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samedi 20 août 2016

Party San Open Air 2016 - Jour 3

- Schlotheim

Sleap

Live reporter et chroniqueur occasionnel dans divers genres (principalement extrême).

Sleap : Dernière journée dans ce qui reste pour moi le meilleur open air européen (talonné tout de même par le Brutal Assault se déroulant au même moment en République Tchèque). Bien que beaucoup plus chargé que les précédents, ce troisième jour comportera tout de même quelques déceptions dans cette avalanche de concerts dantesques. Entrons donc dans le vif du sujet...

Sulphur Aeon

Sleap : Cela faisait exactement 3 ans depuis mon premier et dernier concert de Sulphur Aeon, ici-même au Party San 2013. Cette fois-ci, forts d’un second album, les Allemands ne jouent plus sous la tente, mais bien sur la Main Stage. L’occasion pour eux d’exhiber leur magnifique et gigantesque backdrop à l’effigie de la pochette du dernier album (réalisée par le talentueux Ola Larsson).
Avec plus ou moins les mêmes accoutrements et décors que la dernière fois, le groupe arrive sur scène sur l’intro du premier album. Et pour mon plus grand plaisir, celle-ci laisse logiquement place à l’énorme Incantations, l’un de mes morceaux préférés du groupe. Une fois n’est pas coutume, le son n’est vraiment pas au niveau là où je suis placé, mais cela reste correct lorsque l’on connait les morceaux. Malgré trois titres de Swallowed by the Ocean’s Tide (dont l’excellent éponyme), la majorité de la setlist est évidemment centrée sur le dernier album. Et je dois dire que même en live, je ne parviens toujours pas à l’apprécier. Je quitte donc la fosse après un très bon Inexorable Spirits.
Bien qu’assez plaisant, ce concert n’égalera clairement le précédent à mon humble avis. La setlist uniquement axée sur le premier effort et le cadre plus intimiste de la tente, qui plus est en soirée (pas en plein soleil à 14h30), étaient évidemment bien plus adaptés il y a 3 ans. 

Memoriam

Sleap : Après des mois de circonspection, il est enfin temps de lever le voile sur le cas Memoriam. Ce all-star band anglais formé il y a moins d’un an a suscité beaucoup d’attention au fil des semaines grâce, entre autres, à son frontman Karl Willetts, chanteur de Bolt Thrower. Testament du légendaire combo de Coventry ou simple side-project ? Après la mort de l’emblématique batteur du groupe susnommé, nous étions en droit de nous poser des questions.
Les premiers morceaux, encore inédits, joués lors de cette tournée ne laissent aucun doute : l’ombre de Bolt Thrower est présente. Outre les vocaux de Karl qui n’ont pas changés d’un iota, certains leads de guitare ou attaques de double pédale rappellent très clairement les dieux anglais. Cependant, la sauce est encore loin de prendre. En effet, autant par les compositions encore très basiques que par la présence scénique quasi-inexistante des musiciens (hormis Karl), le groupe est loin de faire un carton.
Au final, je ne prends plaisir que lors des quelques reprises jouées aujourd’hui. On a droit à l’assez inattendu Spearhead (paru en ’92 et non en ’94 comme l’annonce le chanteur), au plus commun Powder Burns et son lead mélancolique, ainsi qu’à The Captive des terribles Sacrilege. Et je dois dire que même ces titres ne parviennent pas à me faire sauter de joie. Outre le choix assez discutable (surtout concernant celui de Sacrilege), leur interprétation à une seule guitare est évidemment beaucoup moins prenante. Bref, la hype sera bien vite retombée me concernant. Memoriam ne m’aura pas marqué plus que ça…  

Nifelheim

Sleap : Après je ne sais combien de tentatives avortées (et des centaines de visionnages de leur live au Party San 2006), j’ai enfin l’occasion de voir Nifelheim sur scène. Il s’agit d’un des derniers ‘’géants’’ du Black Thrash qu’il manque à mon palmarès live, et dans un cadre comme celui du PSOA cela ne peut qu’être explosif.
Bardés de cuir, de clous, et peinturlurés de noir, les cinq Suédois menés par les frères Gustavsson débarquent sur scène prêts à en découdre. Bénéficiant d’un son crade mais distinct et surtout d’un attirail pyrotechnique qui n’est normalement utilisé qu’en soirée, le show est déjà parfait. Même sous un soleil de plomb, le quintet parvient à installer une atmosphère unique tout en déployant une énergie folle. Tous les musiciens ont une présence incroyable et ne cessent de se déplacer et de poser sur scène avec leur accoutrement atypique (mention spéciale à la calvitie des deux frangins fondateurs du groupe). Le tout est mené d’une main de maitre par Hellbutcher qui tient la foule en haleine entre chaque morceau joué.
Et ces derniers sont sélectionnés avec soin, c’est le moins que l’on puisse dire. Pas moins de 4 titres du premier album sont interprétés aujourd’hui, à savoir Black Curse, Satanic Sacrifice, Possessed by Evil et bien sur l’incontournable Sodomizer. Malheureusement pas de Storm of Satan’s Fire ou de reprise de Tormentor, mais je ne vais pas me plaindre de cette setlist aux petits oignons. La foule est aussi déchainée que le groupe. Ça se bouscule dans tous les sens, ça presse des oranges invisibles, ça hurle de partout, bref, typiquement le genre de public auquel on S’atan.
Même si ce ne sera pas mon concert favori du festival, il s’agit là d’un de mes meilleurs moments de cette édition 2016. Quelle joie d’avoir enfin vu les Suédois en live ! J’ai déjà hâte d’être au Fall of Summer pour le second round !

Grave

Sleap : Ma foi rien de spécial à dire sur cet énième concert de Grave. L’intro sur Deformed / Chrisi(ns)anity ainsi que la doublette You’ll never See / Hating Life passent comme une lettre à la poste, mais en dehors de ça, rien de bien particulier. Le son, bien que brouillon au début, est correct pour du Swedeath, et les membres ont toujours la gnaque sur scène (mais il faut vraiment que Ola cesse de poser avec sa clope en début de set). Bref, un concert classique de Grave. Peut-être est-ce la lassitude, mais je suis loin de prendre autant mon pied qu’au premier jour. Sympa sans plus.

Immolation

Sleap : Place maintenant à mon groupe préféré de l’affiche. Même si la qualité du line up est indéniable, c’est en partie pour revoir l’un de mes groupes favoris que j’ai fait le déplacement au PSOA cette année.
Malheureusement, je vais très vite déchanter. Le son est absolument affreux durant la totalité du set. Et Bill Taylor n’étant toujours pas revenu, Bob Vigna est seul à la guitare. Et malgré le culte que je lui voue, cela ne suffit clairement pas au niveau sonore. De plus, on a droit au pire son de batterie du week-end : complètement flat, surtout au niveau des tomes et du kick. Et comme si cela ne suffisait pas, Steve Shalaty n’est pas en grande forme aujourd’hui et se foire sur un très grand nombre de parties de blast et de double kick. Un désastre…
Et même si je prends mon pied sur quasiment n’importe quel morceau de la discographie d’Immolation, la setlist d’aujourd’hui n’est tout de même pas folle du tout. Trois morceaux du dernier album mais aucun de l’EP précédent, ni de Shadows…, ni de Unholy…, ni de Failure… et j’en passe. Malgré les ultimes Father, you’re not a Father et Dawn of Possession, la sélection n’est vraiment pas judicieuse pour les 45 petites minutes accordées au géant new-yorkais.
Je ne pensais pas dire ça un jour mais je sors profondément déçu d’un concert d’Immolation… Quelle tristesse !

Rebaelliun

Sleap : Enchainement instantané après la déception Immolation puisque les brésiliens de Rebaelliun ont déjà démarré leur set lorsque j’arrive sous la tente. Et nom de dieu que le changement est brutal !
Pour un groupe comme Rebaelliun, la sonorisation live se doit d’être irréprochable. Et bien que très fort, le son de la Tent Stage est mille fois supérieur à celui de la Main Stage cette année. Pour ceux qui ne sont pas familier avec le combo de Porto Alegre, Rebaelliun pratique un Death Metal bestial dans la plus pure tradition sud-américaine. C’est pour ma part l’un des meilleurs groupes de cette scène si florissante à la fin des 90’s / début des 2000’s. Et il s‘agit là de leur tournée de reformation après presque 15 ans d’absence !
Et quelle claque, seigneur dieu ! En plus d’un son massif, le groupe n’a définitivement pas perdu de sa superbe. Ça joue à une vitesse supersonique tout en restant d’une lourdeur et d’une puissance ahurissante. Quelle voix, quel riffing, quel jeu de batterie, mes aïeux ! Malgré la déception que constitue leur nouvel album, les prestations live semblent ne pas avoir changé d’un iota (contrairement à un certain Krisiun)... La bestialité et la rage sont là, le tout accompagné d’un jeu de lumières épileptique qui colle parfaitement avec la musique sauvage et brutale du quatuor brésilien.
Et je dois dire que même les nouveaux titres comme Anarchy, vraiment pas au niveau en studio, passent tout de même très bien l’épreuve du live ! Pour le reste c’est l’apocalypse : And the Immortals Shall Rise, Unborn putain de Consecration (!!!) et un final dantesque sur l’éponyme du premier EP : At War ! Je suis juste assez surpris de l’absence du morceau Annihilation, qui aurait pourtant constitué la meilleure entrée en matière possible. Mais en dehors de ça (et de la durée de set bien trop courte) c’est une branlée monumentale. Je ne sais toujours pas si c’est le concert que j’ai préféré parmi toutes les excellentes prestations, mais il s’agit ni plus ni moins que l’une des plus grosses claques du week-end !

Drowned

Sleap : Après un poulet bien mérité, je reste sous la tente pour le groupe suivant qui s’annonce lui aussi excellent. Comme je le disais plus tôt, Drowned est l’un de mes groupes allemands favoris et c’est toujours un moment hors du temps que je passe en les voyant en live. De plus, avec un son comme celui de la Tent Stage ce soir, c’est un sans-faute assuré !
Et à une petite exception près (j’y reviendrai), c’est effectivement exemplaire. Forts de compositions très travaillées (tant au niveau des ambiances que des structures) et d’un son irréprochable, les Berlinois mettent à genoux une bonne partie des autres formations Death Metal du festival. Le son de l’unique guitare est d’ailleurs certainement l’un des meilleurs du week-end. Rien de nouveau concernant le visuel, le trio est toujours aussi sobre et ne communique quasiment pas avec le public. Aucun accoutrement extravagant ni décor particulier, seul le sempiternel chandelier trône au milieu de la scène.
Une fois encore, mon principal reproche concerne l’absence de Viscera Terræ dans la setlist. Mais heureusement, la qualité de cette dernière me fait presque oublier ce petit point noir. Antiprism, Gnomon, Black Projection et surtout un final sur une reprise de Ripped from the Cross de Grotesque aussi ultime qu’inattendue ! J’ai beau chipoter, ce concert se hisse aisément parmi l’un de mes favoris du week-end.  

Sodom

Sleap : Quoi de mieux que de finir un festival sur un show de Sodom ! Malgré la piètre qualité du son à (presque) toutes leurs prestations live, j’arrive toujours à apprécier les concerts des Allemands. Contrairement à leurs confrères de Kreator, le groupe ne s’encombre pas de superflu (décors, écrans, speechs inutiles, etc). Ils jouent du Thrash Metal, rien de plus, et c’est ce qui fait toute la différence selon moi. Il serait temps qu’un second guitariste joigne l’équipage et que les setlists changent un peu de date en date, mais bon.
J’arrive sur l’excellent Sodomy and Lust et me trouve une bonne place derrière le pit pour admirer le beau bordel qui s’y déroule. Et dès le titre suivant, je ne suis évidemment pas déçu. C’est en effet la reprise de Surfin’ Bird des Trashmen qui débute, et son intro « Papapa… » est selon moi l’un des lancements de pit les plus efficaces en live, tout groupe confondu. Dommage qu’ils ne la jouent qu’à moitié pour enchainer sur le très mou The Saw is the Law… Vous l’aurez compris, c’est donc encore une fois une setlist assez classique de la part de Sodom. La seule ''surprise'' du show est l’annonce de Tired and Red, que je n’avais encore jamais entendu en live. Mais mis à part ça, le concert est on ne peut plus ordinaire.
En résumé, on s’éclate sur les morceaux 84-89 et on s’emmerde sur les morceaux récents (du moins la plupart), mais on prend dans tous les cas plaisir à voir le public s’éclater comme à chaque fois. Malgré la forte baisse de qualité en studio ces dernières décennies, Sodom reste une valeur sure en live, et c’est tout de même un plaisir de terminer le festival avec eux.

***

Sleap : Cette 21ème édition du PSOA s'achève donc en ce début de matinée du dimanche 14 aout 2016. Alors que d'autres font encore la fête sur du Abba au Metal Disco, je regagne ma tente pour tenter de me reposer un peu avant le long voyage de retour.

Une fois de plus, le Party San aura su, par bien des moyens, nous confirmer sa supériorité sur bien d'autres open airs européens actuels. Le cadre de l'aéroport de Schlotheim permet aux quelques milliers de personnes de s'installer confortablement sur les aires de camping entre chaque piste d'atterrissage. Pistes d'asphalte qui préviennent d'ailleurs tout risque de boue en cas de pluie. Des cabines de toilettes sont disposées un peu partout sur le site et le camping, et deux spots douches / toilettes ''normales'' / point d'eau sont disponibles sur l'allée de camping principale (avec en fond sonore des petits gazouillis d'oiseaux, indispensable !).

Le site en lui-même est une vaste zone rectangulaire dont les bordures sont constituées de stands. Niveau merch, de nombreuses compagnies sont présentes chaque année (gros labels mais également plus petites distros), nous passons d'ailleurs un coucou aux copains de Season of Mist ! Et pour la nourriture, il y en a pour tous les gouts, du fameux stand de poulet aux stands vegé / vegans, en passant par les spécialités locales, etc. Enfin, les prix des boissons sont très corrects et le panel est très varié. En plus du stand principal, on peut trouver un stand de bières plus spécialisées ainsi qu'un stand whisky. Mais le plus fréquenté est évidemment le Havana Club, situé au milieu de la zone, quasiment face à la Main Stage, distillant son fameux Cuba Libre (rhum / coca / citron vert / glaçons). Et au bout de 10 verres, un chapeau de paille Havana Club est délivré au consommateur, prouvant son inaltérable fidélité au cocktail susnommé. Un must !

Plus sérieusement, abordons le plus important : la musique. Le PSOA propose (presque) tous les ans une affiche irréprochable, piochant dans ce qui se fait de mieux dans le Metal extrême. Principalement Death, Black et Thrash, le festival s'ouvre également de temps en temps à d'autres styles comme le Doom ou le Speed. Pour ma part, je regrette juste que le Heavy soit mis de coté, mais c'est un détail. Avec seulement deux scènes, il nous est possible de voir tous les groupes qui nous intéressent (malgré le léger chevauchement de 5 minutes entre les concerts). Le tout est, le plus souvent, complété par un son excellent autant sur la Main Stage que sous la Tent Stage (quoique cette année, comme vous avez pu le lire, celui de la scène principale n'était pas tout le temps des plus distincts). Enfin, avec une culture du ''ballroom'' très inscrite dans les festivals allemands, le PSOA propose également son ''Metal Disco'' après chaque journée de concerts. Un DJ remplace alors les groupes sous la Tent Stage et fait danser les nombreux festivaliers jusqu'au petit matin à coup de tubes Heavy Metal mais également Disco le dernier soir.

Se déroulant dans un cadre des plus agréables et accueillant un public de passionnés, le Party San Open Air est un modèle qui fonctionne. Avec quasiment autant d'ancienneté que son compatriote trisomique du Wacken, le PSOA se contente de laisser la jauge à environ 15 000 personnes et de rester intègre autant dans sa programmation que dans son fonctionnement. Sans jamais faire sold out pour autant, le festival accueille chaque année de vrais fans de musique et non des hordes de décérébrés venus uniquement pour festoyer au camping tout le week-end. Qu'il pleuve ou qu'il vente, l'ambiance est toujours agréable et on prend plaisir dans absolument tout ce que l'on peut y faire (assister à des concerts, boire, manger, danser, et j'en passe). Bref, vous l'aurez compris, il s'agit là d'un des meilleurs open airs Metal extrême d'Europe, et cela n'est pas prêt de changer !