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jeudi 11 décembre 2014

Nile + Yyrkoon + Detonation

La Locomotive - Paris

U-Zine

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C’est un fait, les provinciaux ont bien moins de concert que les parisiens et se plaignent du manque cruel de concerts dans leur campagne. Mais nous autres, enfoirés de parisiens, n’avons pas toujours que des avantages à rapport aux provinciaux. En effet, pour la tournée de Nile « Annihilation of The Wicked World Tour », les parigos avaient la chance d’avoir en première partie Detonation et Yyrkoon ! Bonne nouvelle, sauf qu’à Limoges ils échangeaient Detonation contre deux groupes français excellents, Benighted et No Return ! (Bon d’accord, ça arrive une fois sur 5 000. Toujours le mot pour faire chier ces parisiens ! héhé…)

Un concert de Nile est à mes yeux un évènement historique à lui tout seul, mais apparemment pas aux yeux de tout le monde. Quelques jours avant le concert, on entendait dire que ce dernier pouvait être annulé pour cause d’une vente très faible de préventes !? On pourra encore une fois critiquer les fans de métal qui se plaignent toujours de ne pas voir assez de bons groupes en France et qui, à côté de ça, ne viennent pas aux concerts quand ils se présentent… Mais dans le cas présent, on ne pourra pas vraiment jeter la pierre aux métalleux car Nile est, dans tout ce qui fait, un phénomène à part.
Cette faible mobilisation vient aussi (et surtout) du fait que Nile est une machine de guerre qui tourne sans cesse. Ils font une tournée promo, puis reviennent sans rien promouvoir quelques mois après et ils reviennent encore pour une nouvelle tournée promo… Donc évidemment, même si on se régale à chaque fois qu’ils passent, il y a aussi l’effet inverse qui limite le nombre de personnes motivées à chaque passage.

Quoiqu’il en soit, le concert a bien lieu (même si c’est dans une salle de La Loco bien loin d’être pleine). Le premier groupe a rentré sur scène sont les prometteurs Detonation. Après la sortie en 2003 de leur An Epic Defiance, les néerlandais sont venus cette fois défendre leur Portals To Uphobia sorti quelques mois auparavant. La chose qui m’a tout de suite marqué avec la prestation du groupe est la brutalité de leur musique. En album studio, j’aime beaucoup le côté mélodique de leurs compositions, qui restent relativement originales pour du death mélodique – même si très influencé par Dark Tranquillity -, mais ce côté ressort très peu en live. La sauvagerie est bien plus mise en avant, avec une voix bien agressive (pas de chants clairs) et des blast beats pas isolés. Les gaillards auront gâté les fans de leur premier album avec des hits tels que "Forever Buried Pain" ou le morceau titre "An Epic Defiance". Pas une excellente surprise live, mais un groupe qui se regarde agréablement !

Après un rapide tour au stand merchandising et un peu de parlottes avec quelques métalleux dont ce cher John, Yyrkoon rentre en piste. Et là, même constat, la brutalité est aussi au rendez-vous par rapport au studio. Stéphane Souteryrand (chanteur/guitariste, que l’on retrouve aussi aux guitares dans Aborted) prend une voix bien plus gutturale que sur album. Les parties de batteries, assurés sur « Occult Medicine » par un certain Dirk Verbeuren, restent assez fidèles même si tout le monde n’a pas le niveau et l’aisance d’un Dirk. De plus, le côté groovy que je trouvais à quelques morceaux du nouvel album, peinait à se faire entendre.
Cependant, je ne sais pas si c’était du au fait que je ne connaisse pas beaucoup les morceaux, mais le set des français restera un peu trop linéaire malgré de très bons moments. Peut être est-ce aussi du au fait que j’attendais avec la plus grosse impatience un monstre du death metal ?!

Le monstre en question, c’est bien évidemment Nile ! Ayant vu la setlist quelques jours auparavant, je savais d’ores et déjà que l’on n’allait vraiment pas avoir le temps de s’emmerder. Tout commence avec le magistral "The Blessed Dead". L’érection n’est déjà pas loin ! Ce soir, les membres paraissent plutôt en forme, avec leur habitude grand sourire aux lèvres (de Dallas à… c’est plutôt rare, Karl Sanders ). Le jeune Joe Payne est toujours exceptionnel ; le plus jeune de la formation mais avec une aisance déconcertante ! Même si les parties de basse de Nile ne sont pas celles de Dream Theater ou de Psycroptic, on est bien loin des 3 accords par morceaux. Mais que nenni, le blondinet ne cesse de faire l’hélicoptère en jouant, même sur des titres bien brutaux comme "Execration Text", "Cast Down The Heretic" ou "Black Seeds of Vengeance". Il envoie des bûches le bougre !
Avec une setlist plutôt courte mais condensée, la bande à Karl avait axée celle-ci sur leur dernier album avec pas moins de six titres de celui-ci ( dont les deux titres promos que sont "Sacrifice Unto Sebek" et "Lashed to the Slave Stick"). La fosse, plutôt vide pour une affiche pareille, s’excite par moment mais reste calme dans l’ensemble… Même si Nile pratique plus une musique que l’on admire en headbangant, ça n’aurait pas été de refus que ça bouge un peu plus dans le pit. J’aurais bien voulu mettre mon petit grain de sel mais malheureusement, ayant mes lunettes ce soir, c’était un peu délicat !
Les titres continuent de s’enchainer et les fans présents ce soir en prennent pour leurs gardes. Que ce soit les guitaristes virtuoses qui enchainent leurs soli ou autres distorsions, la batterie martyrisée par George Kollias, ou encore les trois vocalistes vociférant leurs histoires d’Egypte ancienne, la qualité est bien au rendez-vous ! D’ailleurs, depuis le départ de Jon Vesano, Dallas Toler-Wade est devenu le frontman du groupe en live et assure maintenant plus de la moitié des chants. Il faut aussi souligner que Joe Payne (basse) a maintenant son growl à dire, ce qui n’était pas le cas il y a encore quelques mois.
Les américains finissent leur show par leur hymne qu’est "Black Seeds of Vengeance", où la fosse se réveilla, et achèvent toutes les nuques encore en vie par un "Von Unaussprechlichen Kulten" ultime ! Comme titre final, je ne pense pas que l’on puisse faire mieux.

Nile aura marqué beaucoup de points ce soir, mais été déjà en terrain conquis par les trois quarts des personnes présentes (dont je pense que vous l’avez compris, moi !). Cependant, ça reste déplorable de voir que l’un des groupes les plus novateurs de la scène métal actuelle peine à remplir une salle comme La Loco. Quoiqu’il en soit, il ne me reste plus qu’à me pencher un peu plus sur Yyrkoon pour (je l’espère) plus profiter de leur prochain show, et à attendre sagement la prochaine venue de Nile dans nos belles contrées…

* Setlist de Nile (pas tout à fait dans le bon ordre) :

The Blessed Dead
Serpent Headed Mask
Execration Text
User-Maat-Re
Cast Down The Heretic
Kheftiu Asar Butchiu
Sacrifice Unto Sebek
Sarcophagus
Wind of Horus
Lashed to the Slavestick
Annihilation of the Wicked
Black Seeds of Vengeance
Von Unaussprechlichen Kulten