Interviews Retour
dimanche 30 octobre 2005

Detonation

Koen Romeijn

U-Zine

U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !

Grâce à un premier album fort réussi mais aux aspérités proches de l'époque The Gallery de Dark Tranquillity, Detonation a su envoûter votre humble serviteur. Fort d'un nouvel album plus personnel, mais ayant rencontré pas mal de problèmes lors de leur récente tournée Européenne, U-zine a décidé de s'entretenir avec ce groupe hollandais de death mélodique ô combien prometteur.

U-zine.net : Votre line-up est stable depuis 1997. Cependant, lorsque Thomas, votre batteur, s’est blessé juste avant votre entrée en studio, n’avez-vous pas ressenti l’envie d’engager quelqu’un d’autre, malgré votre amitié ?
Köen Romeijn (chant) : En tant que membre à plein du groupe, nous n’avons jamais envisagé une seule seconde de remplacé Thomas car sa manière de jouer insuffle le son de Detonation. Néanmoins, on a songé à engager un batteur de session pour enregistrer Portals To Uphobia vu que la durée de réhabilitation de sa blessure était encore incertaine. On a donc demandé à notre ami, Stef Broks de Textures, s’il était d’accord pour suppléer Thomas s’il ne pouvait se remettre à temps. Ce à quoi il a accepté mais heureusement, Thomas s’est rétabli à temps et à pu enregistrer ses parties de batterie.

Depuis que vous avez apposé une étiquette sur la pochette de votre précédent album vous comparant comme les successeurs de l’album The Gallery de Dark Tranquillity, la presse ne cesse vous comparer à vos illustres prédécesseurs. Ne regrettez-vous pas d’avoir coller ce sticker ?
Oui c’est carrément frustrant ! Nous souffrons de cette comparaison depuis la sortie d’An Epic Defiance, et il est évident que cela vient du sticker que nous avons collé. Si l’autocollant n’avait pas été là, nous n’aurions jamais eu une telle polémique, mais c’est comme ça et nous devons faire avec. Par contre, notre nouvel album n’a rien à voir avec aucune des sorties de Dark Tranquillity car les mélodies sont complètement différentes. Tout le monde sera forcé d’admettre que nous avons notre propre style, même si nous jouons du metal mélodique, nos influences death et black prennent le dessus.

Niklas Sundin (Dark Tranquillity) a de nouveau dessiné votre pochette. Quelle fut sa réaction suite à cette comparaison à la sortie de An Epic Defiance ?
Il n’y a pas prêté attention, en tant que musicien il sait comment le marché de la musique fonctionne et qu’il faut une référence pour que les gens découvrent ton premier album. Niklas est un excellent artiste et un très bon ami, il n’y a jamais eu de conflits entre nos groupes à propos de cette comparaison. Il y a bien plus de gens qui s’en soucient que nous comme tu peux le constater (rires).
Niklas a donc fait la pochette de notre nouvel album et je suis plus que satisfait du résultat !

Pour en revenir à votre musique, Portals To Uphobia est un album bien plus sombre et technique que le précédent.
Je ne pense pas qu’il soit bien plus technique que notre premier album, c’est juste qu’il est agencé différemment. Avec Detonation, on ne se questionne jamais sur la façon dont l’on veut sonner et quel est le style de musique que nous souhaitons pratiquer… Nous écrivons juste des morceaux qui prennent une certaine tournure. La seule chose que nous avons véritablement modifiée entre les deux albums est la structure de nos titres et la façon d’écrire en général. Nous souhaitions que nos morceaux soient plus équilibrés et moins chaotique que certains titres d’An Epic Defiance. Tune trouveras plus de morceaux avec plus de 15 riffs différents à l’intérieur.

Votre nouvel album est également plus varié que le précédent que ça soit dans les tempos, les influences… Comme les réminiscences flamenco que l’on retrouve sur Lost Euphoria Part III !
En tant que musiciens, nous aimons nous essayer à de nouvelles choses quelque soit le style. Nous aimons faire ce que nous voulons faire, d’autant plus si nous ne l’avons jamais fait par le passé. Pour Portals To Uphobia, nous avons composé plus de parties rythmiques et varié les tempos en ajoutant des rythmiques totalement inédites. Mais rien de tout ceci n’était prévu, c’est venu spontanément en studio ! Je pense que c’est une extension naturelle du groupe.
Quant aux rythmiques espagnoles, Mike est un grand fan de Paco de Lucia, et il s’est dit que ce serait cool d’ajouter une guitare acoustique flamenco sur notre traditionnel morceau instrumental vu que ce titre est expérimental par définition.

Est-ce une façon de vous détacher de votre ressemblance avec Dark Tranquillity ?
Non, car on s’en fout. Nous jouons la musique que nous souhaitons jouer, soit du death mélodique ! Notre son est tout aussi influencé par At The Gates, Eucharist, Dissection ainsi que tout autre groupe Suédois à l’instar de Dark Tranquillity. Il existe plus de 100 000 autres groupes qui sonnent comme ça, et c’est le cadet de nos soucis ! Nous fonctionnons comme ça, et si les gens n’aiment pas, alors qu’ils n’écoutent pas notre musique, c’est aussi simple que ça.

Portals To Uphobia est dans les bacs depuis déjà un mois, quels sont les retours de la part des fans ?
Tout simplement enthousiaste. Nous ne nous attendions pas à tant de réactions si positives. Bien sûr, nous savions que cet album était aussi bon que notre précédent, mais on ne sait jamais à quoi s’attendre avec les réactions des fans… Par chance pour nous, quasiment tout le monde est emballé, donc tout va pour le mieux.

Vous avez signé un deal avec Osmose pour trois albums. Disposez-vous d’une totale liberté d’action vu que vous avez signé en tant que groupe dans la lignée de Dark Tranquillity ?
Nous n’avons jamais été signé dans le but de rester dans la lignée de Dark Tranquillity et d’être le Dark Tranquillity qu’Osmose a perdu après la sortie de The Gallery ! Osmose nous a signé car les mecs aimaient notre musique, cela n’a rien à voir avec Dark Tranquillity ! Osmose ne nous a jamais rien imposé, nous avons une totale liberté d’action. Nous pouvons faire tout ce que nous souhaitons, donc… Sans pour autant outrepasser les bornes (rires).

En lisant quelques reports de votre unique concert en France (Lyon), en Septembre, en tant que première partie de Decapitated, je me suis aperçu que vous n’avez pas joué. Que s’est-il passé ?
On pensait jouer à Lyon, mais le soir avant de partir vers la France, j’ai appris quelque part que Dam et Detonation n’étaient pas censé joué lors de ce mini-festival français. Nous avons demandé pourquoi, bien sûr, vu que nous faisions parti de la tournée de Decapitated et sachant que nous allions débarquer à Lyon, vu qu’on partage le même tourbus. Mais nous n’avions pas notre mot à dire vu que c’était un festival et qu’il n’y avait plus de place pour nous…. Pas de chance ! Pourtant, nous étions sur place ce soir-là… Nous avons donc regardé les autres groupes joués sur scène avant de finir totalement bourré en backstage, ce fut donc une très bonne soirée malgré tout !

Puis vous avez encore eu des problèmes de tour bus. Décidément, vous êtes frappé par une malédiction !
Oh mec, on a eu tant de merde pendant cette tournée... Lorsque nous avons rejoins le tour bus pour la 1ère fois après notre premier concert à Arnhem (Pays-Bas), nous avons découvert que le bus ne contenait que 18 couchettes alors que nous étions 22 sur la route ! Nous avons essayé de trouver une solution, mais il n’y en avait tout simplement pas… On a donc décidé de dormir à même le sol voire dans le compartiment à bagages les premières nuits avant de se faire relayer par l’autre première partie, Dam. Nous avons donc vécu dans des conditions merdiques, mais nous étions tellement content de tourner qu’on s’en foutait en partie.
Malheureusement, le tourneur nous a annoncé après notre 4ème concert, à Hambourg, que nous devions quitter le tour bus dès le lendemain lors de notre périple en Belgique vu que le bus n’était pas assuré pour tant de personnes et que cela devenait trop dangereux. Dans un sens, cela parait justifier, mais pourquoi avons-nous du partir alors que le groupe le plus bas de l’affiche, Dam, est resté ? On n’en sait rien pour le moment, mais on arrivera bien à savoir pourquoi tôt ou tard !
Mais ce qui nous importait à ce moment c’était d’assurer nos concerts ! Donc une fois que nous sommes rentrés chez nous après notre concert en Belgique, nous avons appelé Osmose et nous avons parlé pendant des heures. Au final, on a décidé de louer notre propre car et par conséquent de nous rendre par nous-même dans les salles où nous devions nous rendre. On a ainsi pu faire 5 très bons concerts en Angleterre, un aux Pays-Bas et 3 en Allemagne. Ce qui est bien, c’est qu’on a fait les meilleures dates de notre tournée, et en plus à notre façon, tout en allant dormir à la fois chez nos amis (d’ailleurs, merci à Tim de Gorerotted de nous avoir tant aidé), comme dans des hôtels peu chers voire même dans les backstages des salles où l’on jouait.
On a passé un très bon moment au final, et les mecs des autres groupes nous ont été d’un grand soutient, il faut quand même que je le souligne.

Après les déboires de votre tournée avec Dimension Zero, pensez-vous que vous êtes maudit ?
C’est clair qu’on peut le penser. Même si tout s’est plus ou moins bien passé lors de notre tournée avec Dimension Zero en 2004, mais il est vrai que nous avons du annuler deux concerts et que la promotion fut à chier (rires). Mais je dois te concéder que nous jouons de malchance, vu que je viens de découvrir que la sortie américaine de Portals To Uphobia via End Records souffre d’un problème de livret. Apparemment, il n’y aurait pas les paroles sur le livret, encore une merde…
Mais on est tout de même chanceux, car tout ce qui compte pour nous c’est que nos fans aiment notre nouvel album. Il faut toujours regarder du bon côté les choses, nous disposons désormais d’une multitude de souffres d’inspirations pour composer (rires).

Je sais que c’est un peu prématuré, mais quand revenez-vous en France ? Et en studio ?
Je vais faire de mon mieux pour qu’on puisse enfin jouer en France l’année prochaine sur une ou deux dates. On veut vraiment pouvoir jouer là-bas, alors en attendant garde les doigts croisés ! Quand à notre prochain passage en studio, nous avons déjà fini 8 morceaux qui seront sur le troisième opus de Detonation. Et vu que nous trouverons que ces morceaux sont excellents, on a hâte de rentrer en studio, ce qui aura lieu à priori l’année prochaine.

Tu veux rajouter quelque chose ?
Merci pour ton interview, et j’espère te voir en France l’année prochaine. Quant aux personnes qui liront cette interview, procurez-vous notre nouvel album et faites-vous votre propre opinion sur notre musique sans vous laisser influencer par les avis des autres !

Un grand merci à Koen et Nicolas pour cette interview.