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mercredi 29 avril 2015

Doomed Gatherings - Jour 2

Glazart - Paris

Team Horns Up

Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.

Il fait toujours aussi beau et chaud à Paris. La fatigue est plus présente chez beaucoup dont les oreilles vont reprendre une dose astronomque de décibels avec cinq nouveaux groupes lors de ce deuxième et dernier jour des Doomed Gatherings.

 

BAGARRE GENERALE

Romain : La soirée commence donc avec un groupe pour le moins singulier. Bagarre Générale, combo issu de Bordeaux est présent pour ouvrir ce deuxième jour avec son metal instrumental et expérimental. Expérimental, oui, on ne pourra pas le leur enlever. Amener deux trombonistes sur scène, on le voit rarement. Ajoutez cela au fait que le bassiste passe autant de temps à gratter son modèle 6 cordes qu’à bidouiller divers synthétiseurs analogiques, et ça y est, on a la preuve que les chanteurs ne sont pas toujours indispensables. Les compositions sont quasiment déroulées d’une traite par le groupe qui a su installer une ambiance bien particulière qui n’a apparemment pas déplu au public. La chose m’ayant en fait le plus surpris est le nom choisi par la formation, qui m’aurait laissé imaginer des morceaux propices au mosh pit. Je m’étais bien trompé.

Dolorès : Bon, ok, dans le genre les Doomed Gatherings font fort pour nous offrir les prestations des groupes les plus improbables sur scène, on atteint un certain niveau. Du Metal planant à trombone en ouverture, pouvait-on rêver de mieux? A vrai dire, il faut tout de même connaître le groupe pour savoir à quoi s'attendre, parce qu'ouvrir avec ce nom-là, sachant qu'on avait la veille Bonehunter au même horaire, il y a une sacrée différence, et je me demande encore quel groupe n'a jamais aussi mal porté son nom.
Ils sont principalement connus pour leur split avec Year Of No Light, ce qui annonce la couleur : ça a beau placer quelques blasts, on joue plutôt côté atmosphérique et planant avant tout. J'ai du louper une partie du concert mais je dois avouer que même si les trombones rendent très bien (deux pour le prix d'un), ça reste assez anecdotique pour une ouverture de fest : difficile d'accrocher à cette ambiance apocalyptique et noire de bout en bout en plein après-midi.

Balin : N’ayant jamais écouté le groupe auparavant, je les connaissais seulement de par leur réputation d’excellent groupe live, mais également pour leur split avec Year of No Light, deux raisons qui me poussaient à aller jouer au curieux en cette fin de dimanche après-midi. Formation au nom très peu commun, il s’agit en fait d’un quintet composé d’un batteur, d’une guitare, d’une basse (dont le propriétaire utilise également tout un attirail de machines) et deux cuivres ! Je n’en verrais malheureusement que la fin pour cause d’arrivée tardive sur les lieux mais ce que j’en ai vu m’a bien plu même s’il est difficile de rentrer dedans dès 18h. A revoir dans d’autres conditions !

DIRGE

Romain : Pas grand-chose à dire j’ai trouvé ça plutôt chiant, la preuve je ne me suis même plus souvenu du nom du groupe au moment d'écrire ce report. En fait la prestation du groupe de sludge n’était objectivement pas mauvaise et était même plutôt bonne. Je n’ai juste pas réussi à rentrer dedans, le groupe n’a pas réussi à m’embarquer avec lui. Ça arrive. Dommage. A noter tout de même que les musiciens sont bien en mouvement sur scène.

Dolorès : C'est avec désespoir que je les avais loupés à Nantes, c'est donc une seconde chance qui s'offre à moi pour rattraper cette faute. Dirge est la première partie de ce qui va être l'enchaînement de groupes complètement prenants de la soirée (Conan & Ufomammut). N'étant pas complètement familière de la discographie du groupe, je ne saurais dire quels morceaux ont pu être les moments forts de ce show car la performance n'a été pour moi qu'une succession fluide d'ambiances riches et de riffs lancinants. L'avantage de Dirge est que le groupe laisse vraiment les instruments s'occuper à 100% de créer l'atmosphère, pièce par pièce, laissant le chant se faire rare, pour miser sur la lourdeur et la subtilité du reste, sans risquer une seconde l'ennui. Un pari entièrement réussi en live, donc.

Balin : Deuxième occasion pour votre serviteur pour voir sur scène les légendes françaises du post-hardcore. Fondé en 1994 et connaissant un grand succès en Europe de l’est tout en restant discret dans nos contrées, le quatuor parisien m’avait littéralement scotché lors de leur venue quelques semaines plus tôt à Nantes pour un show de plus d’une heure en tête d’affiche. Festival oblige, le set sera ici raccourci mais fait toujours honneur au dernier album avec une majorité de titres provenant de l’excellent Hyperion. Je regretterai toujours de ne plus avoir droit à des titres issus de l'énorme And Shall the Sky Descend ou davantage d'Elysian Magnetic Fields mais la longueur des morceaux oblige à faire des choix difficiles. Directement inspirée du grand Neurosis tout en possédant son identité propre, la formation française disposera elle aussi d’un excellent son, emportant avec elle une grande partie de l’assemblée dans une transe Post-Hardcore/Sludge qui me fera simplement regretter de ne pas en avoir un peu plus pour aujourd’hui.

SCOTT H. BIRAM

Romain : Encore une prestation sortant de l’ordinaire ce week-end. Scott H. Biram, tout droit venu des Etats-Unis armé de ses deux guitares, de son micro et de sa grosse caisse est présent pour un intermède musical à 100% dans la pure tradition blues. Alternant entre guitare électrique au son bien distordu et guitare acoustique au son… Distordu aussi en fait, Biram nous interprète ses différentes compositions pour la plupart entraînantes tout en nous en mettant plein les oreilles avec ses organes vocaux permettant de produire une bonne diversité de sons. Dommage que le taux d’alcoolémie du bonhomme ne lui permette pas uniquement de grommeler des blagues quasi-incompréhensibles, avalant neuf mots sur dix comme tout bon cliché du sudiste ‘méricain. La pulsation battue au pied à la grosse caisse ne cesse d’onduler, principalement lors des passages des couplets aux soli, en plus des changements d’accords foireux sur ces mêmes débuts de soli. Bon, dans tous les cas, monsieur le ricain a l’air content d’être présent. Plus de variété aurait cependant été appréciée, comme ajouter un charleston sur son pied libre, mais je suis pas là pour donner des conseils.

Dolorès : Etonnament, il semblait aussi surpris que nous de se retrouver là. Bien placé dans le running order, Scott H. Biram a pu offrir une setlist pleine de fraîcheur au milieu des lourds riffs de Doom. Bluesman mais pas que, puisqu'on passe la majorité du concert à entendre une voix éraillée sur fond de guitare électrique, un beau mélange de Hillbilly, Country et parfois même de Rock et de Punk pour une prestation bien rythmée. Néanmoins, j'accroche moyennement à la majorité des titres car Scott H. Biram a beau maîtriser entièrement sa voix et son instrument, il a du mal à tenir son rythme et s'emporte vite, laissant peu le temps à ses morceaux de s'imprimer totalement : on a eu droit à un joli panorama de petites têtes tentant d'headbanguer (en vain car à côté des temps). Les titres à la guitare sèche sont déjà beaucoup plus digestes pour moi, pour leur sonorité mais aussi car il prend le temps de poser sa voix, pas au goût de tous évidemment, mais on ne peut nier que c'est un très bon chanteur. Néanmoins, et même si le public semble conquis par le one-man band américain, sa prestation prend malheureusement plus la place d'une pause inattendue dans la soirée que d'un véritable concert intégré au festival.

Balin : Plaisir exotique auquel les organisateurs ne se sont pas refusés (et dont je salue l’initiative), la présence de Scott H. Biram, bluesman texan proposait un contraste intéressant avec le reste de cette journée. Je n’en verrai que quelques morceaux, mais l’influence plus faible et par conséquent plus intimiste de ce concert fut tout pourtant dans la même lignée que celle du week-end. Assez semblable à Seasick Steve pour les connaisseurs (bien que possédant de vraies guitares pour le coup ahah), le bonhomme, aidé d’une pédale rythmique et d’une voix très rauque, proposera quarante minutes de blues bien crade et très rock’n roll aux excursions parfois country ou même à la limite du punk !

CONAN

Romain : Dès que les premières notes retentissent, je regrette instantanément d’avoir oublié d’amener des bouchons d’oreilles. Du fuzz. Du fuzz partout. Tellement de fuzz que j’en ai presque l’impression d’en entendre sur les cymbales. Bref, les deux frontmen sont présents derrière leur pied de micro respectif vêtus de pull à capuche et casquette, contrastant avec leur nouveau batteur torse-nu plus chevelu que jamais. Après une intro un poil trop longue à mon goût, on a d’ailleurs l’occasion de vérifier le niveau de ce dernier qui est absolument excellentissime. Encore une fois ce soir, Conan bénéficie d’un bon son brut mais joyeusement réverbéré dans tous les sens. On est donc partis pour un set bien brutal et barbare (notez le superbe jeu de mots, j’ai un véritable talent pour ça) tout en restant souvent dans la lenteur. Ça donne comme un gros pachyderme dévastant tout sur son passage à l’aide d’infrasons. C’est cependant en live que je réalise que la durée des passages plus rapides venant accueillir Chris Fielding au growl ne sont selon mon humble avis pas assez longs/exploités. Dans tous les cas, ce fut une véritable guerre sonore à laquelle on vient d’avoir droit. Reste maintenant à savoir qui va la remporter entre Conan et Ufomammut clôturant le festival quelques instants plus tard.

Dolorès : Sans hésiter la grosse claque du weekend, l'équivalent d'Acid Witch la veille si on osait comparer les deux groupes. Si je n'accroche pas tant que ça sur album, ayant du mal à m'imprégner des ambiances choisies, j'avais déjà été conquise sans hésitation lors de leur concert à Nantes en octobre dernier. Ce que je n'attendais pas, c'est que cette prestation serait presque dix fois meilleure, avec en bonus un son monstrueux que personne n'aurait espéré au Glazart. Excellent mais presque miraculeux également.
Il faut avouer que tant les titres de "Monnos" que de "Blood Eagle" rendent un ensemble merveilleux en live, je reste néanmoins sur ma faim en ayant eu une immense préférérence pour un nouveau titre inédit, joué en milieu de set. Vu mon impatience, on peut espérer que le prochain album sera le bon, celui qui me fera adorer Conan en studio.

Balin : Constamment en tournée, je ne compte plus le nombre de fois que j’ai vu Conan en live désormais. Pourtant c’est toujours l’assurance poutre, à condition que la qualité du son soit au rendez-vous, ce qui est le cas ce week-end. Accompagné d’un nouveau batteur pour cette tournée dont j’entendrai des avis contraires sur la prestation, les casquettes/sweet/baggy du Stoner/Doom divisent toujours autant le public. Enorme fumisterie pour les uns (il faut dire que tout est basé sur le son vu la pauvreté des riffs) ou rouleau-compresseur ultra-efficace pour d’autres, il faut dire que je suis assez sensible à leur approche même si je suis conscient de l’exagération du phénomène. Et ce n’est pas la setlist de ce soir qui va me fâcher avec eux car après un Dying Giant issu du premier opus plus que bienvenu en ouverture, le trio anglais balance Satsumo, certainement un de mes titres favoris du groupe que je n’ai entendu qu’une seule fois en live. Le show enchaîne alors avec un nouveau titre qui ne varie pas vraiment des précédents pour ensuite se concentrer sur le dernier album en date avec les deux titres les plus emblématiques de la galette, à savoir Total Conquest et Foehammer. S’ensuit un petit détour vers Monnos avec le traditionnel Hawk as Weapon pour finir sur le véritable point d’orgue du set : Battle in the Swamp enfin joué en live ! La salle est comble et tout le monde se déchire la nuque, un concert de Conan quoi, qui pour une fois varie sa setlist, élément non négligeable. Bref, tout ça pour dire que le trio anglais a encore une fois fait le boulot.

UFOMAMMUT

Romain : Enfin est arrivé LE concert que j’attendais durant ce week-end. Encore une fois je regrette que des boules quies ne soient pas présentes dans mes oreilles. Mis à part un début de set ne laissant pas entendre le son de la voix d'Urlo, le son resta dans la même ligne que le reste du week-end : très bon. Ufomammut dont le dernier skeud vient tout juste de sortir (et dont la chronique se lit ici) exécute son travail sans impairs. En parlant de dernier skeud, celui-ci est joué dans son intégralité ce soir, et vu le niveau, ça ne peut que nous ravir. Ça headbangue de partout dans une salle comble. On note que contrairement à ses autres concerts, le trio italien ne bénéficie pas d’effets visuels sur scène ; la faute à un problème de livraison d’après des ouï-dires. Après deux rappels, Ufomammut quitte la scène du Glazart terminant par la même occasion cette deuxième édition des Doomed Gatherings de la meilleure des façons.

Dolorès : J'étais très enthousiaste à l'idée de revoir Ufomammut, cette fois en salle, car le set du Motocultor 2013 m'avait légèrement laissée sur ma faim bien que l'expérience en plein soleil ait aussi ses intérêts pour ce type de Stoner/Doom. Bien que j'aie adoré la majorité du concert, je dois avouer que j'en ai peu de souvenirs à cause de la fièvre (merci les maladies en festival) et du fait que je sois sortie avant la fin pour cause de malaise (merci la fatigue et le ventre vide), désolée ! Je me souviendrai principalement de ce qui m'avait déjà frappée en 2013 : cette attitude humble et totalement reconnaissante envers le public, assez rare quand c'est poussé à ce point et donc vraiment appréciable pour le public en retour.

Balin : Mais le véritable événement de la journée était bien évidemment la présence des désormais cultes Ufomammut, trio italien aussi efficace que psychédélique occupant une place de choix dans la scène depuis 1999. Ayant récemment accouché de leur neuvième album, l'excellent Ecate, sorti chez Neurot Recordings, il me tardait de les voir, surtout en salle et disposant d'un son comme celui de ce week-end. Ampli guitare et basse de marque Green trônant de chaque côté de la scène, vous pouvez vaguement imaginer le char d'assaut qui s'est abattu sur le public parisien durant plus d'une heure en cette fin de dimanche. Chaque membre est très charismatique sur scène, ce qui rompt avec certains codes du genre, généralement très statiques ou repliés sur soi-même et une véritable communion s'installe entre le groupe et le public malgré le peu de chant et l'absence de commentaires entre chaque titre. Le groupe ouvrira sur Stigma, titre d'ouverture de l'énorme Idolum avant de proposer en intégralité l'album Ecate qui passera à une vitesse folle. Basse pachydermique, riffs hypnotiques et boucles d'effets ultra perchés, le trio italien reviendra même interpréter un dernier titre en rappel à la demande générale. Le plaisir semble donc partagé des deux côtés de la scène, pour un final grandiose d'un festival qui a résolumment tenu toutes ses promesses.

 

Voilà, c'est fini. Un petit tour au stand de merch pour profiter du disquaire venu spécialement pour l'occasion et puis on s'en va, les oreilles encore sanguilonantes. Pas de doute, on reviendra l'année prochaine.

Live report du premier jour.

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