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jeudi 11 décembre 2014

Misanthrope + Orakle + Synthetic Waterfall

MJC Le Studio - Limours

U-Zine

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Il fut impossible pour Molière et pour Nietzsche de se rencontrer, pour des raisons évidentes de différences d'époques. Mais vous n'allez pas me croire... Figurez-vous que j'ai "vu" les 2 réunis en un froid samedi 7 février 2009 à Limours : en effet, leurs plus fidèles réincarnations étaient là : Misanthrope et Orakle. Les deux sages avaient choisi de laisser s'exprimer de jeunes orateurs juste avant leur spectacle : Synthetic Waterfall.

C'est donc Synthetic Waterfall, groupe que je ne connaissais pas avant cette soirée, qui a ouvert les hostilités, devant une MJC à moitié pleine. Bénéficiant d'un son de très bonne facture, les 5 musiciens ont convaincu les spectateurs avec leur Metal mélodique assez personnel, puisant un peu son inspiration dans le vivier finlandais (Eternal Tears Of Sorrow, Children Of Bodom par exemple). Ces jeunes m'ont bien plu grâce à leur très bonne maîtrise technique et l'alternance de morceaux rapides, calmes, rentres dedans, aux structures différentes. Le duo de guitaristes Timo et Olivier est très efficace, se relayant pour jouer les solos (sans "branlette de manche" inutile), y allant du tapping sans pour autant en abuser. Il y avait aussi le bassiste Donovan qui m'a convaincu. Sa corde supplémentaire n'était pas là pour rien. De même, Kiryu à la batterie a livré un bon show, à part à un moment où il a loupé le début d'un morceau, et le groupe a dû le recommencer. Enfin, le claviériste (dont j'ai oublié le nom) était nouveau dans le groupe. J'ai apprécié son jeu, et particulièrement l'usage de sons de cloches (clochettes) sur son instrument. C'est assez rare d'entendre ça, et j'ai trouvé que ça apportait une touche féérique à leur musique. Bref, Synthetic Waterfall a fait un bon concert, sympathique au demeurant, avec les déclarations humoristiques du chanteur Timo. C'est Orakle qui a permis au groupe de jouer ce soir-là. Un grand merci pour la découverte !

Après une très bonne entrée, le plat principal arrivait : Orakle. La salle était plus copieusement garnie qu'avant, et il faut signaler que le groupe jouait à "domicile", puisque les musiciens ont maintenant l'habitude de répéter ici. Ce concert, outre la confirmation du fait qu'avec Orakle, on a là la crême du black atmosphérique / progressif, m'a permis de faire un rapprochement que je n'avais pas fait précédemment : Manu, le claviériste arrivé en fin d'année dernière dans le groupe, n'est autre qu'Emmanuel de Lyr Drowning. Il y avait aussi Virginie du même groupe, dans la salle. Anecdote faite, passons au show des parisiens.

C'est la meilleure prestation que j'ai vue du groupe ! Un jeu d'une justesse Freudienne, un peu plus de mouvements qu'auparavant sur scène, une meilleure complicité et un public plus venu pour le groupe. De plus, comme d'habitude, la qualité du son était très bonne (quoiqu'un peu fort j'ai trouvé, mais l'essentiel était de pouvoir écouter facilement tous les instruments). Orakle, naviguant entre ses 2 albums Uni Aux Cimes et Tourments & Perdition, a pour moi trouvé une setlist idéale pour se mettre en valeur.
Le public a très bien accueilli chaque offrande faite par l'Orakle, allant même jusqu'à pogotter beaucoup durant l'interprétation de "Le Distant".
Au niveau individuel, chacun s'est bonifié : tout d'abord Achernar (chant/basse) a gagné en prestance et j'ai eu l'impression qu'il a mieux réussi à véhiculer les messages de ses textes dans la langue de Molière. Il pourra à l'avenir étudier toutes les mimiques proposées par S.A.S. De L'Argilière (Misanthrope), qui est un maître dans l'art de communiquer avec son corps. Mais il est vrai qu'Achernar a en plus à jouer de la basse, ce qui ne rend pas la tâche aisée.
Puis, le duo de guitaristes, Amar Ru / Eithenn, a gagné en complicité, ça semblait évident à les voir évoluer à la MJC. De plus, j'ai trouvé leurs parties de guitare mieux restituées par rapport aux albums. L'un et l'autre ont haussé leur niveau (qui était déja bien élevé).
Ensuite, Manu, a paru mieux intégré au groupe. C'est tout à fait normal, les mois et les nombreuses répétitions passant. De plus, il m'a surpris en headbanguant comme un fou à plusieurs reprises derrière son clavier. J'ai juste trouvé un peu regrettable de le voir en positionné en retrait par rapport au reste du groupe, mais il est vrai que la place manquait sur scène pour tous jouer de front.
Enfin, toujours mon préféré pour la fin : Clevdh le batteur, m'a encore ébloui. Plus hargneux que jamais derrière ses fûts, jouant pour repousser ses limites, se démultipliant tout le temps. C'est ça qu'on aime dans la musique : ne pas avoir l'impression de regarder un batteur studio qui fait son job sans expression.
Mais n'allez pas croire qu'Orakle a livré LA prestation parfaite. Il y a quelques pistes de progrès : tout d'abord, l'interprétation de "Les Mots De La Perte" a connu quelques aléas qu'il faudra corriger. Ensuite, selon moi, il y a un gros point à travailler : les temps morts entre les morceaux : je sais bien qu'il faisait chaud dans la salle et qu'il fallait se désaltérer, mais ces temps morts font baisser l'intensité du concert (aussi bien énergique qu'émotionnelle). Enfin, et là, c'est une question qu'ils ont dû se poser : je me demande comment ça serait Orakle en corpse paint ? (Je pense notamment à la pochette au dos de l'EP : "L'ineffable Emoi... De Ce Qui Existe".
J'ai été long, mais c'est parce qu'Orakle est un groupe qui vaut franchement la peine d'être vu sur scène. Pour preuve, je vais cette année, pour l'instant, compte tenu des dates connues, retourner les voir 4 fois.

Setlist :1) Tourments - 2) Celui Qui Erre - 3) Uni Aux Cimes - 4) La Splendeur De Nos Pas - 5) Dépossédés - 6) Le Distant - 7) Les Mots De La Perte - 8) L'Imminence Du Terrible

Après un temps d'attente un peu plus long, et pour cause, il a fallu démonter le kit de batterie en place, pour mettre celui de Gaël Féret, plus gros, Misanthrope est arrivé sur scène. La MJC était pleine ! Suivant un protocole précis (les musiciens étant en place, commençant à jouer, et tout d'un coup, le chanteur emblêmatique S.A.S De L'Argilière qui surgit du public), le groupe a entamé son set d'une fort belle manière. Le public était conquis d'avance, partagé entre les vieux fans du groupe, et les jeunes qui commencent à le découvrir. Tout de suite, l'ambiance est montée d'un cran. Il n'y a pas que la frénésie qui a changé, il y a aussi eu le fait qu'on avait l'impression d'avoir en face de nous des gens très professionnels.

Il y a bien sûr S.A.S De L'Argilière, véritable maître de cérémonie, qui, comme je l'ai dit précédemment, excelle dans l'expression corporelle sur scène. On est comme hypnotisé lorsqu'il nous regarde, à la fois contemplant à mec super sympa, mais aussi admirant sa prestation qui sort du coeur.
Puis, se laissant emmener par les premiers morceaux joués par Misanthrope, on se met à étudier chacun des autres musiciens :
Tout d'abord, Anthony Scemama, le guitariste, est très à l'aise à son instrument. Il donne l'impression que tout ce qu'il joue sur scène est facile à faire, mais c'est bien le contraire en réalité. Il a été LE guitariste de la soirée. A celà, ajoutez sa bonne complicité avec Jean-Jacques Moréac (basse/programmation), et voilà une prestation réussie en cette soirée de bonne musique. Ensuite, je suis passé à Gaël Féret, qu'il connait plus que bien, puisqu'ils avaient déja joué ensemble dans Balrog ou Lyzanxia par le passé. Et bien le bonhomme a un jeu tout à l'opposé de Clevdh (Orakle) : un jeu économique, peu démonstratif, mais Ô combien efficace ! Je trouve que Misanthrope lui permet d'élargir son panel de jeu, avec des parties purement death à blast, mais aussi des moments très heavy. Cependant, même s'il en impose, j'avais ce petit pincement au coeur pour le marteleur d'Orakle.
Enfin, comme avant, celui qui m'impressionne le plus : Jean-Jacques Moréac (basse). C'est fou tout ce qu'il fait avec sa 4 cordes ! Du jeu à la Steve Harris en passant par des effets "bizarres" avec ses pédales, des ballades sur scène pour s'amuser avec ses collègues ou haranguer la foule. Il était très bon !
Misanthrope a bénéficié d'un son "au poil", l'idéal pour apprécier le haut niveau de chaque musicien.

Au niveau de la setlist, je l'ai trouvée particulièrement bien choisie, avec bien sûr les "tubes" : "Bâtisseur De Cathédrales", "Les Empereurs Du Néant" . Aussi, le dernier album du groupe IrremeDIABLE, a été bien représenté : "Les Retourneurs De Pierres", "Le Passager Du Hasard", "Le Dandy De Bohème", etc.
Ce que j'ai trouvé bien aussi, c'était que la setlist regorgeait de titres qu'ils n'avaient pas joué lors de leur précédente tournée en fin d'année 2008. Bref, Misanthrope a mis le feu à Limours, et a reçu un accueil qu'eux-mêmes n'attendaient pas. IrréméDIABLEment, au rappel, S.A.S De L'Argilière a fêté ça au champagne, comme il se doit. Ce fut une soirée réussie !
Il est 1 heure du matin, déja ! On ne s'est pas rendu compte de tout ce temps passé.

Setlist :1) Le Dandy De Bohème - 2) Le Haras d'Amazones - 3) Le Maudit Et Son Spleen - 4) Les Empereurs Du Néant - 5) Théologie Du Misanthrope - 6) Ixion - 7) Misanthrope Necromancer - 8) Le Passager Du Hasard - 9) La Marche Des Cornus - 10) Eden Massacre - 11) Les Retourneurs De Pierres - RAPPEL 1 - 12) Névrose - 13) Bâtisseur De Cathédrales - RAPPEL 2 - 14) L'écume Des Chouans - 15) Inspiration