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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Drawers

All Is One

LabelSlow Burn Records
styleSludge - Stoner
formatAlbum
paysFrance
sortieoctobre 2011
La note de
U-Zine
7.5/10


U-Zine

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C'est marrant de remarquer comment en peu de temps, le Sludge s'est démocratisé un peu partout et notamment, en France où des formations font leurs premiers pas vers l'esprit Rock'n Roll et la noirceur d'un genre particulier mais déjà terriblement varié. Allez me dire que Weekend Nachos, Crossing The Rubicon, Baroness et Eyehategod font partis de la même famille... La filiation est loin d'être évidente. Il n'y a qu'à regarder le nombre de groupes signés chez Relapse qui sont liés de près ou de loin à cette scène. A la manière du Post-Core, la sélection opérée par les chroniqueurs est de plus en plus impitoyable.

C'est dans ce contexte que Drawers, groupe toulousain, fait ses premiers pas avec son album All Is One totalement dans la tradition sudiste d'un style né à La Nouvelle Orléans. Les riffs sont lourds,gras, punchy et teintés de l'esprit Wock'n Woll cher à Pepper Keenan (Down, Crowbar). Les beuglements de Niko sont très proches de ceux de Phil Anselmo (Pantera, Down) en beaucoup moins variés. Seulement, voilà mon premier point négatif : malgré tout le respect que j'ai pour lui, je n'aime pas le chant de Phil Anselmo (hormis sa voix claire très émouvante) et donc je n'aime pas le chant de Niko qui mériterait un peu plus de variation surtout que le père, sur le seul exemple où il fait l'effort de chanter normalement, est juste (j'y reviendrai).

Mais bon croire que je descendrai un groupe juste parce que je n'aime pas un élément, c'est mal me connaître et ça me blesse un peu (je suis fragile) car Drawers est pétri de bons ingrédients qui font de lui un groupe à suivre. All Is One est déjà un album homogène en terme d'ambiance suffocante au possible. Si on écoute l'album de manière un peu distraite, il est souvent difficile de savoir quand un morceau s'arrête et où l'autre reprend. Non pas que tous les morceaux se ressemblent mais Drawers respecte une cohérence dans son propos qui est à souligner et qui fait passer la cinquantaine de minutes que compte All Is One de manière beaucoup plus rapide. Cet exemple illustre bien à quel point Drawers a su fignoler ce premier opus qui a vu le jour cinq années après sa formation. Rien d'horripilant ne saute aux oreilles, je dirais même qu'on ne retient globalement que du positif de cet album marqué de passages excellents, voire même audacieux.

L'album commence en trombe avec une tension à son comble et une noirceur absolue sur « Caput Mortuum Ocean » et ses mélodies fatalistes, l'un des meilleurs titres de cet album à égalité avec le triptyque final « Golden Adieu », « Muddy Smoke » et « Azurite Constellation » plus Doom que Stoner, le rythme se ralentit et les compositions de Drawers prennent de l'ampleur passant du très bon à l'excellent. Entre ces deux extrêmes, All Is One ne réserve pas de surprises de taille mais un repère classique de chansons suintant toutes plus les unes que les autres la testostérone et la sueur à l'exception d'« Ivory Lighthouse ». C'est là que je reviens à Niko et c'est là que je reviens à l'audace. Certains diront que c'est facile, mais placer un passage chanté façon Clutch quand Neil Fallon se la joue crooner, ça me surprend et me plait énormément. Malheureusement ce passage qui démontre tout le potentiel Wock'N Woll du Sludge est bien trop court, j'en redemande même si je sais pertinemment que sans l'effet de surprise, un tel moment n'aurait plus la même saveur. On ne peut pas réellement parler de surprise mais quelques hommages sont cachés sur l'album, notamment lors des titres de transition ou de conclusion comme « Blue Keel » totalement dans l'esprit de Cathedral et « Azurite Constellation » et ses sonorités à la Meshuggah (sur une outro, ça passe mais que je vous y reprenne plus!!).

Avec cette première tournée, la cruche semble remplie à ras bord et la formation toulousaine semble être un de nos plus sérieux représentants de la mouvance Sludge derrière les indétrônables Crossing The Rubicon. Les quelques titres remarquables qui jonchent cet album n'auront aucun mal à vous convaincre de continuer l'aventure, vous comprenez ? Pas la peine de vous faire un dessin alors...

01. Caput Mortuum Ocean
02. Grey Sailor
03. Black Queen
04. Ivory Lighthouse
05. Blue Keel
06. Silver Hand
07. Purple Ride
08. Red Ballet
09. Electric Seat
10. Golden Adieu
11. Muddy Smoke
12. Azurite Constellation