Chronique Retour

Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Baroness

Yellow & Green

LabelRelapse Records
stylePop Sludge
formatAlbum
paysUSA
sortiejuillet 2012
La note de
U-Zine
8.5/10


U-Zine

U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !

Alléluia, cette chronique est enfin en ligne. Chers lecteurs, si vous nous êtes fidèles depuis déjà de longues années, ma fanboyattitude envers Baroness n'est plus un secret (en témoignent les deux chroniques du Red Album et du Blue Record). Depuis fin 2009, je ronge mon frein en attendant le digne successeur de ce génialissime Blue Record avec l'arrivée de ce double album Yellow & Green je suis servi. Pour calmer mes ardeurs, Orion me rejoint (même si c'est un fan mais il ne l'assume pas encore), et à nous deux tels Batman et Robin (Orion fera l’enfant Robin souvent violé), nous allons décortiquer la bête.

Mais d'entrée de jeu, revenons sur le miracle. Baroness connait, en effet, un parcours à la Metallica. Une violente montée en puissance sur ses deux premiers albums avec pour chacun des groupes, un deuxième opus fabuleux. C'est après la sortie du troisième qu'intervient le drame. Chacun des groupes sera touché par un accident de tourbus. Si Metallica a été frappé de plein fouet par la faucheuse qui emmena avec elle Cliff Burton, Baroness s'en s'en est sorti avec seulement de gros bobos. Un MIRACLE que je vous dis! Juste avant, Master Of Puppets a été vu comme un accomplissement par beaucoup de fans, doit-on s'attendre au même type d'accueil pour ce Yellow & Green pour confirmer cette troublante analogie entre les deux formations ?

Dans un premier temps intéressons-nous d’abord à ce premier disque qui à coup sûr fera parler de lui. Car si Orion (Robin) et moi, nous nous accordons sur le fait qu’il est difficile d’y trouver un réel point faible, le virage emprunté (pas de vilain jeu de mot avec l’accident) par John Baizley et les siens risque de faire grincer des dents.
Musicalement, le Blue Record évoluait déjà bien loin des premiers EP First & Second où un certain côté sludge virilisait les compositions des américains et bien, sachez que ce n’est ni Yellow , ni Green qui vous y ramènera. Ici, il est plutôt question d’exploiter les mélodies et les côtés parfois pop du second opus mais cette fois-ci à plus grande échelle.
Bien que les excellents « Take My Bones Away » (chute du Red Album) et « March To The Sea », qui ouvrent cet album, ne dénotent pas avec le reste de la discographie, Baroness vous surprendra avec des titres bien plus édulcorés à l’image d’un « Little Things » aux sonorités très pop et faciles qui peuvent agacer mais qui ont un réel charme au fil des écoutes ou encore du galopant « Sea Lungs » qui évoque fortement le « Knights Of Cydonia » de Muse. Le fait que John Baizley ait complètement arrêté de gueuler joue aussi sur ce sentiment.
Ceci-dit, Baroness n'a pas viré de bord et garde sous le coude pour la fin deux morceaux aux structures bien plus complexes et aux ambiances noircies qui contrastent avec le reste bien chaud et brillant. « Back Where I Belong » emprunte de nuit le sentier d'une forêt sombre, peu accueillante pour ne pas dire torturée avant de retrouver la lumière de l'aube en fin de parcours comme une délivrance. « Eula » dévoile un Baroness encore plus sombre et déchirant comme on l'avait pas vu depuis le Red Album. Ce titre fait penser à « Wailing Waitry Wind » qui est un des sommets de la carrière du groupe. « Eula » n'en est pas moins.
Entre ses deux personnalités, il y a aussi des titres qui restent un peu le cul entre deux chaises comme « Cocainium » pas assez « Pop » mais pas non plus assez « Prog » pour nous combler autant que le reste de Yellow.

Vient ensuite Green, le second disque qui se veut définitivement plus « posé » que Yellow, bien qu’il débute haut en couleur avec un « Green Theme » qui pendant 4 minutes nous réchauffe par sa chaleur. Une entrée dans la manière totalement post-rock qui nous remet les idées en place après « Eula ».
Pas vraiment éloigné de Yellow, Green est en tout les cas le disque où le groupe s’est permis le plus d’expérimentations et d’aller au bout de leurs idées à l’image d’un « Psalm Alive » qui en est déroutant à la première écoute mais totalement addictif après son envolée.
« Green » a un côté plus posé grâce en partie à une majorité de titres aux sonorités pop tels que « Mtns. (The Crown & The Anchor) », « Foolsong » ou encore « Collapse ». Ces titres là pourraient d’ailleurs faire l’objet d’une totale réinterprétation en acoustique/folk sans perdre leurs charmes.
Mais ne croyez pas ce disque totalement mou du genou, à commencer par « Green Theme » mais aussi « Board Up The House » ou encore « The Line Between » qui officient dans un registre bien plus énergiques que le reste. Ces titres sont d’ailleurs bien plus inspirés et moins proches
du label « Baroness » que peuvent l’être « Take My Bones Away » et « March To The Sea » sur Yellow.

Si aujourd'hui avec ce double album Baroness ne correspond plus vraiment avec le reste du catalogue de Relapse Records, le label a apporté un soutien énorme au groupe et leur a donné ainsi les moyens de leurs ambitions pour enregistrer ces deux disques dans des conditions optimales. En effet différents instruments, amplis, effets ou autres ont été utilisés durant l'enregistrement laissant ainsi libre cours à Baizley et les siens. Chaque morceau a son propre son et sa réelle identité. Tout comme les deux albums qui ne sont pas liés entre eux par un concept (Le groupe ne voulait simplement pas laisser de morceaux de cotés) et peuvent donc bien être écoutés séparément sans déranger même si une heure et quart pour un double album, c'est franchement raisonnable. De ce fait, on ne ressent aucun moment de remplissage si ce n'est un « Cocainium » plus faible mais pas au point de flinguer la qualité globale de ce Yellow & Green.

Vous l’aurez sans aucun doute compris, Baroness n’est plus le même. John Baizley était conscient du risque encouru mais a toujours clamé que ce virage plus doux n’était pas forcé mais qu’il s’est imposé naturellement. Certains critiqueront d’autres adoreront mais une chose est certaine : Baroness ne rempliera pas des stades grâce à ce double album, comme certain ont pu grossièrement l’évoquer.
Même si les américains évoluent désormais loin de leurs racines, les compositions gardent toujours ce cachet bien spécial qui fait que l’on reconnaît Baroness entre mille. Orion et moi avons clairement tranché, ce Yellow & Green est pour nous une vraie réussite !

Disque 1
1. Yellow Theme
2. Take My Bones Away
3. March to the Sea
4. Little Things
5. Twinkle
6. Cocainium
7. Back Where I Belong
8. Sea Lungs
9. Eula

Disque 2
1. Green Theme
2. Board Up the House
3. Mtns. (The Crown & Anchor)
4. Foolsong
5. Collapse
6. Psalms Alive
7. Stretchmarker
8. The Line Between
9. If I Forget Thee, Lowcountry

Les autres chroniques