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mardi 25 avril 2023

Swallow the Sun + Draconian + Shores of Null @Backstage By the Mill, Paris

Backstage By the Mill - Paris

Pingouin

Death metal et science-fiction : une oreille dans les étoiles, une autre dans les enfers.

Varulven : C'est sous un ciel gris et pluvieux que j'émerge du tunnel de la ligne 2 pour rejoindre le Backstage by the Mill, lieu du concert de ce soir. Encore une fois, le hasard fait vraiment bien les choses, tant la météo est en totale adéquation avec les artistes de la soirée.

Swallow the Sun et Draconian, deux piliers de la scène doom/death mélancolique d'Europe du Nord, reviennent dans la capitale pour défendre leurs derniers albums, sortis à différentes périodes de la pandémie de COVID-19. Un contexte on ne plus doom metal, certes, mais dont les répercussions ont considérablement retardé les échéances du retour des artistes sur le sol français. De multiples reports d'une tournée avec Nightfall pour Draconian (qui a finalement été annulée) en passant par l'attente de revoir les Finlandais transcender leur musique sur les planches, tous ces petits couacs auront au moins permis d'entretenir mes attentes pour mon seul rendez-vous live du mois d'avril.

Shores of Null

Obligations professionnelles oblige, j'arrive en plein milieu du set de Shores of Null, pour n'assister qu'aux dix dernières minutes. Comme la dernière fois que je les ai vus (dans cette même salle avec In the Woods…), les Italiens continuent de proposer un black/doom mélodique de bonne facture, entre Katatonia première période et Woods of Ypres. Un semblant de déjà vu donc, mais qui a le mérite de titiller mon amour des guitares lead bien tristounes sur une atmosphère bien lourde.

Draconian

S'il y a bien une chose qui a rythmé l'actualité de Draconian, c'est le changement. Heike Langhans, voix féminine de la formation depuis 2012, a annoncé son départ après deux albums ayant permis au groupe d'effectuer un certain renouveau artistique, puis en termes de visibilité. Le dernier concert donné avec Heike au Hellfest faisait office de passation, puisqu'il comprenait également… Lisa Johansson, chanteuse d'origine, et reprenant donc son poste dix ans après l'avoir laissé vacant.

C'est avec Lisa pour seule interprète que les Suédois jouent ce soir. Après la performance incroyable de cet été à Clisson, je n'ai plus aucune crainte la concernant. Si je préfère généralement la dimension sépulcrale apportée par Heike aux lignes doucereuses de Lisa, cette dernière se réapproprie les parties de la Sud-africaine en leur donnant la même force évocatrice, la même intensité. C'est d'autant plus vrai sur les morceaux d'Under a Godless Veil, où les contrastes entre riffs doom obscurs et mélodies plus aériennes ressortent beaucoup mieux que sur le disque. D'autre part, la noirceur lancinante propre aux autres titres plus anciens est elle aussi bien palpable. « Dishearten » et son envolée finale, « Pale Tortured Blue » et ses leads déchirants, et « Daylight Misery » et son feeling old school. Tous les titres fonctionnent à merveille sur moi et me confirment tout l'intérêt de voir un groupe qui, sur scène, exhalte avec brio un travail studio déjà très solide.

Setlist :

The Sacrificial Flame
Lustrous Heart
The Sethian
Sleepwalkers
Stellar Tombs
Seasons Apart
Sorrow of Sophia
Elysian Night
Dishearten
Pale Tortured Blue
Daylight Misery

 

Swallow the Sun

J'attends de Swallow the Sun une prestation tout aussi intense que celle de Draconian, si ce n'est plus. Comme les Suédois, le groupe emmené par Juha Raivio sait déployer toute la puissance du contraste clair-obscur qui fait le sel de sa musique. C'est d'autant plus vrai depuis le virage plus atmosphérique pris avec When A Shadow Is Forced Into The Light. Sur son successeur Moonflowers, dont quatre extraits seront joués, l'essence contemplative laisse sa place à une aura tragique, que l'on perçoit bien dans le chant de Mikko Kotamaki ce soir. A tel point qu'il frôle parfois le surjeu et les faussetés dans son interprétation, pourtant très belle et très intimiste.

En ce qui concerne les moments de grâce, les morceaux aux mélodies poignantes, comme les incontournables « Falling World » et « New Moon », sont de vrais pics d'intensité qui me parcourent l'échine. Puis, de nombreux instants d'introspection comme « Firelights » ou « Stone Wings », qui favorisent le recueillement, puisque, malheureux hasard, le jour du concert est le même que celui de la perte d'Aleah. Le groupe lui dédiera d'ailleurs ce dernier titre de manière très simple et mesurée.

Alors que la fin approche, Swallow the Sun tient à nous rappeler qu'il reste, malgré son évolution apaisée, un groupe dont l'ADN demeure ancré dans les abysses. « This House Has No Home » nous déverse sa furie black metal en pleine face (parce que bordel, ce riff !), avant que nous soyons, pour finir, écrasés par les classiques « Descending Winters » et « Swallow (Horror, Pt 1) ». Riffs d'apocalypse, refrains habités et growls monstrueux se chargent de terminer le travail, pour laisser Swallow the Sun quitter sereinement les planches.

Setlist :

The Fight of Your Life (intro)
Enemy
10 Silver Bullets
Falling World
Keep Your Heart Safe From Me
Firelights
Woven Into Sorrow
Stone Wings
New Moon
This House Has No Home
Descending Winters
Swallow (Horror, Part 1)