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jeudi 11 décembre 2014

Paradise Lost + Swallow The Sun

106 - Rouen

U-Zine

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Pour ce concert un peu exceptionnel dans notre région reculée, vous n'aurez pas un mais deux avis détaillés de deux grands fans de la carrière des Britanniques.

La soirée vue par Orion

Les ancienne et actuelle générations du Doom Death faisaient tournée commune en ce printemps avec quelques dates françaises pour l'occasion. Cela faisait bien longtemps que Paradise Lost n'avait plus fait autant de passages en province. Une époque où le groupe était au sommet de sa reconnaissance médiatique. Depuis, il est en perte de vitesse (médiatiquement car artistiquement, c'est une toute autre chose) et ne jouera ce jeudi 10 mai que dans la petite salle du 106, soit trois cent personnes quand Anathema, un an plus tôt, remplissait la grande salle.

Paradise Lost a toujours eu la réputation d'emmener avec lui sur ses tournées d'excellents groupes et le ton de cette année sera finlandais. Insomnium les avait accompagnés sur la tournée anglaise, Swallow The Sun fera de même pour le reste de l'Europe. J'aime railler dans mes chroniques les Finlandais mais au fond, ce n'est pas ce qu'ils ont fait qui me chagrine mais plutôt ce qu'ils ont engendré. Pour ainsi dire, je n'échangerai ma portion de The Morning Never Came pour rien au monde. Il faudra toutefois être patient pour goûter aux mets de cet album dans les conditions live puisque Swallow The Sun - et c'est tout légitime – fera la part belle à son dernier album Emerald Forest And The Blackbird en en jouant quatre titres d'emblée correspondant, par ailleurs, aux quatre premiers titres de l'opus. Une entrée en matière bien glaciale et tranchante à l'image de cette formation qui semble possédée par sa musique tout au long d'un set bien équilibré entre les morceaux purement Doom Death (« Hate, Lead The Way ! » ou « Swallow (Horror Pt. 1) ») et d'autres bien plus mélodiques à l'image de « This Cut Is The Deeper » ou « New Moon ». Il n'y a que « Cathedral Walls » pour m'embêter un peu le temps de ses cinquante cinq minutes dont les points d'orgues furent les deux titres tirés de The Morning Never Came, « Hold This Woe » et encore plus « Swallow (Horror Pt. 1) » que je n'attendais vraiment pas (le groupe ne le jouait pas sur le début de la tournée) mais auquel je voue un culte. Ce concert de très bonne facture, malgré un son pas vraiment génial, m'a permis de me réconcilier avec les Finlandais et de reconsidérer Emerald Forest And The Blackbird que j'avais jugé trop hâtivement et qui s'avère de fort belle facture, j'en reparlerai sous peu. Visiblement, je n'ai pas été le seul charmé par la performance au vu de la réaction des personnes autour de moi.

Le problème avec Swallow The Sun, c'est que la prestation fut tellement bonne qu'elle a en partie éclipsé la prestation des maîtres Paradise Lost. Parce que musicalement en live, Paradise Lost, c'est nickel avec des musiciens aux backgrounds qui parlent en leur faveur. Ce n'est pas le dernier arrivé Adrian Erlandsson au C.V grand comme ma... Mes bras que je découvrais avec son dernier groupe ce soir qui me fera mentir, je ne parle pas de la maitrise et du charisme de Greg Mackintosh qui mériterait un report à eux-seuls. Non de ce coté malgré les changements de batteurs le groupe est toujours aussi bon qu'en 2008 lors de la mythique date au Bataclan en compagnie de My Dying Bride et Anathema. Je me rappelle que pour cette occasion c'était même Mark Herron d'Oceansize qui avait remplacé au dernier moment Jeff Singer derrière les fûts. Non là où le bât blesse, c'est quand Nick Holmes se met à chanter. Mon dieu c'est horrible, il n'a plus aucune puissance et ne dégage jamais la puissance, ni la maîtrise qu'il possède sur les albums. Non, il accuse de plus en plus le poids de l'âge et sa voix n'en devient que plus nasillarde. C'était déjà le cas en 2007 et c'est encore pire en 2012. La chance de Paradise Lost, c'est que comme Iron Maiden ou Metallica, le groupe possède un répertoire constitué que de tubes et le public se mettra rapidement à chanter (plus ou moins selon les morceaux avec un beau raté sur « Erased » que le public semblait découvrir et n'arrivait pas chanter à la différence d'un « As I Die ») et cela couvrira un peu son chant. Cela sauve les choses car même avec un chanteur sur la pente descendante, on ne peut que s'amuser lors d'un set de Paradise Lost qui joue des rythmes faisant inévitablement bouger la foule. Pourtant le groupe n'a joué qu'un morceau de son album acclamé Draconian Times (« Forever Failure ») qui a fait l'objet d'une tournée spéciale l'an dernier. C'est bien la première fois en quatre concerts que je n'entends pas « The Last Time ». Pour le coup la présence de quelques morceaux m'auront bien surpris dans le bon sens du terme avec « Widow » d'Icon, « Soul Courageous » de One Second et comme le dirait si bien Nick Holmes avec l'humour qu'on lui connait : « de l'album Symbol Of Life... « Symbol Of Life ». Tant de belles surprises qui ne viendront pas cacher la faible durée d'un set ne dépassant pas une heure dix et un choix de morceaux très mitigé en ce qui concerne le dernier album. Si « Honesty In Death » me paraît déjà avoir l'aura d'un classique, « Fear Of Impending Hell » et « In This Dwell » me paraissent faibles alors que des « Solitary One » ou « To The Darkness » (joué en Angleterre) m'auraient comblé.

Une petite déception que je voyais venir et à laquelle je m'étais préparé que ce concert de Paradise Lost. Cela ne m'a pas empêché de chanter à tue tête durant tout le concert et de repartir avec le sourire et aussi de redonner une chance à Emerald Forest And The Blackbird car Swallow the Sun m'a bien mis une mandale dans la gueule.

En conclusion, le prochain concert de Paradise Lost, j'irai pour deux raisons : Parce que les groupes en premières parties sont toujours cools mais aussi parce que ce groupe même en déclin reste un groupe culte que tu verras quoiqu'il arrive avec des yeux d'enfants.

La soirée vue par Worthless

Lorsque le collègue Orion m'a annoncé la venue de Paradise Lost à Rouen, un an à peine après un autre membre du Big Three, à savoir Anathema, mon sang n'a fait qu'un tour. Le niveau d'excitation était peut-être légèrement inférieur, mais tout de même ! Ce n'est pas tous les jours qu'un groupe de cette envergure passe par Rouen.
En plus, pour cette tournée Paradise Lost s'est offert les services des excellents Swallow the Sun, la date devenait donc doublement immanquable pour les amateurs de Doom/Death que nous sommes, Orion et moi.

A mon arrivée, je suis surpris par l'affluence, plutôt faible compte tenu de la rareté relative d'une telle affiche par chez nous. Second étonnement, le concert aura lieu dans la petite salle du 106... Paradoxalement le style d'Anathema s'y prêtait plus, à mon sens, mais bon, c'est sûrement dû à un manque de préventes.

Je partage l'avis d'Orion au sujet de la prestation de Swallow The Sun : une très grosse claque. Pour ma part les Finlandais ne m'ont jamais déçu sur album, et c'était la première fois que je les voyais en live. La setlist était effectivement très bien choisie et équilibrée, avec pour commencer les premiers morceaux du petit dernier (auquel j'ai directement accroché, contrairement au collègue du dessus), qui passent très bien l'épreuve du live, notamment "This Cut Is The Deepest" et son refrain imparable. "Cathedral Walls" me surprend positivement, la voix de la chanteuse de Nightwish présente sur la version studio n'est pas abandonnée en live et c'est très bien ainsi, car elle apporte un vrai charme au morceau.
L'attitude des musiciens me paraît assez sobre, mais juste, et colle parfaitement au style pratiqué. Quelques invitations à lever les poings, une communication juste ce qu'il faut pour ne pas donner l'impression de se foutre du public, mais surtout, et c'est ce qui fait plaisir à voir, les mecs semblent vivre leur art pleinement pendant les morceaux. Miko, au chant, ne se noie pas dans la théâtralité mais il se révèle très efficace : il module sa voix aussi aisément que sur album (je le considère comme un des meilleurs dans cet exercice), passant d'un registre Black Metal au growl puis au chant clair assez rapidement.
Orion a parlé de la setlist, comme lui j'étais plus qu'enchanté de voir et d'entendre le fabuleux morceau "Swallow", tiré d'un des plus réussis albums de Doom Death mélodiques que je connaisse.
Voilà, trois petits quarts d'heure, sept morceaux, et puis les musiciens quittent la scène après une excellente prestation. Sentiment renforcé par ailleurs suite à l'autre prestation de la soirée, j'y viens... Je regrette simplement de n'avoir pas entendu de morceau de Hope, que j'apprécie particulièrement.

Une bonne demie-heure plus tard, soundchecks effectués et drapeau à l'effigie de Tragic Idol hissé, les musiciens de Paradise Lost arrivent sur scène et entament le très bon "Widow". Puis Nick Holmes arrive, et avec lui mon désarroi. Bordel je n'oublierai jamais ma réaction lorsque les premières notes de son chant parvinrent à mes oreilles. Je me retourne pour tenter d'apercevoir Orion, resté en retrait, afin de lui lancer un regard qui dit « ça me fait mal mais t'avais raison, mec ». Bref, je me dis que peut-être c'est le premier morceau et qu'il va se chauffer la voix... Erreur... C'est faux et vraiment pas agréable à l'oreille, incomparable avec les prestations plus qu'honorables que Nick livre sur album, notamment sur le petit dernier, d'ailleurs.


Orion, lui, était préparé à ça, il a déjà vu plusieurs fois le groupe en live. Pour moi c'était une première fois. Et malgré ses avertissements, je n'ai pu m'empêcher d'être surpris par une telle différence de justesse, de puissance, et de charisme de la part du chanteur de Paradise Lost entre le live et le rendu sur CD.
Ceci dit, je pense que c'est surtout l'effet de surprise qui est à l'origine de ma déception, car comme dit ci-dessus, Paradise Lost, c'est quasiment que des tubes auxquels on peut difficilement résister. Bref, passé l'effarement, je parviens à faire abstraction de ça et décide de profiter du set des Anglais comme il se doit...

De plus, et heureusement, les musiciens, loin d'être des manchots rappelons-le, m'aident beaucoup en livrant un concert quasiment parfait. Je suis plus qu'épaté par la prestance de Gregor MacKintosh, et je m'aperçois rapidement qu'il capte une grosse partie des regards de l'assemblée. Aaron Aedy semble être ravi d'être là et s'en donne à cœur joie. Steve quant à lui donne l'impression d'être un peu plus en retrait, sans paraître complètement ailleurs, mais on le remarque moins. Le son est tout à fait correct, meilleur que pour Swallow the Sun au niveau des guitares, effectivement.

La setlist, pour finir, parcourt un assez large éventail de la carrière des Anglais, pour mon plus grand plaisir, j'aurai peut-être pu me passer de "Symbol Of Life" et "Erased" pour un peu plus de Draconian Times mais dans l'ensemble elle était vraiment bonne avec notamment un "As I Die" repris en choeur et un Forever Failure très attendu. A l'inverse d'Orion je trouve que le très bon et très Metal "In This We Dwell", tiré de Tragic Idol, passe très bien en live. Les nouveaux morceaux semblent ravir le public, d'après l'enthousiasme qu'il met à taper dans ses mains et à reprendre couplets et refrains. Je suis ravi d'avoir en rappel Faith divides us Death unites us, en ce qui me concerne. Paradise Lost déroule et achève son set après un peu plus d'une heure, c'est un peu court en effet, mais avec de telles pépites je m'en contente aisément.

Voilà, une très bonne soirée dans l'ensemble malgré l'énorme mauvaise surprise Nick Holmes, et non pas Paradise Lost, car j'ai quand même passé un très bon moment à voir jouer des morceaux que j'écoute maintenant depuis quelques années pour certains sans jamais m'en lasser ("Pity The Sadness", "As I Die", "Forever Failure"...). Le public, complètement acquis à la cause du groupe, n'a pas semblé tenir rigueur au vocaliste de ses imperfections, et je crois pour ma part que si j'ai l'occasion de revoir ce monument du Metal un jour moi aussi, j'irai avec un plaisir non feint.

Rouen aura eu un excellent Anathema en 2011 et un Paradise Lost satisfaisant (parce que les musiciens assurent grave quand même) en 2012, ne manque plus qu'un My Dying Bride époustouflant en 2013 et la boucle sera bouclée ! L'avenir nous le dira...

Setlist Swallow The Sun :

Emerald Forest and the Blackbird
This Cut is the Deepest
Hate, Lead the Way
Hold This Woe
Cathedral Walls
New Moon
Swallow (Horror Pt. I)


Setlist Paradise Lost :
Desolate (Introduction)
Widow
Honesty in Death
Erased
Forever Failure
Soul Courageous
In This We Dwell
Praise Lamented Shade
Pity the Sadness
As I Die
Symbol of Life
Tragic Idol
The Enemy

Rappel:
One Second
Fear of Impending Hell
Faith Divides Us - Death Unites Us
Say Just Words