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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Audrey Horne

Youngblood

LabelNapalm Records
styleHard Rock
formatAlbum
paysNorvège
sortiefévrier 2013
La note de
U-Zine
8/10


U-Zine

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2013 sera sans aucun doute l'année de l'avènement d'Audrey Horne, l'autre groupe de la paire de guitariste Ice Dale (alias le monsieur toujours torse nu d'Enslaved, I ou Demonaz) et Thomas Tofthagen (Sahg). La formation norvégienne n'a été jusque là que très peu prise au sérieux par une critique qui avait jeté son dévolu pour les autres formations des membres, principalement Enslaved et Sahg. Mais là, il semblerait que la roue ait tourné et que le groupe soit en mesure de se vendre enfin à la valeur du marché. Allez savoir pourquoi...

Ce succès critique soudain coïncide avec l'officialisation d'Espen Lien (Ex-Trinacria) au poste de bassiste à temps plein alors qu'il n'était depuis 2009 qu'un membre live aux yeux des autres gars du groupe, même si c'était bien lui qui avait enregistré les parties de basse sur le précédent album. Il coïncide surtout et comme par hasard avec la nouvelle orientation prise par le groupe. Audrey Horne jusque là, c'était un groupe nostalgique autant du Hard Rock de Deep Purple que du Grunge d'Alice In Chains ou Soundgarden qui mélangeait habilement ses deux facettes. Sur Youngblood, le groupe a fait le choix d'abandonner la seconde facette pour devenir exclusivement le cover band de Deep Purple et ça risque de faire grincer les dents de leurs plus vieux fans mais ça apporte de nouveaux débouchés pour une formation abonnée aux fins fonds des affiches de festivals (fini le Hellfest à 11h!) et aux premières parties qu'on finit toujours par oublier.

Et je ne vois pas ce changement comme une mauvaise chose pour le groupe car non, le groupe n'a pas vendu son âme au diable. Au contraire, il n'a peut être jamais été aussi inspiré que sur ce Youngblood qui ne porte pas si mal son nom qu'il n'y paraît. Le groupe réussit à apporter du sang neuf en ne prenant, pourtant, que de vieux ingrédients qu'on aurait pu penser périmés. La chance d'Audrey Horne est de s'installer dans un style un peu laissé à l'abandon par des vieux noms qui s'épuisent avec les années et des jeunes qui n'arrivent pas à s'affirmer. Vous me parlerez de groupe de Hard Rock qui marchent comme Airbourne ou à la limite de Ghost pour me contredire mais nous ne sommes pas tout à fait dans le même genre mais vraiment dans un style à la Deep Purple si on enlève le chant qui n'a pas la même aura que celui d'un Ian Gillan bien que se défendant honnêtement.

Et Audrey Horne a parfaitement étudié toutes les facettes du groupe britannique pour en puiser tous les gimmicks et même plus loin car le groupe possède la flamme qu'avaient les formations de cette époque. Il n'y a bien que ce son puissant et clair made in Joe Baresi (le producteur de Tool et d'Enslaved entre autres) pour nous rappeler que nous sommes en face d'un album sorti en 2013. Sinon, c'est du seventies tout du long de la quarantaine de minutes de l'album. Il y a tout pour bien faire :
- Des musiciens talentueux qui savent se mettre au service de compositions spontanées assez directes et ne pas trop en faire là où il aurait été facile de mettre des soli à outrance alors qu'ici, ils durent la parfaite durée et apparaissent toujours au moment opportun (« Straight Into Your Grave » ou encore « Redemption Blues »). Le fait d'avoir un bon chanteur mais qui n'a pas la voix pour partir dans les notes aiguës rajoute à ce sentiment de sobriété classieuse même si quelques effets sauront bien vous surprendre (n'est-ce pas « The Open Sea »?).
- La présence d'un claviériste (en l'occurrence Kim Guldbrandsen) qui vient se la jouer à la Jon Lord avec de l'orgue en veux-tu en voilà qui a toujours ce charme fou quand il est aussi bien utilisé («Show And Tell », « Cards With The Devil » et l'inévitable « There Goes A Lady »).
- Du groove à s'en démonter le bassin à force de se dandiner sur tous ces rythmes dansants portés par une section rythmique bien mis en valeur par le boulot de Joe Baresi. Mamma Mia, ce solo de basse sur « Straight Into Your Grave ».
- Un feeling énorme entre les musiciens qui se mettent en valeur chacun leur tour mais sans qu'aucun ne prenne le dessus sur l'autre (« This Ends Here » rappelant le jeu de guitares dans Iron Maiden). Évidemment c'est plus facile pour Audrey Horne dont je vous rappelle que quatre des cinq membres jouent ensemble depuis maintenant onze ans.
- Par dessus tout, c'est une volonté de bien sonner pour accrocher l'oreille de l'auditeur comme à la bonne époque. Pas de mauvais sentiments, juste du putain de bons Rock qui botte des culs. Cet album me fait penser au Return To Zero de Spiritual Beggars (qui ne devrait pas tarder à sortir un nouvel album, d'ailleurs) dans son esprit nostalgique, quoique moins Stoner mais bien plus marquant. Le même genre de claque que m'avait donné le A Eulogy For The Damned d'Orange Goblin l'année passée.

Tous ces éléments combinée font de ce Youngblood un album dont on se rappellera sans trop d'efforts. Youngblood, c'est un peu le nouvel album de Deep Purple qu'on rêverait tous d'avoir sauf que cette fois-ci, c'est sous le nom d'Audrey Horne qu'il sortira... C'est en tout cas l'album qui devrait faire entrée Audrey Horne dans une nouvelle dimension qu'il (elle?) n'aura pas volé malgré cette pochette infâme!

1. Redemption Blues
2. Straight Into Your Grave
3. Youngblood
4. There Goes A Lady
5. Show And Tell
6. Cards With The Devil
7. Pretty Little Sunshine
8. The Open Sea
9. This Ends Here
10. The King is Dead