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samedi 21 décembre 2019

Archspire + Beneath the Massacre + Vulvodynia + Inferi

Glazart - Paris

Gazag

Le chanteur d’Archspire sort des backstage, brosse à dents fichée dans le ratelier. Il déambule rapidement avant de se diriger vers les chiottes de la salle, pour se rincer la bouche.

La paralysie du pays n'a pas empêché les amateurs de Tech Death d'arriver au Glazart. La salle est déjà fièrement remplie avant Inferi. Certains sont venus de loin pour voir Archspire, de Montpellier notamment. Cette tournée génère une attente particulière et pour cause, un Relentless Mutation qui tourne à l’album culte, avec une place en tête d’affiche pour les Américains, flottant sur un petit nuage.

Le vrai évènement de la soirée est le retour de Beneath the Massacre aux affaires. Pas vraiment splité, pas vraiment en pause non plus, toujours est-il que depuis Incongruous en 2012 : rien, les dents plantées dans la table. Le groupe tease au début de cette année, puis annonce une tournée, avec la légitimité d'un nouvel album en 2020. La hype s’étend bien plus loin avec cette annonce, car je n’ai encore jamais vu les Canadiens en live jusqu’à présent. Après calcul, on arrive à huit année d’attente, le sujet est sérieux. Gage au Glazart de délivrer un bon son pour apprécier les pelletées de shreds et de saccades mortelles. Le groupe lui, délivrera parfaitement, c’est une évidence. Au menu également ce soir : deux autres découvertes en concert, Inferi et Vulvodynia.

La batterie d'Archspire fait bien chier car les autres groupes sont obligés d’ajouter la leur devant cet imposant obstacle. Il reste alors 50 centimètres de scène pour le frontman, et un peu plus sur les côtés pour les cordes. Côté fosse, la salle est déjà bien investie. Des vides sont présents çà et là, mais Inferi dispose d’un parterre respectable pour ouvrir la kermesse.

Les Américains jouent vite, et en foutent partout. Le Revenant de l’année dernière s’est écrasé sur le mur de l’incompréhension. En live, sans surprise, il reste difficile de bien suivre Inferi. Non pas que les musiciens jouent mal, loin de là, c’est hyper carré, les gars jouent intégralement au clic ; les gratteux sont concentrés et ne sortent qu’à de rares occasions de leur bulle pour bouger la tête. Le problème, la sortie de route, se passe au niveau des transitions entre les différentes parties. On ne sait pas vraiment vers quelle direction le groupe mène sa barque et c’est un sentiment qui perdure en live.

Pourtant le frontman s’emploie à faire monter la température : incitations, bon verbe, il propose même aux Parisiens de boire et fumer de la weed, accompagné de champis à la fin du concert (sic). Les morceaux regorgent de bonnes idées, notamment au niveau des pont ambiants qui offrent des aérations bénéfiques.

Dans ce report il sera beaucoup question de qualité sonore, et de son impact encore plus direct sur le genre qu’est le Death Technique. Ici le piètre son n’aide pas les Américains. Sans faire une liste exhaustive des griefs, petit florilège des ratés : chant aigu étouffé, guitare de droite masquée, cymbales vla trop hautes, trigger de grosse caisse criard. Le lecteur peut voir dans ces détails une certaine forme de chipotage. Le spectateur, lui, constate un décalage fort entre l’ambiance sur CD et la restitution immédiate. La précision demandée est chirurgicale, et blâmer l’ingé son ne résoudrait rien.

 

Un concert en demi-teinte, avec évidement de bonnes choses à prendre mais une lisibilité et un son moyen voire médiocre. Le groupe suinte la passion, mais ce n’est pas sur cette prestation que l’on s’entendra finalement.

Cursed Unholy
Thy Menacing Gaze
The Promethean Kings
Behold the Bearer of Light
Destroyer

 

 

Un placement idéal entre Inferi et Beneath the Massacre, pour s’oxygéner l’esprit à coup de marteau. Le concert le plus cardio de la série. Vulvodynia pratique l’épreuve reine du Slam Death, avec des influences d’un peu toutes les obédiences. Un style qui ne s’apprécie quasi exclusivement qu’en live. Un show qui ne se vit quasi exclusivement que devant les amplis. Le mosh pit est certes petit, mais ainsi qu’un trou noir, sa densité énergétique y est colossale.

 

Mais cette intensité ne sort pas d’un vulgaire tour de magie. Les Sud Af’ se démènent méchamment sur la scène. Le frontman ne plaisante jamais et envoie tout mais vraiment tout dans le mic’. Sur le dernier tiers du set, on le sent prêt à décéder sur chaque partie, mais ça tient jusqu’à la fin. Le bassiste exhibitionniste fait souvent la grimace et navigue malgré le peu d’espace disponible. Le groupe fait honneur à la brutalité de sa musique. Le public reçoit l’énergie, et la renvoie. Le braveheart de fin de concert est un des plus légitimes que j’aie pu voir au Glazart.

Le son n'est pas forcément bon, pas forcément mauvais. La musique de Vulvodynia est moins exigeante, donc le pré-requis est moins important. La setlist est bien agencée, le rythme du concert est bon. Le style est clivant certes, mais quand le groupe réunit les conditions, il devient fédérateur en live. Ce soir Vulvodynia coche toutes les cases.

Mob Justice
Famine
Nyaope
Psychosadistic Design
Born Into Filth
Reclaim The Crown Part 1 : The Burning Kingdom
Drowned In Vomit

 

 

Quand on vous dit que le son est hyper important pour les concerts de Technique. Beneath the Massacre fait son grand retour en s’offrant une qualité sonore proche du scandale. Batterie abusée trop forte, alors que la double est triggée, basse bien trop à plat, guitare que tu choppes en te collant la tête sur son propre ampli de retour, chant qui se permet de foutre le camp en fonction des hauteurs de notes, la liste est longue. La déception est tellement grande qu'elle en devient épique : heureusement qu’il n’y avait qu’une seule guitare !

Ou comment assister à un énorme gâchis en live. On pense à ceux qui découvrent le groupe ce soir : les boulox. Que reste-t-il alors ? En guise de miettes : les cassures chirurgicales typiques du groupe, bonbon sucré ; mais aussi la performance nickel du chanteur. Et enfin, toute la mécanique technique, à savoir la batterie Terminator, et les cordes robotiques et archi précises.

 

C’est que tout était réunit pour faire la fête. La setlist est en or massif, parcourant toute la disco du groupe, même les EPs et le single du petit nouveau en gestation. Le groupe est à fond de cale pour son retour, le public est présent, de la ferveur est ressentie, et la durée du concert est correcte. Mais quand il devient compliqué de se repérer dans les morceaux que pourtant tu connais, un certain plafond est atteint et il devient impossible de le dépasser.

 

On se rassurera sur la capacité du groupe à mener sa barque en live, et sur son année 2020 qui promet d’être dynamique, pour espérer les revoir rapidement. Prêchez auprès de vos obédiences respectives, pour des conditions de jeu différentes, car messieurs ces retrouvailles ne sont clairement pas satisfaisantes.

The Surface
Society's Dispposable Son
Our Common Grave
No Future
Comforting Prejudice
The Casket You Sleep In
Incongruous
Left Hand
Symptoms
Autonomous Mind

Seconde entrevue avec Archspire. La première fois au Petit Bain était incroyable : phénomène de souffle et de mâchoire pendue. La surprise étant passée, les attentes se portent alors sur une dualité entre variation et consistance. Entre écouter de nouvelles choses, dans un contexte différent, mais tout en gardant une qualité de jeu élevée. Le drap blanc qui recouvre la batterie se soulève, place au jeu.

Il est vrai que ce papier parle beaucoup de la qualité du son ; c’est parce qu'il est tellement important pour le genre. Sans de bonnes balances, le Tech Death perd son Tech, tourne au Death, au Brutal Death, perd définitivement de son essence. Et ce soir pour Archspire, les conditions ne sont clairement pas réunies. A qui la faute ? Qu’importe. Ce qui est certain, c’est que le précédent show des Américains était bien meilleur. On en vient à choisir l'un des deux côtés de la scène pour correctement recevoir la guitare correspondante.

Heureusement que le groupe reste une belle cylindrée. On retrouve avec délectation les gravity blasts qui n'en finissent plus, les shreds dans tous les sens qui raccrochent les rifs plus mélodiques, avant les saccades abruptes. Le groupe cuisine à la japonaise, et c’est un plaisir de manger sur place. De précis coups de couteaux à un rythme effréné avant de tout balancer dans un bouillon de vitesse en ébullition. Le BPM en PLS, avec un Oli Peters toujours impressionnant vocalement.

Dans la fosse, c’est sacrément tendu, genre niveau Dying Fetus, laisse tomber les photos. Avant les morceaux, le frontman désigne un loustic dans le pit. Le gus se voit décoré du titre de chef de chantier. Son taf : initier le bordel dès que les musiciens repartent. Une incantation utilisée plusieurs fois, qui permet de garder le fond de la marmite toujours bouillant. En fin de concert, les visages sont crispés, la fatigue est visible. Toute sortie est définitive, et impossible de manger sur place : la vélocité diminue, fatalement. Derrière, ça se dandine mais sans plus.

Sur scène le groupe avance en formation serrée. C’est que l’exécution est exigeante. Personne ne bouge vraiment, mis à part le frontman, qui s’occupe seul de la communication. Son crédo : le second degré. Blagues à répétition, utilisation d’un panneau Applause au dessus des gratteux lors des solos, sa panoplie est variée. On notera une sortie de scène du bassiste pour venir finir le concert en jouant depuis le public ! Peut-être le concert gagnerait en immersion si le groupe se délaissait de cet aspect foutraque. Il semble qu’Archspire n’ait plus besoin de ces artifices pour séduire et arriver à ses fins.

La setlist permet également de rattraper les déboires sonores. Quasiment tout Relentless Mutation, à l’exception de The Mimic Well, et le meilleur de The Lucid Collective, à savoir le titre éponyme. Quelques anciennes compos aussi, l’époque où Archspire ne savait pas ranger sa chambre. Une fois sorti dans la rue, l’avis est mitigé. Les groupes se sont tous envoyés, aucun doute là-dessus. Mais leurs prestations ont été entachées des éternels problèmes de balances. En espérant que les autres dates ne soient pas toutes de cet acabit. Cela n’empêchera pas de retourner voir Archspire ou Beneath The Massacre lors de leur prochain passage, à Paris ou ailleurs. Finissons en remerciant le Glazart pour l’hébergement, et Garmonbozia pour l’organisation impeccable de cette date.

Involuntary Doppleganger
Human Murmuration
Rapid Elemental Dissolve
Relentless Mutation
Lucid Collective Somnambulation
Scream Feeding
Calamus Will Animate
A Dark Horizontal
Remote Tumor Seeker