
Dødheimsgard + Winterfylleth + Necronautical @Paris
Backstage by The Mill - Paris

"The sound of falling, when the pictures are moving"
Après la mélancolie gothique qui a envahi l’Élysée Montmartre la veille, retour à Pigalle, pour cette fois-ci un nouveau concert de black metal. Violence expérimentale, atmosphères épiques et nostalgie des années 90, c’est ce que nous promet sur le papier cette soirée du 21 octobre. Les Norvégiens fous de Dødheimsgard revenaient à Paris avec les Anglais de Winterfylleth et de Necronautical, pour défendre leurs nouveaux albums respectifs. Trois groupes, pour trois visions différentes du style. Et la promesse d’une soirée riche en émotions contraires...
Crédit photos : Mathieu Lelièvre /Acta Infernalis Photo
Necronautical
Sur le papier, Necronautical donne d’abord l’impression d’être un nostalgia act moderne. Groupe d’abord signé chez Cacophonous Records, label éminent des années 90 qui a sorti la crème du black sympho, il évolue dans un black très mélodique avec des arrangements symphoniques assez majestueux, qui dégagent une atmosphère de vieilles ruines gothiques. On retrouve donc tous ces éléments en live, avec un petit surplus d’agressivité quand il le faut.

C’est toujours juste et jamais kitsch, contrairement à ce que l’on pourrait s’imaginer à l’évocation du terme « black sympho ». Bien que très classiques, les morceaux de Necronautical fonctionnent très bien, d’autant plus lorsqu’ils sont desservis par un son excellent. On peut ainsi profiter pleinement des nombreuses mélodies, épiques et très enlevées, qui s’enchaînent les unes après les autres, seulement interrompues par un riff nerveux, histoire de nous faire quand même un peu headbanguer. Necronautical fut donc, contre toute attente, une excellente entrée en matière. Surtout pour une telle musique qui, quand elle est mal dosée, peut facilement tomber dans le mauvais goût.
Setlist :
Nihil Sub Solve Novum
Shadow Work
Slain in the Spirit
Necropsychonautics
Apotheosis

Winterfylleth
Depuis 2008, les Mancuniens de Winterfylleth nous abreuvent régulièrement d’albums dans une veine black metal atmosphérique aux touches pagan et folk. Et si la forme est plutôt qualitative, j’ai toujours trouvé qu’il manquait quelque chose aux Anglais pour être vraiment marquants. Car si la force du groupe réside dans l’instauration de climats épiques très réussis, leurs parties de blasts et de trémolos sont en revanche très convenues et peu intéressantes.

Une tendance qui va malheureusement se confirmer lors des trois premiers morceaux joués, tous dans une veine très black metal et qui ne fonctionnent pas vraiment, laissant de marbre. Mais, ensuite, la formation va davantage mettre l’accent sur sa facette la plus majestueuse, et bien lui en a pris. Car c’est ce changement qui va faire la différence, nous faire sortir de la torpeur pour être happés par la grandeur dégagée par les compositions. On est véritablement pris dans les couches de guitares lancinantes, qui rappellent les meilleurs climax de Saor. Et on vibre à l’écoute de toute la ferveur qui transpire des chœurs faits par le claviériste Mark Deeds. Toute la dévotion mise par les musiciens de Wintefylleth dans l’interprétation de leur musique est impressionnante, et a grandement joué pour faire de ce concert un moment hors du temps.
Setlist :
First Light
Dishonour Enthroned
To the Edge of Tyranny
The Reckoning Dawn
A Soul Unbound
Upon This Shore
The Imperious Horizon
Whisper of the Elements

Dødheimsgard
Changeons une nouvelle fois d’ambiance pour la troisième et dernière fois. Après la poésie anglaise de Necronautical et Winterfylleth, place à la schizophrénie de Dødheimsgard, ou DHG depuis leur virage plus expérimental. Connus pour leurs albums originaux et éclectiques, les Norvégiens se distinguent des autres groupes avant-gardistes par l’intensité de leurs concerts. Une énergie qui provient de leurs racines black metal old school, et que le groupe garde encore aujourd’hui, malgré les nombreuses expérimentations présentes depuis 666 International. Cette folie et cette fureur ont toujours accompagné les prestations du groupe, et il en fut de même pour ce quatrième concert de DHG pour votre serviteur.

Divisée en trois parties, la soirée nous a progressivement entraînés toujours plus loin dans la violence et la noirceur. Mais en douceur, puisque ce sont les progressions planantes et les ambiances aériennes de Black Medium Curent qui viennent d’abord nous saisir les sens. Sens accaparés par les nombreuses odeurs d’encens et de poudres qui enfument la salle, mais aussi par l’aura dégagée par Vicotnik. Sous son allure de gentil fou, il nous emmène dans son univers étrange à travers sa gestuelle, ses mimiques inattendues et ses lignes vocales habitées.

Puis, la schizophrénie augmente au fur et à mesure, lorsque les brûlots industriels et cacophoniques de 666 International et Supervilain Outcast nous explosent au visage. La fosse se réveille et s’en donne à cœur joie pour se foutre sur la gueule lors des rythmes furibards et des breaks électros de « Ion Storm » et « Sonar Bliss ». Enfin, les Norvégiens nous achèvent avec une petite virée old school. La fosse, chauffée à blanc, explose complètement sous le matraquage des riffs thrashy de « The Crystal Specter », un concentré de nervosité punk à la Darkthrone qui donne envie de tout casser. Une fois encore, Dødheimsgard a été fidèle à sa réputation de groupe de scène en atomisant le Backstage by the Mill. Pour notre plus grand plaisir. Et celui de nos expressions les plus dérangées.
Setlist :
Et smelter
It Does Not Follow
Interstellar Nexus
Ion Storm
Sonar Bliss
The Snuff Dreams Are Made Of
Traces of Reality
The Crystal Specter

Un grand merci à Garmonbozia pour l'organisation de ce concert et pour l'accréditation, à Acta Infernalis Photo pour m'avoir autorisé à utiliser ses photos, ainsi qu'à Dødheimsgard, Winterfylleth et Necronautical pour leurs belles prestations !














