Live reports Retour
lundi 3 juillet 2023

Rock in Bourlon 2023

- Bourlon

Team Horns Up

Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.

Bourlon : un nom qui sonne exactement comme il le faut pour une commune du Pas-de-Calais, à quelques encablures de Cambrai, qu’on peut résumer en l’intersection de trois rues à côté d’un cimetière militaire canadien. Et pourtant c’est là que se tient l’un des festivals les plus originaux de France. Le Rock in Bourlon fêtait ses 13 ans (et 11 éditions, la faute au virus) cette année, avec une programmation particulièrement généreuse - pour laquelle on avait mis quelques perles en évidence. C’est aussi la première année que l’événement doit mettre un minimum à son système de prix libre afin de pouvoir survivre et pallier aux déconvenues de l'an dernier, mais fichtre ; on parle de trois jours de festival pour 30 balles minimum, 50 avec le camping. Pourquoi donc encore aller se faire rançonner à Dessel ou à Clisson ? 

*

Vendredi 23 juin - Jour 1

Groupes évoqués : Author&Punisher |Nature Morte | Imperial Triumphant | Fange | Weedeater | Wolvennest

Les routes transfrontalières du Nord étant ce qu’elles sont un vendredi après-midi, on arrive hélas assez tard sur le site. On rate donc complètement le début de l’affiche. Il faut préciser qu’on galère un peu : le parking officiel est déjà complet et l’espace se fait rare dans les rues de Bourlon, et le camping va vite voir sa densité de population augmenter en conséquence. Une fois installés, plus ou moins, on fonce découvrir le site et ses deux scènes.

Author & Punisher
L'Abreuvoir

Circé : Malgré les quelques soucis de circulation susmentionnés, nous arrivons tout de même de bonne heure pour voir Author & Punisher. Étant généralement amatrice d'indus sans pour autant m'y connaître de manière approfondie, j'étais curieuse d'enfin pouvoir découvrir en live le projet devenu assez emblématique par ses affiliations avec la scène metal.

 Sur scène, le one man band américain se mue en duo en se dotant d'un guitariste – et on pourrait même parler de trio tant les machines, connues pour être faites maisons avec des composantes en open source, semblent avoir leur propre présence scénique. Tristan Shone, l'homme derrière le projet, parait d'ailleurs fusionner avec elles pour un résultat visuel à la fois minimaliste et marquant. Au-delà de cela en revanche, c'est l'aspect le plus lent et écrasant de l'indus qui est exploité, et ce sera clairement pour moi un frein pour pleinement rentrer dans la musique. Hypnotisée sur quelques morceaux, complètement prise de cours lorsque je réalise que je suis en train d'entendre une reprise destructive de « Glory Box » de Portishead (un de mes groupes favoris), je me lasse tout de même malgré moi au bout d'un certain temps. La musique peut être redondante par un manque de variété certes intrinsèque au style, mais qui n'est ici pas aidée par le cadre : une grande scène en open air appelée L'Abreuvoir, entourée d'arbres et de lumière, ce qui n'aide pas à se plonger corps et âme dans un univers aussi radical. Une expérience intéressante donc, mais qui m'a plus donnée envie de la revivre dans de meilleures conditions qu'autre chose.

 

Nature Morte
Le Paon

Circé : J'avais déjà vu le nom de Nature Morte passer sur les réseaux sociaux, mais ne m'étais jamais vraiment lancée dans l'écoute. À part l'étiquette « post-black », je ne sais donc guère à quoi m'attendre alors que nous passons du côté de la petite scène, joliment nommée Le Paon. Dos à dos l'une de l'autre, assez proche pour qu'on puisse faire le trajet en quelques secondes mais assez éloignées pour que le son de l'une ne parasite pas trop l'autre, cette petite scène a cependant le désavantage de posséder moins d'herbe et d'ombre que sa grande soeur – on se retrouve vite sur le goudron en plein soleil, bien que quelques arbres d'un côté et le barnum du petit bar de l'autre offrent un coin sympa pour se poser tout en profitant de la musique.

Mais assez parlé aménagement de l'espace : Nature Morte est un trio parisien avec déjà deux albums à son actif, récemment signé chez Frozen Records, et qui sera définitivement ma meilleure surprise du jour. Les gars débarquent sur scène avec une allure beaucoup plus casual en sportswear qu'une dégaine clichée de groupe de post-black : un bassiste chanteur, un guitariste et un batteur. Les Parisiens proposent une musique plutôt apaisée et lumineuse, empruntant quelques inspirations aux mélodies et ambiances post-rock/shoegaze. A cela se mêlent quelques passages plus langoureux, mais sans jamais tomber dans le dépressif : une véritable positivité s’en dégage, qu'elle passe par des passages black metal classiques ou des moments plus contemplatifs. Le résultat est prenant et plaira certainement aux amateurs de Sunbatheret autres hipstereries de post-black feelgood. Groupe à suivre !

 

Imperial Triumphant
L'Abreuvoir

Circé : Imperial Triumphant fait partie de ces groupes qui divisent, et sur lesquels personne à ma connaissance n'a un avis nuancé. Soit on adore, soit on déteste. Il faut dire que la musique des Américains ne s'encombre point de compromis, elle non plus ; chaos radical et technicité à tout prix, attitude scénique imposante sous ces masques rayonnants, on ne peut pas leur reprocher de faire les choses à moitié. Seulement... Seulement, malgré mon affinité habituelle pour tout ce qui touche à l'avant-gardisme dans le black metal, Imperial Triumphant m'a toujours laissée de marbre. Ce sera le cas, une fois de plus – et on ne pourra pas dire que je n'ai pas essayé.

Il n'y a strictement rien à remettre en question dans le professionnalisme et la qualité des musiciens : le set est carré, le son impeccable, chacun semble à l'aise dans l'exécution de ces compositions alambiquées. Leurs influences sont aussi riches que possible : le chaos, certes, mais qui va piocher dans le black dissonant et avant-gardiste, mais aussi dans le death technique, ou le darkjazz à la Shining (norvégien)... Un vrai syllabus de geek des musiques extrêmes difformes. Sauf que justement, la technicité a raison d'elle-même : tandis qu'elle peut s’avérer dans certains cas source de violence ou d'ambiances malsaines (Deathspell Omega, s'il faut n'en citer qu'un), nous dépeignant des mondes étranges au-delà de notre propre conception de la réalité, la musique du groupe semble se contenter de regarder son nombril. On peut rester fasciné.e devant la prouesse technique, mais je m'en lasse pour ma part bien vite. Quel dommage, car la direction artistique art déco des visuels, des clips, et de ces fascinants masques dorés a sinon tout pour me plaire. Mais leur prestation m'aura ce jour-ci, comme toutes les autres fois, laissée de marbre.

Chapeau cependant quoi qu'il en soit à la maîtrise des musiciens, et, au vu de leur succès en Europe après bon nombre de tournées. Je sais que leur présence aura ravi nombre de festivaliers et festivalières.

Fange
Le Paon

Matthias : Second groupe un peu (beaucoup) rentre-dedans sur Le Paon, Fange relève allègrement une barre déjà mise assez haut par Nature Morte. Les Rennais pratiquent un death/sludge gluant enrichi, sur leur nouvel album, de juste assez de sonorités industrielles pour rappeler une presse hydraulique cyberpunk. Sur scène toutefois, le groupe prend aussi une dimension (post-)hardcore évidente, enrichie par la présence en mode golem de son chanteur. Personnellement je découvre le groupe, j'aurais donc du mal à identifier les morceaux les plus efficaces, mais le public ne s’y trompe pas et se jette éperdument dans l’empoignade. Je ferai connaissance le lendemain avec des gens qui auront érigé l’ecchymose au rang d’art mais, pour ma part, je m’abstiens ; le soleil tape pile sur cette petite fosse bondée malgré l’heure tardive, la faute au solstice. Mais Fange sera à revoir à l’ombre et avec un protège-dents. 

Weedeater
L'Abreuvoir

Matthias : Au rayon des transitions absolument contre-intuitives, on fait difficilement mieux. Problème : on fait par contre très facilement mieux que Weedeater. Alors j’admets, je ne fume pas et je ne suis pas forcément un grand amateur de stoner, mais je ne comprends pas un tel engouement : c’est certes lourdingue, mais jamais ça ne décolle en quelque chose capable de véritablement planer. C’est le côté gras et éraillé du genre, avec certes l’aplomb typique des vieux rockers du sud qui ont fait tellement de route avec une bouteille de Jack dans une main et un fusil dans l’autre, la guitare entre les dents, qu’il n’y a pas à dire, c’est rodé. Mais je ne retrouve ni le groove ou les tendances psychédéliques d'un stoner qui peut me plaire. J'admets que c'est personnel : au vu du nuage de fumée au-dessus de la foule, cela parle quand même à pas mal de monde, mais à titre personnel je suis bien plus réceptif à un Lord Elephant par exemple - qui a joué bien trop tôt. Allez, peut-être que ça passe mieux dans un hangar de Caroline du Nord avec deux grammes de moonshine dans chaque bras. Mais, là, pour le coup, ce n’est ni assez bourrin pour me réveiller, ni assez perché pour me faire prendre mon envol. Dommage.

 

Wolvennest
L'Abreuvoir

Circé : Les Belges sont, comme sûrement pour la majeure partie des personnes présentes ce soir, ma grosse attente de la journée. Je les ai vus en 2019 au Glazart, avec malheureusement un son assez inaudible composé principalement de larsens (être devant n'avait certainement pas aidé). Le côté ritualiste et psychédélique, en plus de la voix envoûtante de Shazzula, ont toujours eu de quoi me plaire sur album, bien qu'il m'arrive de trouver certains morceaux un peu longuets. Cela pose généralement moins de problème en live, le côté immersif de ce genre de musique faisant oublier le temps. Et c'est plus ou moins ce qui se passe ce soir : dans la nuit, au frais au milieu des arbres, la scène n'est malheureusement qu'un point de lumière au loin, mais la musique, elle, envahit tout l'espace. C'est pourtant habituellement le genre de groupe que j'imagine mieux dans un environnement intime, mais la grande scène leur réussit étonnement bien. Le son est bien meilleur, bien qu'on a du mal au départ à entendre le chant. Cela se règle heureusement au bout de deux ou trois morceaux, et les mélodies lancinantes prennent toutes une dimension écrasante grâce à ce son puissant et maîtrisé. Shazzula semble beaucoup plus juste que dans mes souvenirs, à l'aise tout autant sur les morceaux du dernier album que l'on reconnaît aisément que sur le désormais iconique « Ritual Lovers ». Il y a vraiment, lors de cette heure de set, un caractère magique, un ésotérisme dégagé par la musique et l'atmosphère au-delà même de la mise en scène à base de chandeliers. Wolvennest confirme ne pas avoir volé sa renommée et sa capacité à hypnotiser une grosse foule de festival.

 

Samedi 24 juin - Jour 2

Groupes évoqués : Gravekult | Traquenard | Gewalt | Mars Red Sky | Full of Hell | Spy | Brutus | Spectral Wound

On ne dira pas qu’on commence la journée bien reposés - la faute un peu à deux peïs dont la conversation nocturne, façon théâtre de boulevard ponctué aux dernières Cara Pils, en a tenu plus d'un éveillé dès l'aurore. On aurait sans doute préféré les voir repartir à Bruxelles la veille avec Wolvennest. Mais il faut souligner à quel point l’ambiance à Bourlon est bienveillante et accueillante : il n’y a même pas de glace à briser avant d’échanger quelques mots, un peu de crème solaire ou une tasse de café avec la plupart des festivaliers. Quand on est plus coutumier des événements 100% black metal, ça fait du bien. Du reste, l’infrastructure tourne bien : de l’eau potable à volonté, des croissants, du café et du thé dès le matin, et des sanitaires ingénieux. Je suis d'ailleurs définitivement convaincu de la supériorité des toilettes sèches sur les cabines chimiques. Par contre on sent qu’il y a vraiment beaucoup de monde, cette année : si l’organisation est rodée, l’infrastructure atteint un peu ses limites.

Un mot, quand même, sur le manger et le boire : outre un classique barbecue et des frites, le Rock in Bourlon propose l’un des menus végans les mieux pensés et au meilleur marché que j’ai vus en France ou en Belgique. Salade lentilles-betterave, taboulé, couscous ou chili végan : ça change un peu tous les jours. On notera les plats froids en période de canicule. Mais forcément, une telle idée sera victime de son succès et le stand fermera fort tôt ce samedi. Côté boissons, les bières sont certes au tarif français, mais on parle de brassins locaux plutôt agréables et pas de pils industrielles, et de toute manière on n’en abuse qu’avec modération ; rappelons qu’il fait torride, mais qu'il y a de l’eau gratuite partout.

Gravekvlt
Le Paon

Matthias : Après un moment mi-sieste sous les arbres et mi-tentative de comprendre la musique de Ural Umbo, nous voici prêts à tout devant Gravekvlt. Le groupe de black&roll a fait la route depuis Nantes en dilettante pour remplacer une annulation, mais il compte bien profiter de la relative « fraicheur » du début de journée pour défendre sa cause. A savoir : celle de la moustache 70’s portée avec fierté, des films d’horreur vintage, et des guitares qui crient des sons absolument inhumains. Et ça marche, dès les premières notes : C’est toute l’audience qui brandit le poing tandis que quelques échaudés se bousculent et renversent leurs premières bières. Un vrai tourbillon de poussière que l’un des guitaristes tentera vainement, à plusieurs reprises, de faire muter en circle pit. Il faut croire que l'on a trop vite sué tout ce qu’on avait. Evidemment le concert est court, Gravekvlt ayant a peu près tout balancé en une demi-heure. Mais dans une scène black metal qui délaisse les simagrées ritualistes pour un retour au franc bourrinisme teinté de punk - avec les Bütcher, Hellripper, et autres Malokarpatan - les Nantais ont largement de quoi se tailler une place de choix à grands coups de pelle. 

 

Traquenard
Le Paon

Matthias : On prend une recette comparable, mais on augmente encore un peu la température : « Traquenard c’est Darkthrone à la plage » annonçait carrément le festival sur les réseaux. Alors je ne suis pas totalement convaincu de la pertinence de la comparaison, mais il n’empêche que le groupe de « turbo metal punk » de Lille est bien là pour mouiller les chemises à fleur entre deux « UUGH » garantis 100% conformes au canon du genre. Contraints de jouer le soleil en pleine face tandis que Le Paon se transforme en rôtissoire à volailles, les Lillois enchaînent les morceaux, chant acide et riffs qui déboitent la tête comme un cocktail dosé à la truelle entre le camping et la digue. La musique tape et le public s’esquinte joyeusement, on regrettera juste une scène secondaire vraiment trop étroite pour accueillir ce genre de groupe qui fait prendre de la place à son public : on se retrouve contraints de suivre tout cela de manière assez décentrée, là où il reste un fifrelin d'ombre, en apercevant les musiciens entre deux amplis.

Gewalt
L'Abreuvoir

Circé : Bon, vous l'avez compris, nous étions principalement venus à Bourlon en touristes, avec quelques grosses attentes certes, mais aussi beaucoup de découvertes à faire sur place. Parmi les quelques groupes que je ne connaissais pas mais que j'avais écoutés en amont, Gewalt avait déjà retenu mon oreille. Et en live, c'est un carton plein pour les Allemands. Dès son entrée, entre une bassiste en petite robe noire et grosses lunettes de soleil et un chanteur en costume et cheveux blonds ébouriffés tel un politicien britanique mal réveillé, le trio attire l'oeil par son look dépareillé. Ils annoncent être là pour nous faire danser, et en effet, ce sera le cas : malgré le peu de personnes présentes et le grand soleil, on se retrouve plongé dans un club berlinois alternatif, à la fois groovy, mécanique et violent. La musique de Gewalt combine une base indus minimaliste qui peut aller jusqu'à rappeler l'électro naissante des 70's avec une basse complètement post-punk plus ou moins présente, mais qui ajoute des sonorités plus organiques non négligeables, en particulier face au chant, lui aussi très froid. C'est en particulier par celui-ci que Gewalt fait passer sa hargne et, il n'y a pas à dire, dans ce registre, la langue allemande sonne à la perfection. Paroles simples, refrains martelés composés d'un ou deux mots maximum, on a vite envie de les scander tout en se remuant le derrière sur les rythmiques mécaniques. Un cocktail à la fois enragé et groovy, comme le dit lui même le groupe, « Es funktioniert ! »


Nous devons malheureusement rater quelques groupes ce jour-ci, mais c’est pour la bonne cause : nous vous avons préparé deux interviews à retrouver bientôt dans nos pages. Pas de Yarotz, Sum of R, Gummo, ni Sorcerer donc pour nous, mais nous avons tout de même réussi à choper une bonne partie du set de Mars Red Sky.

 

Mars Red Sky
L'Abreuvoir

Circé : Mars Red Sky n'est plus à présenter : plus de 10 ans de carrière, une renommée qui dépasse les frontières de l'Hexagone, voire de l'Europe... Les Bordelais surfent pile sur la limite entre le stoner qui m'endort et le rock psyché qui me fait tripper, et la seconde moitié est souvent bien assez présente pour faire passer la pillule de la première. Le groupe attire sans surprise du beau monde : L'Abreuvoir est clairement plus rempli que lorsque nous l'avions quitté plus tôt dans la journée. Ils jouent en territoire conquis et le savent : la communication avec le public est bonne entre les morceaux, on apprend même qu'ils bossent sur un nouvel album. Malgré un chant parfois un peu faible, ils nous offrent un excellent concert mixant riffs lourds et gras et passages psychédéliques faisant la part belle aux 70's. De Black Sabbath à Electric Wizard en passant par Pink Floyd, c'est un genre de synthèse du rock lourd et acidulé des cinquante dernières années, et il n'y a rien de mieux pour chiller avec une bière un samedi après-midi.

 

Full of Hell
L'Abreuvoir

Circé : Après nos escapades journalistiques, on ne revient sur le site qu'au milieu du concert de Full of Hell. Et après une journée sous le signe des musiques lentes sur la grande scène, il n'y a pas à dire, ça réveille. Encore un groupe que je ne connaissais que de loin pour quelques unes de ses collab', et encore un groupe qu'il va falloir creuser en rentrant. Les Etats-Uniens déversent une vague de violence chaotique, bruitiste, mais je ne sais comment diablement efficace : c'est difficile d'y résister. C'est un peu comme si les gamins de la cour de l'école en bas de chez moi avaient décidé de mettre tous les hurlements étranges qu'ils font sans répit toute la journée au service d'une vision artistique et musicale. Avec souvent deux personnes au micro, ça passe des aiguës aux graves, dans tous les registres et styles possible (il y a même des « UGH », et c'est donc immédiatement validé chez moi). Le chanteur principal a en tout cas l'air lui aussi ravi d'être là, et nous demande entre autres des circles pits et de bien rester checker les potes de Spy qui jouent juste après (encore faut-il qu'il nous reste de l'énergie). Complètement possédé, il saute partout, se jette sur ses machines, s'enfonce le micro dans la bouche et j'en passe. Et s'il y a besoin d'une analyse musicale de ce joyeux bordel, le mélange de la rage du powerviolence, de l'étrangeté de la noise et des quelques riffs metal extrême qui se baladent par-ci par là leur permettent de changer constamment de registre sans jamais perdre un millimètre d'intensité. Un très bon choix que de les faire jouer à une heure où le soleil commence à disparaître derrière les arbres.

Spy
Le Paon

Circé : Histoire de continuer les concerts sportifs, direction la scène du Paon pour Spy. On se retrouve malheureusement à attendre un bon moment. Pas de panique : on fait du lancer de ballons et on chante « Bohemian Rhapsody » ainsi que tous les autres tubes qu'on nous balance pour nous faire patienter. C'est donc tout naturellement sur du Donna Summer que les gars de la Bay Area font leur entrée et entament leur show, sans transition.

Ayant lu « Hardcore Punk » et m'y connaissant très peu dans le domaine, je ne m'attendais pas à ce que Spy ne m'évoque grand chose d'autre que « c'est rapide et efficace ». Et pourtant, surprise à mes oreilles : le groupe propose quelque chose de beaucoup plus axé vieux punk énervé que hardcore moderne. Dans mes références personnelles, je suis plutôt renvoyée à mes heures passées à découvrir Amebix et les quelques groupes de D-Beat que je connais, ou encore les racines punk du black metal avec Satanic Rites de Hellhammer et consorts, plutôt que ce que j'ai pu entendre du hardcore du XXIe siècle. Un retour aux sources du punk hardcore, trois riffs lo-fi et quelques beuglements dans le micro, Spy expédie vingt petites minutes de set coup de poing.

(Merci à notre expert Raton pour ses éclaircissements sur mes suppositions d’inculte du Punk HxC !)

Brutus
L'Abreuvoir

Matthias : En tant que Belge, j'ai forcément une relation particulière avec Brutus, et je sais à quoi m'attendre : un groupe qui est passé en quelques années des milieux de programmation aux têtes d'affiche ou presque, et dont le troisième album,Unison Life, est certainement celui de la maturité. Il n'empêche que l'émotion est toujours intacte, et dès que « Liar » entame son duo basse-chant, je sens bien que je ne suis pas le seul à avoir placé les Courtraisiens parmi mes plus grosses attentes du festival. Brutus jongle allègrement entre les meilleures pistes de ses trois albums, et si la voix de Stefanie reste la grande vectrice d'une émotion qui grandit de plus en plus, on constate que le trio offre plus de place au guitariste et au bassiste, prouvant s'il le fallait que si ce groupe fonctionne, c'est grâce à l'alchimie unique qui s'est formée entre ces trois-là.

Je l'ai déjà dit, et je le répéterai encore : Brutus est ce qui est arrivé de meilleur en musique au Royaume du Nord ces dernières années, et le fait que le groupe traverse si aisément les frontières, tant linguistiques que nationales, démontre que son post-punk/post-hardcore a vraiment quelque chose d'unique. Les envolées de la batteuse-chanteuse, tantôt hargneuses, tantôt acidulées, et parfois absolument aériennes – voire les trois à la fois sur « Brave » - touchent à quelque chose de très profondément enfoui. Mais elles ne nous bousculent jamais vraiment ; la musique du Brutus caresse nos sentiments et nous laisse les exprimer au mieux selon nos sensibilités. C'est pour moi une redécouverte à chaque concert, car à chaque fois je capte des subtilités musicales différentes sur scène, et des réactions distinctes dans le public, en particulier dans les premiers rangs. Avec bien sûr, des moments récurrents, comme un « War » à mordre la barrière avant que la tension ne retombe, et surtout « What Have We Done » qui marque le moment où tournent les mouchoirs. J'en ai assez dit, allez écouter Brutus et guettez leurs prochaines tournées !


 

Spectral Wound
L'Abreuvoir

Circé : Depuis trois albums (ou plutôt deux, le premier étant quasiment introuvable), les Canadiens de Spectral Wound délivrent un black metal à la fois ultra violent et ultra mélodique. Il s'agit là d'une recette classique au possible rendant plus hommage à la scène finlandaise qu'au metal noir québécois ou à l'USBM. Mais pour un style aussi vu et revu, arriver à sortir à chaque album, à chaque morceau, des riffs aussi inspirés qu'on mémorise assez rapidement tout en remuant la tête, ce n'est pas donné à tout le monde - le tout empaqueté avec finesse dans une esthétique romantique noire.

C'est la troisième fois en un an que je vois le groupe en live – chose plus que rare pour un groupe canadien – et chaque fois dans une situation différente. Au Throne Fest, dans un festival en salle avec un public composé d'un mélange de blackeux clichés et de Flamands alcoolisés, le groupe nous avait offert  la meilleure performance du week-end avec un son impeccable (oui, c'était rare) et une énergie débordante sur scène. Deuxième fois à Paris avec Hellripper, toujours dans une petite salle, avec, les locaux le savent, une mauvaise réputation pour le son. Et encore une fois, le groupe en aura eu un bien meilleur que nombre de groupes que j'ai pu y voir, couplé à une énergie débordante malgré l’espace réduit. 

Troisième fois, Bourlon. Changement radical de décor : une grande scène en plein air, et un public pas forcément black metal. On ne va pas se mentir : même si on voit comme par hasard fleurir pas mal de t-shirts du groupe parmi le public ce samedi, celui-ci demeure à part sur cette affiche. Et encore une fois, les Canadiens mettent une claque à tout le monde. Le son est peut être le moins bon des trois concerts que j'ai pu voir d'eux, mais ils prouvent savoir tout aussi bien occuper une grande scène de festival qu'un petit club. La setlist est plutôt fournie en titres du dernier album, A Diabolic Thirst, de l'ouverture sur « Imperial Saison Noire » à l'immanquable « Frigid and Spellbound », dont le riff reconnaissable entre mille en fait presque un espèce de tube épique et destructeur. Outre les compos qui à elles seules font tourner la tête, c'est un vrai bonheur que de voir un groupe de black metal, aussi trve soit-il dans ses visuels, remettre un peu de punk dans son attitude scénique. Loin de s'encombrer de tout un attirail pédant, de poser en corpse paint ou en cagoule, les Canadiens vivent pleinement leur musique - et Jonah en particulier (le chanteur), est comme à chaque fois possédé. D’où l’avantage d’avoir un vocaliste se concentrant uniquement sur ce rôle, libre de bouger, donner des coups de pieds et faire ce qu’il veut avec son micro. S'en dégage une authenticité et une énergie communicative qui tiendront de la première à la dernière note, sur un « In League With Satan » de Venom qu'on continue d’ailleurs de chantonner joyeusement sur le chemin du camping. 

A chaque fois, je me dis que Spectral Wound ne pourra pas me mettre une plus grosse claque que la fois d'avant, et à chaque fois, le groupe le fait. Les Canadiens sont définitivement l'un des groupes de black metal les plus inspirés et authentiques que l'on puisse trouver à l'heure actuelle, et le meilleur groupe live du style que j’ai pu vivre. Depuis la sortie d’Infernal Decadence en 2018, c’est un plaisir de les voir grandir et gagner une fanbase bien méritée.

Dimanche 25 juin  - Jour 3

Groupes évoqués : Iskandr | Fleuves Noirs | Wyatt E. | Lisieux | Earthless | Pencey Sloe

Ce troisième et dernier jour débute sous une chaleur insoutenable, et on battra d'ailleurs des records qui nous pousseront à rester allongés sous les arbres plutôt que debout devant des concerts. C'est également l'occasion d'une petite balade culturelle : la visite au cimetière militaire du bois de Bourlon, cimetière du Commonwealth commémorant les soldats, ici des Canadiens, décédés sur le sol local lors de la Première Guerre mondiale. Une bonne idée car, au-delà de nous permettre de perpétuer le cliché du metalleux gothique dans un cimetière, l'endroit est à l'ombre et offre une petite promenade dans la fraîcheur du bois de Bourlon. On a presque envie de déplacer notre tente pour y rester !

Iskandr
L'église

Circé : Le cadre singulier, la prestation singulière d'un projet rare : le set acoustique d'Iskandr s'annonçait unique. Le one-man band néerlandais s'accompagnait pour l'occasion d'un batteur tout droit issu de Fluisteraars, autre formation phare de la niche post-black, si on peut l'appeler ainsi, des Pays-Bas que j'apprécie tout particulièrement. Et sans aucune surprise, bien qu'ayant pris de l'avance il y a déjà lorsque nous arrivons une bonne petite foule qui se presse devant l'église pour la messe de l'après-midi. Les portes, contrairement à ce qu'on nous avait dit des années précédentes, ouvrent à l'heure, et des membres du staff sont là pour nous placer par groupe à l'intérieur. Pour la petite histoire, l'église date initialement du XVIIIe siècle, mais fut reconstruite à l'identique après sa destruction lors de la Première Guerre mondiale. Typique d'une église de petite paroisse du nord de la France, son extérieur en briques rouges se révèle à l'intérieur fort sobre, et, malheureusement, pas si frais que ce qu'on aurait pu espérer.

Le duo joue très proche des premiers rangs, au niveau de la croisée du transept, dans la lumière naturelle tamisée. La batterie derrière lui, O de son nom de scène se tient en avant avec sa guitare sèche et son micro. On regrette presque, au vu du lieu, que le concert ne soit pas unplugged, mais les compositions requierent un bon nombre de bandes son d'ambiances au milieu desquels le chant se noie comme un écho. Le concert se fait globalement en silence avec un public respectueux et un frontman pleinement concentré sur son art et l'aspect spirituel de sa musique, qui ressort dans sa posture comme dans les arrangements passés en bande son. Les morceaux longs et hypnotiques conviennent particulièrement à mon état : affalée sur une chaise, assommée par la chaleur, je me laisse aisément porter. Je reste pourtant en sortant quelque peu sur ma faim : la chaleur, et le mal de crâne qu'elle a provoqué, a plutôt transformé ce moment en sieste salvatrice qu'en véritable expérience de musique intime. Il n'y a pourtant pas à dire : les compos non metal d'Iskandr résonnent parfaitement dans ce type de lieux. A ne pas manquer donc, si cela se reproduit près de chez vous.

 

 

*

Fleuves Noirs
L'Abreuvoir

 

Matthias : La programmation du jour est cohérente, mais pas pour autant facile d’accès : ce sont des projets ambient, expérimentaux, ou tout bonnement inclassables qui s’enchainent depuis cette après-midi. Cela dit, si Fleuves Noirs est totalement un OVNI musical, ce n’est pas pour autant qu’il se révèle hermétique. Je ne vais pas tenter d’y coller une étiquette : on est dans la discordance et le surréalisme avec une attitude à la Devo, en plus picard. Mais c’est en fait ultra-dansant, et on se surprend à avoir juste envie de se lâcher - ce que certains font - en attendant la prochaine facétie d’un chanteur apparemment en roue libre mais qui en fait maitrise sa prestation avec une précision métronomique. On alterne entre des passages de pure destructuration sonore post-industrialisante et d’autres à la base rythmique bondissante d’un vieux rock avec des pédales et des effets de corde dans tous les sens. Et puis, sur la fin et parce que pourquoi pas, un passage à la trompette qui a probablement offensé quelques spectres à la Nouvelle-Orléans. On ne prétendra pas avoir compris quoique ce soit, mais qu’est-ce que c’était fun.

 

Wyatt E.
L'Abreuvoir

Matthias : Vu une première fois au Night Fest d’Arlon en 2019 - l’année avant la Grande Coupure - le projet Wyatt E. ne m’avait pas marqué sur le running order, avant de livrer une performance aussi atypique qu’à saluer. Quelques années plus tard j’étais donc fort curieux de découvrir l’évolution du concept et c’est, disons-le, un sans-faute. Le groupe liégeois nous plonge dans un univers qui n’est pas « juste » orientalisant comme on le décrit souvent, mais qui relève véritablement de l’épopée. Me voici en Mésopotamie il y a un paquet de millénaires, et vu mes lectures du moment, c’est tout pile ce qu’il me fallait. Même si Wyatt E. reste un projet essentiellement instrumental, je suis agréablement surpris d’entendre des voix, déformées dans tous les sens jusqu’à paraître venir d’un autre monde. Le show spécial à deux batteurs me convainc moins toutefois ; ils jouent la même chose ensemble, ce qui fait gagner en puissance mais pas forcément en richesse des compositions. Mais fichtre, j’arpente le Pays de Sumer avec Enkidu et Gilgamesh pendant que Wyatt E. fait vibrer ses harpes électrifiées. Les dieux sont satisfaits, sans nul doute.

 

Lisieux
Le Paon

Matthias :Avec ce nom, forcément, je l’avais cru venu de l’ouest de la France, mais Lisieux est bel et bien toulousain. Avec son dark folk électronique nourri à la fois d’une inspiration catholique et d’une esthétique médiévale, le groupe professe une musique fascinante qui défie pas mal de classifications, et nous sommes visiblement nombreux à nous demander ce que celle-ci peut donner en live. Hélas, mille fois hélas, Lisieux sera le groupe le plus frappé par les problèmes techniques de tout le week-end.  « Voilà ce qui arrive qu’on ne joue pas juste de la guitare comme tout le monde ! » lâchera la chanteuse, mi-figue mi-raisin. Forcément, le rythme en pâtit sur la première partie du concert, mais quand raisonnent les premières paroles de « Abide! », l’hymne sans doute du nouvel album éponyme, la conversion générale est immédiate. Chacun se plonge dans sa foi intérieure, qui oscillera pour moi entre chansons de geste mises en musique, la vision du monde de la petite Sainte-Thérèse entre deux malaises, et… Et bien, Warhammer 40.000 quand les claviers font un détour vers la synth sur « The Wake ». Lisieux aurait mérité mieux côté technique et temps de jeu, mais à la toute fin l’accueil du public et les longs applaudissements valent bien l’absolution. Encore un groupe que j’espère revoir bientôt dans de meilleures conditions.

 

Earthless
L'Abreuvoir

Circé : La chaleur redescend enfin et un petit vent salvateur commence même à souffler. Et c’est exactement le contexte dont on a besoin pour voir Earthless, trio principalement instrumental rock/stoner psychédélique américain. Rien de mieux que de se poser dans l’herbe avec une bonne bière pour planer au son des riffs acidulés qui nous renvoient direct dans les années 70. Ayant pris une grosse claque dans un registre assez similaire il y a peu avec Elder, j’avoue ne pas pouvoir m’empêcher de les comparer et de classer Earthless un peu en dessous, mais je pinaille vraiment.

Earthless joue sans interruption une musique assez psychédélique pour planer, et assez hard rock pour proposer quelques moments plus frontaux. Quelque part entre l’hommage pur au vieux rock psyché et à son éuivalent plus moderne le stoner, le groupe arrive, comme Mars Red Sky la veille, à mettre assez de Monster Magnet pour faire plaisir aux fans de stoner tout en ajoutant assez de Hawkwind pour que cela puisse me plaire à moi aussi. Un concert en plus très familial, convenant parfaitement à l’ambiance du festival, où on verra tout au long du set une chenille se former et passer de cinq pelés à une belle cohorte qui s’étale sur des centaines de mètres. Le set devant malheureusement se chevaucher avec celui de Pencey Sloe, je quitte la grande scène quelques minutes avant la fin.

 

 

Pencey Sloe
Le Paon

Circé :Le festival se clôt pour moi avec Pencey Sloe que j'avais déjà évoqué dans notre article des 5 groupes à ne pas manquer au Rock in Bourlon. J'ai découvert les Français peu après la sortie de Don't Believe, Watch Out, leur premier album, et j'avais été charmée par leur shoegaze tout doux aux accents dream pop, et en particulier la voix aérienne de leur chanteuse, Diane. Le second album n'avait fait que confirmer leur talent. Les Parisiens jouent sur la petite scène, et commencent avec un léger retard après quelques balances où Diane doit demander à plusieurs reprises de mettre plus de voix, soutenue par quelques-uns dans le public. On commence donc le set dans une ambiance chaleureuse, presque complice, renforcée par la configuration assez fermée de la petite scène. Lumières roses sur cheveux roses, l'ambiance est posée et on passe une heure à nager dans des nuages faits de nappes de guitares saturées et de chant éthéré. Le chant, d'ailleurs, malgré tous les bons efforts de l'ingé son, se retrouvera à quelques reprises un peu noyé dans le mix – c'est malheureusement un écueil récurrent pour ce genre de musique pleine d'effets et de murs de son. On reconnaît tout de même quelques morceaux, comme « Neglect » et « The Run », les deux moments phares du dernier album.

C'est une belle fin de festival,  en douceur et en fraîcheur. La petite scène est en tout cas bien remplie en terme de public, et beaucoup semblent se laisser porter par la musique. Une belle prestation pour le trio, qui, on l'espère, lui ouvrira de nouvelles portes afin de poursuivre sa carrière sur cette belle lancée !
 

Complètement vidée de mon énergie, je décide de faire l'impasse sur Aluk Todolo, dont la prestation à l'In Theatrum Denonium ne m'avait pas plus marquée que cela. La nuit sera courte, et le retour à la réalité difficile le lendemain. Merci Bourlon pour ces trois jours pleins de bonne musique, d’ambiance détendue et de belles rencontres ! 


Le Rock in Bourlon est un festival qui fait du bien : il est accueillant, bienveillant, et se soucie vraiment du confort et de l'expérience que vivra son public, tout en offrant – à un prix qui n'est plus démocratique mais carrément anarchiste – une programmation ultra-pointue. On notera toutefois que le festival a franchi un cap cette année, qui se voit d'ailleurs dans les chiffres : plus de 4.500 entrées sur le week-end, alors que le festival en espérait 3.000, et 5.300 litres de bières diverses. C'est génial, mais cela commence à faire beaucoup pour une organisation qui, certes rodée, a eu tendance à saturer par moments. Rien de bien grave, mais on sent que si la structure est très saine, elle gagnerait à être un peu plus dense (sanitaires, points d'eau, places de camping et de parking,... Ce genre de choses.) A voir, bien sûr, ce qui est envisageable avec les ressources de l'équipe (absolument adorable, partout et tout le temps) et dans cette très petite commune qu'est Bourlon. En Attendant, pour notre premier festival ici, nous sommes véritablement conquis et on conclura ce très long report avec un seul message : soutenez vos petites organisations qui offrent des alternatives aux parcs d'attraction de la musique !

Remerciements :

Un grand merci à toute l'équipe qui rend le Bourlon possible, et en particulier à Lucas pour nous avoir mis en contact avec certains groupes... On a du lourd en magasin. Merci aussi à Moland Fengkov pour nous avoir permis d'utiliser ses photos.

Crédits photos :

Moland Fengkov
Pour voir ses autres clichés, c'est ici