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dimanche 19 octobre 2025

Misanthrope + Monolithe @Paris

Petit Bain - Paris

Varulven

"The sound of falling, when the pictures are moving"

Alors que débute le mois d’octobre, les bâtisseurs de Misanthrope ont profité de l’arrivée imminente de l’automne pour nous offrir une tournée anniversaire, pour retracer presque 40 ans de carrière au service du metal extrême français. Pour fêter cela dignement, les Franciliens sont venus à Petit Bain en compagnie des doomeux sci-fi de Monolithe. Un plateau qui réunit deux groupes à la fois ancrés dans une forme de tradition underground, mais qui gardent pourtant un fort caractère progressif et original.

 

Monolithe

Monolithe est l’un des groupes de doom extrême les plus iconoclastes que je connaisse. Depuis Monolithe IV, le groupe de Sylvain Bégot n’a cessé d’élargir le spectre de sa musique, en mêlant au doom death des progressions alambiquées, une atmosphère dystopique toujours plus poussée et des mélodies aériennes de plus en plus présentes, que ce soit dans les guitares ou les lignes de chant. Une étonnante recette que le groupe arrive à chaque fois à bien retranscrire sur scène, avec un surplus de pachydermie doom propre à l’approche organique du live.

Pour mon troisième concert de Monolithe, cette tendance fera encore loi. Dégageant une aura imposante grâce à une attitude sobre et un jeu de lumière jouant sur les silhouettes, le sextet nous offre un set de doom death enveloppant et sinueux. On se laisse attirer très facilement dans les enchevêtrements des trois guitares, qui alternent rythmiques écrasantes (« Synoecist »), progressions labyrintiques (« Sentience Amidst the Lights ») et leads planants (« Monolithe I »). Les quelques extraits du dernier album Black Hole District joués mettent d’ailleurs bien en évidence cette mélodicité très poussée. Non seulement grâce aux guitares lead qui foisonnent, mais aussi aux nombreux chants clairs, partagés entre les intonations grungy du bassiste Vincent Rémon et les envolées du chanteur Quentin Verdier. Profondeur du chant et mélodies poignantes seront à leur paroxysme lors du featuring de Frédéric Gervais sur le sublime « On the Run to Nowhere », dont le feeling gothique rappelle clairement Paradise Lost. Avant de conclure un set court (première partie oblige), mais très maîtrisé et immersif. Encore une fois.

Setlist :
Sentience Amidst the Lights
Dissonant Occurence
On The Run to Nowhere
Synoecist
Monolithe I

 

Misanthrope

Pour cette soirée spéciale 37 ans, Misanthrope a mis les petits plats dans les grands. Le quatuor emmené par SAS de L’Argillière et Jean- Jacques Moréac a en effet prévu de passer en revue toute sa discographie, en nous jouant au moins un morceau de chacun de ses 10 albums, en incluant le split Hater of Mankind. Accueillis en triomphe par une audience de « vrais » fans, Misanthrope passe en revue plus de trois décennies au service du metal extrême, à travers des ambiances très différentes. On alterne sans problème death thrash à l’ancienne sur « Hater of Mankind » (chantée dans sa version française figurant sur Les Déclinistes) et doom death atmosphérique avec « La Démiurge » et son ambiance de vieille chapelle gothique.

A ces raretés old school, s’ajoutent la plupart des grands morceaux du groupe, principalement issus de la « trilogie suédoise ». Pas moins de 4 titres du chef d’oeuvre Misanthrope Immortel sont joués, notamment le tube « Les Empereurs du Néant » et ses paroles iconiques ou bien « Passion Millionaire » et son côté néoclassique très précieux. On a aussi droit au retour de « L’Écume des Chouans » et « Tranchées 1914 », dont les cavalcades mélodeath et les récits martiaux nous font lever le poing et brailler les paroles à gorge déployée.

Enfin, quelques surprises s’ajoutent aux classiques des années 90, comme les très épiques « Bonaparte » et « Sentiment Nocturne », qui représentent fièrement deux albums souvent délaissés lorsque l’on creuse l’oeuvre globale du quatuor. Puis, les derniers albums ont également leur place, et nous permettent de profiter d’un Misanthrope encore plus technique et progressif, grâce aux tueries d’ouverture comme « Le Dandy de Bohème » ou « La Fabrique du Fataliste », deux titres nerveux et alambiqués idéaux pour démarrer ce concert. Il est difficile de ne pas être accroché par un concert de Misanthrope, tant les musiciens transpirent une virtuosité folle et un professionnalisme solide. Un sérieux et une technicité contrebalancés par la truculence des interventions de Philippe Courtois, sympathique personnage qui alterne moments de gaudriole qui frisent une petite gêne agréable et interactions passionnées. Et c’est sur un final avec la culte « Bâtisseurs de Cathédrales » que les héros de la soirée tirent le rideau sur une rétrospective de bientôt quatre décennies de metal extrême. 37 ans durant lesquels Misanthrope a, tel Cyrano, continué de marcher. Sans rien sur lui qui ne reluit, en panaché d’indépendance et de franchise. Ce fut encore le cas ce soir.

Setlist :
Le Dandy de Bohême
La Fabrique du Fataliste
Hater of Mankind
Les Empereurs du Néant
Bonaparte
Aenigma Mystica
Le Roman Noir
Tranchées 1914
​l'Écume des Chouans
La Démiurge
​Bass solo
Passion Millonaire
1666... Théâtre Bizarre
Sentiment
Aux Portes de la Basilique de Gilles de Rais
Nuit Androgyne
​Bâtisseur de Cathédrales​

 

Un grand merci à Garmonbozia pour l'organisation de ce concert et pour l'accréditation.

Ainsi qu'à Monolithe et Misanthrope pour leurs deux belles prestations.