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dimanche 13 décembre 2015

Deathcrusher Tour

La Cigale - Paris

Gazag

C’est la tournée des papys poids-lourds : Voivod, 35 années d’ancienneté, tout comme Napalm Death. Obituary, si on occulte leur pause, en est rendu à 28 piges, et Carcass affiche 30 printemps au compteur. Autant dire que les mecs connaissent la musique. Le Deathcrusher Tour fait escale ce soir à Paris, en sold-out s’il vous plaît, et ce n’est pas pour coller des gommettes.

La Cigale est une salle disposant de balcons avec gradins. Lors de concerts où ça bouge gentiment son boule (comme celui de ce soir), il est amusant de voir des rangées de têtes osciller en rythme, alors que juste en dessous le pit bat son plein. Pas de chance pour Herod, les horaires parisiens auront raison du premier chauffeur de salle. On commence donc le report avec Voivod

Voivoid

La fosse est déjà bien peuplée quand Voivod débarque. Les gradins ne sont pas spécialement squattés, à part les gars qui réservent des places pour leurs potes qui bossent encore. Les Canadiens prennent possession de La Cigale, et se tapent un son bien pourri. Du coup l’ouverture avec Ripping Headaches fait un peu un effet "pétard mouillé". 

Ça s’améliore néanmoins par la suite et devient enfin audible ! Chaosmöngers fait toujours très mal, et globalement les anciens morceaux n’ont pas pris une ride. A la vérité, c’est plutôt sur scène que ça traîne un peu la patte. On savait que Snake avait arrêté de faire des saltos depuis un moment, mais là, on a atteint un autre palier. Chant pas au top, des va-et-vients sur scène sans but, deux trois headbangs pour la forme… C’est un peu triste. Bon après le bougre est toujours super à l’aise dans sa communication avec le public. 

Ca envoie des blagounettes entre les morceaux, et ça harangue la foule quand il faut, bien que le public soit moyennement réceptif. Les autres zikos sont plus en forme en revanche : les gratteux prennent un malin plaisir à se chamailler et à bouger leur popotin, le batteur a bien la niaque et matraque ses fûts avec la fougue de la jeunesse. Globalement les compos sont bonnes mais le set manque d’énergie, entre les coupures assez longues et à cause d’un Snake pas vraiment dans le coup. On notera le featuring réussi de Jeff Walker sur The Prow, relevant une prestation en dents de scie. A revoir sous un meilleur jour, avec un Snake moins dans le coaltar.

Ripping Headaches
Tribal Convictions
Kluskap O'Kom
Chaosmöngers
The Prow (with Jeff Walker)
Overreaction
Forever Mountain
Voivod

 

Napalm Death

On change d’ambiance avec la bande de Barney qui entre en scène et qui va désenfariner les derniers gradins. D’expérience, et n’étant pas un gros mangeur de grind, Napalm Death, c’est quand même le gage de passer un bon moment. La règle est respectée ce soir. 

Le contraste est fort entre l’âge des rigolos et l’exigence de la musique à jouer. Les compos sont super rapides, et Shane Embury continue de frapper frénétiquement sa basse. Barney ne tient pas en place et nous offre ses meilleures grimaces pour expliciter ses paroles. Comme pour Voivod, le son est bien naze au début, mais ça s’arrange sur la fin du set, avec un Suffer the Children du plus bel effet.

La part-belle est faite aux titres grind, toutes époques confondues. Depuis Scum (cinq titres, avec un Bill Steer qui quitte Carcass pour rejoindre les Britanniques le temps d’un Deceiver) jusqu’au petit dernier Apex Predator - Easy Meat. Pour le reste, vous avez la setlist en dessous hein. Globalement ce qu’il en ressort, c’est que Napalm Death se moque de sa longévité et éclabousse La Cigale de son talent à chaque morceau. La constance du groupe à desservir des lives de qualité est le reflet de la qualité de leur disco. Seul bémol du concert: les interludes un peu longs de Barney qui raconte plein de trucs plus ou moins utiles au public. C’est d’ailleurs à l’occasion de ce concert que les premiers slameurs arrivent derrière la tête des photographes. La foule est bien chaude et ne peut que remercier le groupe pour une prestation de cette qualité.

Au menu des originalités, on a le droit à Nazi Punks Fuck Off des Dead Kennedys, interprété soi-disant en Français, sans pour autant franchement distinguer les paroles. Mais l’idée est là. Ça a le mérite de remonter un peu plus le public, qui pour finir se prend la triplette gagnante Unchallenged Hate / Suffer the Children / Siege of Power qui assomme la salle.

Napalm Death reste la même créature. Brutale, carrée, généreuse mais sans fioritures. Sans compromis. Un concert qui lustre encore un peu plus le nom des Anglais. 

Apex Predator – Easy Meat
Silence Is Deafening
On the Brink of Extinction
Smash a Single Digit
Timeless Flogging
Scum
Life?
The Kill
Deceiver
You Suffer
How the Years Condemn
Cesspits
Nazi Punks Fuck Off (Dead Kennedys)
Unchallenged Hate
Suffer the Children
Siege of Power

 

Obituary

Après la boule de lances acérées qu’est Napalm Death, c’est au tour des bon gros et bons gras d’Obituary de prendre la suite. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ça calme. Les lumières sont beaucoup moins présentes ; quand elles le sont, c’est de façon très opaque. Les zikos restent cachés la plupart du temps derrière leur rideau capillaire (on ne va pas les réinventer non plus hein). Pas de grosse communication mis à part beaucoup de mercis. Bref, scéniquement on est à 1000 km du dernier concert. Libre à chacun de se faire son jugement, toujours est-il que le contraste est frappant. 

Le Death old school des Floridiens casse le rythme en deux. C’est très très gras, ça t’écrase lentement. John Tardy est toujours très en voix, RAS du côté des gratteux qui jouent sans grande animosité. La force tranquille. Les morceaux s’enchaînent vite, du coup on a le droit à la lourdeur de la musique sans grosses coupures. Et il faut avouer qu’on s’est un tantinet ennuyé sur certaines compos. La faute à un concert sans grande variations, même si Bloodsoaked et Redneck Stomp font toujours leur petit effet. C’est comme manger une énorme tranche de pain. C’est consistant, ça fait le taff, mais ça n’a qu’une seule saveur. Un concert efficace mais sans grande originalité. C’est ça le problème de passer après Napalm Death.

Redneck Stomp
Centuries of Lies
Visions in My Head
Intoxicated
Bloodsoaked
Dying
Find the Arise
'Til Death
Don't Care
Slowly We Rot

 

Carcass

C’est maintenant au tour de la tête d’affiche de clore cette soirée. La scène de Carcass est intégralement blanche (jusqu’à la batterie). 1985 s’achève et la troupe de Jeff Walker se présente à La Cigale, en emboîtant directement sur Unfit for Human Consumption, histoire de rentrer tout de suite dans le vif du sujet. La salle est blindée, le pit démarre. Le père Walker est toujours aidé de son ventilo, histoire de ne pas bouffer ses cheveux, et également de pouvoir asséner de glaçants regards à la foule. Les autres musiciens ne sont pas en reste : Bill Steer et Ben Ash arpentent la scène, bougent dans tous les sens et arborent des postures démonstratives, sans pour autant tomber dans le ringard ou le vulgaire. Enfin, il semble que les cymbales de Daniel Wilding lui aient joué un sale coup, tant elles se font martyriser par ce dernier.

Buried Dreams et Incarnated Solvent Abuse creusent dans le passé du groupe. Mr Walker profite, entre certaines chansons, pour parler rapidement avec le public et leur filer des bouteilles d’eau. Les degrés montent dans la salle. Le pit rigole zéro et les gradins se tapent l’air chaud en headbangant à l’unisson.

La plus grosse partie de la setlist est composée de titres mélodiques, piochant allègrement dans Heartwork et Surgical Steel. Néanmoins, la doublette Exhume to Consume / Reek of Putrefaction nous remet la tête la première dans le grind des débuts du combo. 

Le groupe dégage une aura de respect et d’autorité. Jeff ne décrochera que quelques sourires ici et là, et n’a toujours pas envie de nous amuser. Au-delà de la qualité brute des compos, le live leur donne plus de puissance, grâce à un son dense et clair. Le jeu est carré et professionnel. Heartwork se termine, et laisse un sentiment de pureté. Comme si on ne pouvait pas faire mieux. Un sentiment un peu similaire à celui ressenti à la fin d’un concert de Death DTA. Sauf que les mecs sont encore là et assurent grave.

A la fin du set, une partie du Deathcrusher Tour monte sur scène pour interpréter Land Of Steel comme "remontant" après les récents événements de Novembre dans la capitale. Ainsi on retrouvera notamment Snake (avec un ballon de baudruche et un casque de chantier (?)), Shane Embury sans tish, et le chanteur d’Absolute Power : Simon Efemey, sur les planches. La scène est remplie de personnes faisant plus ou moins n’importe quoi. On préférera occulter ce moment de clownerie pour revenir à l’essentiel : respect à Carcass qui continue d’envoyer des parpaings et de trancher à coups de scalpel. Enfin, merci à Garmonbozia pour l’organisation d’une soirée qui à remplit ses promesses !

1985
Unfit for Human Consumption
Buried Dreams
Incarnated Solvent Abuse
Cadaver Pouch Conveyor System
This Mortal Coil
The Granulating Dark Satanic Mills
Captive Bolt Pistol
Exhume to Consume
Reek of Putrefaction
Keep On Rotting in the Free World
Corporal Jigsore Quandary
Mount of Execution
Heartwork

Rappel :

Land Of Steel (Absolute power)

Photos