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Album

29 septembre 2015 - DarkMorue

Amorphis

Under the Red Cloud

LabelNuclear Blast
styleRock / Death Mélo
formatAlbum
paysFinlande
sortieseptembre 2015
La note de
DarkMorue
9/10


DarkMorue

Un mec qui écrit des trucs.

C'est quand même dur de pas aimer Amorphis. Ou alors faut vraiment n'aimer rien d'autre que se faire lacérer les tympans avec des rasoirs dans une cave. Déjà parce que vu leur disco il y en a pour tous les goûts, avec un démarrage Death ultra sombre, virage Mélodeath traditionnel du Grand Nord, Rock psychédélique et j'en passe. Mais surtout, leur période actuelle, celle ayant démarré avec "Eclipse" et l'arrivée au micro de la voix d'or Tomi Joutsen et son micro en forme de sèche-cheveux laser. Période longue de maintenant 6 albums, certes pas tous du même niveau, qui ne sont rien d'autre qu'un enchaînement de tubes ultra gays mais s'apparentant juste à du miel pour les oreilles. Un Rock puissant avec de forts accents rappelant leurs racines, de petites pointes de Metal Extrême par-ci et des refrains qui font mouche pratiquement à chaque fois. En revanche, bien que "Eclipse", "Silent Waters" et "Skyforger" continuent de nous hanter avec leurs hits éternels, les deux derniers accusaient une baisse d'inspiration notable par une absence totale de renouvellement devenant trop pesante. Du coup ce "Under the Red Cloud" me faisait de base plus que peur. Et le miracle eut lieu.

"Circle" m'avait en effet laissé un goût amer à cause de trop de titres faibles et d'une redite trop voyante. En fait, la meilleure surprise de l'album se trouvait dans les titres bonus, surtout "Dead Man's Dream" qui donnait dans le pur Death Mélodique ultra énergique mettant enfin en avant le growl de porcasse de Tomi qui jusque là ne chantait pratiquement qu'en clair avec 2 mots en chant Death par-ci par-là. Et apparemment ils ont compris que ça marchait et se sont enfin rendus compte qu'ils comptaient dans leurs rangs un vocaliste de Metal Extrême plus que compétent parce que "Under the Red Cloud" est bourré de chant Death à ras bord. Une première depuis, pfiou, une vingtaine d'années. On a même un monumental "The Four Wise Ones" sans une seule seconde de chant clair, pour vous dire le niveau ! Résultat, après cinq albums rigoureusement semblables (un comble pour un groupe jusque là habitué aux bifurcations à 90° à chaque sortie pré-2006), on se retrouve avec une énorme teinte Death Mélodique et Metal, la sortie la plus énergique du combo depuis un bon moment. Enfin du changement. Mais en restant sur les acquis et les subtilités mélodiques désormais bien établies. Et bon sang comment c'est bon.

Je note un seul morceau en dessous des autres, à savoir "The Skull" qui n'apporte pas grand chose tout en restant un bon moment. Sinon, en dehors de ça, cette cuvée 2015 est un monstre de mélodies, d'énergies positives et de variété de composition. Un alignement de hits faisant chaud au cœur tout en gardant une personnalité très forte. Rien que le titre éponyme d'ouverture enfonce les portes ouvertes avec ses guitares chatoyantes et son refrain enchanteur comme ils en ont le secret (mais quelle voix bon sang, jamais je m'en lasserais). On a bien entendu un habituel énorme hit radiophonique qui a de quoi faire un carton partout avec "Sacrifice" aka le successeur des "House of Sleep" et autres "Silver Bride", unique titre ne contenant rien de bien Metal, mais c'est pour côtoyer d'énormes perles d'epicness qu'on attendait absolument plus de ces petits gars. Le cœur de l'album est bien costaud. Déjà pour "Death of a King" qui fait péter les cithares et les flûtes et s'impose comme l'un des morceaux les plus solides du groupe, mais également pour la doublette "Dark Path" / "Enemy at the Gates". Le premier avec son feeling symphonique qui fait lever le poing, et le second rappelant par moments carrément un SepticFlesh entrecoupé de passages psychédéliques de toute beauté.

Non mais vraiment. Sur les dix titres (et deux morceaux bonus un peu niais mais sympatoches quand même), presque chaque morceau a de quoi être l'un des titres phares de n'importe quel album de n'importe quel autre groupe. Variant les ambiances avec une aisance hors du commun, renouvelant sans cesse leur propre formule tout en gardant leur identité, Amorphis frappent ici très fort. Et après un début d'album placé sous le signe de la saga héroïque, ce véritable conte se termine dans la douceur du chant féminin d'Aleah (la chanteuse de Trees of Eternity qu'on a déjà entendu chez Swallow the Sun) répondant à Joutsen sur une "White Night" qui fait bien office de descente. Et j'ai gardé le meilleur pour la fin. "Tree of Ages", le morceau de Folk Metal de l'album dégainant les flûtiaux et mettant en quelques 4min30 une monstrueuse branlée à toute la scène par ses mélodies enchanteresses et l'ambiance ancestrale et nostalgique que développe le groupe depuis ses débuts.

Enfin bref, vous venez de lire la critique d'un fanboy total qui reprend espoir. Je commençais à être assez désœuvré de voir un groupe avec un tel potentiel sombrer dans une redite éternelle, les voir reprendre des couilles et sortir un tel pavé enchaînant tout ce dont on en attend avec l'énergie Metal en plus, ça fait chaud au cœur. "Under the Red Cloud" est typiquement le genre d'album fait pour durer, faisant partie de ceux qu'on écoute 20 fois le mois de son acquisition parce que ses mélodies et refrains ne veulent plus quitter notre cortex tellement ils ont un goût de reviens-y, puis revenir squatter régulièrement entre les autres sorties du groupe quand on a besoin d'un rayon de soleil dans notre morne vie. A tel point que j'en suis presque triste pour ceux qui n'adhèrent pas à leur musique juste par rapport aux moments qu'ils loupent. Oh et merde, ça leur apprendra à être hétéros aussi.

Tracklist :

1 – Under the Red Cloud
2 – The Four Wise Ones
3 – Bad Blood
4 – The Skull
5 – Death of a King
6 – Sacrifice
7 – Dark Path
8 – Enemy at the Gates
9 – Tree of Ages
10 – White Night
11 – Come the Spring (bonus)
12 – Winter's Sleep (bonus)

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