
L'autre belge de la rédac'. Passé par Spirit of Metal et Shoot Me Again.
C'est un petit jeu auquel se livrent très souvent les fans de thrash metal : s'ils devaient composer leur propre « Big Four of Thrash », conserveraient-ils le quatuor actuel – Metallica, Megadeth, Slayer, Anthrax – ou opteraient-ils pour l'un ou l'autre « second couteau » ? Bien souvent, trois noms reviennent, généralement pour remplacer le « parent pauvre » Anthrax : Exodus, Death Angel et Testament.
Trois groupes qui, après l'habituelle traversée du désert du tournant 90-00s (en forme de séparation pour Exodus et Death Angel, tous deux revenus aux affaires en 2001), ont repris du poil de la bête, et de quelle manière, depuis une quinzaine d'années et quelques albums. Concernant Testament, c'est bien The Formation of Damnation (2008) qui a constitué le retour au premier plan, près de dix ans après le déjà excellent The Gathering, et depuis, le gang d'Oakland n'a ni chômé, ni franchement déçu. Reste que Titans of Creation (2020) montrait quelques signes de ralentissement, et rien ne me préparait donc à la claque Para Bellum.
Est-ce tout simplement l'arrivée derrière les fûts de Chris Dovas, jeune loup de 27 ans qui a notamment joué pour Evulsion et Vital Remains, deux groupes de death metal ? Toujours est-il qu'on est collé au mur dès « For the Love of Pain », peut-être le morceau le plus extrême jamais composé par Testament. Chuck Billy, qui vieillit comme un bon rouge de Bourgogne, est méconnaissable, aux frontières du death metal, soutenu par les hurlements d'Eric Peterson qui se replonge dans son époque Dragonlord. Le refrain est même transpercé par un riff et un blast-beat purement black metal – mais qu'est-ce que Testament a bouffé ?
Dans un registre plus classique, le thrash moderne de « Infanticide A.I. » et son thème dans l'air du temps est tout aussi efficace, avant que « Shadow People » varie le rythme. Riffs bien plus groovy, un Billy particulièrement en voix... et de nouveau ces surprenantes inspirations clairement black mélodique. On est donc d'autant plus surpris quand débarque la ballade « Meant to Be », longuette, mais très bien placée au sein d'un Para Bellum qui a bien besoin de ce moment de respiration. C'est bien chanté, c'est (très) bien fichu, mais ça reste anecdotique et surtout « parasité » par ces orchestrations franchement génériques. Notons tout de même le superbe solo d'Alex Skolnick, du reste inspiré tout au long de l'album.
La lourdingue et très Pantera-like « High Noon » fera plaisir aux fans des aspects plus southern de Testament, avant le retour aux sonorités extrêmes de « Witch Hunt » – et une fin d'album, en réalité, un peu en demi-teinte, comme si « Meant to Be » coupait Para Bellum en deux. « Nature of the Beast » a un énorme côté Megadeth des 90s/00, ce qui n'est pas franchement une qualité à mes yeux, et il faut attendre le grand final et le titre éponyme pour retrouver les sommets de la première moitié de l'album. « Para Bellum » – le titre – est monstrueux sur tous les plans, mélangeant au mieux toutes ces nuances extrêmes au meilleur de ce que Testament a pu proposer sur The Gathering (1999) ou depuis les années 2010, avant de finir sur ces arpèges acoustiques à la « Fight Fire with Fire ». Et Para Bellum – l'album – est le meilleur exemple de ce que peut proposer un groupe qui a su évoluer avec son époque, tirer profit d'une injection de sang frais et rester indéniablement pertinent. Le thrash « moderne » comme il devrait être fait !
Tracklist :
1. For the Love of Pain
2. Infanticide A.I.
3. Shadow People
4. Meant to Be
5. High Noon
6. Witch Hunt
7. Nature of the Beast
8. Room 117
9. Havana Syndrome
10. Para Bellum

















