, aucun souci à ce niveau-là) ou que l'intensité des albums n'est pas vraiment retransmise sur scène... Et bien je vous dirai qu'ils ont tort ! Car sans égaler leur prestation stratosphérique lors du dernier Kill Town Deathfest ni sans faire oublier leur excellent concert lors du dernier Brutal Assault (et j'en passe), le quatuor grec mené d'une main de fer par A. a encore frappé très fort. À commencer par ce Martyrdoom en ouverture, absolument terrassant ! Et puis tout s'enchaîne : Lucid Curse, Vanishing Faith, la d'ores et déjà doublette mythique Only Ashes Remain / Promulgation of the Fall, Morbid Paroxysm, Schisma, l'ultime Vomitchrist et l'intemporel Teeth Into Red pour clore cette leçon de Death Metal. Charismatique, puissant, propre et inspiré, ce concert fut à la hauteur de ce groupe qui n'est autre que le meilleur représentant actuel du genre. Hails Dead Congregation !

Sleap : Enchaînement sans transition avec le meilleur groupe grec de tous les temps (avis parfaitement objectif...). Tout comme mon collègue Balin, après je ne sais combien de live reports, je ne compte pas épiloguer avec Dead Congregation. Il s'agit d'un des meilleurs groupes de Death Metal actuels et ils vont nous le prouver une fois de plus en live ce soir.

Les musiciens se pointent sur scène avec toujours autant de classe, Anastasis en tête, et débutent le set solennellement. Même sous un soleil de plomb et avec un son un peu moins clair que d'habitude, le combo d'Athènes met tout le monde d'accord dès les premières minutes. Et quelles premières minutes : Martyrdoom !!! La terrible intro de Graves of the Archangels refait enfin surface en live après des années d'absence. C'est là la seule particularité de ce set, mais clairement pas des moindres ! Pour le reste, les classiques Vanishing Faith, Morbid Paroxysm ou encore l'apocalyptique doublette finale Vomitchrist / Teeth into Red... Jouissance.

Rien à dire de plus, lorsqu'on aime le Death Metal dans sa forme la plus pure, Dead Congregation est LA référence actuelle. Quel que soit l'endroit, leur musique est tout aussi prenante qu'en studio !

 

GazaG : C’est la grande attente du festival : Dead Congregation va-t-il me satisfaire autant en live qu’en studio ? Ça ne démarre pas tip-top avec un son un peu brouillon et abusé trop fort. On améliorera légèrement la qualité, mais la puissance restera over the top. Si bien que le meilleur endroit pour apprécier le concert sans faire saigner ses tympans se situe bien au fond, derrière la sono. Et voilà. C’était le seul point négatif. Oui, je m'étais préparé à prendre un set pur et massif, mais pas de cette trempe. Déjà, sur scène, les gars sont là ni pour la démonstration, ni pour prendre la pose. Ils restent fixes, jouent propre et juste, froncent les sourcils, et si t’es pas content c’est pareil. Une atmosphère froide et remplie de haine se pose sur la Sanctuary Stage, alors que le soleil tape sec. Peu de groupes sont capables de ce tour de force.

Pour la set-list en détail, elle a déjà été égrenée par les copains plus haut. Pour ma part, je retiens surtout qu’Only Ashes Remain et Promulgation of the Fall ont été jouées, déjà, mais en plus à la suite ! Ainsi, le pont à la fin de la première chanson, qui se poursuit sur la seconde, garde tout son sens ; pour nous offrir une dizaine de minutes d’un Death Metal au noyau pur, sans artifices ni fioritures. À aucun moment le talent des Grecs n’est remis en question, la qualité de leurs compositions est indiscutable. Ils ont le sens de la bonne partie au bon moment, pour ne jamais faire redescendre le flow, et nous faire perdre pied. On termine avec Teeth Into Red, rampante et insidieuse à souhait, ensuite solennelle, pour enfin te décapiter abruptement, et te mettre au sol, comme la fosse de la Sanctuary Stage. CD validé, live validé. On attendra un son parfait pour une prestation immaculée.

Lactance : Rien d'autre de très intéressant à ajouter, mes camarades ont parfaitement résumé ce concert de Dead Congregation qui, semble-t-il, a tout bêtement fait l'unanimité. Les Grecs qui auront assis leur domination sur Torcy presque en deux temps trois mouvements, avec une classe juste époustouflante, dont eux seuls ont le secret.

Des riffs tout aussi massifs que prenants, des blast-beats furieux et implacables, un son puissant qui en impose dès la première note, des musiciens concentrés dans leur jeu et impressionnants à regarder en live... On pourrait continuer pendant une heure encore s'il le fallait, tant toutes les conditions étaient réunies pour nous délivrer le meilleur concert du fest' pour ma part.

Allez, je chipote un peu, mais je me permettrai juste de signaler un seul petit défaut : la basse avait tendance à produire des sortes de larsens en continu, qui gâchaient un tout petit peu certains passages moins agressifs. Mais bon, je cherche vraiment la petite bête là...

Exciter

Balin : Enfin ! Cinq ans que j'attendais ce moment ! Exciter fait en effet partie des groupes qui m'ont le plus marqué lors de mon entrée dans le monde du Heavy Metal, totalement scié par l'efficacité de leur riffing et par la puissance de frappe de Dan Beehler derrière les fûts. La reformation du groupe avec le line-up original avait fini par me rendre impatient de me retrouver face à eux en condition live, et c'est désormais fait grâce au Fall of Summer. Pourtant voilà, une fois l'excitation retombée, je dois admettre avoir été un peu déçu par ce concert. Non pas que la setlist ait été quelconque, elle fut au contraire parfaite (Stand Up and Fight, Iron Dogs, Heavy Metal Maniac, Pounding Metal, Violence & Force, Long Live the Loud, Under Attack) ! C'est davantage au niveau du chant et de la propreté dans le jeu du guitariste John Ricci que les soucis sont à chercher malheureusement... Pas très précis peut-être du fait de l'âge ou tout simplement un jour sans ? Nul ne le sait... J'ai clairement passé un bon moment à entendre tous ces tubes, mais je n'ai pas pris la claque attendue !

Sleap : On termine cet enchaînement de fous furieux avec l'une des grosses exclusivités du week-end. Après Razor l'an dernier, c'est au tour d'Exciter de représenter le Speed Metal canadien des 80's sur les planches de Torcy.

Et à ma grande surprise, le power trio débute le set sur le seul classique qu'il manquait à la setlist lors de mon concert précédent : I am the Beast ! Le son est cependant un peu moins bon que la dernière fois en Allemagne, notamment au niveau de la guitare. Mais le véritable point noir de ce show est la voix de Dan Beehler. Véritable showman, le bougre parvient à tenir la foule en haleine en assurant en même temps les postes de batteur et chanteur. Malheureusement, malgré tout son charisme, ses vocaux sont définitivement foutus. Il faut dire que le chant dans Exciter n'est pas des plus aisé, surtout trente ans après. Mais rien à faire, sur certains passages cela fait vraiment grincer des dents. J'exulte tout de même, comme une bonne partie de l'assistance, sur les tubes de Heavy Metal Maniacs, Violence & Force et Long Live the Loud (dont l'éponyme jouée en final explose absolument tout). Mais là où Beehler tenait encore assez bien le chant l'année passée, force est de constater qu'il n'y parvient plus du tout à présent. Fort dommage, mais je suis tout de même content d'avoir assisté à un nouveau show des Canadiens.

 

Lactance : Le Canada est une nouvelle fois à l'honneur pour cette troisième édition du FOS, qui passe décidément beaucoup trop vite ! Après Razor l'année dernière (et Revenge hier, mais disons qu'on évolue pas vraiment dans le même registre...), c'est désormais Exciter qui a pour mission de faire trembler tout Torcy. Les deux groupes qui, pour l'anecdote, se retrouveront très prochainement à l'occasion du Calgary Metalfest, un festival dans l'Alberta, qui propose comme affiche le "Big 4 Canadien" (avec Annihilator et Sacrifice en plus, mais pas Voivod, allez savoir pourquoi...).

Pour en revenir à nos moutons, j'étais vraiment parti dans l'idée que le concert d'Exciter allait se hisser parmi les meilleurs concerts du fest', cela pratiquement des mois avant l'événement lui-même. Tout simplement parce qu'on a quand même affaire à un des meilleurs groupe de Speed des années 80, et que ce sous-genre fonctionne pratiquement à tous les coups en live. Mais, malheureusement pour moi, j'aurais peut-être mieux fait de ne pas trop m'emballer car, à bien y repenser, c'était pas si gagné que ça finalement.

Mais commençons d'abord par les points positifs, car le set des Canadiens nous aura quand même offert son lot de qualités bien entendu. Avec en premier lieu cette setlist monstrueuse (la triplette Heavy Metal Maniac, Pounding Metalet Violent And Force, ou plus "straight in your face", tu meurs), qui rassemblera les plus gros "hits" de la carrière du groupe, mettant ainsi en transe les nombreux fans du groupe, arborant fièrement leur t-shirt Heavy Metal Maniac.

D'autant plus que Beehler assure également à merveille son rôle de frontman, pourtant pas facile à endosser, coincé à l'arrière de la scène. Que ce soit pour encourager les "maniacs" présents dans la fosse ou pour faire son fifou en se hissant les bras tendus au dessus de son kit, le bonhomme semble toujours avoir de l'énergie à revendre, et participe de très près à l'ambiance hyper festive du concert.

Pourtant, malgré des qualités indéniables, quelques bévues assez embarrassantes ont tendance à revoir à la baisse la qualité du set. Si Beehler semble irréprochable derrière ses fûts sur la plupart des morceaux, c'est une autre paire de manche par contre concernant ses parties vocales. Plus le concert tire vers sa fin, plus le batteur a tendance en effet à massacrer ses lignes au chant, notamment sur ses notes les plus aigues, qu'il n'arrive tout simplement plus à tenir.

John Ricci a tendance quant à lui à s'embrouiller un peu dans ses pédales. Le guitariste qui aura la fâcheuse tendance à commencer plusieurs fois ses solos sans activer la bonne. Je parais un peu exigeant dit comme ça, mais faut avouer que ça fait tache quand on a en face de soi un trio, avec un mec à la batterie pour chanteur qui plus est...

Un énième trophée qui s'ajoute au tableau de chasse du FOS finalement, mais qui est malheureusement loin d'être le concert le plus marquant du fest'. Vraiment dommage quand j'y repense, tant le potentiel et l'envie étaient tout de même là...

 

Unleashed

GazaG : Ce n’est pas à Unleashed qu’on va apprendre à tenir une scène. Quand les musiciens déboulent sur les planches, sobrement armés de simples guitares noires et habillés sans motifs, on sait à quoi s’attendre : du swedish Death exécuté par des pros. Et comme il est notable de souligner quand le son est pourri, il l’est également quand le son est bon. Voire très bon. Voire le meilleur du festival en fait. Résultat ? Les mélodies fédératrices du combo retentissent avec clarté. Ainsi, il est aisé de se prendre au jeu, et d’apprécier les hymnes du groupe scandés par la foule : Don’t Want To Be Born, Ice Cold Winter Lame et autres To Asgard We Fly. En revanche, je ne comprends toujours pas l’intérêt des solos, qui cassent l’intensité du set. 

Sur scène, Unleashed est motivé mais sans grande spontanéité. Voyez par là que les hélicoptères avec les cheveux ont l’air un tantinet téléphonés ; l’ensemble paraît un peu programmé et stérile. Le public, lui, n’en a que faire et se donne au groupe lorsque Mr Hedland, le front-man, appelle à chanter avec lui. Peut-être un jour, je me lasserai des mélodies catchy des Suédois. Mais ce jour n’est pas arrivé. Une formation solide aux prestations solides. Ce concert ne déroge pas à la règle. Me voilà contenté.

Lactance : Qu'on soit fan ou non sur CD, force est d'admettre que voir Unleashed en fest', c'est quand même bien fun, et surtout l'assurance de passer un moment agréable. Car après plus de 25 ans de carrière, les Suédois se sont tout de même taillés une réputation plutôt solide en live, qui ne leur a que très rarement failli.

Et comme la dernière fois au Hellfest 2014, je dois dire que les Suédois ne m'ont pas déçu une traître seconde. Le quatuor ne se fait pas prier d'une part pour nous proposer une setlist aux petits oignons, qui ne tape étrangement pas trop dans le dernier album, et qui préfère privilégier les gros classiques (opening sur If They Had Eyes, complété entre autres par To Asgaard We Fly, To Miklagard et, forcément, Before The Creation Of Time à la fin). Hormis l'absence d'un Death Metal Victory peut-être, ça reste du tout cuit pour nos Suédois finalement.

Le groupe décroche un bon point supplémentaire en restant sans cesse à l'écoute de son public. Très avenants et communicatifs avec les premiers rangs notamment, on sent que les quatre musiciens prennent plaisir à jouer pendant leur dernier concert de l'été. La communion entre le groupe et le public pendant certains mid-tempos fait d'ailleurs extrêmement plaisir à voir. Chose dont prend aussi note Karl Willets (Bolt Thrower / Memoriam), qui assiste tranquillement au concert, à droite de la scène.

Un seul pépin à noter : impossible d'entendre la basse de Johnny Hedlund pendant toute la durée du set, complètement noyée sous les autres instruments ou bypassée lors des balances. Ce qui, en théorie, retire quand même 1/4 du charme et de la personnalité du groupe, mais qui, contre toute attente, ne manque pas plus que ça, une fois qu'on est pris dedans... Tant mieux !

Un set exemplaire et on ne peut plus millimétré, certes, mais qui prouve une fois de plus que lorsque les Suédois doivent faire leur taf, ils s'exécutent avec passion. Preuve en est, pour conclure, l'accueil réservé au groupe entre les morceaux, puis à la toute fin du set, qui permettra au public d'arracher quelques sourires à Tomas Olsoson et de Fredrik Folkare, juste avant qu'ils ne quittent la scène.

 

Goblin

 

Balin : Voici l'ovni de ce week-end, et une de mes principales attentes ! Goblin, groupe mythique de musique progressive italien, mené par le virtuose Claudio Simonetti derrière le synthé, était en effet programmé au milieu d'une affiche pleine de Death, de Black, de Thrash et de Heavy ! Et bien pourquoi pas après tout ? Car sachez Mesdames et Messieurs que ce fut une des plus grandes prestations du week-end, si ce n'est pas la plus grande (aux côtés de Dead CongregationRiot et Manilla Road). Je ne suis pas un spécialiste de la discographie des Italiens, mais une majorité des titres joués ce soir étaient des grands classiques : Dèmoni, Roller (!), Zombi, Non Ho Sonno, Suspiria (!), Phenomena, Zaratozom ! Tout en sobriété et en classe, le maestro introduit chaque titre avec le sourire, le tout accompagné par un batteur et un guitariste de génie ainsi que par un petit écran diffusant les extraits des films de Dario Argento. Le trio disposait d'un son absolument grandiose et la nuit tombante, le ciel étoilé et l'ambiance intimiste ont achevé de faire de ce concert un moment incroyable. Merci Goblin, merci Fall of Summer. Seul petit regret, l'absence d'un véritable bassiste remplacé pour l'occasion par des samples... Je n'ose imaginer le rendu à quatre ! Il va vraiment falloir que je trouve le moyen de les revoir rapidement ! Quelle classe !

 

Di Sab : Beaucoup trop bien pour être raconté en un report. Sleap va vous en parler en long, en large et en travers beaucoup mieux que moi qui ne suis pas familier avec la discographie « hors films » des italiens mais putain, ça devait être le concert du week end, et ça le fut. Le t-shirt Suspiria bien trop kitsh de Claudio Simonetti annonçait la couleur du truc : un set axé sur les B.O pour le plaisir du plus grand nombre, qui ne semblait pas vraiment connaitre Goblin en dehors des bandes originales des films d’horreurs cultes dont ils se sont chargés. Simonetti, dernier membre originel est étonnant de charisme. On ne peut s’empêcher de sourire à la vue de ses doigts qui virevoltent littéralement sur ses claviers, de ses petits sourires en coin et de ses horns up un peu raides, maladroites. La communication est minime, il se contente de nous annoncer le titre suivant mais on le sent réellement content d’être là. Et il y a de quoi. Les conditions sont idéales, le son est parfait, le public étonnamment conséquent (alors que 10 minutes avant le début du show, il n’y avait littéralement personne). J’ai pris énormément de plaisir à découvrir les titres de Roller (2 extraits) même si, forcément, les thèmes de Dawn of the Dead, Demons, Phenomena, Suspiria et Profondo Rosso étaient carrément au-delà de tout. Entre les claviers obsédants, les extraits de films (quel plaisir de revoir les couleurs vives de Suspiria, la scène de l'ascenseur dans Profondo Rosso ou l’invasion de bikers dans Dawn of the Dead !!) et une danseuse, qui, selon les dires d’un ami assis au loin, a fait s’approcher des dizaines de mâles en rut, je n’ai littéralement pas compris ce qui m’arrivait. Du coup j’ai souri comme un gamin pendant une petite heure. Un des meilleurs concerts de l’année. 

Sleap : Voilà maintenant le clou du spectacle. Le groupe OVNI de cette affiche 2016 mais qui reste assurément ma plus grosse attente du festival : Claudio Simonetti's Goblin ! Musicien souvent vénéré pour ses BO de films d'horreurs cultes des 70's, mais que j'apprécie tout autant pour son travail studio avec des albums comme Il Fantastico Viaggio... ou Roller. Placé au premier rang, pile en face de l'illustre compositeur, je me prépare moi-même au voyage fantastique.

Pour la première fois, la Blackwater Stage n'est pas ornée d'un backdrop mais d'un grand écran sur lequel seront projetés des clips vidéos ou extraits de films pendant tout le concert. Malgré la discutable nécessité d'un tel dispositif, je suis tout de même très heureux de pouvoir encore plus apprécier l'aspect visuel du concert. Il faut dire qu'avec la pléthore de bandes originales de films qui va nous être proposée ce soir, les projections sont un véritable plus.

Le tout commence justement avec celle de Demons (premier film italien de cette ''setlist''). Une ouverture assez particulière pour s'immerger dans le concert. La rengaine principale est en effet très dansante par rapport au reste des morceaux, mais le son et les images vidéos du film de Lamberto Bava rendent tout de même l'expérience très prenante. Pour ma part, les choses sérieuses commencent à partir de l'enchainement suivant puisqu'il s'agit de deux de mes titres préférés de toute la carrière de Goblin : Roller et E Suono Rock (!!!). La montée en intensité mêlée aux mélodies tortueuses des claviers du Maestro est tout simplement fabuleuse.

Petit détail tout de même, le bassiste du groupe n'est pas présent ce soir. Et malgré les effets aux claviers, l'absence de basse se fait ressentir, notamment durant les morceaux de Roller. Autre léger reproche, une danseuse en petite tenue investit la scène (notamment lors d'Aquaman) pour exécuter des chorégraphies plus ou moins sensuelles qui ne collent pas vraiment avec la musique (ou avec les images en arrière-plan). Pour ma part, je passe une bonne partie du concert les yeux fermés, donc cela ne m'affecte qu'à moitié, je le concède. Et lorsque je les ouvre, ils sont la plupart du temps rivés sur les claviers de Claudio Simonetti. De là où je suis, la vue est imprenable sur ses mains qui cavalent d'un synthé à l'autre. Le bonhomme est de plus très enjoué de voir un public ''Metal'' aussi réceptif à sa musique progressive. Lui et ses deux comparses arborent un sourire jusqu'aux oreilles et ne cessent de se jeter des regards complices durant le show.

La fin du set se concentre sur la partie ''à succès'' de la carrière des Italiens avec notamment du grand Profondo Rosso, du grand Dawn of the Dead et surtout une doublette Suspiria / Phenomena des plus éblouissantes. Mais le titre qui m'émeut le plus en live ce soir est le thème principal de Non ho Sonno. La mélodie aussi mélancolique qu'hypnotique me reste encore en tête à l'heure où j'écris ces lignes. Quelle beauté ! Inutile d'en dire plus, Claudio et sa bande ont conquit l'assemblée. Comme attendu, il s'agit évidemment du concert du festival me concernant. Grandiose !

 

Schifeul : Là, on arrive à la baffe du fest : Goblin ! Je m’attendais à rien de ce groupe, faut dire aussi que je ne le connaissais pas, mais comme on m’a parlé de projection de films en même temps, je m’y suis bougé, ayant de bons souvenirs de concerts de Carpenter Brut parce que j’aime me vautrer dans la hype pour faire genre l'élitiste qui n’écoute pas que du Metal. Le concert s’ouvre et dès le premier titre, je comprends vite que le gaillard et responsable de nombre de thèmes d’horreur et surtout de films de Dario Argento et je me laisse transporter par la musique de Goblin. Les Italiens apportent une haute dose de fraîcheur sur le festival et si lorsque le groupe joue des titres non-issus de BO, j’ai tout de même mon intérêt qui baisse - je trouve alors le tout trop “prog” avec une absence de l’étincelle qui élève les autres morceaux - on a ici une des meilleures performances du fest et je suis en kiff total, notamment sur les films que j’ai vu comme Zombi ou Phenomena. D’ailleurs pour ce dernier, j’aurais bien aimé être placé plus proche de la scène afin de mieux voir à l’écran la tête toute dégueulasse du gamin. Sur certains titres, comme Suspiria, on aura même droit à une danseuse sur scène dont les pas permettent de relever les mélodies jouées. Mais bon, le public Metal ne se refait pas et on a pu entendre fuser quelques remarques de metalleux suintant le mauvais sperme par tous les pores de leur corps... En tout cas, ce concert m’a donné envie de voir Suspiria, dont on m’a prêté le DVD y a genre 2 ans et que je n'ai toujours pas visionné. Hem.

Shining

Schifeul : On enchaîne avec Shining qui nous revient tout droit d’une tournée au US. Après avoir passé son week-end à faire chier le monde, le Niklas est en très grande forme, tant vocalement que scéniquement. Le petit bonhomme enchaîne provocations et prises à partie de membres du public, on aurait pu avoir là un grand concert si seulement le coup du show spécial 20 ans n’était pas clairement du pipeau ! Hormis un titre du dernier album et un Ohm tout à fait dispensable, Shining a sorti la même set list qu’au Brutal Assaut, donc exit les espoirs d’avoir des titres de The Eerie Cold ou autre chose que l'indéboulonnable Låt oss ta allt från varandra issu d’Halmstald. Heureusement qu’un petit Submit to Self-Destruction s’est glissé là pour nous faire zouker et un peu rigoler avec déclaration à l'emporte-pièce du Niklas. Un concert qui aurait pu être bien, mais on se sent un peu trompé sur la marchandise tout de même. À noter qu'il se promène avec une très saillante ceinture en os. Donc après Peste Noire, le gaillard va sûrement bientôt nous annoncer être fan de Cobra !

 

Satyricon

Schifeul : Après ce concert en mode “nan je veux pas jouer mes vieux titres” on a le droit à l’inverse avec Satyricon qui décide de nous jouer en intégralité son album Nemesis Divina, sortit en avril 2016 et qui fête donc ses 20 ans. C’est donc devant un backdrop représentant le Christ Aux Limbes de Bosche que Satyricon entame son set par The Dawn of a New Age et c’est parti pour 40 minutes de grande qualité dédiées uniquement à cet album. Tandis que les titres s'enchaînent, le line up live étant à une guitare, Satyr se munit d’une sur certains titres pour apporter les parties nécessaires. D’ailleurs pour rester sur le frontman, celui-ci se la donne sobre, moins m’as-tu vu que sur certaines performance que j’ai pu voir. Les deux petites taches que l’on pourrait trouver à ce live, toutefois minimes, genre, tu frottes avec de l’eau et ça part, sont une grosse incompréhension sur la pertinence de la voix féminine (Pourquoi passer des plombes pour le check micro alors qu’elle ne montera pas sur scène et ne fera qu’une ligne parlée ? Ils ont touchés au sampler et pouf ça a pété ?) et un public assez mou - je reste toujours le seul dans mon délire sur la fin de Forhekset - mais ça, on a pu le remarquer sur l’ensemble du fest.

Alors que l’on arrive au point culminant de cette partie Nemesis Divina, à savoir Mother North, Satyr demande aux gens allongés sur la pelouse de se lever "vous voulez vraiment rester assis sur celle-là" et une grande partie s’exécute, sauf certain que le frontman prend à partie non sans humour "Ces gens ont fumés trop de joints durant le week end, whoop whoop, la police arrive !". Après cette bonne blague, Satyricon balance son titre culte sous les hoohooohooo du Fall Of.

Pour compléter son set, et après avoir remercié le public parisien, car Paris est une ville importante pour le groupe, Satyricon va jouer un titre de chacun de ses 3 derniers albums, une façon de montrer l’évolution du groupe, de ses début black metal médiéval vers quelque chose de plus black’n’roll et dansant. Black Crow on a Tombstone entame donc cette deuxième partie de set avec son refrain repris en cœur par le public. Satyr prend ensuite la parole pour expliquer qu’un bon test pour évaluer les capacités d’un frontman est de demander un bon mosh pit et voir ce qu’il en ressort, ce qu’il fait donc avant de commencer Fuel for Hatred qui mine de rien réveille un public plus qu’amorphe jusque-là qui se lance dans un moshpit tout à fait correct. Comme quoi il suffit des fois de juste pousser un peu au cul. En conclusion de ce set maitrisé, les Norvégiens nous font remuer une dernier fois culs et cheveux sur son hit K.I.N.G. Excellent concert de Satyricon, qui sort ici une des meilleures performances que j’ai pu voir du groupe.

 

  

Tankard

  

GazaG : Pour ceux à qui il reste de l’énergie, le festival offre la possibilité de la dépenser utilement, car voici Tankard. Comme le disent si bien les Allemands : We are proud of something : we never had much success, we never get up ! Et bien pas cette fois mon précieux, pas cette fois ! Tankard clôt ce cru 2016 du Fall Of Summer, et de la plus belle des manières. Pendant les 11 titres que le combo nous a joués ce soir, jamais le groupe (ni la fosse) n’aura levé le pied. La sécu est enfin appelée au boulot avec de nombreux slammers à rattraper. On sent le groupe hyper content d’être là, chaque morceau est joué généreusement et avec énergie, à l’image de Gerre, chanteur sur ressort, qui court à fond de chaque côté de la scène pour motiver la foule. Tankard à 15h ou 1h, même patate.

La setlist ratisse large, en partant du tout premier skeud Zombie Attack juuuusqu’au petit dernier : R.I.B. Sur Chemical Invasion, on aura même le droit à une danse crétine, entre le père Gerre et une roadie, visiblement étonnée et amusée de faire un tour sur scène. Seul bémol au niveau de la musique : des solos qui ne m’ont jamais vraiment emballé. Pour le reste, on se repose une base de riffs Thrash pur-jus : tantôt super rapides, tantôt mid tempos qui dégoulinent sur les bords. Ma préférence (à moi) arrive en fin de set avec Rectifier, introduite comme "a slow song" juste avant, histoire de garder le niveau de vanne élevé jusqu’à la fin du concert. Parfait. Je doutais un peu quant à l’efficacité du show, vu la journée intense qui s’est écoulée. Honte à moi ! Je n’aurais jamais dû douter des Allemands, car c’est une bouffée d’oxygène que j’ai reçue à la place.

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Sleap : Ainsi s'achève cette troisième édition du Fall of Summer. Comme dans beaucoup d'autres domaines, le chiffre 3 est le chiffre de la confirmation. Et le festival francilien nous a prouvé lors de cette édition 2016 qu'il a parfaitement sa place parmi les meilleurs open airs Metal extrême d'Europe.

Ne dépassant pas les 4000 personnes par jour, le festival reste, comme les gens aiment le rappeler, ''à taille humaine''. Site, camping, parking, tout reste très proche et on y circule aisément (autant entre les deux scènes qu'à l'extérieur du site).

La base de loisirs est un cadre unique pour les festivaliers avec entre autres une colline verdoyante entre les deux scènes pour se reposer ou savourer chaque concert à bonne distance; un lac qui semble autant plaire à ceux qui s'y baignent qu'à ceux qui le contemplent; et le sable dans la fosse de la Blackwater Stage fait également son petit effet.

Par ailleurs, l'organisation semble avoir pallié au principal problème des éditions 2014 et surtout 2015. En effet, les stands de nourriture et bars sont plus fournis que les années précédentes (que ce soit en termes de bénévoles ou de contenu). Plus de files d'attente interminables et un choix bien plus intéressant. Je regrette tout de même l'absence de points d'eau – tout de même essentiels – sur le camping pour ceux qui ne prennent pas de ''bracelet douches''. Mais en dehors de ça, pas grand chose à redire. Le chapiteau abritant les différents stands de labels et distros est toujours aussi grand. Le festivalier dépensier a donc ici aussi un large choix en termes de musique et de merch.

Et on en vient enfin au point le plus important : la qualité du line up. Que ce soit dans le Metal extrême ou les écoles plus traditionnelles, Jessica tape toujours juste. Chaque année, l'affiche est composée de groupes assez rares mais également de quelques ''grands'' noms. Que ce soit en Heavy, Speed, Thrash, Death ou Black, la sélection est exemplaire (avec la plupart du temps des shows en fly-in et non de simples dates de tournée). De plus, comme le confirme le set de Goblin cette année, les petites ''excentricités'' que s'octroie la programmatrice sont souvent un succès.

Je n'ai vraiment rien à dire de plus. Le Fall of Summer est à mon sens le meilleur open air Metal français actuel. Sur absolument tous les plans, c'est un vrai plaisir de le vivre chaque année. Avec un cadre unique, un large choix de services sur place, un public passionné et surtout une affiche d'une qualité inégalée en France chaque année (à la fois éclectique et spécialisée), le Fall of Summer a tout pour devenir l'une des destinations principales de tous les fans de musiques extrêmes d'Europe. Espérons qu'un éventuel bénéfice financier annuel puisse le faire perdurer le plus longtemps possible !

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Crédits :
Textes par l'équipe Horns Up.
Photos par Gazag, équipe Horns Up.

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