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lundi 20 avril 2009

Hacride

Adrien

U-Zine

U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !

C'est le 20 Avril, jour de la sortie de leur troisième opus, Lazarus, qu'U-Zine a rencontre Adrien, guitariste et principal compositeur d'Hacride. Un personnage sympathique, interessé, et interessant, qui nous dévoile l'essentiel d'Hacride en 2009.

Voilà deux ans qu'Amoeba est sorti, que s'est-il passé pendant ces deux années ?
Adrien : Houla ! Plein de choses ! On a passé deux à tourner comme des malades, on a énormément tourné, Amoeba à réussi à nous ouvrir à l'Europe. Dans un premier temps on a fait pas mal de concerts en France, et du coup on s'est vite exporté vers l'Europe, que ce soit en Espagne avec Dying Fetus, on a fait une tournée Européenne avec Divine Heresy, on a fait une tournée en tête d'affiche en Hollande, Belgique, Suisse, on a fait des concerts en Allemagne etc... Donc ouais on a beaucoup tournés, ce qui nous a permis de défendre Amoeba qui avait bien fonctionné donc du coup on était assez demandés, ce qui est plutôt cool ! Donc deux ans sur les routes on va dire !

D'où viens ce nom Hacride, que signifie-t-il ?
La question qui reviens tout le temps (rire). En fait ça viens de Acre. Au début quand on a commencé Hacride, on cherchait un nom qui créait une émotion, quelque chose comme ça, et « acre », pour le définir comme une émotion, c'est un sentiment un peu douloureux que t'as du mal à exterioriser mais en même temps qui te brûle un peu les boyaux. Donc à l'époque où on a commencé ça nous a semblé cool, ça nous ressemblait un peu. Et puis on l'a tourné en anglais et on a ajouté le H et le E à la fin, de manière à dériver le mot, pour qu'on nous pose la question après (rire) !

Comment s'est déroulé l'enregistrement de ce troisième album ?
C'était dur. C'était dur parce que y'a des morceaux qui avaient un couleur plus atypique que d'habitude, qui avait un son très rock, ça reste métal mais qui a un son plus acoustique à la base, on a pas le même accordage, on a des chansons plus lentes et plus longues, beaucoup plus progressives. On a toujours effectués, que ce soit sur notre premier album ou sur Amoeba, un métal assez énergique et assez fougueux, tout en restant technique. Et là c'était complètement posé en laissant place aux émotions, et du coup pour l'enregistrement c'était très dur à retranscrire, que ce soit au niveau du chant, au niveau des grattes, au niveaux des samples... Donc ça a été très dur, on a beaucoup cherché, on a mis 4/5 mois mais non-stop. Notre producteur, Frank Hueso, il dormait plus ! Donc c'était dur, mais une super expérience, c'était la première fois qu'on rentrait dans un grand studio, qu'on avait un bon budget pour produire ce qu'on avait envie de produire, donc ça c'était super, mais dans le travail c'était un bon casse tête. Mais le résultat est à la hauteur de ce qu'on voulait, donc on est content de pas avoir dormi !

Où se sont déroulés les enregistrements ?
On a tout enregistré avec Frank Hueso qui est aussi notre ingénieur son en live, qui a été épaulé aussi pas Marco Casanova qui joue dans Cellule X, qui est aussi dans le milieu du cinéma et de la pub. On a enregistré une partie au Loco Studio en Normandie, juste pour la batterie, pour avoir une espèce de grande salle, pour avoir la batterie la plus acoustique possible, sans trigg et sans retouche. On a enregistré les grattes et la basse aussi là-bas. Les voix on les a fait à coté de chez nous à Poitiers. Et tout le mixage s'est fait au studio de Frank Hueso.

Lazarus est sorti aujourd'hui même ! Après les critiques unanime et élogieuses d'Amoeba, ressentiez-vous une certaine pression ?
Oui et non. On a ressentit une pression quand on a sorti Amoeba, parce que Deviant Current Signal avait bien été acceuillis aussi, on a vait beaucoup plus de pression sur les épaules que maintenant. On a tellement tournés et tellement joués, que maintenant, j'ai envie de dire, vraiment tout ça on s'en fout. C'est-à-dire qu'on fait ce qu'on a envie de faire, et après on adhère ou on adhère pas ! Mais on ne cherche pas le consensuel, on cherche justement à fouiner, autant que faire ce peut d'être original, essayer l'aller là ou les autres ne sont pas allés, et s'ils y sont allé, d'aller encore plus loin, même si on arrive, tout du moins on essai. Et donc pour celui-ci c'était « allez on a un morceau de 15 minutes on y vas on vas pas couper ! ». Tout les morceaux font plus de 8 minutes, on vas pas couper pour passer à la radio, pour que ça plaise aux gens qui aiment les morceaux de trois minutes. Donc là c'est un trip complètement perso. On s'est dit, si on est complètement sincère avec cette musique là, les gens vont forcément se reconnaître dedans ! En tout cas cet album laisse pas de marbre, soit on l'aime pas, soit on l'adore, et on le savait. Donc non, pas de pression.

Autour de quel concept s'articule Lazarus ?
Le trip, c'est un peu compliqué, c'est global. On est parti avec Sam au chant, au niveau des paroles, on est parti du syndrome de St Lazare, qui est en fait un cas de mort clinique, qui en fait reviens à la vie mais avec une vision complètement biaisée, c'est à dire que la réalité n'est pas ce qu'elle est. Donc on est parti dans ce truc là, et comme l'album a été composé entre 4h et 10h du matin, du coup c'est comme un espèce de brouillard, comme à moitié eveillé. On est parti dans ce système, de l'éveil, Awakening, l'album tourne un peu autour de ce morceau là, on essayé de tout regrouper, autour d'un thématique. Une personne qui reviens de la mort, et qui voit que plus rien de fonctionne comme avant, et qui a plus sa place dans ce monde là. Il sait qu'il ne voit pas la même chose que nous, il s'en rend compte au fur et à mesure jusqu'au réveil, Awakening. Donc on a articulé tout notre album, aussi bien les compos, les samples, les mélodies et l'ordre des morceaux en fonction de ce thème là. L'album est divisé en sept chapitres, et quand tu lis les paroles, il y a sept scène. Le personnage qui, au fur et à mesure des morceaux, se réveille.

Commencer l'album par ce morceau de 15 minutes est un choix osé, pourquoi avoir fait ce choix ?
C'est notre prologue à nous, on pose l'histoire à ce moment là. C'est le premier morceau que j'ai composé pour Lazarus, et donc c'était le pont entre On The Treshold of Death et ce qui allait suivre dans Lazarus par la suite. T'as à peu près les même accords, en tout cas la même tonalité dans le dernier morceau d'Amoeba, et le début de To Walk Among Them. Donc en fait ça fait un petit pont qui fait un peu penser à la fin d'Amoeba, et après on part, on part, on part dans le prog etc. Nouvelles atmosphères, nouvelles émotions qui vont êtres développés par la suite sur tout l'album. Donc on a fait une espèce de grosse introduction qui nous semblait indispensable au début. On se doutait que ça allait faire tiquer certaines personnes, on en était sûr. Mais c'est l'introduction, ça raconte l'histoire, on peut pas faire autrement.

Vous vouliez faire une espèce de « suite » d'Amoeba grâce à ce lien ?
Pas vraiment une suite, je dirais plutôt une cassure. Je m'étais mis à composer dès la sortie d'Amoeba, donc j'étais encore dans le trip Amoeba. C'est pas une suite, c'est une cassure, y'a cette petite transition et paf on casse. Mais tout de suite on casse bien quoi !

Les titres sont donc beaucoup plus longs, vous aviez besoin de les étirer en longueur pour développer toutes vos idées ?
Ouais ! Y'a certaines personnes qui diront, j'avais vu quelques commentaires, qui disaient que c'était chiant, que c'était trop en longueur. Mais si tu veux plonger quelqu'un dans un univers, ce qu'on a essayé de faire en tout cas, il faut y aller à l'usure. Tu peux pas plonger quelqu'un dans un univers complet en trois minutes avec des blasts etc, c'est difficile en tout cas même y'en a qui y arrive très bien. Mais plus t'étale, plus c'est lent, et plus t'es dans une espèce de bulle. C'est ce qu'on voulait. Aussi bien en live qu'en CD, on voulait créer une espèce de petite bulle, et faire en sorte que l'auditeur flotte. Sur 9 minutes t'as le temps de t'imprégner dedans et à la fin t'as une sensation de manque. Donc ouais on a étiré, pas consciemment, l'écriture s'est faite comme ça, et à la fin on s'est dit « ah ouais c'est cool ça marche... combien ? 9 minutes... ah ! Bon bah c'est comme ça ! » (rire).

On entend également un peu plus de chant clair sur cet album, c'était une volonté de Samuel d'élargir ses possibilités ?
Bah après... C'est pareil, est-ce que c'est conscient ou pas ? L'album est beaucoup plus mélodique, aussi bien au niveau des intrus que de la voix, et comme les instrus ont été posés avant la voix, Sam a senti que l'album avait besoin de voix claires, ça pouvait pas être hurlé du début à la fin. L'album est trop posé, trop mélodique. La bulle dont je te parlais, marche aussi bien avec des voix hurlés que des voix claires. Il senti le truc et il se disait qu'il fallait qu'il pose des voix claires à certaines moments. Pas tout le temps, pas faire un truc cliché en se disant que dès qu'il y avait un truc mélodique heu « lalala », nan c'est à des moments plus ponctuels.

Et ça permet de faire respirer les compos...
Complètement. Sur 9 minutes t'as besoin de respiration, donc s'il gueule pendant 9 minutes... t'as le cerveau en bouillis.

Quels retours avez-vous eu de nouveaux morceaux joués sur scène ?
On en a joués le week-end dernier, on nous a dit que ça passait très bien, que c'était massif, que c'était hypnotique, donc tout ce qu'on voulait. Après je dois t'avouer que pour l'instant on a pas eu énormément de retours, la tournée commence juste, donc on en a pas beaucoup. On verra par la suite ! Le public reste statique, donc soit ils se font chier soit... Je pense que ça doit être comme l'album, soit t'adore et tu reste devant soit tu t'en vas, j'pense que ça dois être un truc comme ça ! Je peux pas te dire pour le moment j'en sais rien.

C'est le troisième album sorti chez Listenable, c'est donc une histoire qui fonctionne ?
Ouais ça marche très bien. L'équipe Listenable, ils sont trois, ils travaillent comme quinze, ce sont de vrais passionnés de musique, ce qui est super rare. Donc ça veut dire que, artistiquement parlant, ils parlent, y'a pas que le business, la vente de CD etc, même si Amoeba s'est bien vendu, ce qui est un point supplémentaire pour aller plus loin dans notre trip. Mais ils nous ont laissés carte blanche, quand ils ont vu le morceau de 15 minutes ils n'ont pas dit « ouais faut raccourcir ça passera pas à la radio !! », ce que font peut-être certains labels. Donc ouais ça marche très très bien, on a carte blanche, et c'est ce qui est le plus essentiel, et ils sont là derrière pour nous épauler, donc ouais ça marche bien !

Qu'écoutent les membres d'Hacride en ce moment ?
Je vais te répondre pour ma part, le dernier King Crimson, The Power to Believe, le dernier Mastodon, je me suis remis à du Muse, The Mars Volta, et Emilie Simon. C'est ce que j'ai écouté aujourd'hui par exemple ! Mais c'est super éclectique. Tu vois Olivier à la batterie il écoute beaucoup de rock prog, comme tout le monde, comme Steve Coleman il est plus fan, et du jazz. Frank, notre ingé son, il écoute aussi bien du postcore que de la pop. Ben' du black-metal comme de la pop. Dès que ça nous titille on aime ça.

On ressent cet eclectisme dans les compos d'Hacride !
Certainement, ça dois jouer forcément.

Je te laisse le mot de la fin !
Je sais jamais quoi dire pour les mots de fin ! (rire) Merci pour l'interview ! Merci d'avoir pris le temps de m'écouter, et j'espère que le concert vous plaira ! Et bonjour à tout les lecteurs d'U-Zine !

Merci à Adrien d'Hacride et à Jessica de Listenable Records !